Fen

Fenerika Desbarall était une vraie héroïne au courage et la détermination sans limites.
Née dans les hautes plaines de l’est, elle avait appris à monter à cheval avant même de savoir marcher. Sa famille était nomade dans notre vision du monde. Dans la sienne, les hautes plaines étaient la maison de son peuple et ils changeaient de lieu comme nous changeons de pièce dans nos demeures. Les étendues venteuses, les cieux bas de nuages crèmes ou bleus profond, les herbes sauvages à perte de vue que le passage du vent faisait ressembler à une mer aux vagues végétales, telle était sa maison.
Elle aurait aimé que sa vie ne soit qu’une longue chevauché d’un campement à l’autre, entourée des siens, des troupeaux placides et des plaines infinies, mais le destin choisit un autre chemin pour elle à l'aube de ses 16 ans.
Par une nuit sans lune, le chaos s’abattit sur le campement de Fenerika et de sa famille. Ce fut rapide et cataclysmique. Un grondement la réveilla et en quelques secondes tout s’écroula autour d’elle.  La tente où elle dormait avec ses parents fut éventrée, puis balayée. Des cris, des grondements, des rugissements terrifiants. La toile rêche qui s'abat sur elle, des morceaux de bois qui viennent heurter son corps. Paniquée, elle cherche une sortie, crie, hurle, pleure. Ses bras s'agitent dans tous les sens à la recherche d'une issue, d'air, elle étouffe. Soudain un souffle de vent sur sa main, son bras se dégage de la toile, elle avance en rampant, respire un grand coup et perçoit alors le tumulte alentour. C'est un massacre, des corps gisent dans la lueur des flammes qui dévorent le camp. Elle voit des gens s'enfuirent à contre-jour, poursuivit par des créatures infernales, couvertes d'armures noires où se reflète l'orange des brasiers. Elle voit les silhouettes des siens s'effondrer sous les coups d'épées ou les crocs des monstres qui exterminent sa famille. Elle ne peut plus crier, elle est sous le choc, à demi enfouie sous les restes de la tente familiale.
Soudain, des yeux rouges incandescents se tournent vers elle, une créature la regarde, puis commence à s'approcher, boitillant sur ses jambes plus animales qu'humaines. Elle le regarde, ne pense plus, son esprit est soudain vide de tout, la peur fait d'elle la plus faible des proies.
Un bruit de sabots, une main ferme qui saisit la sienne, elle décolle du sol, une voix qu'elle connait "accroche toi à moi", puis le noir.
C'est son frère qui la sauva. Ils fuirent ensemble, prévenant chaque campement sur leur route, racontant leur histoire. Mais dans le cœur de Fen la peur se changea en colère tout d'abord, contre elle, de ne pas avoir su défendre sa famille, contre les dieux et enfin contre les hordes noires qui continuaient leur progression ravageuse à travers les hautes plaines.
Et la colère devint désir de vengeance. Pour les deux jeunes gens, la fuite prit fin et le combat commença. D'abord seuls, armés d'un arc et de flèches, ils harcelaient les troupes noires le jour, là où ils sont le plus faible. Ils tendaient des pièges, lançaient une bordée de flèches avant de s’enfuir.
Longtemps leurs actions ne furent pas prises au sérieux. Les armées du Chaos se moquaient bien de perdre quelques hommes dans des échauffourées sans importance. Mais leur détermination fit venir à eux d’autres nomades survivants et une troupe se format, grossissant jusqu’à devenir une petite armée.
Leur guerre dura quatre ans. Harcelant les armées noires, causant des pertes énormes à coup de raids et de traquenards. Fen était une légende avant même de rejoindre les sept.
Cette jeune femme magnifique était une cavalière hors paire et un archer redoutable. Je l’ai vu fendre les armées de Malork, semant la mort tout autour d’elle.  Elle était la Vengeance incarnée, le bras solide d’une juste punition. Sa mort, des mains du seigneur noir lui-même, transféra sur moi la fureur de la vengeance.

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