III- Et tout commence...
Il faisait nuit noire. Hinata tremblait de froid, elle avait remonté sa cape sur ses épaules mais elle était plus belle qu'utile.
Elle entendait les hommes la transportant se tuer à la tâche car le chemin était plus escarpé car il parcourait la montagne.
Les bruits de la nuit lui faisaient peur. Mais en montagne tout était plus calme à la différence de la forêt où la vie semblait s'éveiller dès lors que la luminosité déclinait.
Leurs pas s'étaient ralentis depuis un moment, elle pensa que son cousin avait prit pitié des quatre porteurs.
Mais lorsqu'il stoppa le pas net, elle comprit qu'il y avait un problème.
« Neji... »
La lanterne que tenait Neji, tomba au sol.
Des éclats lumineux de lames s'entrechoquant accompagnés de cris d'hommes terrifiés se firent entendre. Des bruits sourds et ferreux arrivaient aux oreilles d'une Hinata paniquée.
Son carrosse tomba subitement violemment sur le sol rocailleux dans un fracas qui fit écho dans toute la montagne. Les petites lanternes qui étaient accrochées au véhicule se brisèrent.
La nuit devient brutalement noire et seule l'horreur de la bataille se déroulant en ressortait.
Hinata rampa difficilement hors de son véhicule et s'esquinta les membres sur les pierres coupantes. Les jambes des hommes fuyants la scène de bataille se heurtèrent contre elle, et l'un d'eux lui marcha même dessus.
Elle entendit ensuite des cris, des grognements et des bruits de vêtements lourds voltigeant dans les airs sans doute le résultat de mouvements rapides et puissants.
Elle rampait sur le sol à tâtons. Ses yeux s'habituèrent tout de même rapidement à la pénombre derrière ses lanières de laine. Elle comprit où l'essentiel des impacts avaient lieu. Son cousin se démenait contre un ou plusieurs ennemis. Elle avait peur mais elle ne se résignait pas à fuir en laissant Neji derrière.
« Cousin Neji !!!!!! »
Les oreilles du chevalier sifflèrent à l'entente de la voix de sa cousine vivante.
« FUYEEEEEEEEEZ !!!!!! Et ne vous retournez pas !!!!!!!!! »
« Non... Je ne peux pas... »
Elle entendit plusieurs mouvements encore puis un bruit à ses côtés. Elle vit la silhouette noire d'un homme, à l'opposé de celle immaculé de son cousin qui s'interposa entre elle et lui. Neji s'agenouilla devant sa cousine, armé de son épée. Il avait l'air exténué.
« Tu es doué ! Tu aurais fait un merveilleux compagnon d'arme ! »
« Pour votre cause d'hérétiques !!!? Jamais ?! »
« Considères-tu les hérétiques pires que ceux pour lesquels tu travailles ? Vraiment ? Penses-tu que Yogen est un homme pieux et de hautes valeurs ? Et qu'en est-il de ton cher oncle ? »
Neji se tut. Il ne pouvait foncièrement pas répondre à ses questions dont l'étranger avait visiblement les réponses.
« C'est pour elle, qu'il m'envoie ! Et tu dois deviner pourquoi... »
Hinata écarquilla les yeux mais personne ne le vit car son visage était toujours caché.
« Fuis Hinata... »
La voix rassurante de Neji la ramena à elle après le choc de la révélation.
« Vas-t-en aussi loin que tu pourras... »
« Mais Neji... »
« C'en est fini pour moi... Mais avant de partir de ce monde qui ne m'a finalement jamais allé... Je tiens à faire quelque chose d'important pour moi... »
Ce fut des adieux qu'Hinata entendit. Il savait qu'il allait perdre son combat contre l'inconnu. Elle s'accrocha à sa manche, prête à pleurer.
« Non ! Je refuse de t'abandonner !!!!!! »
La voix d'Hinata résonna dans la montagne.
Après cela, un silence.
Neji afficha un petit sourire qu'Hinata ne vit pas.
« Voilà pourquoi tu es si chère à mon cœur, Hinata... Tu ne souhaites pas m'abandonner tandis que la mort frappe à la porte... Alors que moi je te livrais directement jusqu'à elle... »
Hinata n'en revenait pas. Son cousin souffrait lui aussi de l'emmener à Yogen. Son cœur se serrât de douleurs.
« Pars Hinata... Fais-moi cette faveur... Si tu m'aimes... »
Hinata n'eut plus de mots. Si Neji, qui était un bretteur redoutable, lui conseillait de partir et prenait ce ton fataliste, c'était qu'il avait déjà évalué son adversaire comme supérieur.
