51🎮Video Game Lover(s)
Je suis Charlie Ferrer.
Une jeune femme accro très tôt aux jeux vidéo.
Une gamine traumatisée dès l'enfance et dont le cœur s'est depuis entouré de barbelés. Quiconque tentait d'entrer se faisait déchirer. Même quand je forçais le passage pour ouvrir mon cœur à un autre, ça ne fonctionnait pas.
La quête pour accéder à mes vrais sentiments était buggué et avait besoin d'un gros patch correctif... Mais aucune nouvelle des développeurs.
Jusqu'à ce que j'inclue un DLC particulièrement coûteux dans ma vie : Andréa Simon.
Un contenu additionnel qui a fait office de mise à jour 2.0 dans ma vie et qui a coupé les barbelés. Qui m'a poussé à tout corriger, accepter mes failles et mettre en avant mes forces.
Une update majeure qui m'a encouragé à aller de l'avant. À trouver ma route et à m'y engager avec courage et espoir.
Je ne suis pas la prochaine championne de League of Legends, mais juste une joueuse pro sur IRIS.
Je ne suis pas la prochaine Banksy, mais juste une illustratrice qui se débrouille et qui a quelques compétences.
Et surtout, je ne suis pas le putain de plan cul d'Andréa Simon qui profite de sa notoriété pour avoir du travail...
Je suis son assistante mais sur cette exposition, je suis sa collaboratrice. Nous sommes au même niveau, comme sur IRIS.
Nous sommes coéquipiers. Des partenaires.
« Charlie ! Qu'est-ce que tu fais dehors ? »
Et on prend soin l'un de l'autre car sans ça, on ne va pas dans la bonne direction.
Faisant les cent pas sur le trottoir alors qu'à l'intérieur, tout le monde semble vivre une bonne soirée, mes angoisses sont rejointes par l'inquiétude d'Andréa.
Ce dernier passe maladroitement sa main dans ses cheveux alors qu'il tremble de froid, comme moi ayant oublié de prendre une veste avant de sortir.
— Je n'ai plus envie de m'afficher devant ces bobos arty qui ne sont là que pour le buffet.
— Alors tu abandonnes ? Devant la ligne d'arrivée ? Toi qui aimes tant la victoire ?
— Ce n'est pas une question de victoire là, c'est supporter leurs réflexions et leurs jugements qui m'agacent. Si au moins je pouvais leur dire d'aller se faire foutre... Mais non, je ne peux pas parce qu-
— Parce que ça enfreint une de nos règles.
— « Je suis liée à ton image », c'est ce que tu m'as fait signer et je respecte mes engagements quand on est en mode pro.
— On a dit qu'on était partenaire. Sur IRIS et ici. On se soutient et on va ensemble au combat. Alors qu'est-ce qu'il y a ? Il n'y a pas que ça qui te faire reculer, n'est-ce pas ?
Soudain, Andréa arrive derrière moi et glisse doucement ses mains sur ma taille. Son souffle chaud me caresse le bas du cou et je me sens obligé de descendre du trottoir pour compenser ma grande taille et le laisser accéder à ma peau.
À son contact, j'ai la sensation de trembler encore plus. Je me sens à la fois chamboulée et... plus confiante.
— Tu m'en veux pour hier soir ? J'ai été trop... distant.
— Sans déconner, dis-je d'un ton agacé.
— Tout à l'heure aussi, mais c'est parce que je n'ai pas envie que l'on te voit comme...
— Comme quoi ? Ton dernier plan cul ?
— Comme « une femme parmi tant d'autres ». Je veux qu'on te voit comme je te vois. Comme Charlie Ferrer et pas juste « la partenaire d'Andréa Simon ». Tu es bien plus que ce qu'ils ne pensent voir.
— C'est « nickel », c'est ça ?
Lorsque je me retourne pour lui faire face, il fronce les sourcils sans visiblement comprendre mon sous-entendu, et ça m'énerve.
Je sais qu'à l'intérieur, on nous attend. Qu'il doit aller faire un discours et que je dois l'accompagner avec quelques mots.
Mais là, c'est un peu trop.
— C'est ce que tu m'as dit, reprends-je, hier soir. Que c'était « nickel ».
