Chapitre dix-sept
La discussion avec la seconde A s'était plutôt bien déroulée, à l'hôpital. Celle qui s'annonçait corsée aux yeux de Susumu l'attendait lors d'un rendez-vous à treize heures dans le bureau du directeur, à Yuei. Rentrée chez elle ce matin à peine, l'appel de Nedzu la surprit à moitié. Ainsi, absente depuis trois jours, la jeune femme se rendit au lycée la boule au ventre. Par le plus grand des miracles, elle ne croisa personne de sa connaissance. Cette dernière arriva ainsi sans l'ombre d'un désagrément devant la porte. Deux coups frappés, une voix l'autorisa à entrer.
— Ah, pile à l'heure !
Plusieurs professeurs se trouvaient là. Midnight, All Might, Present Mic ainsi qu'Aizawa, couvert de bandages ainsi que bras dans le plâtre. Le directeur, assis derrière son bureau, lui offrit un sourire. Ses yeux parcoururent encore la pièce afin de remarquer des élèves : Bakugo, Izuku, Shinpachi et Amalia. Voir tout ce monde emplit la violette d'une vague d'anxiété. Ses doigts encore sur la poignée, ceux-ci se crispèrent. Pourquoi tant de gens se trouvaient-ils ici ?
— Assieds-toi avec tes camarades, intima All Might.
Très mal à l'aise, elle referma derrière et se dirigea vers les canapés afin de s'installer entre Amalia et Izuku. Les deux lui offrirent un sourire rassurant.
— N'aie pas peur, reprit Nedzu. Personne ne te veut de mal ici.
— C'est par rapport à l'USJ, hein ? souffla-t-elle.
Les professeurs hochèrent la tête à l'unisson. Eraserhead, aux côtés de Katsuki et Shinpachi sur le second canapé, gardait son œil droit sur son élève, bras croisés sur son torse. Susumu avala difficilement sa salive.
— J'ai convoqué toutes les personnes d'intérêt à cette affaire, expliqua le directeur. Il est normal pour tes enseignants d'être au courant de l'histoire.
— Pourquoi eux, alors ? demanda-t-elle en désignant les quatre garçons.
— Ils sont tous venus me voir séparément afin de communiquer leur inquiétude à ton sujet. Et de plaider ta cause.
Surprise, elle les regarda tous. Katsuki claqua sa langue contre son palais. Shinpachi lui adressa un clin d'œil. Midoriya se frotta la nuque dans un sourire gêné. Seul Amalia ne réagit pas.
— Eh bien, comme après l'avoir déjà expliqué à plusieurs reprises, j'étais amie avec l'une des personnes qui nous a attaqué...
— Ne t'en fais pas, je n'ai pas besoin d'entendre l'histoire une énième fois. Je ne me soucie que d'un seul détail : savais-tu ou ne savais-tu pas qu'un mouchard était dans la poche de ta veste ?
— Non ! s'exclama-t-elle. Bien sûr que non ! Honnêtement, je savais qu'il n'était pas une très bonne personne, mais de là à m'utiliser pour attaquer notre classe et All Might...
— Je te demande parce que la police a cherché à t'interroger. J'ai refusé, avec l'appui du corps enseignant qu'aucune discussion ne serait possible tant que nous n'aurions pas pris le temps de parler avec toi et réussi à joindre ta tante.
Crispée, Susumu se tendit d'un coup. Savoir que sa tante pourrait être au courant d'une telle chose la mit très mal à l'aise. Amalia posa une main sur sa cuisse à la seconde même où il sentit le changement d'humeur. Ce geste la déstabilisa. Trop embarrassée pour le regarder, la réaction du trio en face finit de la convaincre. Shinpachi pouffa, Katsuki hallucina et les bandages d'Aizawa se déformèrent. Son expression, certes indéchiffrable, ne rendit que le moment plus insupportable.
— Elle est injoignable, rajouta le directeur. Ce qui fait de nous les plus aptes à te représenter, puisque tu n'es pas majeure.
— Je répondrais volontiers à la police, opina la jeune femme. Je donnerais toutes les informations nécessaires pour les aider à les attraper. Je vous le promets.
— Nous n'en attendions pas moins de toi, jeune fille ! intervint All Might.
— Je ne laisserais ni la police, ni les journalistes traîner une des mes élèves dans la boue, assura Midnight.
— Laisse-moi la presse, renchérit Présent Mic. J'ai des histoires à tenir debout pendant des nuits.
Pendant que les professeurs monopolisaient la grande partie de la conversation, Busujima tourna la tête en direction d'Amalia. Ce dernier mit quelques secondes avant de la remarquer. Elle lui désigna du menton la main toujours posée sur sa cuisse. Il sourit nerveusement puis la retira. Blasée, elle soupira et se laissa s'enfoncer dans le canapé.
— Il y a une dernière chose dont j'aimerais parler, les coupa Nedzu. Jeune fille, j'ai entendu dire que tu vivais seule ?
Les regards se tournèrent vers elle.
— Oui, l'appartement appartient à ma tante et elle vient dès que possible, lorsque le travail le permet, confirma Susumu. Pourquoi ?
— Au vu des récents événements, je pense qu'il serait plus sûr que tu dormes chez quelqu'un. Ou à l'inverse, qu'une personne vive chez toi.
— Quoi ? s'étrangla-t-elle.
