Chapitre 47

Je suis en pleine conversation tactique avec Gunnar et Ulrik quand Sigfrid vient nous interrompre pour m'annoncer qu'elle se retire dans ses appartements.

_Ne m'en veut pas mon époux, mais mon état me fatigue. Je vais me retirer, croit-elle bon d'ajouter en caressant son ventre, comme si je ne comprenais pas où elle voulait en venir, comme si sa grossesse ne se voyait pas assez.

Mon regard est rivé sur ce ventre. Même si je suis heureux dans un sens d'avoir un enfant. Je regrette amèrement qu'il est pour mère Sigfrid et non ma douce Aslaug. Voyant que ma future épouse attend mon assentiment, je le lui donne d'un simple signe de tête. Avant de reprendre ma discussion avec Gunnar et Ulrik.

J'en dis le moins possible tout en restant crédible devant Ulrik qui semble connaître beaucoup de choses pour un simple fils de pêcheur.Je reverrai les détails plus tard avec Gunnar. Je n'arrive pas à savoir pourquoi mais je n'apprécie pas Ulrik. Quelque chose me gène mais je ne l'identifie pas. Je ne peux me l'expliquer et cela n'arien à voir avec ce que je peux ressentir pour Aslaug. Pour moi, il devrait faire davantage ses preuves avant d'être intégrer si vite aux affaires du clan. Mais Gunnar et mon père semblent penser qu'il le mérite et le fait qu'il épouse Aslaug aide à la manœuvre.


Perdu dans mes réflexions, je ne prête pas attention aux échanges entre ces derniers. Mes yeux balaient la salle de réception à la recherche de ma belle Aslaug. Mais j'ai beau chercher, je ne la vois nul part. Peut-être s'est elle retirée elle aussi ? Sans réfléchir davantage, je pose la question à cet homme qui sera sous peu mon beau-frère.

_Sais-tu où se trouve ma sœur ? Demandais-je en bon frère inquiet pour sa jeune sœur.

Ce dernier balaie la salle du regard par réflexe puis il reprend avec un sourire qui ne me plaît pas. Et poursuit trop sûr de lui.

_Elle est partie se reposer. Elle fatigue vite ses derniers temps.Probablement à cause des préparatifs du mariage, coupe-t-il court avant de reprendre sa conversation avec Gunnar.

Je reste tout de même circonspect de le voir si peu inquiet de savoir où se trouve la femme qu'il aime. Même si ce qu'il dit est tout à fait possible, je reste dubitatif. Il est vrai que les événements des derniers temps ont été éprouvant pour elle. Il serait tout à fait plausible qu'elle soit partie se reposer ou dormir. Pourtant mon instinct me dit qu'il y a un problème. Je ne saurai l'expliquer mais au fond de moi, je suis persuadé qu'elle a besoin de moi. Alors que j'allais me rendre dans ses appartements pour être pleinement rassuré, Gunnar m'attrape par le bras.


_Où vas-tu mon frère ? Il est encore tôt et demain à cette heure tu seras marié. Alors profite donc de ta dernière soirée de célibataire et reste boire avec tes frères d'armes, insiste mon meilleur ami.

_Mais oui Gunnar a raison. Reste donc avec nous. Tu auras bien des nuits pour être auprès de ta femme, lâche Ulrik en riant avant de boire une longue rasade de cervoise.

J'hésite un instant. Puis je reste avec eux. Après tout je vais devoir apprendre à la laisser vivre sa vie. D'autant plus que demain, je serai moi-même uni à une autre femme et je ne pourrai pas toujours être présent. Surtout qu'elle aura un mari.

Je n'ai pas la moindre idée de la façon dont j'ai regagné mes appartements. C'est sûrement grâce à Ulrik et Gunnar. Je ne sais plus la quantité d'alcool que j'ai bu pour être dans cet état,mais une chose est sûre. Je vais me rendre chez Eidmund pour un de ces breuvages miracles afin d'effacer les traces de la nuit qui venait de s'écouler. D'autant plus que je me marie en fin de journée.


À la simple évocation de mon mariage, j'ai envie de vomir et cela n'arien à voir avec la soirée que je venais de passer et la quantité d'alcool que j'avais pu boire. Sur le chemin qui m'amène chez le père de Dagny, je réalise enfin ce qu'allait être ma vie. D'ici quelques heures, je serai mariée à une femme qui m'insupporte sur beaucoup de points. Je voyais Sigfrid différemment depuis ma rencontre avec Aslaug. Elle m'avait ouvert les yeux sur ce qu'était l'amour.

Je n'ai pas le temps de frapper, qu'Eidmund m'ouvre la porte comme si quelque part il m'attendait. En tout cas s'il est surpris, il le cache bien.

_Entre, ne reste pas dehors. Que me vaut l'honneur de cette visite pour le moins matinale ?

