Chapitre 7
Bouclier en main, hache dans l'autre, Liv, le haut du visage peint en noir, participait au carnage en hurlant toute sa rage, mais elle avait pris conscience que ce raid ne serait pas des plus glorieux, car les villageois paraissaient pauvres et peu combatifs.
Le pillage n'était pas terminé que déjà des guerriers excités par le sang s'affalaient sur des femmes prises au hasard, pour les violer au su et au vu de tous pour certaines.
D'ailleurs, une nonne se faisait labourer dans la rue et l'homme qui attendait son tour lui arracha son voile pour révéler ses cheveux blonds cisaillés court, pendant qu'elle récitait une prière pour implorer l'aide de son Dieu.
Liv ralentit le pas en croisant son regard effrayé. Sans vraiment réfléchir, la fille du jarl tendit le bras et pressa le fil acéré de sa hache sur la gorge du violeur :
— Arrête ça, lui ordonna-t-elle.
— J'ai presque fini, objecta le guerrier édenté, qui laboura plus fort sa victime.
— Cesse sur-le-champ ou je te tranche la queue, feula Liv en appuyant un peu plus fort, quitte à lui tracer une marque rouge sur la peau.
Le guerrier se retira et releva son pantalon.
— On te la laisse, ricana-t-il, évoquant la rumeur qui disait que Liv préférait les femmes aux hommes.
— Hors de ma vue, grogna Liv.
La nonne s'était couverte et assise en repliant les jambes pour serrer les genoux et psalmodiait « merci, merci, merci ».
— Quitte ce village, ordonna Liv. Sven ! le récria-t-elle, oubliant déjà la femme dévastée.
Sven, bouclier et épée en mains, se retourna vers elle, le visage couvert de giclées de sang, et la salua du menton.
— Où est mon frère ? demanda-t-elle en cheminant entre les blessés et les objets sans valeur jetés hors des masures.
Sven lui désigna l'endroit du menton et, comme appelé, Joar déboula de la ruelle, couvert de sang et arme au poing.
Ils avancèrent ensemble jusqu'au centre du village où un rire tonitruant retentit parmi le chaos ambiant. Liv, Joar et Sven virent Guthred le Désossé donner un coup de bouclier à un Saxon assez vaillant pour l'affronter. Le jeune homme fut projeté au sol, alors Guthred ne perdit pas de temps et abattit sa hache pour lui trancher l'avant-bras de sa main armée d'une pioche, arrachant un rire jouissif à Guthred, qui lui trancha ensuite la jambe au niveau du genou.
— Je vais voir ce que je peux trouver d'intéressant, déclara Sven, préférant s'éloigner du calvaire qui allait suivre.
— Ce village est pauvre, maugréa Joar le Jeune. Viens, allons voir l'état des greniers, proposa-t-il alors que le supplicié hurlait sa souffrance à pleins poumons.
— Où est notre père ? demanda Liv, ne le voyant pas sur la place.
Joar le Valeureux sortit de l'église au même moment, préférant laisser Storm torturer le prêtre à sa guise.
— Il n'y a rien ici, soupira-t-il à ses enfants. Laissez les hommes se servir du peu qu'ils auront trouvé, ordonna-t-il.
Quelques heures plus tard, alors que les guerriers finissaient de ramasser ce qu'ils voulaient emporter, Liv croisa la nonne attachée avec quelques femmes. Des guerriers s'approchèrent pour faire leur choix, espérant pouvoir encore en labourer quelques-unes avant de quitter l'endroit qu'ils avaient dévasté.
— Pas celle-là, ordonna Liv quand l'un d'eux saisit la nonne par le bras.
Le guerrier obéit après avoir dévisagé qui lui avait donné l'ordre, puis il saisit une autre femme en la traînant de force dans une maison malgré ses supplications.
— Je t'avais dit de partir, s'exaspéra Liv en s'approchant.