— Parce que ça l'était. Je ne comprends pas ta réaction, Charlie.
— Et moi je ne comprends pas ta réponse « nickel ». Je t'ai fait paniquer, c'est ça ? C'était maladroit ? Trop tôt ?
— Qu'est-ce qui était trop tôt ? Tu es en train de me perdre, là.
— Quand je t'ai dit... ce que je t'ai dit ! Et que tu m'as juste répondu « nickel » !
— Alors, je sais que l'endorphine agissait déjà pas mal dans nos corps mais quand je disais « nickel », je parlais de la photo que je venais de prendre. Tu ne m'as rien dit.
— Je rêve ou tu esquives ?
— J'esquive quoi ? commence-t-il à s'impatienter en haussant la voix. J'ai l'impression que cette conversation n'a aucun sens parce que tu ne me dis pas les choses clairement !
— QUAND JE T'AI DIT QUE « JE T'AIME » !
J'ai l'impression de sentir le sol trembler quand je crie presque ces mots. Heureusement qu'aucun son venant de dehors ne parvient à la galerie parce que tout le monde se serait retourné vers les fenêtres après ce que je viens de dire.
Le rouge me monte immédiatement aux joues lorsque je vois ses yeux s'écarquiller de surprise...
« Vous êtes Charlie Ferrer ? »
Mais également parce qu'en me retournant, je tombe nez à nez face à un inconnu avec des sneakers aux couleurs rappelant les pots de popcorn américain.
Oh putain.
— Oh putain, jure Andréa avant de cligner plusieurs fois des yeux et de se reprendre.
— C'est bien vous ? demande le chauve à la barbe fournie, mais taillée, portant une simple chemise et en pantalon en totale contraste avec ses chaussures. Je vous ai reconnu avec votre photo sur Whatsapp. Vous vous souvenez ? Je suis-
— Bobby Rucker, répond Andréa à ma place. P-Pardon, je ne me suis pas présenté, je suis Andréa S-
— Monsieur Simon, oui, je vous connais. J'ai déjà vu vos photos dans un de mes magazines de cuisine préférés. Vous êtes très prometteur, quoiqu'un peu classique mais avec une petite touche originale dans votre travail. J'aime ça. On entre ? Je sors d'un vol interminable où le plateau-repas a dégouté mes papilles.
— C'est par là ! m'exclamé-je en lui serrant la main après qu'il ait salué Andréa. Je vous laisse entrer, le buffet est tout à droite et vous pouvez laisser votre valise au comptoir au fond à gauche. La propriétaire de la galerie est au courant de votre arrivée et va vous faire la visite.
— Merci madame Ferrer. On discutera plus en détail dès que j'aurais bu quelque chose.
Le photographe ayant une cinquantaine d'années que son style rajeunit, me fait un clin d'œil avant de suivre le chemin indiqué pendant qu'Andréa reste immobile.
— T'as freeze ? demandé-je en agitant ma main devant ses yeux.
— C'était Bobby Rucker... Putain... Qu'est-ce qu'il fait là ?!
— C'était ma surprise. J'ai demandé à Sylvain de me mettre en contact avec lui pour l'inviter au vernissage. Je savais que tu rêvais de le rencontrer.
— Merde, Charlie...
Comme à son habitude quand il est stressé, Andréa dérange ses cheveux bien coiffés et se met à jouer avec ses lunettes accrochées à sa chemise avant de déclarer en évitant mon regard :
« Comment est-ce que tu veux que je reste normal alors qu'en l'espace de deux minutes j'ai rencontré mon modèle et tu viens de me dire « je t'aime » pour la première fois ?! »
Andréa, entre l'énervement et la gêne, repart à l'intérieur en m'ordonnant d'un signe de la main de rentrer avec lui pour faire notre discours.
Une petite minute... Comment ça « pour la première fois » ?
Est-ce que j'aurais... Oh.
L'intensité du moment m'a fait halluciner et j'ai tellement ressenti et pensé fort à mes sentiments que j'ai eu l'impression de les dire alors qu'en fait... non ?
Est-ce que du coup, je viens de foirer ma déclaration amoureuse ?
