l'heure H

(Si vous ne l'avez pas fait, avant de commencer votre lecture, pensez à lire la partie avant, c'est important 💙)

Je n'ai sûrement jamais aussi bien porté mon prénom que maintenant. Tout mon être n'est qu'un océan de rêves et de désespoir. Il y a en mon cœur des torrents et des vagues, au milieu des remous et des marées, l'eau agitée qui jamais ne se repose. Comme un tourbillon, elle ressasse les mêmes pensées intimes, profondes, et aussi noires que le fond du fond de mon âme.

Je sens les larmes couler le long de mes joues. J'entends les cris que poussent mes poumons. Tout le monde a fait de son mieux, mais les pensées ont gagné.

J'ai craint pendant si longtemps la mort que je pensais pouvoir lui échapper facilement. La vie ne me prendrait pas si tôt, moi, cet océan si jeune encore. Elle pourrait attendre, peut-être une maladie en milieu de vie, peut-être un accident un peu trop tôt mais quand même un peu plus tard, peut-être la vieillesse, loin, loin devant. Je croisais les doigts, les jours défilaient. Pas question d'en finir avant.

Mais l'obscurité a peu à peu recouvert l'océan.

Les pensées sombres, les mauvaises notes, les disputes, l'ennuie, la peur, la honte, le désespoir, la tristesse, la peine, la souffrance, les insomnies, le manque d'appétit, l'indifférence, la perte, les questions, toujours les mêmes. L'océan s'est vidé.

Je hurle, ça fait mal.

Mes pleures rejoignent l'eau douce qui monte jusqu'à mon menton.

J'ai peur de la mort, de mourir, d'être ailleurs, quelque part où il n'y a plus rien. Je n'ai pas décidé de mettre fin à mes jours parce que j'envie la mort. Ce n'est pas elle que je recherche. Elle est terrifiante, et dévastatrice. Un coup de patte, et elle vous terrasse. Je l'envie, mais je n'en veux pas. Je veux ses promesses, son silence, l'arrêt. L'arrêt de tout, de mes pensées, des pensées des autres, des regards, des soupirs, des mots. Je ne veux plus ressentir ce qui fait rage à l'intérieur de moi.

Je suis fatigué.

J'entends la lame du rasoir cliqueter en tombant sur le carrelage de la salle de bain. Je n'ai plus la force de la tenir. Mon poignet qui se vide glisse dans l'eau. Il flotte à la surface. L'autre a déjà coulé. Mes yeux pleurent, encore et encore. Ils sont tristes. C'est instinctif. J'ai peur, et moi aussi, je suis triste. Mais mon cœur se brise plus encore à l'idée d'affronter une journée de plus.

Je ferme les yeux, et je pourrais presque sentir mes pensées quitter mon corps. L'océan est asséché, mais on me laisse un peu de répit, sur la fin.

Ma fin. Mes dernières minutes.

Elles n'auront bientôt plus d'importance, tout comme moi. Je ne laisse pas grand chose, pour ne pas dire rien. Ni lettre, ni mot. Juste mon corps suffira. Mes affaires, j'aimerais qu'elles soient brûlées. Mes souvenirs envolés.

Un nouveau sanglot se bloque dans ma gorge. La peau à l'intérieur de mes poignets me tiraille. Je n'ose pas regarder l'eau qui a sûrement pris une teinte rouge obscur. Ma bouche se ferme, je retiens un nouveau cris. L'océan est vide et pourtant les larmes ne tarissent pas. Elles roulent, et roulent, et roulent, sur ma peau pâle.

C'est bientôt fini.

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