5🎮Ma famille d'abord
« Chacha, pourquoi tu t'es teint les cheveux en rouge ? Tu es au courant que maman va te saouler tout le repas avec ça ? »
J'ignore mon grand frère Tristan, me concentrant sur la route pour éviter à ma cinétose de faire des siennes. J'ouvre le pare-soleil pour regarder dans le miroir mon visage cerné et pâle en contraste avec ma nouvelle teinte.
Je suis crevée et mon corps subit encore une idée brillante de ma colocataire. Cette petite blonde d'Harley Quinn accompagné d'un de ses amis cosplayé en Joker ayant acheté une boite de coloration rouge.
Les deux amis rentrant d'une rencontre entre fans de comics avaient l'intention de teindre les cheveux blonds de ma colocataire « pour le fun ». Sauf que je le connaissais, le fun. Le « fun » n'aurait pas plus à son patron lundi.
La suite, on la connait. Un défi que j'avais relevé et qui avait valu à mes cheveux de passer du roux au rouge.
— Promets-moi que tu n'iras pas t'enfermer dans ta chambre à l'étage.
— Oh ne t'inquiète pas ! Si maman me fait chier, je ne compte pas rester.
Mon frère soupire avant de se garer devant la maison familiale. Il détache sa ceinture et reste immobile, fixant la porte du garage avant de passer une main dans ses cheveux et de se masser les tempes.
C'est autant une plaie pour lui que moi d'assister au repas de famille dominicale alors que nous pourrions être en train de jouer à la console.
— T'es stressé ? demandé-je en attendant qu'il bouge.
— Parce que je présente Floriane à maman ? Oui. J'ai peur du légendaire pouvoir de « malaisance » de notre génitrice.
— Tu as le temps de préparer le terrain avant que Flo arrive. Et si tu as besoin de soutien, donne-moi un coup de pied sous la table.
Nous sortons de la voiture et, à peine arrivés devant la porte d'entrée, entendons un cri d'enfant qui provoque deux réactions opposées : Tristan sourit alors que j'expire bruyamment.
La demeure familiale est très chaleureuse, une odeur particulière s'en dégage et revenir ici me fait toujours du bien... pendant deux minutes.
Jusqu'à ce que je vois ma mère se mettre sur la pointe des pieds pour m'embrasser la joue et me faire à chaque fois une remarque sur mon physique.
« Tu as grossi », « tu ne prends pas soin de ta peau », « tu n'es pas assez féminine », « tu n'as pas mis de maquillage », etc.
« Charlie ! Tes cheveux ! Jérôme, viens voir les cheveux de ta fille ! Olala mais ce n'est pas possible ça ! Comment je vais rattraper ça ?! »
Et voilà, encore un truc chiant. Comment « elle » va rattraper ça. Encore son désir de se mêler de ma vie sans prendre en compte mes choix.
Mais je ne suis pas stupide et j'ai déjà pensé à tout.
— Mais enfin maman, c'est la nouvelle tendance le rouge ! m'exclamé-je faussement enjouée.
— Charlie, le rouge c'est... Enfin tu ressembles à un piment !
— C'est toujours mieux que d'être appelé « poil de carotte », réponds-je pour moi-même.
— Comment est-ce que tu vas te trouver un travail correct et un mari, hein ? Tu crois que les hommes aiment les femmes excentriques qui font n'importe quoi avec leur corps ?! Je te l'avais dit avant de te faire ton tatouage ! Ma fille, tu ressembles de plus en plus à une junkie !
— Ce n'est pas ça la définition de « junkie », intervient Jonathan en venant me faire la bise. Ça va Chachou ? Ça te donne du peps cette couleur.
— N'encourage pas ta sœur sur la voie de la dépravation ! Olala mais ces enfants n'arrêtent pas de jouer avec mes nerfs !
Ma mère s'en va, la main sur le visage comme une comédienne dramatisant toujours tout alors que mon grand frère me sourit et me secoue les cheveux. Sa femme Sarah vient nous rejoindre pour me saluer avant de nous entrainer dans le salon où Tristan est déjà en train de jouer avec notre nièce de trois ans, leur fille Thelma.
La petite furie rousse s'agrippe à Tristan comme à un arbre, condamnant ce dernier à l'avoir sur les épaules pendant tout le repas de famille.
Je me dirige instinctivement vers la cuisine où je retrouve ma grand-sœur Brigitte et sa femme Chris en train de préparer les assiettes et couverts à mettre sur la table de la salle à manger.
