Les larmes de l'hiver (Les Carmidor)
Ce fragment contient un petit extrait bonus à mon histoire fantasy, Les Carmidor, écrit dans le cadre de l'inscription au concours La plume de Cristal organisé par judicaelle_delcroix.
Pas de spoiler, il se déroule avant le prologue du tome 1 et peut se lire sans connaître l'histoire (ou en la connaissant, ça marche aussi). La seule consigne pour le concours : écrire un texte mettant en scène un ou plusieurs de nos personnages principaux, avec l'hiver pour thème.
Et cette fois-ci, on s'intéresse à Giorda Carmidor et surtout, à sa demi-soeur Idissa (représentée sur la photo ci-dessous, même si, dans cet extrait, elle n'a même pas 3 ans !).
An 1294 après l'Engloutissement
— Gida, Gida, regarde ! Tout est blanc !
Les iris ébène d'Idissa brillaient comme un millier d'éclats de givre. Pas même âgée de trois ans, la petite métisse découvrait pour la première fois le spectacle saisissant d'une Corance ensevelie sous plusieurs centimètres de neige.
La tempête avait fait rage toute la nuit, précipitant des rafales de poudreuse sur les flancs rocailleux parsemés d'herbe gelée de l'île estalienne.
En ce matin d'hiver, elle s'éveillait recouverte d'un manteau immaculé dans lequel les enfants s'ébattaient, hors du temps.
Entre les lèvres gercées de Giorda, un souffle brûlant se transforma en un nuage tiède, emporté par la brise glacée qui faisait rosir ses joues. Du haut de ses sept ans, la noble se souvenait de la dernière fois que son duché avait connu la neige.
Le précédent flocon corancien était tombé le lendemain de la naissance de sa demi-sœur.
Tandis que la bâtarde de son père saisissait entre ses doigts gantés l'étrange poudre liliale, Giorda soupira. Elle lança un regard en biais à sa cadette, agacée par l'émerveillement qui animait ses traits enfantins.
La fillette à la peau acajou et aux boucles trop épaisses pour être rubisienne ne semblait décidément pas à sa place dans cet écrin de silence et de froid.
Des étoiles ivoirines pleuvaient dans les cheveux sombres d'Idissa, y fondant en quelques secondes. L'écho de son rire cristallin résonna contre la pierre ocre du château ducal, et se perdit vers le large qui s'étendait face à elle.
Même l'océan paraissait endormi en ce jour de décembre.
Lassée par l'hilarité de sa demi-sœur, Giorda fit claquer ses bottes et tourna les talons, pressée de retrouver la chaleur du feu dans le petit salon où ses frères terminaient leur leçon.
Idissa cessa de rire. Des larmes montèrent dans ses yeux écarquillés et dévalèrent ses joues rebondies, traçant des sillons glacés sur son visage poupin.
Désormais seule avec sa gouvernante, qui montrait déjà des signes d'impatience, la métisse laissa retomber la neige qu'elle retenait de son mieux entre ses poings crispés.
Au fond, l'hiver n'était rien d'autre que la saison pendant laquelle le ciel pleurait avec elle.
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