Alors que les ombres de la nuit s'intensifiaient au dessus de Graft City et qu'une tempête menaçait, les criminels commencèrent à quitter leurs repaires et à se lancer dans leurs activités illégales.

- Allez Joe grouille! L'alarme va bientôt s'activer.

- Calme toi « H ». Les flics ne rappliqueront pas avant un bon moment. Tu devrais savoir qu'ils ne descendent jamais dans ce quartier.

- Mais moi si! cria une voix dans l'obscurité de la ruelle.

Les deux criminels sursautèrent, surpris par cette voix inattendue. En regardant tout autour d'eux ils n'aperçurent rien. Seules les ténèbres de la nuit les enveloppaient.

- Vous n'auriez jamais dû venir, continua la voix.

- Et t'es qui pour me dire quoi faire?

- Joe s'te plaît. Évite de le provoquer.

- Qu'est-ce qui te prends « H »?

- C'est lui mec. C'est le justicier.

- Oh arrête. Ce n'est qu'un barjot qui se prend pour un héros.

- Tu devrais écouter ton coéquipier.

- Mais ferme-la!

Malheureusement pour Joe quelque chose, ou plutôt quelqu'un, atterrit sur lui le mettant k.o.

« H » quant à lui prit ses jambes à son cou. Toutefois cela ne fut pas suffisant. En effet, avant même qu'il ne puisse quitter la ruelle, le criminel se retrouva suspendu dans les airs la tête en bas. Ses cris et ses supplications furent étouffés par le tonnerre qui gronda juste au dessus.

Il se débattit pour se libérer mais rien à faire. Soudain, une grande forme noire sortit de l'ombre de la ruelle et s'avança vers le lui.

- Tu vas passer le message suivant: tout criminel qui croisera ma route subira un avertissement. Puis mon courroux, si il s'obstine à poursuivre ses activités illégales.

Il fit volte face et retourna se cacher dans les ténèbres, avant que « H » ne l'interpelle.

- Mais qui es-tu?

Le mystérieux homme masqué ne répondit pas et poursuivit sa marche vers les ténèbres.

***

   - Allons Jake lève toi. On va être en retard.

Un nouveau réveil agité s'annonçait pour Jake. Il avait très peu dormi cette nuit et son envie de se lever était très basse. Malheureusement pour lui la personne qui se tenait devant lui n'en démordait pas.

- Allez le paresseux. Il est l'heure d'aller en cours.

- Frank laisse-moi s'il te plaît, gémit le jeune homme.

- Si tu veux être en retard libre à toi. Quant à moi je vais filer vite fait en classe.

À peine Frank quitta la chambre Jake sortit de son lit et rejoignit la salle de bain. Il y avait en effet quelque chose qu'il ne voulait pas que son colocataire découvre: les nombreuses cicatrices qui recouvraient une partie de son corps. Alors qu'il regardait ses blessures, un douloureux souvenir lui traversa l'esprit. L'heure n'était pas à la douleur cependant.

En toute hâte le jeune homme se changea et sortit à son tour de la chambre. Parcourant les couloirs du campus en quatrième vitesse, il rejoignit sa classe juste avant que n'entre le professeur.

- Encore une fois ponctuel à ce que je vois, murmura Frank.

Jake se contenta de lui faire un clin d'œil. Puis il prit place tandis que le cours commençait.

***

Assit dans son fauteuil, tourné vers la fenêtre d'où il pouvait voir l'ensemble de la ville, Earl Walton admirait silencieusement tour à tour les quartiers différents quartiers.

Il serait probablement resté en silence face à ce panorama pendant encore des heures, mais sa secrétaire entra dans son bureau pour lui faire parvenir une nouvelle.

- Monsieur Walton, vos associés sont là.

- Faites les entrer Mme Holt, merci.

La secrétaire s'exécuta et rapidement trois personnes entrèrent dans le bureau de Earl.

- J'en déduis que quelque chose vous dérange mes amis, dit-il le regard toujours posé sur la ville.

- Nous étions venu vous prévenir que la prochaine cargaison arrivera dans une semaine.

- Et c'est pour cela que vous avez demandé une réunion « urgente »?

L'un des trois nouveaux venus s'avança pour forcer Earl à le regarder.

- Il y a un autre sujet dont nous devons débattre Earl et cela ne peut pas attendre.

- Mme Yang, si il s'agit de rumeurs totalement infondées alors je préfère éviter d'aborder le sujet.

- Il va bien falloir au contraire, répliqua un autre. Si les dires des « défavorisés » se répandent dans toute la ville, alors tout ce que nous avons bâti finira par être réduit en cendre.

À ce moment là Earl se leva de son fauteuil et se tourna vers ses invités. Son regard était noir et plein de colère retenue.

- Il y a six ans aucun d'entre vous n'était rien, dit-il en grinçant des dents. Mme Serena Yang, vous n'étiez rien qu'une simple serveuse. Señor Rivera, vous n'étiez qu'un simple transporteur. Et vous monsieur Wright, le banquier raté qui aujourd'hui dirige National Bank. Vous trois vous me devez vos carrières ainsi que vos succès. Et maintenant vous paniquez juste à cause de quelques rumeurs?

- Cela fait désormais un mois que les « défavorisés » en parlent Señor Walton, répliqua Rivera. Ils parlent d'un homme qui attaque les criminels durant la nuit. Certains disent même qu'il s'agit d'un fantôme.

- Un fantôme? C'est cela le sujet dont on veut discuter?

- On veut parler de l'impact que cet homme a sur les habitants des bas fonds.

