🎮Prologue

Comment oublier ce moment ? Cet instant où j'ai pris la pire décision de ma vie à cause d'un inconnu.

Nous étions à la fin de l'été 2018, il faisait chaud et les gens profitaient des terrasses pour boire de l'alcool frais au soleil pendant que moi, je maudissais le monde et les amoureux.

J'étais venu sur Paris pour voir mes grands frères et l'un d'eux avait eu la brillante idée de vouloir me présenter sa petite-amie à peine quelques heures avant que je ne reparte pour Nantes.

Sarcastiquement brillante car je me trimballais ma valise dans les rues étroites, sales et en mauvais état de la capitale et que le manque de brise me faisait suffoquer.

Mais malgré tout, j'aimais voir mon frère heureux. Il rayonnait de bonheur et je savais, avant même de rencontrer sa copine, que c'était « la bonne », comme maman aimait le dire. Il avait toujours été discret sur ses relations mais s'il voulait que je la rencontre, cela voulait dire que c'était du sérieux.

Nous étions arrivés dans un restaurant, le « Chat Stupide », et juste par le nom, je me sentais insulté.

Je déteste mon prénom.

« Charlie » pour une fille alors qu'il y avait d'autres possibilités moins tordues... mais non. « Charlie ». Du coup, on m'avait souvent donné des surnoms comme Chacha, Chachou ou encore « Chat ».

D'où ma grimace devant le « Chat Stupide ».

« Chacha, je te présente ma petite-amie : Floriane Maillard. Tu peux l'appeler Flo. »

En voyant la femme devant moi, je n'avais pu m'empêcher de sourire : une brune un peu ronde dégageant une certaine assurance, mais visiblement stressée de me rencontrer tant son corps semblait tendu. Mon sourire l'avait tout de suite rassuré et je m'étais empressé de lui faire la bise en lui chuchotant à l'oreille de prendre soin de mon frère.

Et c'est à ce moment précis que je l'avais remarqué. Celui qui allait me pousser à gâcher ma vie.

Un homme aux cheveux bruns courts et frisés, se levant avec mollesse de sa banquette et fixant son téléphone portable avant de me regarder droit dans les yeux. Des yeux marrons qui m'analysaient en une seconde, me classant surement dans une « catégorie » de femme.

Son teint était hâlé, signe qu'il revenait de vacances au soleil, son corps légèrement athlétique d'après ses bras musclés et à vue lorsqu'il retroussa les manches de sa chemise mais, si son physique aurait pu un tant soit peu m'attirer, il n'en était rien.

Mes pensées et mon cœur appartenaient à Antony, mon chéri depuis presque un an.

« Et voici Andréa Simon, un collègue et ami de Floriane. »

C'est lorsque Tristan avait prononcé le mot « ami » que le sourcil arqué de ce fameux homme au prénom de femme m'avait interpellé.

J'avais serré la main que cet inconnu me tendait un peu formellement avant de m'assoir à côté de mon frère en face de Floriane et prendre commande.

J'écoutais à peine la conversation : Floriane parlait de son travail, mon frère aussi, les deux se dévorant du regard jusqu'à l'arrivée de leur plat. C'est quand le fameux Andréa se mit à parler de son voyage en Italie que j'ai commencé à trouver la discussion intéressante.

Il était photographe freelance et avait shooté des mannequins à Rome, Florence, Milan et Venise pour une célèbre marque... de pâtes. Il m'avait surpris en parlant de son travail de photographe culinaire et j'aurais presque pu m'intégrer à la conversation si mon téléphone n'était pas mon seul intérêt.

Plutôt Whatsapp et l'attente de recevoir un message d'Antony sur sa mutation définitive en Nouvelle-Zélande.

— Qu'est-ce qu'il y a Chacha ? me demanda soudainement Tristan en commençant son dessert. C'est Antony ?

— Oui... Hier on a appris qu'il allait finalement rester plus longtemps en Nouvelle-Zélande et j'attends de savoir combien de temps exactement...

— Ton copain ? intervint Floriane visiblement soucieuse. Ça fait longtemps tous les deux ?

— Presque un an. On devait emménager ensemble mais son boulot l'a emmené à l'autre bout du monde depuis maintenant un mois et j'apprends que finalement il doit y rester... Désolé de plomber le déjeuner.

— C'est quoi le problème ?

Le ton de la voix d'Andréa m'avait piqué au vif. Je sentais que cet étranger se fichait royalement de mes soucis et voulait rapidement les expédier pour que l'on reparle de sa vie.

— Le problème c'est que mon chéri est à des milliers de kilomètres de moi et que je n'ai vraiment pas envie que me séparer avec lui pour une question de distance.

— Vas-y alors. Pars.

