Bonus... fin
Le temps filant, un soir du début de l'automne, trois ans après la disparition d'Eirik, un prédicateur chrétien qui sillonnait les terres Scandinaves pour répandre sa religion par la violence, fit irruption dans le village du vieil Aslak, alors que la plupart des explorateurs n'étaient pas encore revenus.
Ayant entendu maints récits sur le déroulement des évènements, à savoir qu'après négociation le prédicateur veillerait à ce qu'aucun villageois ne prenne les armes contre eux, il ordonnerait à ses troupes d'amputer au hasard des femmes et des enfants d'un membre : doigt, main ou pied.
Dans la nuit, alors que des échauffourées commençaient, Aliénor et Eldrid conduisirent leurs petits-enfants vers un lieu prévu de longue date. Elles les firent monter dans un petit bateau :
— Monte, Aliénor, ordonna Eldrid en voulant lui confier, Eirik, le nouveau-né d'Ingrid.
— Tu es la plus à même de veiller sur eux, objecta Aliénor qui jetait des regards en direction de la forêt d'où s'élevaient déjà les voix des étrangers.
— Grand-mère, je peux t'aider ! la supplia Ivar, son premier petit-fils, âgé de quinze ans.
— C'est ce que tu fais, lui répondit tendrement Aliénor.
Elle ne voulait pas rendre cet adieu déchirant, tout comme elle ne désirait pas qu'il en garde des remords, alors elle lui sourit en lui prenant le visage entre ses mains. Ils se dévisagèrent, tous deux le cœur serré par le chagrin. Aliénor lui essuya ses larmes et l'embrassa sur le front :
— Tu as toute ma confiance et mon amour, Ivar, le rassura-t-elle.
— Mamie, l'implora-t-il.
— Tout ira bien... Allez, va, veille sur eux ! lui ordonna-t-elle.
Ivar monta dans le bateau, alors qu'Aliénor gravait dans sa mémoire les visages poupins de ses petits-enfants, dont Eirik, le dernier né.
— Je vous aime, mes petits Trésors, leur déclara-t-elle, tendrement.
— Viens avec nous, mamie, insistèrent-ils les plus âgés et à même de comprendre ce qui se passait.
— Je ne peux pas, alors cachez-vous dans le bateau et restez silencieux, leur ordonna-t-elle, alors qu'elle entendait des voix toutes proches.
Aliénor aida Eldrid à pousser l'embarcation à l'eau, puis Eldrid grimpa dans le bateau, tandis qu'Aliénor leur adressait un signe de main. Le temps que les ennemis atteignissent la petite crique, le navire était suffisamment loin de la rive. Aliénor tira au clair son épée courte, forgée par Eirik bien des années plus tôt, et affronta les trois chrétiens.
Ivar qui ramait vit sa grand-mère affronter seule les ennemis, elle en vint à bout sans difficulté, mais ils furent rapidement rejoints par deux autres hommes. Le cœur de l'adolescent se serra de chagrin en voyant sa grand-mère être transpercée par une lame.
La douleur de l'acier fit plus mal encore en ressortant de ses chairs, mais Aliénor était habitée par la volonté de protéger ses petits-enfants.
Sachant très bien que ces hommes voulaient surtout la blesser sérieusement pour avoir le temps de la violer avant qu'elle ne meure, elle mit toute sa haine dans ses passes d'arme, qu'Eirik lui-même lui avait enseignées durant des années.
Elle surmonta la souffrance et tua le quatrième homme, mais le dernier chrétien lui lacéra profondément le mollet. Aliénor hurla tandis que son agresseur se jetait sur elle pour la mettre au sol. Il lui asséna un coup de poing et la croyant assommée, il lui retroussa sa jupe, mais Aliénor tira son couteau de cou, cadeau si utile offert par Eirik, et lui planta la lame dans la gorge, quand il se vautra sur elle espérant la pénétrer.
