45🎮Jalousie, quand tu nous tiens
« Et là, tu vois, c'est mon Andréa et son père quand on était en vacances à Dunkerque. Il lui avait prêté son appareil photo et l'initiait doucement à sa passion. C'était adorable à voir... Mais c'était avant. »
Isabelle, le menton sur sa paume et les doigts défilant sur un vieil album photo, a ce sourire que je retrouve parfois chez son fils.
Un sourire empli de nostalgie avec un brin de joie et une pointe de tristesse.
Et ce même regard que lui, lorsqu'il veut faire son beau gosse en regardant la pluie à travers la vitre.
— Il avait déjà les joues bien rondes à cette époque. C'était mignon mais dès que... qu'on s'est séparé, il a littéralement gonflé. Ce n'était pas évident.
— Morgan m'en a parlé.
— Ce garçon était vraiment une perle. Je sais qu'ils ont une relation compliquée mais sans le coup de pied au cul qu'il lui a mis, Andréa ne sera pas sortie de l'obésité morbide.
Nous levons les yeux en direction de la cuisine où les trois hommes terminent de laver les couverts et casseroles du repas de midi, alors qu'ils semblent se chamailler comme des gamins avec les serviettes et éponges.
— Je me suis pacsé avec un adolescent ayant un corps de géant !
— C'est mignon de vous voir tous les deux ensembles. JP semble toujours au petit-soin avec toi, comme si tu étais un artéfact légendaire.
— Un quoi ?
— Euh... Pardon. Je dois être en manque de jeux vidéo. Je veux dire qu'il te regarde comme si tu étais précieuse et irremplaçable. C'est beau... Mes parents ne se regardent plus comme ça depuis des années...
Isabelle se contente de hocher la tête, comprenant évidemment bien mieux que moi ce qu'impliquent de longues relations amenant jusqu'à un engagement...
« Les contes de fées ne parlent jamais de l'après « Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ». »
Elle met les mots sur ce que je pense de ma famille. Sur ce mensonge qui nous a bercé, mes frères, ma sœur et moi, lorsqu'on ne remarquait pas que mon père et ma mère n'avaient plus la tête dans leur romance depuis des années.
Il faudrait que j'en parle à mon psychanalyste pour savoir ce qu'il en pense et si c'est ça qui joue sur ma peur de l'engagement.
— Charlie ?
— Oui, pardon ? J'avais la tête ailleurs.
— Pas de soucis. Je voulais juste en profiter, qu'on soit seule avant que vous ne repartiez, pour te dire que tu as l'air d'être quelqu'un de bien.
— Merci Is-
— Attends. Je veux clarifier. Je ne dis pas ça par pure politesse ou pour garder une image de femme en sucre toute mielleuse.
Son léger changement de ton et sa franchise me surprennent un peu, lorsque je me rappelle que c'est bien à la mère d'Andréa The Devil Simon que je parle.
Niveau sincérité sans détour, ça doit venir de là.
« Je pense vraiment que tu es quelqu'un de bien. Je le sens, au fond de moi. On a un peu parlé et de ce que m'a raconté mon fils sur toi, je comprends pourquoi il est venu ici... Et pourquoi tu l'as suivi.
Je pense que c'était la meilleure des décisions que tu pouvais prendre. Andréa n'est pas facile à comprendre tant il cache son petit cœur aux autres... mais ça vaut tellement le coup, crois-moi.
Je sais l'opinion que les gens peuvent avoir de mon fils, surtout les femmes... Il est déjà arrivé que certaines de ses conquêtes arrivent à avoir mon numéro de téléphone pour ensuite m'appeler et insulter mon garçon de tout plein de noms d'oiseaux !
Mais mon fils est quelqu'un de bien, lui aussi, et je sais que tu en es consciente... Et ça me fait énormément plaisir. Ça me rassure, qu'en plus de Morgan et de ses autres amis, il puisse compter sur une fille comme toi.
Une femme qui arrive à voir qui il est vraiment, derrière le blindage qu'il s'est construit. »
Je suis tellement gênée par ses paroles sur je suis obligé de mettre ma tête entre mes bras pour ne pas exposer mes joues rouges. Elle le voit bien et se contente de rigoler avant de me caresser les cheveux avec douceur.
C'est trop.
La mère comme le fils sont des pros pour me mettre mal à l'aise.
— Ne relève surtout pas la tête maintenant, me chuchote-t-elle, sinon tu vas rougir encore plus.
— Pourquoi ?
— Comment tu l'as dit déjà ?... Ah oui. Il te regarde comme si tu étais un artéfact légendaire.
— B-Bordel, comme c'est gênant...
— J'espère que tu t'en sortiras avec mon fils. Il va surement te blesser avec son déni saupoudré de mensonge mais tu ne dois pas lâcher l'affaire. J'ai bon espoir que tu sois la personne capable de lui ouvrir les yeux sur l'amour.