_Mon père m'a toujours vanté tes mérites pour atténuer les  douleurs suite à une nuit des plus festives.

_Il est vrai qu'aujourd'hui est un grand jour. Alors comment Sigfrid et ton père ont pris la nouvelle ? Me questionne-t-il en commençant à préparer une mixture qui allait sans nul doute être difficile à avaler au vue des ingrédients utilisés. Pourtant la question qu'il me pose me laisse interdit.

_Quelle nouvelle ? Insistais-je à mon tour.

Eidmund arrête sa préparation et se retourne me faisant ainsi face. À son air surpris, je comprends rapidement que quelque chose ne va pas.

_Comment cela quelle nouvelle ? Reprend-t-il en posant ce qu'il avait dans les mains pour s'approcher de moi. Il reprend alors sur un ton qui se veut rassurant mais où perce l'inquiétude sans nul doute.

_Hier soir, tu as bien vu Aslaug ? Quand elle est partie d'ici,elle allait te rejoindre pour mettre au clair votre situation à tous les deux, . . .

_Attends, le coupais-je. Pourquoi Aslaug serait venue me voir. Que veux-tu dire par mettre les choses au clair ? M'énervais-je de ne rien comprendre. Mais surtout je m'en voulait de ne pas avoir écouté mon instinct la nuit dernière et de ne pas être parti à sa recherche.

Eidmund se passe la main sur la nuque puis il reprend sa préparation qu'il avait abandonné quelques instants plus tôt.

_Assieds toi. Je vais t'expliquer en terminant. À cette heure, elle doit certainement dormir bien au chaud dans son lit. Et puis dans cet état, tu ne lui serviras à rien.

À contre cœur, je fais ce qu'Eidmund me demande même si ma seule envie est de courir pour m'assurer que tout va bien.



Ce sont le froid et l'humidité qui me réveillent ainsi qu'une douleur sourde à l'arrière de la tête. J'essaie de lever la main pour toucher la zone douloureuse. Mais cela m'est totalement impossible car je suis entravée tel un animal. Il fait trop noir pour que je puisse identifier où je suis retenue et cette douleur lancinante ne m'aide pas.

Plutôt que de me fatiguer vainement pour me libérer de mes attaches métalliques. Je choisis de fermer les yeux et de me concentrer sur les bruits qui m'entourent. Qui sait, je reconnaîtrais peut être un bruit ou une voix qui m'aidera à savoir où je suis et qui m'a enlevée.

Je ne sais pas combien de temps, je reste adosser contre ce mur humide et froid, les yeux clos à attendre, à espérer un bruit, quelque chose, . . . J'en suis au point de croire qu'il y a de fortes chances pour que je sois dans les oubliettes du château, que je ne reverrai jamais les gens que j'aime et qui compte pour moi quand je distingue une voix d'homme. Je me concentre pour percevoir un mot, un son ou quelque chose qui pourraient m'aider . . . m'aider à comprendre pourquoi je suis là.

J'ai beau faire tous les efforts du monde, les bruits de la conversation sont étouffées et je n'arrive à rien. Le noir, la douleur et l'angoisse m'envahissent me faisant sombrer de nouveau malgré moi.

Je sursaute, quand la porte s'ouvre brutalement laissant entrer de la lumière. Une silhouette se découpe dans l'encadrement de la porte.Inconsciemment ou consciemment, je me recroqueville sur moi-même ne sachant pas à quoi m'attendre. L'homme s'avance toujours plus prêt de moi. Pourtant malgré la crainte qu'il m'inspire, sa démarche,son allure ne me sont clairement pas inconnues.

Sans rien dire, je le vois sortir quelque chose de sa poche. Le cliquetis des clés me parvient me rassurant quelque peu. Ne sachant pas à quoi m'attendre.

_Ferme les yeux, me dit-il.

Une partie de moi voudrait résister et se battre. Mais je choisis la raison pour protéger l'enfant que je porte. Alors j'obéis et ferme les yeux. Je sens alors un tissu rêche se poser sur mes paupières.Sans une parole supplémentaire, il me détache et me tire sur le bras sans ménagement pour me mettre debout. Nous quittons la cellule, traversons plusieurs pièces avant de monter un escalier. Je bute plusieurs fois me rattrapant de justesse à cet homme qui grogne mais ne dit toujours rien.

Une nouvelle fois, on m'assoie sur une chaise sans ménagement où l'on m'attache encore mais avec de la corde. Alors que l'homme s'affaire,je ressens une présence supplémentaire dans la pièce comme si on nous observait. À cet instant, je m'attends à tout. Mais rien nem'a préparée au choc que je ressens quand j'entends sa voix. Au sonde cette dernière, mon corps se crispe sans que je ne puisse rien y faire alors que ma bouche articule son prénom dans un souffle rendu douloureux par la trahison.


_Ulrik . . . 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top