Chapitre 50
Assaillis par la quiétude et le calme offerts par l'ardeur du désir apaisé, ils restèrent quelques minutes allongés côte à côte, écoutant le crépitement des flammes ainsi que leurs souffles qui redevenaient peu à peu réguliers. Liv avait toujours ce sentiment de flotter et eut soudainement envie de dormir. Au lieu de ça, elle se leva.
— Tu pars déjà ? s'étonna-t-il.
— C'est trop risqué de m'attarder, avoua-t-elle en enfilant son pantalon.
Siger s'appuya sur un coude et l'observa se revêtir, puis mettre ses bottes, ravi et fier que tout comme lui, le sexe l'ait apaisée, et elle n'en était que plus belle. Il avait envie de la questionner sur ses motivations à rejoindre l'ordre du Bouclier, mais il n'en fit rien, pour ne pas briser ce moment de sérénité.
Siger se leva et alla chercher un pichet de bière sur la table près de la porte, alors que Liv passait son manteau.
— Tu en veux ? lui proposa-t-il en accrochant ses yeux bleu clair où brillait un calme apaisant.
— Oui, merci, lui sourit-elle avant de boire une gorgée.
— Ne quitte pas tout de suite la demeure, passe faire un tour dans la grande salle pour te faire voir, lui conseilla-t-il.
— Et qu'est-ce que je dis si on me demande où j'étais ? approuva-t-elle.
— Réponds par une question, sourit-il.
Siger posa ses paumes de part et d'autre de sa gorge pour lui faire lever le menton, puis il déposa un tendre baiser sur ses lèvres.
— Que ta nuit soit douce, lui déclara-t-il en lui effleurant ses marques sur la tempe pour mieux lui glisser une mèche de cheveux derrière l'oreille.
— Bonne nuit, Siger, lui répondit-elle rayonnante.
Siger lui sourit et s'écarta pour lui ouvrir la porte et vérifier le couloir :
— La voie est libre, lui affirma-t-il.
En bas des escaliers, Liv fila à la grande salle et y trouva Joar, Sven et Guthred attablés avec des Danois. Ils riaient et parlaient fort évoquant leurs anecdotes de combats et leurs glorieux moments de chasse aux pays.
— Qu'est-ce qui vous fait rire ? leur demanda-t-elle en s'approchant.
Joar lui sourit et lui fit une place près de lui, qu'elle accepta :
— Guthred enjolive encore sa rencontre avec l'ours brun de Gunnar, lui répondit-il.
Liv eut un pincement au cœur de nostalgie, cette évocation lui rappela qu'ils avaient dû laisser leur propre ours domestique au pays, car leur père pensait qu'il était trop vieux pour supporter le voyage en mer.
— Père disait que Gunnar était le meilleur éleveur d'ours, se souvint-elle.
— Mais celui-là n'en faisait qu'à sa tête et a bien failli nous déchiqueter, s'esclaffa Guthred, le regard rieur.
Ils continuèrent à évoquer leurs bons souvenirs et la discussion resta joviale. Heureux, Joar riait, parlait fort et buvait. L'euphorie ambiante était un véritable réconfort, aussi il passa un bras autour des épaules de sa sœur qui posa la tête sur son épaule, car tous deux partageaient le sentiment que rien n'avait changé et que Joar le Valeureux allait entrer pour se joindre à eux... Mais il n'en fut rien, et le temps filant, la tablée se vida.
À l'aube du sixième jour d'occupation, Sven, allongé entre Bryndis et Sylvi, se réveilla avec le sentiment que la journée serait excellente, car dans son sommeil, il avait eu une révélation qui allait rendre un grand service à Joar.
Il se leva sans réveiller les Norvégiennes, s'habilla à la hâte pour aller prendre un bain, puis, une fois propre comme un sou neuf, il gagna la grande salle où il trouva Joar. Ils mangèrent ensemble et entamèrent leur journée comme d'habitude.
En milieu de matinée, alors que les premiers combats de lutte commençaient pour occuper les troupes, Sven et Joar allèrent à la forge pour voir l'avancée de la fonte des objets en cuivre, en argent et en or qu'ils coulaient en petits lingots et pièces pour faciliter leur transport.
Sven avait remarqué la veille que Villads, le forgeron, s'était blessé à la main. Ce matin elle était bandée et Villads la secouait de temps à autre pour soulager la douleur.
— Tu devrais montrer ta blessure à la Gwrach de Joar, lui conseilla-t-il.
— Ça ira, marmonna Villads, après avoir jeté un œil à son jarl.
— Si tu attends trop longtemps, c'est à Guthred que tu devras la présenter, s'amusa Joar, sous-entendant que le Désossé la lui trancherait à cause d'une vilaine infection.
— Si je peux garder ma main et que ça ne vous dérange pas, seigneur, répliqua Villads, gêné.
— Allez, va, mais ne l'effraie pas ! conclut Joar.
Sven et lui regardèrent le forgeron s'éloigner et Joar dévisagea son meilleur ami :
— Espérons qu'Iseult n'ait pas à l'amputer, s'esclaffa Joar.
— Si tu m'y autorises, j'enverrai d'autres blessés à ta Gwrach, répliqua Sven, aussi amusé que son meilleur ami.
— Je sais ce que tu cherches à faire et je t'en remercie, ajouta Joar.
— En l'escortant hier pour chercher les plantes dont elle avait besoin, expliqua Sven. Je me suis souvenu que l'Ancien a dit que tu ne pouvais pas la prendre comme première épouse, puisqu'elle n'était qu'une esclave, mais c'est aussi une Gwrach !
— Tu veux qu'elle gagne le respect du clan en mettant ses compétences de guérisseuse à leur service, concéda Joar.
— Elle deviendra indispensable et n'en sera que plus digne de notre jarl, clama Sven.
— Merci, déclara Joar, fier de l'avoir comme ami fidèle.
— Tu veux la prévenir de ce qui l'attend ? lui demanda Sven.
— Non, laissons-la dans l'ignorance, objecta Joar. Je veux que le clan la juge par ses actions et sa sincérité. Allez, viens, allons-nous mesurer aux lutteurs, lui proposa-t-il.
— J'en blesserai quelques-uns pour ta Gwrach, concéda Sven, souriant.
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