Elle lâcha sa manche à regret.
Oui, elle l'aimait. En tant que sœur de cœur, elle le respectait infiniment.
« Merci... Neji... »
Il entendit sa voix tremblotante près de son oreille. Il serrât davantage le manche de son épée comme pour retenir ses propres émotions.
Elle se leva difficilement, recula tout en observant son cousin sachant que c'était la dernière fois qu'elle le voyait. Elle accéléra la pas, les larmes lui inondaient le visage. Son coeur se brisait plus elle s'éloignait. Elle secouait la tête tout en courant, voulant effacer de sa tête l'image de son cousin qu'elle laissait seule derrière elle. Elle s'en voulait, elle s'en voulait tellement mais il lui avait demandé de partir, de fuir. Alors elle courrait. Sans même savoir où aller. Elle se dirigea d'instinct vers la direction opposée à sa destination initiale. Elle allait parcourir la forêt puis retrouverait son village. Elle espérait que l'inconnu avait menti pour la faire s'effondrer. Car à ce moment précis, elle ne souhaitait qu'une chose, retrouver les bras de sa petite sœur et entendre son rire, même si c'était pour la dernière fois.
« Je la rattraperai tu sais. »
« Oui mais dans ce laps de temps et pour la première fois, elle saura ce qu'est la liberté... »
« Tu l'aimes tant que ça... ? »
Neji resta silencieux. Et son silence fut la meilleure réponse aux yeux de l'inconnu.
« Quelle famille étrange... J'espère que les filles sont moins instables que ses membres masculins... Elle est ta cousine ! Jamais vous n'auriez eu d'avenir... »
« Je le sais... Je le sais mieux que toi... »
« Mmh est-ce pour cela que tu es devenu chevalier pieux ? »
Neji ne répondit pas et l'inconnu vit une lumière de défi dans ses yeux.
« Non je ne crois pas à ça... Je crois plutôt que ton oncle voulait jusqu'à ce soir te garder pour lui tout seul jusqu'à te priver d'intimité avec autrui excepté lui ! »
Une lueur de rage envahit les yeux clairs du jeune chevalier. Il fonça sur l'inconnu et l'accabla de coups d'épée rapides.
« TA GUEULE !!!! TA GUEULE !!!! »
Des flashs de ses nuits d'horreur lui revenaient en tête. Il perdait pied comme quand il se retrouvait seul avec son prédateur.
Dans l'élan d'un dernier assaut il tomba sur ses genoux après que l'inconnu l'eut évité.
Il n'avait plus de souffle.
« Pourquoi rester auprès de ton bourreau et pourquoi participer à ces plans ignobles ? Tu allais conduire ta cousine bien-aimée chez Yogen et tu sais qui il est... »
L'inconnu entendit le jeune homme à terre, rire.
« Finalement, hérétiques c'est bien hein... Vous ne savez pas ce que c'est que de faire avec... C'est tout ce que j'ai connu... C'est tout ce qu'Hinata et sa petite sœur ont connu... Nous ne connaissons rien d'autre... »
« Puisque vous nous chassez, nos vies sont minables mais... Il est vrai qu'elles restent plus enviables que les vôtres... »
Le silence s'installa entre eux.
L'inconnu fixait avec pitié sa cible. Il savait que ce travail n'était pas fait pour lui et regrettait d'avoir accepté.
Neji commença à se lever, chancelant.
« Assez bavardé... Finissons-en... »
« Pourquoi ne la suis-tu pas... ? Pourquoi ne vous enfuyez vous pas loin ? Je dirai que le travail a été fait. Je brûlerai tout ce qu'il y a ici. »
Neji sourit face à cette proposition si humaine, la plus humaine qu'on lui ait jamais faite. Il s'amusa que l'hérétique fusse la personne la plus empathique rencontrée même parmi les plus grands fidèles.
Il secoua la tête.
« Tu l'as dit... Elle et moi c'était impossible dès le début... Et maintenant, si Dieu existe, l'unique ou pas... J'aimerais le rencontrer... Et enfin être délivré de cette vie d'interdictions et de souffrances... S'il te- »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, l'inconnu l'exauça de la pointe de sa lame. Neji ne souffrit pas. La mort fut instantanée.
« Repose en paix... Où que tu sois maintenant ... »
L'inconnu était debout là, parmi les corps.
Il dirigea son regard noir vers la forêt.