Beaucoup de choses. La violette tolérait beaucoup de choses. Mais son intimité, la chance qu'elle avait de pouvoir vivre seule et le fait de le revoir mis en question, ça la mettait dans tous ses états. Son moment favori de la journée revenait à rentrer dans une maison vide. Pas une âme pour lui poser des questions, pas de responsabilités, aucune sociabilité forcée...
— Non, je vous assure monsieur le directeur, je suis parfaitement en sécurité, argumenta cette dernière.
— Mais cet homme connaît ton adresse, insista-t-il. Je ne peux pas te laisser rentrer chez toi sans au moins savoir que toute menace est écartée.
— Je suis tout à fait d'accord, opina Aizawa.
Busujima commençait à se décomposer sur place. Encore une fois, tout le monde se mit à débattre sur comment organiser la chose. Izuku, presque effrayé d'avoir son mot à dire, leva discrètement la main. Shinpachi l'arrêta d'un regard noir. Il lui fit signe de baisser le bras. Ce dernier obtempéra, confus.
— Susumu a un antécédent avec mon père, mais je peux parfaitement m'absenter de chez moi, lança Amalia. Si elle est d'accord, je serais plus qu'heureux d'assurer sa sécurité.
Midoriya comprit, face à l'expression sur le visage du rouquin. Katsuki leva les yeux au ciel pour la énième fois en mimant un vomissement léger. Quant à la jeune femme, la proposition se tenait. Devoir dormir ailleurs que dans son appartement relevait de l'impossible. Et de toutes les personnes envisageables, Amalia était l'un des premiers sur la liste. Si ce n'est le premier.
— À la condition que vous me laissiez quelques jours, négocia-t-elle. Je rentre à peine de l'hôpital, les docteurs ont conseillé du repos et tout ça, au calme.
Elle jeta un regard accusateur au troisième année qui lui répondit par un sourire innocent.
— Entendu, opina Nedzu. Jusqu'à ce que tu parles à la police, je demanderais une voiture qui patrouillera devant chez toi. Après ça, monsieur Saionji ici présent veillera à ta protection. Tu es libre de revenir à l'école dès que tu veux.
La réunion s'arrêta là. Soulagée de voir qu'ils ne l'accusaient pas, au contraire, Susumu se sentit presque coupable. Le téléphone jetable était resté caché dans sa table de nuit depuis. Bien décidée à profiter de ces derniers jours de tranquillité, elle essaya de s'échapper une fois sortie du bureau du directeur.
— Alors comme ça, ton style c'est les plus âgés ?
Shinpachi lui bloqua le passage avec sa jambe. Pied plaqué contre le mur, il arborait un sourire moqueur.
— De quoi tu parles ? soupira-t-elle.
— Ouais, moi aussi j'ai envie de savoir, se joignit Bakugo. T'as dis que tu le connaissais, pas que vous fricotiez.
— Avant que tu nies, on a tous vu la main sur la cuisse, renchérit Shinpachi.
— T'étais consentante, au moins ?
— Je vous déteste ensemble, s'exaspéra-t-elle.
— Elle ne veut peut-être pas vous répondre, osa Izuku.
Les deux autres garçons le foudroyèrent du regard. Il décida de ne plus interférer au cours de leur discussion, de peur d'y être entraîné.
— En plus, le fils de notre prof de troisième, rajouta Ichimura. Imagine la tête du beau-père !
— Quoi ? C'est le fils de ton prof de collège ? hallucina Bakugo. Mais t'es complètement malade !
— Moi j'y vois un schéma. L'associable a des daddy issues.
— Ou, comme a dit Izuku, je n'ai pas envie de vous parler.
— Ce n'est pas ce que j'ai dis... se manifesta l'interpellé.
Leur discussion attira l'attention d'Amalia, qui, en train d'échanger avec Midnight, tourna la tête vers les secondes. Susumu le remarqua et soutint son œillade. Rappelé à l'ordre par son enseignante, il se détourna le premier. Tout ce manège ne passa inaperçu aux yeux d'aucun des garçons.
— Tu vois ? Ça ne fait que prouver mon point, reprit Ichimura.
— Que je sois très claire, rétorqua-t-elle. La dernière chose dont j'ai besoin, c'est d'avoir un homme dans ma vie. Ma situation amoureuse est au point mort pour une bonne raison et même si ça n'était pas le cas, vous trois...
Elle les désigna d'un geste accusateur.
— Vous seriez bien les dernières personnes à qui je viendrais demander des conseils.
Elle tourna les talons, prenant bien soin de rejeter ses cheveux en arrière pour fouetter Shinpachi sur le passage. La jeune femme fit quelques pas et s'arrêta.
— Et non, je n'ai pas de daddy issues ! s'exclama-t-elle.
Incrédules, ils restèrent silencieux, presque outrés de l'attitude de leur amie. Amalia, ayant entendu la dernière phrase, la dévisagea alors qu'elle passait près de lui et Midnight, ainsi qu'Aizawa suivi de Present Mic qui venaient de les rejoindre. Busujima le remarqua.
— Pourquoi tu me regardes ? pesta-t-elle. Tu veux ma photo ?
Il se détourna, non sans étouffer son rire avec sa main. Les autres professeurs le suivirent, bien moins discrets. La jeune femme disparut au tournant d'un couloir, fulminante.
— Ouep. Daddy issues, c'est tamponné, emballé et diagnostiqué, se moqua Shinpachi.
— Bien d'accord avec toi, ricana Bakugo.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top