Pire que du malaise.
Je souris comme une débile entre mes bras tant je suis heureuse d'être à ce point accepté par sa mère mais je ressens également une sorte de pression.
Une pression comme celle que j'ai avant d'entamer un combat contre un boss. La peur de ne pas vaincre, d'avoir fait des efforts pour rien alors que la récompense est à portée de main.
Mais je n'ai qu'à faire comme avant un combat : bien me préparer et jouer les bonnes cartes au bon moment.
🎮🎮🎮
« C'est le voyage le plus long et chiant que j'ai eu à faire. »
Les paupières toujours closent, je suis tiré de mon sommeil sur la banquette arrière extrêmement confortable de la Tesla de Morgan.
Je dors depuis quelques heures, d'après le ciel devenu sombre et les lumières bordant l'autoroute.
À l'avant, le pilote et son co-pilote écoutant tous les deux un podcast interminable sur la cryptomonnaie, la blockchain et d'autres termes m'étant éloignés.
Je sens que l'on me regarde et je fais mine de toujours dormir, ma respiration régulière et légère alors que mon cœur bât un peu plus fort.
— Tu n'avais qu'à ne pas venir, répond Andréa en baissant légèrement le son du podcast.
— Cartier m'a dit que Charlie s'inquiétait pour toi et, dans les minutes qui suivent, elle m'a appelé. Je n'avais pas trop le choix. Surtout quand j'ai checké ta position et que je t'ai vu en Lozère... Je me suis inquiété pour Isa.
— Mais tu savais qu'il n'y avait rien. Qu'elle allait bien. Tu le savais, avoues ?
Le silence de Morgan confirme ce qu'affirme Andréa et le fait que notre conducteur ait vraiment un œil partout.
— Pourquoi tu es venu, alors ?
— Je te l'ai dit : Charlie voulait te retrouver.
— Tu ne pouvais juste lui dire que j'allais revenir dans quelques jours ? Naaaan ! Bien sûr que naaaan ! C'était trop simple pour le trop généreux et charmant Morgan B-
— Tu viens de m'appeler Morgan ?
Le ton de ce dernier est radicalement différent, limite menaçant, alors que pour la première fois, j'entends Andréa prononcer entièrement le prénom de son frère de cœur.
Et vu l'absence de réponse, je sens qu'entre eux une tension désagréable s'installe.
S'ils s'appellent par leurs prénoms, c'est comme une insulte ?
Les mecs, vraiment, j'te jure...
— Tu sais que t'es chiant, ANDRÉA ?
— Tu ne vas pas t'y mettre.
— T'as commencé.
— Cartier a raison, on est vraiment comme un vieux couple parfois.
— Pas si vieux que ça sinon tu n'aurais aucune raison d'être JALOUX.
Un petit sifflement irrité semble s'échapper de sa bouche alors qu'un nouveau silence, perturbé par le podcast, s'installe dans la voiture.
Ça dure bien une quinzaine de minutes jusqu'à la fin de l'émission et qu'Andréa reprenne la parole :
— Est-ce qu'elle te plait ?
— Et toi ?
— On ne répond pas à une question par une question.
Ok, c'est vraiment un vieux couple. Ils utilisent les mêmes phrases et ça en devient hilarant.
— Tu sais qu'elle doit surement faire semblant de dormir et nous écouter ?
— Ok, petit test : Charlie, ça coûte combien un aller-retour jusqu'en Nouvelle-Zélande pour apprendre qu'on est cocue ?
Va te faire foutre, petit enfoiré.
Mon visage reste stoïque mais intérieurement je boue. J'ai une telle envie de lui latter les couilles que je dois me faire violence pour donner l'impression d'être profondément endormie.
— Genre elle pourrait se réveiller avec ça ?
— Elle m'aurait déjà sauté dessus pour me péter ma belle gueule. Crois-moi, je la connais bien à force.
— Tu la connais si bien que tu penses qu'elle est intéressée par moi ? Et vice-versa ? Mec, tu n'as aucune logique. Et tu arrives à être jaloux de moi. Moi, quoi. On est des frères, putain. Jamais je ne te ferais ça.
— Je sais... Je suis con. Mes neurones se connectent mal quand je vous vois ensemble...
— Ben les miennes se connectent très bien quand je vous observe. Va falloir vous accorder et arrêter de trainer. Tu te rappelles de l'histoire avec Mag ?
— Ouais, je sais...
— Je l'ai laissé me passer sous le nez parce que j'ai trop attendu. Ce n'est pas parce que tu es convaincu qu'il y a quelque chose entre vous qu'il faut laisser la situation telle quelle.
— Son mec ne vaut même pas un quart de toi, frère. T'as pas à t'en vouloir pour son mauvais choix.