Les deux femmes semblent se disputer au sujet de leur cuisine en cours de rénovation et me poussent à rebrousser chemin vers la terrasse de notre jardin où je retrouve mon père.
Son crâne presque chauve où glisse le vent d'automne, son vieux pull datant de noël dernier et cette odeur de canneberge émanant de sa cigarette électronique.
Mon père ne se tourne pas en m'entendant m'approcher, les mains dans les poches de mon sweat, mais lève son bras pour me faire une place contre lui. Il pose sa main sur mon épaule avant d'enfin m'observer de ses mêmes yeux verts, signatures de notre famille.
— Salut, Chat.
— Salut, vieux matou.
— Pourquoi cette couleur ? me demande-t-il d'une voix grave qui pourrait intimider n'importe quel étranger.
— C'était sur un coup de tête.
— On sait où t'emmène tes coups de tête, ma chérie. Le dernier en date t'a emmené à l'autre bout du monde.
— Et tout ça pour quoi ? Pour me prendre la plus grosse baffe de ma vie. Un headshot tellement violent que j'ai encore du mal à me relever.
— Tu sais qui vient aujourd'hui ? me questionne-t-il pour changer de sujet. La copine de Tristan.
— Je sais bien... la pauvre ! Je suis bien contente de n'avoir personne à vous ramener.
— Je sais que la rupture t'a cassé mais Chat... Est-ce que l'approche de la nouvelle année ne pourrait pas te donner de nouveau projet d'avenir ?
— Contacter Oldelaf pour écrire une nouvelle version de « la tristitude » ? Est-ce que c'est un bon projet ?
Mon père se contente de sourire avant de me rapprocher de ses bras chauds et de fumer sa cigarette lorsque quelques minutes plus tard, ma mère nous demande de rentrer pour ne pas que l'on attrape froid avec le vent.
J'aime cette ambiance de fin de l'été. Le soleil est encore chaud, le vent nous rafraichit et les arbres se colorent magnifiquement bien avant de se laisser mourir jusqu'au printemps.
*DING DONG*
« Chacha, arrête de rêvasser et va ouvrir ! Tristan, ça doit être ta copine ! »
Mon frère et moi nous levons du canapé d'un même élan pour nous diriger vers la porte qu'il ouvre avant d'accueillir dans ses bras et sur ses lèvres sa copine.
— Tu m'as manqué, lui chuchote-t-il pas assez bas pour que je l'entende. Tu as eu le temps de décuver d'hier soir ? Je n'aurais jamais pu imaginer que Seb et toi arriviez à finir une bouteille à deux !
— C'était difficile mais quelques médicaments et ça va mieux ! Et puis heureusement que j'avais mon chauffeur ! Lui par contre, il a encore la tête dans le brouillard.
— Tu as réussi à le convaincre ? Ah ben, quand on parle du loup...
— On en voit la queue, conclut une voix grave dans le dos de Flo.
Un brun, cheveux mi-longs aux ondulations sauvages comme s'il sortait de son lit, une carrure... Mais attendez. Ce n'est pas une impression de déjà-vu ?
Andréa Simon.
Je l'avais complètement oublié depuis vendredi soir. Ma « vengeance », mon désir puissant de me décharger sur lui, de le voir souffrir.
Son point faible : il ne se prend pas pour de la merde.
Parfait alors, je vais le faire redescendre d'un étage. D'un immeuble même.
Parcontre, qu'est-ce qu'il fait là ? Serait-ce un coup fourré de mon cher ettendre frère ?
Comme le chapitre est assez court, le suivant est déjà disponible ! 🤭 Je me rends compte que les premiers chaps de cette histoire sont assez léger, en mode fast-food, donc je vais peut-être continuer de les publier par deux jusqu'à ce que ça se rallonge... à voir ?
Vous aviez bien deviné au sujet de la teinture, c'était facile 😏 Qu'est-ce que vous pensez de ce premier et court aperçu de la famille Ferrer ? Du pire cauchemar de Chachou aka sa mère ?
De l'arrivée de Flo mais surtout d'Andréa à ce repas dominical ? Et Charlie qui avait carrément oublié sa vengeance... Comment je fais pour avancer dans l'histoire si elle ne m'aide pas ?! 😆
Vous pouvez déjà lire le prochain chapitre mais n'oubliez pas de voter pour celui là en cliquant sur l'étoile (et même laisser un petit avis). A tout de suite ! 😋
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