Nous avions tous regardé le photographe d'un air dubitatif. Ce dernier toussota légèrement à cause du chocolat en poudre de son tiramisu avant de s'essuyer la bouche et de déclarer à nouveau :

— Si tu l'aimes tant que ça, va le rejoindre.

— Andréa, commença Floriane en levant les yeux au ciel, ce n'est pas un bon conseil ça. Elle ne peut pas partir comme ça !

— Et pourquoi pas, Flo ? Si Tristan était parti à Nantes pour son nouveau boulot, tu l'aurais suivi ou pas ?

— Ce n'est pas pareil ! On parle de la Nouvelle-Zélande là ! Tristan et moi on aurait pu se voir chaque week-end.

— Si elle l'aime, qu'elle le rejoigne. Tu fais quoi dans la vie ? me demande-t-il sans me regarder.

— Je suis graphiste dans une agence de communication.

— Quitte ton travail et si tu es assez bonne, passe en freelance. Mets ton appartement à louer en attendant, prends le strict minimum et fonce à l'aéroport. Soit tu continues à jouer en mode facile, soit tu montes d'un niveau.

J'avais bugué sur ses derniers mots et, pendant que Floriane semblait être prise dans une joute verbale avec son ami alors que mon frère tentait de les calmer, j'avais réussi à trouver la solution proposée par Andréa très intéressante.

Totalement déraisonnable, spontanée, folle mais intéressante.

Je n'avais qu'à partir le rejoindre. Ma vie sans Antony allait devenir morne et j'étais prête à parier que ça allait me refaire tomber dans mon plus gros vice : les jeux vidéo.

Alors je m'étais soudain levé de table, les interrompant, attrapant ma valise, embrassant le front de frère ébahi avant de déclarer :

« J'y vais. Je pars le rejoindre. »

Je remerciais d'un hochement de tête le photographe qui se contenta de hausser les épaules, une indifférence sur ce choix que je venais de faire qui allait encore me hanter pendant longtemps.

Une semaine après, j'avais quitté mon travail, résilié mon bail et pris un billet d'avion direction la Nouvelle-Zélande, abandonnant tout derrière moi. Ma famille et les quelques amis que j'avais pour partir rejoindre Antony à Auckland.

Mais au Chat Stupide, Chat avait pris une décision plus que stupide.

Quand j'étais arrivé totalement lessivée à son appartement pour lui faire la surprise, j'avais fait la connaissance de Gabriela.

La collègue portoricaine d'Antony d'au moins dix ans de plus que moi, ses cheveux noirs en bataille et son corps en amazone agrippant les épaules de mon mec alors que ses fesses remuaient en rythme pour mieux se faire pénétrer par la queue traitresse de l'homme en train de jouir en elle.

La pire image de ma vie.

Lorsqu'il avait ouvert les yeux, se rendant compte de ma présence mais ne daignant pas se retirer de sa partenaire, je m'étais contenté de dire encore choquée :

« Laisser la porte ouverte, c'est la pire des conneries. »

Et j'étais partie.

M'arrêtant dans un Starbucks pour commander le café le plus cher de ma vie. Pleurant toutes les larmes de mon corps, la tête sur ma valise et ça, jusqu'à la fermeture.

Ignorant mon téléphone en mode vibromasseur, j'étais ensuite partie à l'aéroport, prête à refaire le chemin inverse en prenant conscience qu'à mon retour en France, je n'aurais plus rien.

Plus de travail, plus de toit, des économies fondues et une famille entière qui allait juger ma décision irréfléchie. Mes frères et ma sœur me faisant la morale, ma mère encore plus...

Qu'est-ce qu'il me restait ?

Tout ça à cause de quelques mots prononcés par un homme que je ne connaissais pas mais qui maintenant, était sur ma liste « à détruire ».

J'aurais préféré ne rien savoir et rester en France que de voir le corps d'Antony emboité à celui de Gabriela. J'aurais préféré continuer à jouer ma vie en mode « facile » et ne pas me faire défoncer par la première boss venue.

Tout ça à cause d'Andréa Simon.



Bienvenue dans Video Game Lover, ma nouvelle chicklit !

Si vous ne l'avez pas lu, je vous conseille fortement de retourner à l'Avant-propos de cette histoire pour être au courant de tous les bails (c'est baux). Il y a tout ce qu'il faut savoir sur le propose de l'histoire, les jours de sorties, etc.

Aujourd'hui et spécialement pour le lancement, vous aurez en plus de ce prologue les deux premiers chapitres, histoire d'avoir une bonne mise en bouche 😋 !

Si ce début vous a plu (et vous a rappelé la fin de FPL avec le sourire), n'hésitez pas à me le dire dans les commentaires ou juste en cliquant sur l'étoile pour me soutenir avec un vote ! 😉

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