— Mouais, je m'en tape maintenant. Et puis on parlait de toi, à la base. De vous deux. Arrête de te mentir à toi-même et d'être jaloux de moi pour des conneries, c'est clair ? Sinon, je te pète le nez.
— T'as repris la boxe ?
— Je n'ai jamais lâché le sport, contrairement à un ancien petit gros qui ne vient plus soulever de la fonte avec son frérot.
— IRIS m'a pris pas mal de temps ces dernières semaines.
— C'est le nouveau surnom de Charlie ? IRIS ?
— Va chier, mec. Oh ! Tu permets qu'on écoute ce podcast ?
La discussion se termine sur le lancement d'une histoire humoristique les faisant rire tellement fort qu'au bout d'une dizaine de minutes, je simule mon réveil.
Nous n'échangeons que quelques mots jusqu'à notre retour tardif à la capitale, la pluie martelant le capot de la Tesla se garant juste en bas de chez moi.
— Merci pour... tout, dis-je à Morgan en le regardant dans le rétroviseur. T'es vraiment...
— Je sais.
Il me répond d'un clin d'œil, encore un, avant de me sourire et de me laisser sortir de la voiture en même temps qu'Andréa.
Ce dernier me regarde ouvrir le coffre et récupérer le peu d'affaires que j'ai dans un sac plastique, lorsqu'il me suit jusqu'à l'entrée.
Je me tourne vers lui, dos à la porte, alors qu'il essuie les quelques gouttes tombées sur ses lunettes. Je sens qu'il veut dire quelque chose mais, comme je m'y attendais, il s'est à nouveau braqué depuis notre instant sous la tente.
— Écoute, commence-t-il, euh... On n'en a pas reparlé mais c'était un peu dingue que tu fasses tout ce voyage avec Morgie pour me retrouver. Mais je reconnais que j'aurais dû te dire où je partais, surtout comme tu es mon assistante et que tu as un œil sur mon agenda... Donc désolé.
— Tu es vraiment en train de t'excuser ?
— Chut, laisse-moi finir. Je m'excuse et j'espère qu'à partir de demain, on pourra reprendre sereinement le travail. L'exposition est dans deux semaines et mon départ improvisé nous a fait prendre du retard. Je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même mais... J'avais besoin de m'aérer l'esprit.
— EMBRASSE-LA ! s'exclame Morgan à travers la vitre baissée.
— TA GUEULE ! répond tout aussi fort Andréa alors qu'au même moment sort de l'immeuble une de mes voisines avec son petit garçon.
Le photographe pince l'arête de son nez alors que je m'excuse auprès de la maman tout en me retenant de rire.
— Bref, on se revoit demain. Et n'oublie pas mon café.
— Attends ! C'est... tout ?
— Tu veux quoi de plus ?
Toi, imbécile.
Et alors que j'hésite à lui faire un doigt d'honneur, je me souviens des paroles de sa mère et de ma décision après sa crise de jalousie.
Lancer une nouvelle partie et jouer à fond.
« C'est ça que je veux. »
Soudain, je me penche légèrement en avant pour compenser notre différence de taille et attrape le col de son pull sans la moindre délicatesse pour lui voler un baiser.
Ma bouche glisse sur la sienne rapidement, ne lui laissant pas le temps de réagir, jusqu'à ce que je lui mordille doucement la lèvre inférieure et que je m'écarte.
Le pauvre a l'air de buguer pendant d'interminables secondes jusqu'à ce qu'il plisse les paupières et retrouve son sourire mesquin. Il me pointe du doigt et s'exclame, tout en rejoignant la voiture :
« Je vais porter plainte pour ça ! « Consent is sexy », ça s'applique aussi pour mes lèvres, ma winneuse ! »
Qu'est-ce qu'il m'énerve, surtout quand il a raison.
Mais aussi... ce « ma winneuse » qu'il vient de ressortir...
Qu'est-ce que je l'aime, ce surnom.
Je lui fais un doigt d'honneur pour lui répondre alors qu'il entre dans la voiture d'un Morgan complètement hilare.
Si je n'avais pas perçu le rougissement des joues de mon photographe diablement mignon quand il est gêné, j'aurais été inquiète.
Sauf qu'il n'est pas insensible et que plus je le provoquerais, plus il se rendra compte que je suis prête à être sérieuse avec lui.
J'ai encore du mal à le reconnaitre mais c'est ce que je veux.
Une suite avec lui.
— Anna ? dis-je en arrivant dans notre appartement. Tu pourrais me prêter ton t-shirt « Consent is sexy » pour demain s'il te plait ? J'ai envie de faire rire mon boss.
— Enfin tu es de retour ! J'ai vu les photos que tu m'as envoyées de Lozère et c'est complètement dingue d'y être allé sur un coup de tête !
— On en a déjà parlé via Whatsapp, je sais.