Oh.
Epic fail.
GG Charlie, vraiment, bien joué...
Et maintenant, après avoir fait un magnifique Boulet Time, je dois avoir l'air sûre de moi à côté d'un homme autant déstabilisé par ma faute.
Mais alors que nous arrivons au centre de la salle, un micro tendu par Noémie toute souriante, ce même homme encore embarrassé il y a quelques secondes me regarde avec un sérieux déconcertant.
Son regard est comme celui qu'il m'a fait pendant la LAN d'IRIS.
« Je te fais confiance. Je suis là. Je suis ton soutien. »
On est le back-up de l'un de l'autre. On affronte les épreuves ensemble et on n'a pas peur des autres, tant qu'on gagne main dans la main.
Honnêtement, son discours, je l'écoute à moitié. Je me souviens de Noémie nous l'écrivant en employant des mots compliqués qui visiblement font hocher la tête des amateurs d'art contemporain.
Je ne comprends pas non plus ce que je raconte sur mes dessins donc j'accentue la partie où je remercie tout le monde, ma famille, mes amis et Andréa. Je ne baisse pas la tête vers lui mais je sens son regard sur moi et la même fierté que je peux voir dans les yeux des gens qui m'aiment.
Les applaudissements me donnent des frissons avant que tout ne s'estompe et fasse revenir le brouhaha. On vient nous féliciter et les hypocrites que j'avais entendus tout à l'heure me font quasiment de la lèche en encensant mes dessins.
Je réponds avec politesse et me fous bien d'eux, tant qu'Andréa est à mes côtés.
Une bonne heure passe avant que l'on me laisse respirer et déambuler dans l'exposition. Une tartelette aux fraises entre les doigts, j'observe les médiateurs faire la visite aux plus curieux restée même après que le buffet ne soit dévalisé par les pique-assiettes.
« Peut-être un peu plus d'humour. »
Je me fais discrète alors que mon oreille baladeuse entend une conversation entre Andréa et Bobby Rucker, face à la magnifique photographie de Natacha.
— Un petit grain de folie, poursuit Bobby en agitant son pied. On sent la complicité entre tes modèles et toi mais tu te retiens trop. Tu devrais essayer de faire une série de photographie complètement décalée, pour tester.
— Comme celle que vous avez fait avec les donuts pour le Moco ?
— Tu peux me tutoyer. Mais oui, dans cet esprit-là. Ton travail est bien mais tu dois repousser sans cesse tes limites.
— Je sais. J'avais passé une bonne heure dans la petite pièce réservée à vos.. tes installations à l'époque.
— Ah tu y es allé ? Je pensais que tu avais vu le résultat sur YouTube. Ça me fait plaisir. J'ai beau avoir ma réputation, les gens ne vont plus aux expositions et préfère tout voir sur internet.
— C'est bête, surtout dans ce cas là où tu avais organisé une performance avec une troupe de danseurs hip-hop.
— C'est le petit plus. D'ailleurs, il y a quoi dans la salle à côté du portrait du Taureau ?
— Mon petit plus.
— Je vois. Et j'ai entendu le « petit plus » en arrivant devant la galerie tout à l'heure. C'est mignon, la jeunesse.
Je rougis, me sentant bien trop indiscrète à les écouter, avant de m'éloigner et de les laisser ensemble jusqu'à ce que je repère une silhouette familière face à ma photographie.
« Morgan ! » m'exclamé-je alors qu'il salue Léonore et George s'éloignant de nous pour retrouver Noémie.
— Tiens, la star de la soirée. Tu vas bien ?
— Mieux qu'au début du vernissage, surement l'effet du champagne, et toi ?
— J'ai réussi à convaincre le petit couple que tu vois là-bas d'acheter un de tes dessins.
— Léonore a craqué ?
— Très facilement. George était trop occupé à tenter de trouver le code du cadenas.
J'observe la porte à côté de nous alors qu'une dame abandonne et hausse les épaules pour finalement s'éloigner.
« Qu'est-ce qui fait battre mon cœur si vite ? »
— George a essayé toutes les variations de ton prénom et surnoms. Je crois que ton père et ton grand frère ont essayé aussi.
