L'aube du troisième jour d'expédition n'était pas encore levée et la lune en phase descendante terminait lentement sa course dans le paisible firmament.

Pas un brin d'air n'agitait la mer, ainsi, soumis aux caprices des éléments, Eirik et ses compagnons, silencieux, ramaient en cadence, pressés de pouvoir mettre pied à terre et commencer pleinement l'expédition, qui nourrirait le clan durant tout l'hiver.

Comme convenu, pour parvenir à leur fin, leur petite flotte avait grossi le jour même de leur départ, puisque Aslak leur avait fait faire une halte pour rejoindre le clan de Sverre, le père d'Eldrid. Les deux jarls s'étaient mis d'accord sur la répartition des gains avant de reprendre la mer.

Les prémices du jour irisaient à peine l'horizon quand les bateaux accostèrent sur une plage, dont la crique semblait difficile d'accès par la terre.

Toujours silencieux, quelques-uns d'entre eux gravirent, bouclier dans le dos, la falaise escarpée. Eirik et Haldor arrivèrent en haut les premiers et découvrirent une étendue de terre non cultivée, car habituellement trop battue par le vent.

Eirik et Haldor, bouclier en place sur leur avant-bras et scramasaxe en main (long couteau), s'éloignèrent du bord pour étudier les alentours et s'assurer qu'ils étaient en sécurité, le temps que les sept autres éclaireurs arrivent.

Botilde, Folmer et les cinq autres guerriers se séparèrent pour vérifier le périmètre, puisque Aslak était en quête d'un endroit pour implanter un petit camp de fortune, où ils pourraient venir se reposer entre chaque raid.

Pour s'assurer qu'il n'y avait pas de civilisation toute proche, Eirik et Haldor continuèrent leur exploration en entrant dans une forêt affaiblie par des tempêtes successives. En s'enfonçant toujours plus loin, la forêt s'étoffa peu à peu jusqu'à devenir dense et difficile à traverser même pour la lumière du jour.

Eirik, Haldor, Botilde, Folmer et quelques autres marchèrent à bonne distance les uns des autres, mais toujours à portée de vue et silencieux, d'ailleurs s'il n'y avait pas eu de ci, de là, quelques chants d'oiseaux, le calme qui régnait là aurait été lugubre.

Quand ils arrivèrent enfin de l'autre côté, ils débouchèrent sur une autre étendue de terre et pas âme qui vive à proximité. Les yeux rivés sur l'horizon, Eirik leva la tête en direction du corbeau qui survolait la zone en croassant, probablement en quête de nourriture. Puis, un sifflement retentit derrière eux pour attirer leur attention, car Bianri leur fit signe de revenir sur leurs pas, puisqu'il fallait s'établir provisoirement.

Un peu plus tard, les langskips sortis de l'eau pour être moins visibles depuis la mer, tous les membres de la flotte installaient leur bivouac en haut de la falaise escarpée, pour surveiller la mer et les terres.

— Nous sommes encore trop loin des terres du Sud, grommela Sverre, le père d'Eldrid, les yeux rivés sur la mer.

De taille moyenne, les larges épaules de Sverre lui donnaient une allure massive, alors que ses cheveux d'un roux foncé et parsemés de mèches blanches tombaient sur ses épaules en amas de boucles rêches. Ses yeux vert foncé étaient toujours aux aguets et sa longue et épaisse barbe était tressée et ornée de gros anneaux en or sculptés.

— Tu doutes de mon plan ? clama Aslak, peu enclin à discuter.

— L'endroit est sûr, mais nous avons quitté nos terres pour faire fortune, autant s'y mettre le plus vite possible, le rassura Sverre.

— C'est ce que nous allons faire, si nos pillages des côtes plus au Sud ne sont pas assez fructueuses, en remontant, nous passerons par les côtes anglaises, sourit Aslak.

— Ma fille a bien choisi son mâle, approuva Sverre en lui claquant une main amicale sur l'épaule.

Folmer, crâne rasé, arriva vers les jarls :

— Les sentinelles sont postées, affirma-t-il.

— Bien, approuva Aslak. Repos pour les autres, les pillages commenceront demain.

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je vais publier, de sûr, un chapitre cet après-midi, voire deux de plus, si j'arrive à raccrocher les wagons entre mon histoire de base et ce qu'il faut ajouter pour l'améliorer ;)