— Par contre, je veux bien que tu me racontes plus en détail ce qu'il s'est passé sous cette tente... Petite coquine !
— Écoute, j-
Je m'interromps en arrivant devant la porte de sa chambre, alors qu'elle est dans la cuisine, lorsque je fais marche arrière et reviens vers elle tout en chuchotant.
« Anna, il y a quelqu'un dans ton lit. »
La blonde se tape le front et lève les yeux au ciel en lâchant un petit « Zut ! J'avais oublié ! ». Elle me traine un peu plus loin dans notre cuisine et me montre au loin, près de notre canapé, une valise.
— Tu... as fait emménager ton nouveau copain ? Tu as un copain ?!
— Mais non ! La présence de cette valise est la conséquence d'une dramatique histoire d'amour et d'adultère.
— Ne prends pas cette voix de reportage à la « Zone Interdite » pour dire ça... Et balance les termes.
— Zone Interdite, Zooooone Interdite, Zozoooone Interd-
— Anna !
— La personne actuellement en dépression dans mon lit est...
— Allez, accouche !
— Salut, Chachou.
Je sursaute et manque de lâcher le verre d'eau dans mes mains alors qu'une femme que je n'avais jamais vue dans un pareil état me fait face.
Le maquillage coulant, les cheveux blonds ébouriffés, un vieux pyjama et des poches sous les yeux, c'est le cœur brisé de la sœur d'Anna devant moi.
La femme de mon entourage que je trouve la plus belle, charismatique et intéressante... me donne envie de lui faire un gros câlin et un chocolat chaud.
— Je... Est-ce que tu as chargeur de type C qui peut aller avec mon téléphone, s'il te plait ? Je dois appeler quelqu'un...
— Je vais chercher ça...
— Tu dois appeler qui ? lui demande sans gêne sa petite sœur.
— C'est... compliqué. Je...
— T'inquiètes, dis-je en revenant presque en courant jusqu'à elle. Ça va aller ?
— Merci...
La situation est très gênante et je ne sais pas du tout comment réagir alors qu'Anna emmène la valise de sa sœur dans sa chambre.
Mais à peine branché et rallumé, son portable se met à vibrer et un prénom inattendu apparait sur l'écran : Andréa.
Les yeux grands ouverts, je regarde la femme ravagée par je ne sais quoi qui regarde son écran et pousse un long soupir.
Le pire et qui me pique le cœur, c'est qu'il n'arrête pas d'appeler.
Je ne savais pas qu'il se connaissait à ce point... J'avais deviné que, comme pour Flo, Andréa avait rencontré Nina par le travail mais de là à ce qu'il l'appelle en continu alors qu'elle a les yeux brillants de larmes...
— Tu veux... l'appeler avec mon téléphone ?
— Oui... merci.
Je l'observe prendre mon portable et chercher dans les contacts jusqu'à s'éclipser en direction de la chambre alors qu'Anna revient vers nous.
« Allo, Andréa ?... Oui c'est Nina...Oui, chez ma sœur... Bref... T'as vu mon message d'hier... J'avais besoin de te parler... »
Je n'entends pas plus car elle ferme la porte derrière elle, nous laissant avec énormément de questions, mais aussi cette petite douleur qui martèle mon cœur...
Et qui me fait comprendre le stupide sentiment de jalousie injustifié d'Andréa face à Morgan.
Je suis comme lui, et ça me saoule.
/!\ Comme il y a peu, je vais faire une micro-pause d'une semaine pour prendre de l'avance dans l'écriture et travailler sur la fin de l'histoire🤔. Donc désolé mais pas de chapitre jeudi prochain 😥 Pour tout vous avouez, j'ai pris du retard parce que j'ai été entrainé dans un élan d'inspiration pour la suite de Flambée de désir/La complainte de Givreciel (et si ça continue comme ça, ce sera l'histoire qui sera publié après celle là 😉/!\
Aie aie aie la jalousie, mes ami.e.s 😨 ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre fin de trip en Lozère ?
Des paroles d'Isabelle très sincère (et gênante) envers Charlie ? Je voulais surtout montrer une Chachou chou quand elle est gênée🥰
De la discussion entre Andréa et Morgan ? De comment ce dernier pousse son pote hors de sa zone de déni ? Et surtout de l'initiative du baiser de Charlie pour se dire aurevoir ? 🤭
Nina a finalement passé une petite tête dans ce tome, j'y tenais, car si vous ne vous souvenez pas de la fin de Food Porn Lover, j'annonce d'avance que notre otaku girl sera la prochaine héroïne de l'univers Lover 😊
J'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me soutenir en votant et/ou en me laissant un commentaire pour me donner votre avis ! On se retrouve pas la semaine prochaine mais celle d'après pour la suite ! J'espère que vous me comprenez 🙏!
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