Chapitre quatorze
Un portail s'ouvrit. Loin de la sécurité que promettaient les professeurs, au-delà du groupe de Vilains. Susumu atterrit accroupie. La seconde A se précipita jusqu'au bord des escaliers. Aizawa, trop occupé à ralentir l'assaut, ne semblait pas avoir remarqué qu'une élève manquait. Malgré les cris de Numéro Treize incessants, ce dernier ne perçut pas un son.
Lentement, la jeune femme s'approcha du trio. Une seule personne l'intéressait, parmi eux. La distance se réduisait petit à petit. Ses deux accompagnants, l'homme de fumée et la créature au crâne difforme, s'écartèrent afin de ne plus laisser que le duo. Susumu ne distinguait pas son visage, à cause de la main collée dessus. À son tour, il approcha. Leurs pas, en synchronisation, se transformèrent en course. Jusqu'à ce que, assez près, la violette n'engage le combat. Sa jambe, envoyée pour frapper son adversaire, fut contrée par le bras de ce dernier.
— On doit aller l'aider ! cria Shinpachi. Si les autres s'aperçoivent qu'elle est là-bas...
— Du calme ! s'exclama le héros spatial. La priorité est de vous évacuer...
Une immense ombre noire apparut sous les pieds des élèves. La plupart déglutit. Ils avaient à faire de leur côté aussi. Impossible d'avertir Aizawa ou de porter secours à leur camarade.
— Traître ! cracha Susumu.
Il esquiva un énième coup de pied. Sa main essaya d'attraper sa cheville au vol. Terrifiée, la jeune femme effectua une souplesse arrière. Son talon l'atteignit en pleine mâchoire, en plus de réussir à prendre de la distance. L'étrangeté qui masquait son visage vola quelques mètres plus loin. Il garda la tête détournée.
— C'est pour ça que tu as laissé ton numéro ? Pour voir si j'allais revenir, me laisser croire que j'avais le choix ou juste pour le plaisir de te venger de mon entrée à Yuei ? s'époumona-t-elle.
Il ne dit rien. Le souffle saccadé de Susumu témoignait de sa colère. Elle souhaitait presque se tromper, bien que devant le fait accompli, son visage à découvert, plus aucun doute ne subsistait. Naïve, stupide, et idéaliste. Voilà comment la violette se qualifia. Pour une soirée, elle avait permis à une bande entière de Vilains d'attaquer sa classe ainsi que ses professeurs.
— Réponds-moi, Tenko.
Sa provocation eut l'effet escompté. Il serra les poings. Si fort que les muscles de ses bras émirent des spasmes semblables à des tremblements. Il fit un pas.
— Ne m'appelle...
Un second pas. Puis un troisième. Quatre de ses doigts, à l'exception du petit, se refermèrent tel un joug autour de la gorge de Susumu. Elle le défiait du regard. Pas la moindre peur ne se reflétait au fond de ses iris.
— Ne m'appelle plus jamais comme ça, cracha-t-il. C'est Tomura. Shigaraki Tomura.
— Vas-y, l'invita-t-elle sur le même ton. Finis le travail.
— Ça t'arrangerait bien, qu'on mette fin à ta vie.
— Honnêtement ? Si ça peut me permettre de t'emporter avec moi...
Son front se colla violemment contre celui de son adversaire. Il parut surpris mais en profita pour resserrer sa poigne autour de son cou.
— Je me laisserais crever avec joie, finit-elle.
— Busujima !
Surprise, elle tourna légèrement la tête vers le champ de bataille. Tomura leva les yeux. C'était Eraserhead, qui venait enfin de la remarquer. Il se frayait un passage parmi les Vilains, avec tant d'agressivité que ses opposants en parurent même surpris. Une bandelette blanche s'enroula autour du poignet de cette dernière. Le duo regarda à l'unisson la prise puis l'origine : Aizawa. Un sourire se dessina sur les lèvres de la violette. Avant qu'il ne puisse réagir, la jeune femme fut arrachée à ses doigts, tirée vers l'arrière. Tomura tendit la main pour essayer de la rattraper, en vain.
— Brainless ! hurla-t-il. Attrape-les !
Une fois rapprochée de son professeur, au milieu de l'attroupement, ce dernier lui jeta un regard empli de reproches. Mais il n'eut pas le temps de commencer son discours moralisateur, que la course du fameux Nomu les interrompit. Par réflexe, Susumu se colla à Aizawa et tous deux tombèrent dans un portail. Ils réapparurent en haut des marches. Les Vilains remarquèrent leur position et marchèrent dans leur direction.
— On a peut-être moins d'une minute, alors laisse-moi être clair. Ton comportement mérite explication que tu me donneras une fois tout ça terminé. Pour l'instant, je veux que tu restes le plus proche de moi possible. Et surtout, ne t'éloigne pas.
— Permission d'utiliser mon Alter afin de me défendre, professeur Aizawa ?
Ce dernier, lunettes relevées, se mettait des gouttes dans les yeux. Il rabattit ces dernières et attrapa une bandelette à pleine main.
— Accordée, opina-t-il.