Hinata courait, courait. Son chignon s'était défait et ses très longs cheveux volaient au vent et parfois quelques mèches se prenaient dans les branchages. Elle ne sentait pas la douleur quand elle tirait dessus pour continuer à avancer. Elle voulait suivre le chemin mais avec la pénombre plus dense en forêt elle se rendit compte qu'elle s'était éloignée de la route et qu'elle ne la retrouvait pas. Elle se rassura en se disant que peut-être jamais l'inconnu ne la retrouverait.
Son assurance disparut après l'entente d'un sifflement strident raisonnant partout autour d'elle. Un visage lui apparut un instant devant les yeux.
« Naruto ? »
Elle fut sous le choc mais comprit vite que ce n'était pas possible. Soudainement, un grognement se fit entendre derrière elle ce qui lui donna la chair de poule.
Elle courut alors plus vite, elle chuta de nombreuses fois, se déchira les vêtements et même la peau. Sa coiffe fut arrachée par les branchages, ses cheveux furent décoiffés. Mais elle courait. Rien ne l'arrêtait.
Rien.
Rien sauf l'apparition soudaine devant elle d'une bête énorme. Un loup à l'allure d'un chien ou un chien à l'allure d'un loup. Il montrait des dents et grognait, bave écumeuse à la gueule.
Le destin s'acharnait.
Elle devait sans doute mourir ce soir.
Elle entendit à nouveau le sifflement mais il était plus proche cette fois-ci. Elle eut un infime espoir. Le loup se retourna au même moment et sauta de rocher en rocher afin d'arriver en hauteur auprès d'une silhouette sombre.
« Naru- »
Mais Hinata reconnut la silhouette. Elle s'effondra sur ses genoux qui défaillirent. Allons donc, même la nature était du côté des méchants ?
L'homme s'approcha, la bête le suivait de près. Hinata tremblait.
« Kuromaru est un puissant allié... Nous avons une amitié forte... Des liens profonds nous unis... Mais peut-être ignores-tu cela, toi adepte du dieu unique qui croit que même les animaux sont impurs... ?! »
Hinata tremblait toujours. Puis elle se rappela qu'elle n'avait plus son étoffe ni ses lanières pour la cacher. Elle vit aussi ses jambes et ses bras révélés par les trous dans ses vêtements.
Elle hurla.
« Crois-tu réellement que les hommes t'agresseront uniquement parce qu'ils voient un bout de ta peau ? Nous prends-tu pour des bêtes sauvages ? Mais peut-être que cela n'est valable que dans ta société malade où l'on a fait croire à des lignées de femmes qu'elles étaient responsables de leurs agressions... »
Hinata restait recroquevillée, accroupi.
« Dans ton culte, il est dit qu'aucun homme ne doit voir le visage d'une femme noble non mariée sans que celle-ci ne devienne sienne... »
Elle frissonna. Il connaissait si bien leurs lois.
« Cela veut-il dire que tu es désormais mienne ? »
« JAMAIS !!!!!! »
Elle avait quitté sa prostration pour le fixer, les yeux décidés, révoltés.
Il s'approcha, elle ne baissa pas les yeux.
« Bien... Tu sais donc dire non... »
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La lanterne posée sur le sol s'affaiblissait. La mèche enflammée à l'intérieur diminuait d'intensité. Ils étaient restés des heures dans la cour du temple païen même après le départ de l'inconnu.
Le sol froid ne les avait pas rendus réticents. Leurs vêtements au niveau des genoux avaient pris la teinte du limon sur la pierre.
Ce soir-là Hiashi prit possession du corps de son jeune protecteur. Il refusa de voir son visage afin de s'imaginer jouir de l'inconnu. Le prendre et l'avilissant en lui faisant ravaler ses mots impurs et blasphématoires. Il ne pensait plus à sa fille et à son déshonneur mais à cet homme mystérieux, magnétiques qui faisait désormais palpiter son sang dans toutes les parties de son corps.
Bien sûr que ses pratiques pédérastes étaient interdites. Bien sûr ! Mais il était couramment dit « Pas vu... »
Et puis après, ils courraient s'agenouiller devant leur livre sacré et imploraient le pardon de leur Dieu miséricordieux. Pardon qu'il recevait toujours selon eux à défaut de ceux de plus basses classes, qu'ils accusaient du même pêché.
Et cela ne les empêchait pas de recommencer infiniment les mêmes actes répréhensibles par leur foi.
Non... Ils étaient au-dessus des lois... Chose normale, puisqu'ils les faisaient appliquer.
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