39📷J'm'y attendais pas
[Andréa]
Septembre 2019
✉Mawa : Moi aussi, je ne fais pas du 39. Moi aussi, parfois, je me sens inutile.
Comme si j'avais échoué alors que j'ai une vie que l'on peut envier mais... je me sens vide. Je comble comme je peux avec les femmes et les voyages, mais IRIS est mon exutoire.
J'aime vous retrouver et montrer que je ne suis pas bonne qu'à ce qu'on m'attribue. J'ai toujours l'impression que j'ai quelque chose à prouver à mon père.
Je n'ai pas le droit de te juger, Lucky, parce que moi aussi j'ai galéré. J'ai connu le chômage et la dépression. Les doutes, l'impression de faire du sur place avant que, comme tu l'as dit, une occasion se présente. De la chance.
J'ai l'impression que le monde fonctionne comme ça. À coup de chance injuste.
Tu peux naitre dans une famille de riche, avoir tes études de commerce payé par papa et maman et ton premier boulot de consultant à 23 ans.
Et tu peux naitre en cité, passer la journée à l'école et bosser le reste de ton temps libre pour payer tes études, n'avoir aucun soutien de ta mère qui galère bien assez pour t'élever seule... De toute façon, tu n'oserais jamais lui demander. Te retrouver à faire un taff alimentaire de merde tout en abandonnant chaque jour un peu plus ton rêve, l'espoir remplacé par les odeurs de fritures.
Puis un jour, la vie se dit que tu as appris la leçon alors elle te donne ce que tu veux depuis des années. Elle te comble pour mieux te faire comprendre que finalement, ton rêve n'allait pas combler le vide en toi.
Que t'es condamné à être triste.
Je suis condamnée à me cacher alors non, je serais la dernière personne à te juger, Lucky.
Mais toujours la première à te soutenir et te faire rire avec mes nooberies sur IRIS parce que si les jeux vidéo sont ton seul moyen de ne pas tomber en dépression, je serais là jusqu'à ce que tu me vires de ton groupe.
Et je suis tenace.
✉Lucky : J'ai envie de te voir, Mawa.
Ce message, il m'avait fait flipper.
J'étais allongé dans mon lit, frottant mes yeux fatigués après avoir déposé mes lunettes sur ma table basse, et pas loin de me mater un porno.
Mais Lucky m'avait poussé à la confidence car elle se sentait mal... Tout comme le véritable « moi » bien enfoui dans mon cœur.
Je ne m'étais jamais autant mis à nu devant une personne, même si elle était virtuelle.
Alors comment faire quand la femme dont je ne savais rien et qui me plaisait beaucoup me demandait une photo ?
✉Mawa : Maintenant ?
✉Lucky : Oui...
✉ Mawa: Juste une photo alors.
Je n'avais pas le choix. Ça me tuait de la tromper autant mais c'était ma seule option : lui envoyer une photo de Noémie.
Après tout, c'était Noémie la vraie Mawa. Je n'étais que la deuxième partie de son pseudo, une « Brute ».
✉Lucky : T'es magnifique. On avait dit pas d'infos privé mais... Je t'en envoie une aussi ?
✉Mawa : Merci et non merci.
✉Lucky : Sympa !
✉Mawa : Le prends pas mal mais... Si je te vois...
✉Lucky : ?
C'était trop dangereux. Si elle était laide à souhait, ça aurait tout cassé. Si elle était une bombe atomique, pareil. J'avais l'impression que si je la voyais, la magie s'évaporerait et je serais moins proche d'elle.
Et puis...
✉Mawa : J'aurais peur de tomber amoureuse. Et il n'y a rien de plus angoissant que l'amour.
Après ce message, je ne voulais pas de réponse. Vite fait, j'éteignais mon portable tout en soupirant avant de me retrouver dans la pénombre de ma chambre.
L'esprit vagabondant jusqu'à me ramener à mes bas instincts : j'avais besoin de me détendre après cette session d'aveu.
La flemme d'aller chercher ma tablette pour regarder des vidéos de cul, je laissais mon imagination créer avec les souvenirs de mes récentes baises qui, à vrai dire, se ressemblaient toute.
Une demi-molle, la queue fatiguée, j'étais à deux doigts d'abandonner lorsque mon cerveau me fit repenser à quelque chose. Quelqu'un.
Un simple souvenir de vendredi soir dernier.
De ma terrible assistante impertinente habillée d'une robe noire moulante et de Converse rouge. Tout son corps appelant aux vices et ses lèvres me provoquant inconsciemment.