— Ça aurait été trop simple. Et toi ? Tu n'essaies pas ?
—Les visiteurs de l'exposition pensent que c'est toi qui poses la question, comme c'est à côté de ta photographie. Ceux qui vous connaissent pensent que c'est Andréa qui la pose. Et moi, j'ai la réponse.
— Vraiment ? Alors vas-y, tente.
— Tu veux vraiment que je rentre là-dedans ?
— Je suis sûre que tu n'as pas le bon code.
L'air de défi qu'il me fait me confirme que je l'ai suffisamment titillé pour qu'il s'attèle à son tour à déverrouiller la cage dorée.
Et ça ne lui prend que quelques secondes pour être le premier à l'ouvrir.
— C'était facile, dit-il en agitant la clé.
— Tu es tellement mystérieux que ça en est fou.
— Non, le code est vraiment très simple. Allez, à dans quelques minutes.
Lorsqu'il déverrouille la serrure, Morgan fait face à un rideau noir qu'il pousse rapidement de ses mains avant de complètement entrer et que la porte se referme violemment derrière lui.
Les curieux attendent comme moi qu'il ressorte et nous livre non seulement le code mais également les secrets de cette petite pièce, lorsque deux minutes plus tard, la porte s'ouvre de nouveau.
Il ne dit rien, la referme et remet la clé dans la cage avant de referme le cadenas en faisant déroulé les lettres pour que personne ne tente de tricher.
Soudain, un large sourire apparait sur son visage. Un sourire exprimant à la fois de l'amusement, de la joie et de la gêne. Morgan est obligé de mettre sa main devant sa bouche pour le cacher, tant il n'arrive pas à s'arrêter.
— C'est si incroyable que ça ?!
— C'est... Andréa.
— Quoi ? Tu veux dire qu'il y a une photo géante d'Andréa dans la pièce et que, par extension, il fait lui-même battre son cœur ? C'est tellement narcissique.
— Ce serait du génie mais non, c'est... comme je m'y attendais mais en mieux. C'est... Comment expliquer sans spoiler ? C'est comme si on entrait dans Andréa.
— Dégueulasse.
— Non, pas dans ce sens. Ni dans aucun. Je veux dire que cette pièce, c'est un peu comme son cœur. Et à l'intérieur, on a la solution. Mais il faut la connaitre pour pouvoir la voir.
Morgan claque des doigts, visiblement fière de sa réplique avant que l'on vienne m'interpeller pour me demander des détails sur l'un de mes dessins.
La soirée continue comme ça une bonne heure avant que tous les inconnus ne s'en aillent, que le buffet soit vide et qu'il ne reste que les gens vraiment proches de nous.
— Merci pour l'invitation, me dit Bobby Rucker en me serrant la main à la sortie de l'exposition. C'était intéressant et je suis heureux d'avoir rencontré votre partenaire.
— Il vous admire énormément, avoué-je en vérifiant que l'intéressé n'est pas derrière moi.
— Vu notre discussion et ses connaissances sur mon travail, je n'en doute pas une seconde et je serais ravi d'échanger à nouveau avec lui. C'est une bonne surprise que vous lui avez faite et je suis certain que vous irez loin tous les deux. Professionnellement et personnellement.
Je ne sais pas quoi lui répondre et me contente de le saluer une dernière fois alors qu'à l'intérieur, Anna m'ordonne de venir terminer la dernière bouteille de champagne.
À cet instant, en voyant les personnes que j'aime à travers la vitre avec déjà un coup dans le nez mais m'ayant soutenue et félicité toute la soirée, je suis heureuse.
Je ne me sens plus... inutile.
En l'espace de quelques mois, alors que je l'ai laissé entrer dans ma vie, tout a changé.
Ou plutôt, tout secoué. Tout était déjà en place. Il n'a eu qu'à me pousser, encore et encore, jusqu'à ce que je m'active.
En retournant à l'intérieur, je reçois à nouveau les félicitations de ma famille, même de ma mère un peu plus timide et qui a encore du mal à se rendre compte de tout ce que j'ai accompli.
