Chapitre 34
L'automne touchait à sa fin et le clan se préparait à passer l'hiver en espérant avoir la paix.
La fraîcheur des belles journées automnales dépouilla les arbres de leurs feuilles et les nuits devinrent de plus en plus froides voire glaciales, ce qui annonçait un hiver précoce.
Aslak qui massait le ventre d'Eldrid souriait en voyant une main ou un pied apparaître sous la peau de sa femme en réaction à ses caresses. Eldrid avait la vie en elle et pour le jarl, son épouse était la meilleure chose qui lui soit arrivée de toute sa vie, ce qui renforçait l'amour qu'il lui portait et Aslak savait qu'il aimait déjà ses enfants à naître.
D'ailleurs il le leur disait tout en enduisant d'huile le ventre d'Eldrid. Ainsi, le couple profitait chaque soir de ce moment en famille, préférant ignorer la prédiction de l'Oracle, annonçant qu'ils seraient petits et très fragiles pour affronter leur premier hiver.
Eldrid accusa une contraction en serrant les dents. Aslak qui souriait en caressant la petite main qui tendait sous la peau ne réalisa pas tout de suite que sa femme avait mal, mais la contraction suivante lui arracha un petit cri et une forte crispation. Aslak leva les yeux sur sa femme et il perdit son sourire.
— Ça va, lui déclara Eldrid pour le rassurer.
— Je vais faire venir Aliénor, répondit Aslak inquiet.
Eldrid le retint par la manche de sa chemise :
— Je vais bien ! insista-t-elle ne voulant pas affoler tout le monde pour rien.
Le regard convaincu d'Eldrid détendit un peu le jarl, qui s'allongea à côté de sa femme et lui prit la main pour la porter à ses lèvres.
— Je t'aime ! lui déclara-t-il heureux.
Eldrid lui sourit et allait lui répondre quand une violente contraction lui arracha un autre cri de douleur.
Aslak bondit du lit et alla jusqu'à la porte pour demander qu'on fasse quérir Aliénor.
Aliénor, assise sur le lit en chemise de nuit, regarda Eirik -debout près du lit- retirer sa tunique : il semblait un peu souffrir de la nuque.
La jeune femme sourit et alla récupérer un flacon d'huile pour masser les épaules de son mari, qui s'était assis sur le lit en comprenant son intention. Le guerrier soupira de soulagement sous les mains expertes de la guérisseuse, mais il sentait le désir monter en lui, alors il lui saisit les mains et se retourna souriant à sa femme :
— À mon tour, rugit-il fou de désir à l'idée de caresser la peau d'Aliénor.
La jeune femme lui sourit :
— Dans ce cas, susurra-t-elle, j'espère que durant les mois à venir, tu ne verras pas d'inconvénient à me masser le ventre également !
Eirik fixa sa femme dans les yeux, et lui rendit son sourire radieux :
— Aliénor ? l'interrogea-t-il attendant une confirmation.
— Je suis enceinte, déclara-t-elle rayonnante de bonheur.
Eirik fou de joie, saisit le visage de sa femme à deux mains et l'embrassa. Il accompagna Aliénor sur le lit et couvrit son corps de baisers. Puis, il releva la chemise de nuit pour embrasser la peau nue de son ventre :
« Je t'aime déjà » déclara-t-il à son enfant à naître.
« Je vous aime tous les deux » ajouta-t-il en s'installant contre sa femme pour couvrir sa gorge puis ses lèvres de baisers.
Mais quelqu'un vint frapper à leur porte interrompant leur moment de bonheur, poussant Eirik à rager de colère :
— J'espère que c'est une urgence, sinon je te jure que je massacre l'impudent ! lui déclara-t-il en se relevant.
— Dans ce cas, fait vite ! s'esclaffa Aliénor pressée de reprendre là où on venait de les interrompre.
Eirik lui sourit et se dirigea vers la porte, mais il vérifia que sa femme s'était ajustée pour ne pas exposer son corps. Puis, il entrouvrit la porte car le vent cherchait à s'engouffrer dans la maison, essayant d'y faire pénétrer le froid.
Aliénor comprit un nom : « Eldrid » alors elle bondit du lit.
Eirik entendit sa femme se lever et se retourna pour la voir enfiler ses bottes et son épais manteau. Il soupira en comprenant qu'elle ne prendrait pas la peine de passer une robe, « son impétuosité finira par avoir ma peau » pensa-t-il en tout la retenant par le bras.
— Attends-moi ! gronda-t-il.
La guérisseuse regarda son mari enfiler ses bottes et sa chemise avant de saisir son manteau pour lui emboîter le pas. Puis elle sortit et tout en constatant que les premiers flocons de l'hiver tombaient follement durant cette nuit d'encre, elle resserra les pans de son manteau.
Hakon attendait à l'extérieur, inquiet.
— J'ai besoin d'Erma, d'Erika, d'Isabeau, Estelle et Margaux, déclara la jeune femme avant de se diriger vers la maison du jarl.
Hakon et Eirik se séparèrent pour quérir les femmes, dont les trois esclaves qui étaient arrivées en même temps qu'Aliénor et elle espérait qu'un jour Aslak les affranchirait tout comme elle.
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