Chapitre 3.
La sonnerie du lycée annonça la fin de la journée et Raphaëlle sortit de la classe. Elle avait beau préférer ses cours littéraires à ceux de ses amis scientifiques, il n'empêche que se retrouver entre quatre murs toute la journée pour éviter sa mère et son beau-père ne l'enchantait pas plus que ça. Elle préférait l'extérieur du lycée. Mais elle ne voulait pas sécher, car elle se disait que si elle manquait les cours, elle se retrouverait comme sa mère. Elle ne voulait pas lui ressembler. Elle voulait au moins avoir un avenir convenable et obtenir son autonomie en ayant un travail. Elle voulait réussir, elle.
Alors que la brune arrivait au coin fumeur et sortait une nouvelle cigarette à fumer, Héloïse était toujours en classe et discutait avec M. Berengar, le professeur d'Histoire-Géographie de sa classe, à propos du cours qu'ils venaient d'avoir sur les territoires dans la mondialisation. Au bout de quelques minutes, elle s'en alla également et rejoint l'extérieur. Passant devant le coin fumeur, elle observait la fumée s'envoler au-dessus des nombreuses têtes qui recouvraient le petit carré qui leur était réservé. Elle se demandait bien quelles sensation on ressentait quand on fumait. Si ça nous brûlait ou si on ne sentait rien du tout. Mais elle n'avait jamais osé demander à l'un des nombreux fumeurs de lui faire essayer.
"- Héloïse !"
L'appel de Raphaëlle fit sursauter la rousse qui tourna la tête vers sa camarade. Elle était entre deux grands bruns.
"- Oui ?
- Tu veux que je te raccompagne chez toi ?"
La jeune fille arqua un sourcil.
"- On pourra faire plus ample connaissance sur le chemin."
Raphaëlle lui sourit franchement et Héloïse hocha la tête.
"- Si tu veux.
- Cool ! On y va du coup ?
- Oui."
Raphaëlle abandonna les deux garçons et rejoignit Héloïse. Elles se dirigèrent vers la route pour entamer leur trajet jusqu'à l'appartement de la jolie rousse. Le vent était frais et leur caressait le visage. Le soleil éclairait leur route et Raphaëlle laissait s'envoler la fumée de sa cigarette qu'elle terminerait bientôt. Du coin de l'œil, Héloïse la regardait et hésitait avant de finalement demander.
"- Je peux essayer ?
- De quoi ?
- Fumer. Je peux ?"
La brune sourit en coin.
"- Tu n'as jamais fumer avant ?
- Non... Ma mère m'en empêche."
Elle ricane en lui tendant la cigarette qui commençait à arriver à sa fin. Elle essaya une première fois, mais ne sentant rien, elle fronça les sourcils en regardant le cylindre de papier qui fumait pourtant toujours. Un éclat de rire lui fit tourner la tête vers sa camarade de classe qui l'observait.
"- Tu n'as rien prit là.
- Ah...
- Il faut que tu inhales un peu plus."
La rousse réessaya une nouvelle fois et, cette fois-ci, toussa presque immédiatement. Elle fronça les sourcils en regardant ce qu'elle tenait entre ses fins doigts. Sa gorge lui brûlait et elle eut un début de mal de tête. C'était une drôle de sensation qu'elle n'aimait pas. À côté, Raphaëlle souriait.
"- Je crois que ce n'est pas pour toi. Tant mieux.
- Pourquoi tant mieux ?" Demanda la jeune fille en lui rendant la cigarette, grimaçante, mais approuvant ses propos.
"- Tu ne devrais pas te ruiner la santé avec cette merde.
- Mais toi, oui ?
- Moi, c'est différent."
Elle observa son interlocutrice de ses yeux bleus un instant avant de détourner la tête. Elle n'osait pas demander pourquoi.
"- Tu habites où exactement ?" Demanda Raphaëlle en jetant son mégot à terre et l'écrasant pour l'éteindre.
"- Quartier des Lunes.
- Ce n'est pas un peu dégueulasse par là-bas ?
- Si... Mais quand on n'a pas assez d'argent pour se payer un logement convenable dans cette ville, on se retrouve soit dans l'un de ces immeubles à vomir, soit à la rue de toute façon." Soupira Héloïse.