« Tu peux aller chercher Andréa ? On ne peut pas commencer le gâteau du chef Laprépato sans vous deux ! » s'exclame Noémie, visiblement ravi d'avoir pu vendre dès le premier jour quelques copies et deux-trois originaux.
Je me balade dans la salle devenue silencieuse, cherchant un Andréa bien absent, lorsque je me souviens des paroles de Morgan.
Arrivant devant la porte à côté de mon tableau, je fixe le cadenas à cinq lettres ainsi que l'énigme sur le cartel.
Qu'est-ce qui fait battre « si vite » le cœur d'Andréa ?
Égoïstement et par déduction, je me mettrais dans la solution mais si les autres n'ont pas réussi à entrer sauf Morgan, ça doit être plus subtile.
« Le code est vraiment très simple » avait-il dit.
Et si... ?
Je fais doucement tourner les lettres jusqu'à former mon pseudo de joueuse, LUCKY, en me disant que la chance m'aidera peut-être pour ce coup-là...
Lorsque j'entends un « clic » et que le cadenas s'ouvre.
C'était tellement simple... Et en même temps, comment les gens n'ayant pas l'habitude de mon pseudo de joueuse auraient pu y penser ? À part Morgan « le génie », j'ai envie de dire.
J'insère la clé dans la serrure et passe entre le rideau noir avant de me retrouver dans l'obscurité... Lorsque j'entends une musique.
La musique de fin du premier boss légendaire d'IRIS. Un air mélancolique joué à la guitare.
Je remarque qu'il y a au plafond, une projection de constellations mais surtout, des photographies suspendues à des fils. Des polaroids.
Et alors que je m'approche, comprenant enfin les mots de Morgan, des phrases apparaissent sur le mur grâce au projecteur installé au-dessus de la porte.
Ces phrases, c'est sa voix qui les lit.
« C'était de la chance.
Te rencontrer, je ne m'y attendais pas. Tu es arrivée comme une belle surprise dans ma vie.
Tu es vite devenu mon pilier, mon soutien et ma lumière sans même que je ne connaisse ta véritable identité.
Pour la première fois, je suivais aveuglément quelqu'un. C'était virtuel mais bien réel dans mon cœur. Une vraie confiance.
Et quand j'ai su qui tu étais, j'ai eu peur de perdre tout ça. J'ai voulu prendre de la distance, ne pas m'attacher, mais c'était trop tard.
Tu m'avais déjà attrapé malgré toi.
Alors j'ai plongé.
Jusqu'au bout. Jusqu'à en perdre le souffle.
Je me suis noyé dans tes cheveux, assoiffé par tes lèvres, avide de ta peau, j'ai perdu mon masque. Ma barrière.
Je t'ai montré le « vrai » moi.
Est-ce que tu m'as accepté ?
Est-ce que tu as besoin de plus de preuves ?
Avance, ma winneuse. »
J'obéis, mordant ma lèvre pour l'empêcher de trembler alors que les polaroids sont enfin visibles : ce sont ceux d'hier soir.
Des photos de mes mains, d'un poignet, de mon cou marqué, de mes lèvres, de la naissance de mes seins et plein d'autres parties qui pourraient être indécentes et jamais accessibles à la visite pour tous...
Ça pourrait me déranger de les voir ici sauf qu'elles sont tellement belles et l'intension si puissante que je m'en fiche.
C'est parfois net, parfois flou, cadré étrangement mais l'ensemble montre exactement ce qu'Andréa aime chez moi : les détails.
« Cette photographie, c'est la plus belle que j'ai faite. C'est celle qui m'a convaincu définitivement que je ne voulais personne d'autre dans ma vie que toi. »
Ce polaroid, c'est moi après avoir pensé très fort « je t'aime ». Je le regarde comme je n'ai jamais regardé quelqu'un, avec une passion intense, les yeux brillants et un sourire niais post-orgasme collé sur le visage.
Personne ne pourrait deviner dans quelles situation ou pose a été prise cette photo et c'est ce qui la rend exceptionnelle : c'est notre secret... et ma déclaration d'amour sans mot.
« Tu m'as donné envie d'aimer. »
Je sursaute en voyant Andréa apparaitre devant moi alors qu'il était caché dans la pénombre pendant tout ce temps.