- C'est un problème que nous devons immédiatement gérer Earl, insista monsieur Wright.

Malgré la colère qui brulait en lui et l'envie de réprimander violemment ses hôtes qui osaient lui tenir tête, Earl se retint de perdre le contrôle.

- Bon très bien. Voilà comment nous allons procéder: Rivera vous allez commencer à organiser le transport, tandis que vous Yang vous préparerez l'escorte. Wright, quant à vous, j'aimerais que vous convoquiez tous nos petits camarades des bas quartiers pour une petite réunion.

- Qu'avez-vous l'intention de faire Earl?

- Découvrir si cette rumeur n'est qu'une simple rumeur, ou bien si il s'agit d'autre chose.

***

Alors que l'heure du déjeuner approchait, Jake et Frank rejoignirent le fast-food le plus proche. Après une matinée chargée les deux colocataires avaient besoin de débrancher. Du moins c'était ce que Jake souhaitait, mais il semblerait que ce n'était pas l'intention de son ami.

- Tu as l'intention de m'expliquer pourquoi tu es si fatigué ses derniers temps? questionna Frank.

- Au cas où tu l'aurais oublié, commença Jake, je travaille dans une salle de sport pour payer mes études.

- Tu sais qu'il y a encore une place dans l'agence de journalisme de mon père? Je pourrais glisser un mot en ta faveur.

- Frank, j'apprécie vraiment ton offre. Toutefois ce que je fais me convient parfaitement pour l'instant.

- Voilà qui paraît plutôt épuisant, ajouta une voix féminine derrière les garçons, mais également sexy.

La jeune femme s'avança vers le duo et s'assit à leur côté.

- Veuillez m'excuser, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter ce que vous disiez.

- Et qui es-tu exactement? demanda Frank.

- Nichelle Chambers. Je suis dans votre même cours de loi et... je dois admettre, que j'ai une certaine attirance pour les hommes qui aiment se salir les mains.

Les deux amis se regardèrent brièvement. Cette fille devait être sacrément sûre d'elle ou bien trop imbu  de sa personne.

- Dis moi une chose, dit Frank, est-ce que c'est ta manière de te présenter à tout le monde? Non pas que cela manque de style.

- À chacun ses manières. Je préfère être directe sur mes intentions et vous deux, vous m'avez l'air trop sympa que j'ai envie de travailler avec vous.

- Pardonne moi Nichelle, ajouta Jake, mais Frank veut devenir journaliste quant à moi je veux devenir policier. Et toi, j'imagine que ton choix n'est aucune de ses deux options, n'est-ce pas?

- En effet. J'ai l'intention d'être avocate. Et j'ai également l'intention d'être votre amie à tous les deux.

Cette jeune femme ne manquait pas de cran. Jake dû bien le reconnaître, même s'il n'allait jamais le dire à voix haute.

- Bon veuillez m'excuser, dit-il en se levant, il faut que j'y aille. Je ne tiens pas à être en retard.

La vie de Jake était déjà bien compliqué comme ça, alors la venue d'une nouvelle personne dans son existence n'était clairement pas une bonne chose. Du moins c'était ce qu'il se répétait chaque jour.

À présent que cette jeune femme venait s'immiscer dans sa vie, il lui fallait trouver une solution pour l'éloigner de lui.

Soudain un cri attira son attention. Il aperçut une jeune femme appeler à l'aide pour une personne qui gisait au sol inerte.

Il se précipita et constatant que la victime ne respirait plus, il commença le massage cardiaque. Rapidement une foule se forma autour de lui, mais personne n'intervint.

Ou tout du moins presque personne. En effet une autre jeune femme lui apporta son aide en sortant de son sac une seringue grâce à laquelle elle injecta une substance inconnue.

Quoiqu'il pouvait y avoir dans cette seringue, le produit injecté sauva la vie de la victime qui reprit connaissance.

Heureusement l'ambulance arriva quelques minutes après. Une fois la victime emmené à bord, Jake observa le véhicule s'éloigner en direction de l'hôpital. Il serait resté sur le trottoir pendant un long moment si quelqu'un ne l'avait pas interpellé.

- Tu as de sacrés réflexes, dit la jeune femme qui avait fait plus tôt l'injection.

- Et toi tu as pris de gros risques en administrant une substance expérimentale.

- Qu'est-ce qui te dit qu'il s'agit d'une substance expérimentale?

- Le fait que tu te balades avec des seringues et d'autres choses dans ton sac. Et quelque chose me dit qu'ils ne proviennent pas des labos du campus.

- Je plaide coupable. Sinon, c'était remarquable ce que tu as fais.

- Je suis juste venu en aide à une personne. N'importe qui l'aurait fait.

- Je n'en serai pas si sûr à ta place. Ils étaient tous trop pris à filmer la scène avec leurs portables. Comme d'habitude.

- Que veux-tu dire?

- C'est la quatrième overdose cette semaine. Encore personne ne sait de quoi il s'agit, mais ça fait des ravages. Surtout dans le quartier de Port Town, même si ça se répand comme la peste dans toute la ville.

Jake hocha silencieusement la tête et commença à s'éloigner.

- Au fait, je m'appelle Jessica, dit la jeune femme.

Il aurait pu se retourner ou s'arrêter pour lui répondre, mais rien. Jake ne voulait pas d'une autre personne dans sa vie. Il refusait de souffrir encore plus qu'il n'avait déjà souffert. Graft City n'était pas la meilleure ville, bien au contraire, et il le savait très bien.