La brunette fixait le sol en marchant. Elles étaient lentes et encore assez loin de l'endroit où habitait la rousse. En plus, la maison de Raphaëlle était à son opposé. Mais elle profitera de ce détour pour traîner un peu dans un des cafés qu'elle trouvera sur le chemin.
"- Tu vis avec tes deux parents ?
- Oui.
- Chanceuse.
- Pourquoi ?
- Mon père est mort.
- Je suis désolée..." Répondit l'autre précipitamment.
"- Comme si c'était de ta faute." Dit-elle, un ricanement jaune au fond de la gorge. "J'ai été obligé de supporter les allées et venues d'inconnus dans la chambre de ma mère pendant trois mois avant qu'elle ne se décide à se taper la même personne jusqu'à aujourd'hui."
Héloïse ne savait pas vraiment quoi répondre à cet aveu. C'était assez déroutant qu'une inconnue lui confie si soudainement sa vie et ses pensées. La rousse n'a jamais dû subir autre mort que celle de Zid, son chien, lorsqu'elle avait quatre ans. Alors s'imaginer celle de son père est bien compliqué. En plus, elle était assez gênée. L'ambiance avait légèrement changé et les mots qu'employait Raphaëlle la mettaient mal à l'aise. Elle faisait passer sa mère pour une prostituée.
"- Tu es courageuse.
- Pour avoir supporté ça ? C'est rien. À la fin j'en avais tellement marre que je venais frapper à la porte de sa chambre pour lui gueuler d'arrêter de beugler comme un bœuf si elle ne voulait pas réveiller tout l"immeuble."
La rousse esquissa un sourire. Elle n'en aurait jamais l'idée, elle, d'aller tambouriner la porte de la chambre de ses parents pour leur demander de faire moins de bruit.
"- Tu viens d'ici ou pas ?"
Raphaëlle tourna la tête vers elle.
"- Malheureusement. J'aimerais bien me barrer un de ces quatre, mais ça n'arrivera que si je me trouve une bonne école ou un job sympa qui me fait partir d'ici.
- Tu aimerais aller dans quoi après ?
- Je ne sais pas.
- Tu as bien un rêve, non ?"
Elle sourit en y pensant.
"- J'aimerais être guide touristique. Mais dans des pays lointains et hispaniques précisément. Je rêve de voyager et enfin partir d'ici. Je n'en peux plus du gris et de la monotonie. De cette ville en général.
- Je te comprends.
- Et toi ? Tu aimerais continuer dans quoi ?"
La rousse baissa les yeux.
"- Hôtesse de l'air.
- Et pourquoi avoir choisi L ? ES t'offrirait plus de chances, non ?
- Par pitié, vous allez changer de disque ?"
La brune sursauta à l'exclamation de sa camarade et se tourne vers elle. Elle s'était stoppée et la regardait avec un sérieux incassable. C'est la première fois qu'elle entendait très distinctement sa voix.
"- Je me suis renseigné et on veut des stewards et hôtesses de l'air une maîtrise de l'anglais presque impeccable en plus d'une autre langue ! En ES, non seulement, je n'aurais pas tenu deux jours vu la catastrophe économique et scientifique que je suis, mais en plus, je n'aurais pas pu me concentrer assez sur les langues et ça m'aurait porter préjudice. Tant pis si je n'arrive pas à mes fins. Au pire des cas, je pourrais toujours être serveuse dans un café mal famé pour espérer survivre là-dedans."
Son interlocutrice ricana. Elle avait compris que parler d'avenir avec Héloïse la lançait dans quelque chose d'interminable. Elle sait ce qu'elle veut et Raphaëlle admirait sa détermination. Elle ne s'en serait jamais douté en ne lui jetant qu'un simple coup d'œil.
Une discussion de plus sur leurs cours préférés qui étaient respectivement Histoire pour Raphaëlle et anglais approfondi pour Héloïse, et elles se séparèrent devant l'immeuble de la rousse qui, depuis assez longtemps, n'avait pas autant apprécié la présence d'une presque inconnue à ses côtés.
NDA : Qui dit mercredi dit chapitre ! :)
J'espère que celui-ci vous a plu en tout cas ^^
N'hésitez pas à voter et commenter votre avis ♥
Xx :)
hanabi.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top