Chapitre 27

Un peu avant l'aube, suivant la veillée des Légendes, Germund entra dans le Skali où dormaient les enfants et quelques femmes.

— Debout, chuchota le guerrier en réveillant Aliénor. Nous allons être attaqués, il faut amener les enfants chez Adi.

— Combien de temps ? coassa-t-elle, la voix éraillée par le sommeil.

— C'est imminent, répondit-il en secouant les enfants proches de lui.

Aliénor réveilla Erika, Didda et Randi. Ensemble elles tirèrent les enfants de leur sommeil en leur demandant de rester calmes et silencieux. Les femmes commencèrent à faire sortir les premiers enfants qui devaient se tenir par la main.

— Eldrid ? demanda Aliénor à Germund.

— Elle fait le tour des maisons occupées pour mettre toutes les femmes enceintes à l'abri ! conclut-il.

Germund dut les laisser gérer le petit convoi, car il devait prendre position avec celles et ceux qui allaient protéger le village. Heureusement, la chaîne humaine avança rapidement, mais dans un silence qui devint pesant car la faible lumière, qui précédait l'aube, les éclairait très peu, accentuant l'angoisse du moment.

L'alerte donnée à temps, tous les enfants entrèrent dans la cachette que constituait le cellier enterré et presque toutes les femmes enceintes les avaient rejoints. Aliénor réalisa qu'Eldrid et Sigrid étaient encore à l'extérieur, mais le pire était que les esclaves, qui n'avaient pas de maître attitré, étaient enfermées dans leur cellule, ignorées de tous.

Aliénor oublia les protestations des Danoises et referma la cloison pour dissimuler la cachette, puis sortit. Au crépuscule du jour naissant, Aliénor n'y voyait pas très bien et le calme qui régnait dans le village lui fit terriblement peur, alors elle courut en direction des prisonnières, qui étaient les plus proches.

Les clefs de la cellule étaient suspendues à un clou près de la porte, Aliénor put ouvrir facilement et réveilla les esclaves :

« On va être attaqués, il faut se mettre à l'abri » les informa-t-elle.

Conscientes de ce qu'elles risquaient, les esclaves la suivirent sans aucune hésitation et Aliénor les guida jusqu'à la demeure d'Adi dans un silence que seuls les aboiements d'un des chiens vinrent briser, mais son avertissement fut rapidement suivi par son couinement de souffrance, sans doute fut-il blessé par une flèche ennemie. Les femmes franchirent tout juste le seuil de la demeure quand les premiers hurlements d'assauts et coups de lame se firent entendre. Aliénor alla ouvrir la cachette et fit entrer les prisonnières :

— Est-ce qu'Eldrid et Sigrid sont là ? demanda Aliénor.

— Non, répondit Erika. Mais ne t'en fait pas pour elles, elles vont arriver, vient te mettre à l'abri.

Face à son hésitation, Erika ajouta :

— Prends ma place, je vais aller les chercher !

— Non, j'y vais, répondit Aliénor. Tu es la plus à même de protéger les enfants !

Dans l'obscurité de la maison, tout en s'approchant de la porte, Aliénor inspira profondément pour se donner du courage, car elle entendait le bruit des combats qui se rapprochaient.

La guérisseuse se servit de la pénombre pour se faufiler jusqu'à la maison de Sigrid. Aliénor y trouva Eldrid, scramasaxe en main, Sigrid et sa petite fille.

— Il faut partir, leur chuchota Aliénor en fermant derrière elle.

— Sigrid a des contractions, répliqua Eldrid, elle va accoucher !

— Mettez ma fille en sécurité, les supplia Sigrid.

— Il nous faut un homme pour la porter, affirma Aliénor en réfléchissant à la façon de procéder.

— Ils sont plutôt occupés, répliqua Eldrid. Prends Sunniva et allez à la cachette, ordonna Eldrid.

— Non, c'est à toi de l'y conduire, objecta Aliénor en s'approchant de la Danoise qui semblait souffrir le martyre.

Voyant que la situation allait tourner en rond, Sigrid décida de se lever, alors Aliénor l'aida à marcher.

— Prends Sunniva, déclara Aliénor à Eldrid.

La femme du jarl attrapa l'enfant qui ne comprenait rien, mais qui restait silencieuse et confiante.

Les trois femmes se faufilèrent un moment, mais l'état de Sigrid la figea sur place tout en retenant un cri de douleur. Eldrid se retourna vers Aliénor qui lui fit signe d'avancer sans elles.

Le petit groupe était presque arrivé chez Adi, malheureusement les affrontements étaient trop proches pour passer inaperçues. Consciente du danger, Eldrid fit entrer Aliénor et Sigrid dans la première maison. La guérisseuse aidait Sigrid à s'installer sur le lit, mais Eldrid la saisit par le bras :

— Prends Sunniva et va la mettre à l'abri ! ordonna la femme du jarl. Je vais rester avec Sigrid.

— Eldrid... s'inquiéta Aliénor.

— C'est un ordre, tonna Eldrid en donnant l'enfant à la guérisseuse.

— Je n'ai eu besoin de personne pour mettre Sunniva au monde, intervint Sigrid qui soufflait fort. Partez toutes les deux !

— Je reste, affirma Eldrid en récupérant un arc et son carquois accrochés près de l'entrée. Vas-y, je veille sur elle ! insista-t-elle.

Aliénor, qui sentait la petite Sunniva trembler, accrochée à son cou, céda :

— Je vais revenir ! leur dit-elle pour les prévenir qu'elle ne les laisserait pas.

À l'extérieur, à l'exception des incendies, Aliénor revécut l'invasion du village de son premier mari, tout y était identique.

La guérisseuse se précipita pour rejoindre la cachette, elle entra et conduisit son petit fardeau vers la fausse cloison. Elle n'eut que le temps de confier Sunniva à Erika, car la porte d'entrée s'ouvrit avec fracas, forçant Aliénor à se plaquer dos à la cloison pour la refermer.

Malgré le peu de lumière elle reconnut l'homme qui venait comme un bourrin :

— Edmond ? s'inquiéta-t-elle. Comment... ?

— Comment j'ai pu te retrouver ? déclara-t-il en retirant son ceinturon.

Aliénor comprit que son demi-frère n'avait pas perdu ses « bonnes habitudes » puisqu'il s'apprêtait à la frapper avec, et comme avant, elle n'avait aucune idée de ce qui était à l'origine de sa colère.


*****

je ne suis pas satisfaite de ce chapitre, mais je le publie quand même... marre de me triturer les méninges 🤣🤣🤣🤣

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top