Chapitre 15
C'est sous une pluie fine, que l'aube du sixième jour d'expédition se leva, jetant un voile brumeux sur le village attaqué.
Cette ondée ajoutée à l'averse de la veille rendit les rues en terre battue boueuses et glissantes, ajoutant un peu de grotesque au chaos ambiant, d'autant plus que çà et là les animaux de basse-cour effrayés par les hurlements et l'agitation couraient en tous sens, en secouant les ailes pour certains.
Comme durant le raid de la veille, dans un autre village, les envahisseurs déchaînés semblaient plus grands et plus massifs que les villageois, et la puissance de leurs coups était meurtrière : tranchant, lacérant, transperçant avec précision, et ils semblaient s'en délecter.
Comme la veille, pour Aslak et Sverre, les deux jarls, tous ceux qui brandissaient une arme contre les Danois devaient périr, en revanche les peureux pouvaient rester en vie, puisque les guerriers se contenteraient de les réunir par groupes, pour les contrôler.
Le visage et sa longue natte peints en noir, Eirik et son groupe avançaient en tête pour atteindre la muraille défensive du château. Cette fois, ils n'avaient pas à escalader le mur, car la herse, abaissée trop top, s'était encastrée dans un chariot, dont le conducteur avait sans doute cru avoir le temps de franchir le seuil. La lourde grille était maintenant coincée et laissait assez de place pour passer.
— Archers ! hurla Eirik.
Une salve de flèches traversa la herse ajourée pour tuer les soldats qui bloquaient l'accès à la cour, pendant qu'en haut du mur, les hommes s'acharnaient sur le mécanisme pour relever la grille et permettre à ceux d'en bas de dégager la voie, espérant fermer le passage une fois pour toute.
La voie libre, Eirik, suivi de Botilde et Haldor, franchirent le seuil et attaquèrent tous ceux qui venaient à eux. La rage au ventre, ils étaient efficaces et meurtriers.
Dans la pâle lueur du jour et sa brume ondulante, les soldats qui s'étaient agglutinés dans la cour, virent les envahisseurs prendre la place d'assaut.
Quant aux Danois, ils rencontraient là une délectable résistance, car les soldats étaient plus nombreux et plus aguerris qu'ils ne l'avaient pensé. Du reste, dans la mêlée, les guerrières Danoises étaient très fières de réaliser que leurs adversaires ne faisaient pas la différence entre elles et les mâles.
Eirik, para, cingla et pourfendit son adversaire. Il n'eut pas le temps de l'achever, puisqu'il repéra in extrémis un archer ennemi, qui venait de le mettre dans sa ligne de mire. La flèche se planta dans le bouclier qu'il dressa devant lui, tandis qu'Haldor lançait sa hachette : l'arme acérée termina violemment sa course en se plantant dans le visage de l'archer.
Sans hésitation, Eirik et Haldor allèrent prêter main-forte à Botilde, Erma et Folmer, qui affrontaient une poche de résistance virulente : lame posée sur leur bouclier dressé, ils s'associèrent pour feinter l'ennemi.
Dans la cour, quand la dernière fronde fut matée, les Danois restèrent vigilants. Eirik en tête de groupe, monta les escaliers qui menaient aux remparts. À peine arrivé en haut, la pointe tranchante d'une hallebarde lui effleura le côté du crâne, créant une estafilade sanglante de la tempe jusqu'à l'oreille. Botilde réagit plus vite qu'Eirik en plantant son épée dans le ventre du soldat, elle fit tournée sa lame et donna un coup transversal pour l'éventrer purement et simplement...
Puis, enfin, comme si les dieux voulaient féliciter les troupes des deux jarls, qui avaient tout le village sous contrôle, les nuages menaçants se dissipèrent totalement, dévoilant un ciel bleu azur. Il ne restait plus que les gémissements des agonisants pour briser le silence angoissant de leur défaite.
Aslak qui sentait toujours l'adrénaline couler dans ses veines se réjouit de la terreur qu'il lisait sur les visages des vaincus, enfermés dans la grande salle avec lui, Sverre et la famille souveraine. Le jarl savait qu'ils allaient devoir rester un jour et une nuit pour s'affirmer en tant que vainqueurs et panser leurs plaies, mais il avait déjà son prochain objectif en tête.
En attendant, ses hommes allaient méthodiquement explorer les maisons en quête de vivres et de biens qu'ils pourraient revendre par la suite à Siglunes.
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