Avec un sentiment de déjà-vu, elle écarta le cadavre pour ne pas être écrasée par son poids. Cette fois, ce n'était pas un plafond fait de lames de bois qu'elle fixait, mais le firmament scintillant, tout en étant consciente qu'un froid étrange remplaçait lentement les douloureuses morsures de l'acier... Puis l'hémorragie gagna le combat.
Deux nuits plus tard, ce qui restait du clan se tenait réuni dans la clairière. Henrik regarda les hommes couvrir de terre le bateau-sépulture d'Aliénor. Leur mère était ensevelie avec les bijoux qu'elle aimait et tenait d'Eirik, même si elle avait fait don de certains à ses enfants et petits-enfants.
Sur ordre du vieil Aslak, les hommes avaient ouvert le tumulus d'Eirik pour y installer le bateau-sépulture plus petit d'Aliénor, pour qu'il tienne dans celui de son mari, afin que les corps des deux époux reposent ensemble pour l'éternité.
Pour les enfants du couple, chagrin et fierté s'entremêlaient, car Aliénor, qui avait vu naître chacun de ses petits-enfants, puisqu'elle avait été la ventrière de ses filles et brus, était morte en les mettant à l'abri, les envoyant rejoindre Botilde et Eskil qui s'étaient mis à l'écart du village d'Aslak à la mort d'une de leurs filles, bien des années plus tôt.
En voyant disparaître le navire sous la terre, Henrik ne put s'empêcher de se remémorer toutes les fois où durant son existence, il avait vu sa mère lutter pour sauver des vies. Combien de fois, Eirik lui avait déclaré fièrement qu'elle était une guerrière qui, avec ses armes de guérisseuse, faites de décoctions et de sirops, affrontait et repoussait la Mort. Et ses compétences, elle les avait transmises avec bienveillance, rendant son époux très fier, car selon lui : le temps venu, elle aurait toute sa place au palais du Walhalla.
En cette nuit fraîche et scintillante, les quatre enfants du couple savaient que les walkyries étaient venues pour leur mère, parce qu'elle était morte aussi honorablement qu'elle avait vécu.
Entre Henrik et Signi, leur dernière fille âgée de trois ans, tira la main de son père pour attirer son attention. Alors, Henrik la porta et elle passa ses petits bras autour de son cou :
— Mamie est avec papy, maintenant ! déclara-t-elle de sa voix fluette.
— Oui, mon Trésor ! affirma-t-il.
— Elle va me manquer, pleura-t-elle.
— À moi aussi... à nous tous ! avoua-t-il.
Rurik, portrait craché de son père, donna un coup d'épaule à son frère aîné pour attirer son attention et il lui désigna du menton la présence de l'Oracle et de l'Enchanteresse qui venaient d'arriver.
Alors qu'Henrik soutenait le regard attristé de Freya, Rurik jeta un œil à sa femme, puis à ses sœurs et compagnons, car tous savaient que le temps était venu de choisir : rester pour adopter un dieu unique et avec la soumission à ses émissaires, ou changer de patrie pour sauver leur mode de vie et l'existence de leurs enfants...
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Ce chapitre est dédié à toutes celles et ceux qui pensaient que je n'allais pas tuer Aliénor et Eirik 😢😢😢😢
Cilla_pris et Lulu29846, j'espère que vous ne m'en voulez pas trop pour ce chapitre 😟
je sais d'avance que ce bonus sera détesté, et très honnêtement, je suis encore plus triste que vous, car en tant qu'auteure j'ai tout le film de l'histoire en tête, alors la rédaction de ce bonus m'a vraiment coûté... en vrai, moi j'ai pleuré, je ne m'attendais pas à être aussi triste de leur dire adieu 😭😭😭😭😭
mais voilà, il fallait en passer par là, d'ailleurs, je vous devance et précise que je n'écrirai pas d'histoire sur les enfants d'Aliénor et Eirik, il y a suffisamment d'histoires sur les Vikings sur Wattpad pour vous rassasier d'aventures Scandinaves
Je vous dis donc à bientôt au détour de quelques lignes qui mériteront vos commentaires 🤞(du moins, je l'espère sauf si vous m'en vouliez vraiment trop pour ça)
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