Il retourna à l'assaut. Encore un peu réticente à se servir de ses propres pouvoirs, Susumu se savait excellente au corps à corps. Ses portails suffiraient largement à supporter son enseignant lors du combat. Sans perdre une seconde, elle se jeta avec lui. Elle atterrit sur le dos d'un Vilain et l'assomma sur le coup.
— Il y a un changement de programme ?
Alors que Tomura fixait la main sur son visage, l'homme de fumée apparut à ses côtés. Un genou à terre, l'interpellé respirait fort.
— Et toi, Black Mist ? Ta mission a été accomplie ?
— ... J'en ai laissé un s'échapper.
— Tu vois, c'est pour ça que je te traite d'incapable. Tu avais un boulot.
Le choc de plusieurs corps projetés attirèrent leur attention. Brainless bousculait les Vilains afin d'atteindre le duo au milieu du champ de bataille. Lorsque Susumu s'en aperçut, elle téléporta son professeur plus loin pour la seconde fois.
— C'est le jeu du chat et de la souris, murmura Tomura. Ils finiront par se faire attraper.
— N'était-ce pas la surprise réservée à All Might ? s'étonna Black Mist. Pourquoi court-elle après ces deux-là, en particulier ?
— Parce qu'ils m'agacent.
Busujima essayait de coller ses mouvements à ceux d'Aizawa, afin d'éviter tout manque de synchronisation fatal ou de lui apporter une quelconque gêne lors du combat. Malheureusement, malgré toutes ses esquives, Brainless attrapa le bras d'Erasehead juste avant qu'il ne disparaisse à l'intérieur du portail. Tiré vers l'extérieur, Susumu n'entendit qu'un bruit d'os brisé avant de se téléporter. Elle retomba dans l'eau. Prête à nager jusqu'à la rive à quelques mètres, une main se posa sur sa bouche et l'obligea à se baisser.
— Busujima, tu n'as rien ? lui demanda quelqu'un à mi-voix.
Ses yeux bleus se tournèrent vers deux personnes, dos collé contre le mur délimitant la plateforme et la zone d'eau. Tsuyu et Mineta la regardaient terrifiés.
— Midoriya, lâche-la ! pesta Mineta en chuchotant.
À présent consciente que c'était Izuku qui la tenait, ses muscles émirent un spasme. Elle tourna la tête afin de tomber face au visage de son ami d'enfance. Il obtempéra et laissa Susumu libre de ses mouvements. Leur quatuor était enfoncé dans l'eau jusqu'au cou.
— Qu'est-ce qui t'a pris de sauter ? s'affola Mineta. T'aurais pu te faire tuer !
— Il a raison, opina Tsuyu.
Honteuse, Busujima préféra garder le silence. Elle essaya de voir ce qu'était devenu Aizawa, pour qu'Izuku l'oblige à se baisser, main sur sa tête.
— Qui était au téléphone avec toi ? demanda ce dernier.
Surprise, la jeune femme se tourna vers le vert. Il la dévisageait. L'expression sur son visage exprimait sa colère, mais aussi sa frustration. Il ne se contenterait pas d'une vague explication. Dépitée, elle se laissa aller dos contre le mur et soupira.
— Quand on m'a emmené de force à Tokyo, j'ai mal vécu mon deuil. Mon année scolaire a été un désastre. Absence, chute de mes notes, mauvais comportement... J'ai commencé à traîner avec un mec un peu plus vieux que moi. C'était un peu la personne que j'allais voir au détriment de ma tante, vu qu'elle ne répondait jamais présente à cause de son travail. Je savais que c'était une mauvaise influence, alors quand on m'a rapatriée à Musutafu, j'ai changé de numéro. En bref, il m'a retrouvé, je me suis sentie mal de l'avoir abandonné donc je suis allée le voir hier soir. Il m'a laissé sa veste que j'ai porté aujourd'hui et un mouchard au fond de la poche. J'ai provoqué une attaque à Yuei juste parce que je suis allée batifoler avec un sale...
Midoriya posa une main sur l'épaule de son ami d'enfance. Il lui offrit un regard compatissant.
— Un mec plus vieux ? releva Mineta. T'es ce genre de meuf ?
Tsuyu le noya. Des bulles remontèrent à la surface.
— Busujima, je ne te vois pas comme fautive ici, lui assura Asui. Tu n'avais pas la moindre idée de ce qui allait se produire. C'est flagrant qu'on t'a manipulé et même les professeurs pourront le constater.
— Si Aizawa-sensei est toujours en vie, corrigea la violette. On doit aller l'aider maintenant !
— Et risquer notre peau ? s'énerva Mineta enfin sorti de l'eau. C'est lui qui nous a dit d'évacuer !
— Donc tu es prêt à laisser un professeur se faire tuer pour sauver tes propres fesses ? cracha Susumu. Qu'est-ce que tu fous en héroïque, au juste ?
— La même question s'applique à toi.
Ils tournèrent tous la tête vers la provenance de la voix. À contre jour, ils distinguèrent Tomura. Ce dernier attrapa Susumu par le col et la sortit de l'eau. Elle roula sur le sol, laissant la trace humide de son costume. Black Mist s'interposa entre les trois autres élèves et la violette. Une fois sa trajectoire ralentie, ses yeux tombèrent face à ceux d'Aizawa, grands ouverts, le visage ensanglanté.
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