Chapitre 47

Liv qui était montée à la tour de guet les observa de loin, regrettant de ne pas être avec son frère. Elle les vit revenir au trot, alors elle descendit pour attendre Joar dans la cour.

Les fers des chevaux martelèrent le sol pavé. Tandis qu'on refermait la grande porte, les cavaliers mirent pied à terre.

— Alors ? s'impatienta Liv.

— Un émissaire nous rejoindra à la nouvelle lune, répondit Joar, conscient que son grand-père et le clan attendaient de bonnes nouvelles.

— Il faut qu'on parle, feula Storm à Joar.

L'homme du Nord partit en trombe dans la maison seigneuriale et gagna le bureau au pas de charge, Siger, Joar, Liv, l'Ancien et Guthred sur les talons.

— Il n'a jamais été question de libérer qui que ce soit sans mes conditions ! gronda Storm.

— Il fallait faire un geste pour les rendre redevables, objecta Joar.

— Il aurait dû nous en parler avant, mais Joar a eu raison, intervint Siger. Nous aurons nos vivres dans deux jours, insista-t-il.

— Jarl Joar, le reprit Liv.

Siger ne s'étonna pas de son air revêche, mais ce n'était pas le moment d'être pointilleuse au vu du tempérament de Storm.

— Et si tu la bouclais, lui suggéra Storm.

— Et toi, apprends à faire preuve de respect envers mon jarl, feula Liv.

— Il n'a pas fait grand-chose pour mériter mon respect, grogna Storm.

— Tu veux dire, hormis le fait qu'il nous ait fait entrer dans la forteresse que tu disais imprenable et le fait qu'il ait négocié des vivres que nous recevrons dans deux jours ? lui rappela Liv.

— Tu as la langue trop bien pendue, la prévint-il. Méfie-toi, je pourrais proposer à ton jarl de t'acheter pour t'épouser, ajouta-t-il en lui tendant un index menaçant. S'il ne peut pas t'apprendre à te taire, je le ferai ! clama-t-il, comme une promesse.

Siger fut plus que surpris par cette menace de mariage, mais le cacha sans peine car Joar répliqua du tac au tac :

— Tu ne pourras jamais m'offrir suffisamment,  objecta Joar calmement. Car le prestige d'avoir une sœur qui est aussi vierge guerrière et qui va entrer dans l'ordre du Bouclier, ça n'a pas de prix, expliqua-t-il.

Liv n'en crut pas ses oreilles ni ses yeux, car les mots de son frère eurent des effets bien différents sur les uns et sur les autres :

De sa vision périphérique, à sa droite, elle vit l'Ancien bomber le torse de fierté. À sa gauche, Guthred crispa les mâchoires d'agacement de voir Joar obtenir non seulement le succès dans ses négociations saxonnes, mais en plus sa famille allait se couvrir d'un nouveau prestige.

En face d'elle, Storm était furieux de s'être fait ainsi mouché par Joar. Quant à Siger, il la dévisagea plus que conscient qu'elle n'était plus vierge depuis un moment et qu'elle laissait ce mensonge planer sur elle.

— Les félicitations s'imposent, affirma Siger à Joar, sans hésitation. L'ordre du Bouclier n'accueille que les meilleures guerrières, ajouta-t-il à Liv. D'après ce que j'ai pu voir, il ne te faudra pas longtemps avant d'y être acceptée, la félicita-t-il.

— Je travaillerai dur pour atteindre mon but, répliqua-t-elle.

Siger opina et se tourna vers Storm :

— Il nous fallait des vivres pour tenir plus longtemps sans toucher à ce que nous avons obtenu ici, insista-t-il.

— Je sais, feula Storm. Puisque nous sommes tenus de cohabiter, j'apprécierais d'être tenu informé de tes idées, jarl Joar, ajouta-t-il.

— Mon empressement va bénéficier à nos deux clans, le rassura Joar, serein.

— Et faire monter le prix des princesses nous aidera à obtenir plus que leur valeur réelle, concéda Storm.

Joar opina humblement.

— Il nous faut choisir de meilleurs arguments pour faire grimper les négociations, d'ici la nouvelle lune, précisa Siger.

— Et estimer en combien de temps nous pourrons quitter la forteresse dès que nous aurons reçu les wergelds, ajouta Joar en jetant un œil sur sa sœur qu'il prévoyait d'envoyer rapidement à Kattgate après la forteresse.

Ils passèrent le restant de la matinée dans le bureau à discuter, puis ils se séparèrent pour vaquer à leurs occupations, conscients que l'armée saxonne s'était installée et qu'ils ne pourraient plus sortir dorénavant, du moins pas avant la libération des lieux.

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