Chapitre 1
Îles britanniques, en Northumbrie, l'an 878,
En ce milieu de matinée, la frondaison des arbres filtrait déjà les rayons du soleil, ce qui déclinait une délicate palette de verts, tout en créant des jeux de lumières, dont certains faisceaux illuminaient par endroits le sol de l'épaisse forêt, qui était entièrement recouvert de hautes fougères : piège qui pouvait s'avérer fatal pour chevilles et genoux, car cette végétation sauvage pouvait tout aussi bien dissimuler : trous, racines, arbres morts et peut-être même cailloux.
Cinquante guerriers marchaient derrière leur jarl, Joar Eirikson, qui chevauchait en tête avec son fils aîné.
Les fers de leurs juments martelaient le sol au rythme de leurs pas lents et réguliers, sans pour autant briser le calme de la forêt qu'ils devaient traverser.
Bercée par la douce allure du convoi et par la tranquillité des lieux, Liv Joardottir qui suivait son père de près, fixait pensivement son imposante carrure : ses longs cheveux poivre et sel attachés par un lien de cuir ; son épée fixée dans le dos, dont la poignée dépassait de son épaule droite ; et son long manteau de fourrure noire qui recouvrait la croupe de sa jument : même ainsi, il lui sembla que le jarl ne pouvait qu'inspirer respect et confiance à quiconque l'apercevait.
Quand elle vit son père se redresser légèrement sur sa selle, elle étudia les alentours à l'affût des guetteurs du clan des hommes du nord, car les deux frères, Storm et Siger Normannsson, avaient établi un camp provisoire dans les environs après leur défaite en Mercie.
Joar le Jeune, qui chevauchait à la gauche de son père, tira doucement sur les rênes pour faire ralentir sa monture et laisser le jarl prendre la tête. Liv étudia le visage fermé de son frère aîné qui jeta un oeil sur elle, attendant qu'elle le rejoigne :
— Nous approchons, affirma-t-il alors qu'elle gagnait sa hauteur pour cheminer avec lui.
— J'ai entendu des hommes dire que ces deux frères n'avaient pas d'honneur, grogna-t-elle.
— Silence, leur ordonna le jarl qui s'était retourné sur sa selle l'espace d'un instant.
Liv avait accroché brièvement le regard de son père et en éprouvait un léger soulagement, car, même si son visage était buriné par le temps et marqué par quelques cicatrices, et que son épaisse barbe était littéralement nouée juste sous son menton et lui donnait un air bougon, ceux qui connaissaient bien Joar le Valeureux, savaient qu'il était serein.
— La forêt a des oreilles, chuchota Joar le Jeune en désignant du menton un guetteur bien dissimulé.
Liv se redressa sur sa selle et scruta les alentours avec plus d'attention, même si elle savait qu'ils entraient en terrain ami.
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