— Nos enfants sont saufs grâce à elle, intervint une femme qui avait été maltraitée comme les autres.
— Dieu m'a permis de leur épargner ce calvaire, ajouta la nonne, les yeux rougis par les larmes comme les autres femmes.
— Nous partons bientôt, répliqua Liv ne sachant pas quoi dire d'autre.
— Est-ce que la rumeur dit vrai ? s'esclaffa Magni en s'approchant de son pas lourd. La fille du jarl Joar le Valeureux préfère les femmes, ricana-t-il en calant son poignet sur le pommeau de l'épée qui battait son flanc.
— Pour un homme qui ne peut chevaucher une femme que lorsqu'il est en raid, je te trouve bien arrogant, grogna Liv qui s'était retournée pour lui faire face.
— Détrompe-toi, je plais aux femmes, et j'ai l'embarras du choix, sourit Magni, comprenant le sous-entendu.
Liv jeta un œil aux Saxonnes et sourit à Magni :
— Le viol n'est pas leur choix, et à lire leur expression de terreur, tu te surestimes, se moqua-t-elle.
— Tout comme toi, elles ne savent pas encore ce que c'est que d'avoir un homme, un vrai, entre les cuisses, feula Magni en perdant son sourire.
— Mais contrairement à elles, je sais me servir d'une lame, répliqua-t-elle sans pour autant se mettre en position d'attaque.
— Se glisser entre tes cuisses serait un pur régal, riposta Magni avant de darder la langue comme s'il la léchait.
Liv serra le manche de sa hache et une bouffée de haine noircit son regard, mais Siger intervint d'un peu plus loin :
— Magni ! l'appela-t-il.
— Seigneur ? répondit-il tout en fixant Liv.
— Va voir l'état des chevaux, il nous faut plus de montures, ordonna Siger.
— Bien, seigneur, obéit Magni.
Siger s'approcha de Liv qui lui jeta un regard noir tout en levant le menton d'assurance :
— Tu viens faire ton choix en femmes, toi aussi ? feula-t-elle.
— Dans ce domaine, ce n'est pas par la force que j'obtiens ce que je désire, lui sourit-il avant de passer son chemin.
Ils quittèrent le village peu de temps après et ils repartirent sans être pressés, puisque les paysans qui auraient dû être aux champs avaient été alertés et qu'ils avaient tous fui pour sauver leur vie.
Le long convoi erra un moment avant de faire halte en forêt à la nuit tombée. Ils ne prirent pas la peine de monter leur tente puisqu'ils ne resteraient qu'une nuit sur place, mais les marmites furent tout de même suspendues au-dessus des feux de camp, car ils avaient faim.
Un peu plus tard, Liv alla se coucher sur une peau de fourrure, mais Magni s'approcha d'elle en traînant une esclave derrière lui.
— Voici un cadeau pour m'excuser, clama-t-il en tirant sur la corde que la nonne avait autour du cou.
Liv s'assit sous le regard perçant de son père, de son frère et des guerriers qui les entouraient, dont Siger et Storm.
À la faveur des flammes qui éclairaient et réchauffaient tous ceux à proximité, elle le dévisagea puis se leva lentement pour lui tendre la main. Magni lui confia la laisse en affichant un sourire satisfait qui masquait son mépris.
— Cette esclave m'appartient, clama Liv assez fort pour bien se faire entendre. Quiconque posera les mains sur elle ou la fourrera de sa queue, ponctua-t-elle, ce qui en fit ricaner plus d'un. Me devra réparation et je ne laisserai rien passer, affirma-t-elle, en jetant un regard haineux à chacun des hommes qui croisait ses yeux bleu clair et froids comme la glace.
Liv accrocha les yeux francs de son père qui opina, tout comme son frère et son grand-père, car chacun savait qu'elle n'avait pas eu d'autre choix que de s'affirmer devant Magni et les autres guerriers.
— Va t'asseoir près du feu, ici tu ne risques rien, ordonna Liv à la nonne.
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