Je l'ai vu toute la soirée mais c'est maintenant que mon cœur s'emballe et que mon cerveau me hurle de l'embrasser.
— J'ai du mal à exprimer clairement ce qui est nouveau chez moi, commence-t-il, et ce que tu me fais ressentir est troublant au point que je n'arrivais pas à te le dire face à face. Et puis hier soir, en prenant cette photo, j'ai eu un déclic.
— Déclic. C'est ironique parce qu-
— Laisse-moi finir, ma winneuse pas croyable. La façon dont tu m'as regardé, hier soir, j'ai senti que tu ressentais la même chose. Qu'on était sur la même longueur d'onde, au combat comme émotionnellement. Je n'avais jamais ressenti ça.
— Et moi j'ai cru t'avoir dit que je t'aimais et que tu m'avais répondu « Nickel ».
— Noémie m'a fait comprendre ça tout à l'heure. Le quiproquo de dingue. Je parlais de cette photo. Et comme tu ne l'as pas dit clairement, c'est moi qui gagne la partie.
— Hein ?
— Je t'aime, Charlie. Et j'ai gagné.
— Quoi ?! Non ! C'est moi qui te l'ai dit en première tout à l'heure ! C'est moi qui ai gagné !
— Mauvaise perdante.
— Enfoiré !
Je me rends à peine compte que j'ai les yeux humides et qu'il m'a déjà attrapé dans ses bras. Que nous rions ensemble front contre front, comme des gamins dans notre cachette secrète alors que nous pouvons sentir nos cœurs frapper violemment contre nos poitrines.
— C'est ta cheffe de groupe qui te le dit, m'exclamé-je entre deux rires, c'est moi qui ai gagné ! C'est moi qui t'aime en première !
— Tu réagis comme lorsqu'on loot des artéfacts cinq étoiles ! Combien de fois tu as essayé de m'entourlouper comme ça ?! Je suis Andréa Simon et c'est MOI qui gagne dans le jeu de l'amour.
— On va vraiment se battre et tu vas devoir changer ton pseudo de « Brute » en « Looser ».
— Vas-y, viens, je suis toujours prêt à t'affronter, Lucky.
Nos lèvres se rejoignent enfin avec passion et nous nous dévorons avec intensité. De nouvelles sensations me parcourent alors que je me sens comme sur un petit nuage. Comme lorsque j'ai réussi à terminer un jeu à 100% après une centaine d'heure.
Envie de crier au monde que j'ai réussi à gagner le cœur d'Andréa Simon et qui m'a volé le mien pour une durée indéterminée.
Alors que tout a commencé sur un jeu vidéo et que je n'aurais jamais imaginé un instant que mon coéquipier deviendrait mon partenaire...
Pour démarrer la partie la plus excitante de ma vie !
Épilogue de Video Game Lover disponible après les chapitres bonus
La semaine prochaine : 2 chapitres sur la jeunesse d'Andréa et Morgan
Ce n'est pas encore la fin ! L'épilogue mettra le point final à cette histoire dans deux semaines ! En attendant, dès la semaine prochaine, vous retrouverez deux chapitres exclusifs et croustillant sur la rencontre entre Andréa et Morgan 🤭
On va y aller par étape : qu'avez-vous pensé du quiproquo sur le "je t'aime" de Charlie ? Il me semble que certaines personnes ici l'avait bien deviné 🧐 !
De sa surprise à Andréa qui fait son effet mais également... de celle d'Andréa pour Charlie ? Ceci explique aussi pourquoi il est partie sans l'attendre le matin même, ça demande du boulot de finaliser tout ça ! 😅
Des sentiments d'Andréa ENFIN exprimé clairement ? Ne vous inquiétez pas, on les retrouvera pour l'épilogue pour savoir si leur relation a bien tenu la route ! 🥰
J'espère en tout cas que ça vous a plu et j'ai hâte de vous retrouver la semaine prochaine pour les chapitres avec Morgan. J'ai vraiment aimé les écrire et je suis sûre que ça vous plaira😉N'hésitez pas à voter/commenter pour me soutenir et partager cette histoire !
A jeudi prochain et merci d'être toujours présent avec moi 😊
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