J'aurais aussi pu dire "comme un pro", mais cela ne me semblait un peu trop subtil.

Si vous lisez le segment d'après, vous comprendrez rapidement que la plupart des critiques et chroniques postées sur Wattpad me laissent, disons... perplexe. Non pas que je pense que les miennes sont vraiment meilleures (oh god, bien sûr que si !) : c'est surtout que je trouve dommage qu'il y en ait si peu qui soient dignes de ce nom (et les bonnes sont si peu connues, c'est assez triste).

Hélas, il existe bien peu d'aide pour écrire une bonne critique, et c'est un constat que je me faisais déjà il y a plusieurs années avec une amie autrice, la fabuleuse Becca (que vous n'aurez hélas pas le plaisir de trouver sur Wattpad à l'heure où j'écris ces lignes). 

C'est ainsi qu'en août 2015, nous avons entamé l'un des plus gros projets que nous ayons mené ensemble : la rédaction d'un maxi guide de la critique, à destination des chroniqueurs (et des lecteurs les plus bavards). Et si ce ne devait être à l'origine qu'un article d'aide posté sur nos deux blogs Skyrock, nous nous sommes vite rendues compte qu'il prenait des proportions monstrueuses.

Après des semaines de travail, nous avons ainsi publié un PDF de plus de 100 pages, partageable librement. Vous pouvez le trouver derrière ces liens (en commentaire interligne) :

Lecture sans téléchargement (sur Calaméo) :

https://fr.calameo.com/read/00462218700cd0631cd7d 

En téléchargement (format PDF) :

https://www.fichier-pdf.fr/2015/12/28/guide-de-survie-pour-ecrire-une-critique

Et sinon, y'a quoi dedans ?

Sans plus attendre, le sommaire des 14 sections qui composent cet éléphanteau (accompagnées d'extraits choisis avec soin, si si) :

► Déterminer le but de la critique

En quoi déterminer le but de la critique peut-il servir la qualité de celle-ci ? Et surtout, quel peut être le but d'une critique ? Mais bon sang, ce que vous faites, à quoi ça sert ?

► De la culture générale, ou comment avoir l'air crédible dans son rôle de critique littéraire

On a beau dire, la portée d'une critique littéraire écrite par une adolescente nommée Brenda, adepte des fictions où une humaine décérébrée tombe amoureuse d'un vampire bisounours, qui peine à développer sa pensée (l'adolescente, hein, pas le vampire bisounours) et qui écrit plus de fautes que de mots ne sera pas la même qu'une critique rédigée par un auteur « expérimenté » – nommons-le Hervé.

► S'investir dans sa lecture

« Je ne veux pas m'investir dans mes lectures, je veux faire vite pour rédiger le plus de critiques possibles ! »... 

D'accord, sauf que les fictions ne sont pas des Pokémons et que le but n'est pas de les attraper toutes (il en va de même avec les MST, hein, tant qu'à donner des conseils). 

► Le tact

Recevoir une critique constructive est rarement une partie de plaisir pour l'orgueil (sauf si, comme nous, vous vous savez parfait(e), auquel cas ça devrait bien se passer).

Si ce processus douloureux est en plus exécuté sur un ton sec, il est bien possible que l'auteur soit blessé, voire rancunier (et un auteur rancunier, c'est pire qu'un caniche !).

► Il n'y a pas que la taille qui compte (mais quand même un peu)

Avouons-le, un répertoire offrant de longues critiques à ses inscrits a le don de nous faire saliver (mmm, critique... viens à moi ma mignonne !).

Mais la taille ne garantit pas la qualité (et je suis convaincue que là, on vous a appris un truc énorme). Cela dit, on sait bien qu'une critique trop petite n'aura que peu de chance d'être véritablement efficace (pour atteindre l'orgasme littéraire, donc).

► Parler de tout

« C'est MA critique, j'y dis ce que je veux ! »...

Tout à fait, et rien ne vous empêche non plus de vous recouvrir de confiture et de sucre glace, puis de vous élancer joyeusement dans la rue en chantant « Libérée, Délivrée ».

Non, vraiment, rien ne vous en empêche.

► Organiser sa critique

Organiser sa critique, c'est s'assurer de proposer un raisonnement réfléchi et structuré [...]. En effet, écrire une critique « comme ça nous vient » [...] a l'avantage de la spontanéité, mais risque de perdre en qualité et en intelligibilité.

L'organisation est un choix intéressant à faire, mais ce choix vous revient, comme toujours ! (comprenez ici que si vous préférez Mac Do à un restaurant gastronomique, c'est comme vous voulez, on ne vous empêche pas de manquer de goût et de jugeote...)

► Élaborer ses propos

Après avoir dit à l'auteur qu'il écrivait bien, que ses personnages étaient réussis et l'histoire bien construite (ou non), vient le moment d'élaborer ses propos en répondant à une question primordiale :

Pourquoi ?

► Outiller l'auteur

Détecter le problème n'est que la moitié de la solution. Imaginez qu'un médecin vous diagnostique une maladie sans vous prescrire de traitement :

*mine triste de circonstance*

« Monsieur/madame, vous avez un cancer. »

*air enjoué*

« Bon allez, à la prochaine fois, et bonne chance ! ».

Clairement, vous le prendriez pour un rigolo, non ?

► La flexibilité

Sites web, guides, manuels : plusieurs outils proposent des « trucs et astuces » pour devenir un meilleur auteur.

Attention cependant : égorger votre chat avec un silex à la lueur de la pleine lune en récitant des prières n'est pas une solution pour écrire le best-seller de l'année, même si c'est un petit encart clignotant qui vous le dit ! 

► Le respect des choix stylistiques et scénaristiques de l'auteur

On ne le dira jamais assez : en matière de littérature, la subjectivité est maîtresse.

Même si vous avez le sentiment que l'auteur aurait tout intérêt à suivre tous vos conseils, n'oubliez jamais que ce n'est pas forcément la meilleure solution (vous n'êtes pas Dieu, et encore moins Dumbledore : vous pouvez vous tromper).

► Les points positifs

« Pourquoi dire des trucs gentils alors qu'on peut se contenter de descendre l'auteur ? »

Les avantages de parler du positif ne se résument pas à berner les gens en leur faisant croire, à tort, qu'on est sympathique.

► Les divulgâchis

Amoureux de la langue de Shakespeare, tenez-vous-le pour dit : dans cet article, nous emploierons la sublime traduction du mot anglais spoiler, inventé par nos confrères Québécois dont l'imagination ne cesse d'épater les Européens.

Place donc au divulgâchis (verbe : divulgâcher) !

► Après la critique

Même une fois la critique corrigée et postée, il peut être nécessaire de la modifier, et pas uniquement si vous continuez de lire la fiction ! Vous avez le droit de changer d'avis, d'avoir eu tort, et ce n'est pas parce que vous changez quelque peu votre critique que vous êtes une girouette incapable d'assumer ses prises de position.

Pour ma part, je préfère changer d'avis que d'assumer des arguments à côté de la plaque, mais c'est à vous de voir. 

C'était il y a longtemps, mais je n'oublie pas de remercier celles qui nous ont aidées, Becca et moi, à venir à bout de ce mastodonte : Marg'ot, N.' et Natsunokaze. Quand même.

Et vous, quelles sont vos méthodes pour écrire de bonnes critiques ?