Elle aimait jouer avec ma frustration, faisant dangereusement monter la tension sexuelle entre nous alors que...
Que c'était la sœur de Tristan. Mon « no-go ». La raison qui me faisait résister.
Et alors que je repensais à elle, son parfum, ses mots cochons sur les pornos et son désir de me provoquer, je sentis mon sexe se tendre rapidement dans ma main.
Je l'imaginais dans ma douche, tout habillée et trempée, la poitrine collée au carrelage et son dos offert à mes mains. Ma virilité contre ses fesses, mes doigts caressant ses interminables gambettes et sa façon de me regarder avec hostilité et dédain.
Ses yeux verts hypnotisant qui me disait « Viens jouer avec moi, même si tu sais que tu vas perdre ».
J'allais plus vite, plus fort, les paupières closes pour m'aider à visualiser ce moment où je rentrais en elle. Imaginant son cri de satisfaction, mes dents mordillant son cou, sa robe tombant à ses pieds et mon être tout entier ne faisant qu'un avec elle.
Plus vite. Plus fort.
C'était puissant, intense, brutal. C'était comme ça que je voulais la prendre parce qu'elle m'avait énervé. Elle m'avait chauffé pour mieux partir avec l'ingé son du shooting. Quentin. Le pire, c'est que je l'aimais bien ce type.
Plus vite. Plus fort.
Son corps tapant contre le mur, ses cheveux rouges collant à ma peau, mes coups de boutoirs la faisant soupirer et mes doigts l'aidant à atteindre son apogée... Jusqu'à l'imaginer jouir en crier mon prénom.
« Putain ! » m'écriais-je au moment de l'orgasme, ma branlette arrivant à son terme grâce à mon assistante. Salissant par la même occasion mon lit dont le drap partirait illico au lavage.
J'étais en train de fantasmer sur Charlie Ferrer et ce n'était pas bon du tout.
🎮🎮🎮
Comment est-ce que je m'étais retrouvé dans la cuisine de mon assistante, face à sa bouillotte que j'allais remplir d'eau chaude parce qu'elle venait de se faire poser son DIU et qu'elle souffrait le martyre ?
J'étais bien trop bon.
Non, en vrai, j'étais un sadique qui aimait la voir ramper. Même si, juste avant, j'avais dû la porter sur mon dos.
Je sentais déjà les effets de la vieillesse à cause de cet effort lorsqu'une notification s'afficha sur mon portable. Une notification venant de ma carte SIM personnel et de Discord.
Je m'interdisais de me laisser distraire par mes compagnons d'IRIS en journée de travail mais visiblement, je n'étais plus vraiment productif depuis des heures.
✉DarkNess : @Lucky_Chupa c'est quel jour déjà qu'on se fait le donjon de la Rivière Écarlate ? J'ai zappé de le noter et j'ai peur d'être occupé.
✉MawaBrute : C'est mercredi soir.
Je répondais d'un GIF animé blasé avant de rouler des yeux et d'éteindre la bouilloire lorsque je vis au loin Charlie, face à son ordinateur.
— Tu fais quoi devant ton ordi ? l'interpellais-je. On avait dit « au lit ».
— Oui, papa !
Elle m'obligeait à me mordiller la lèvre et calmer mes pensées lubriques quand elle me provoquait comme ça. Plus les jours passaient et plus j'avais envie de coucher avec elle.
« Généralement, quand on m'appelle papa, c'est pour se prendre une bonne claque sur les fesses parce qu'on a été une vilaine... »
Soudain, un bug dans ma tête.
Une page Discord affichée sur son écran... avec exactement le même GIF que je venais d'envoyer.
« Eh, c'est privé ! » s'écria-t-elle en réduisant la fenêtre. « La bouillotte est dans le tiroir en bas à gauche à côté de l'évier. »
Ce n'était qu'une coïncidence.
Son fond d'écran : l'Arbre Monde de la ville de départ d'Immortal Resistance Invade Sun.
Une pure coïncidence.
— T'es comme ton frère, murmurais-je.
— Une gameuse avec un bureau en bordel ?
— Surprenante.
— Hein ?
— C'est IRIS. Le fond d'écran.
— Comment tu... TU CONNAIS IRIS ?!
Je haussais les épaules et retournais à la cuisine pour, en premier, remplir la bouillotte. Et en deuxième, chasser de mon esprit l'infime chance née de ces deux coïncidences sous mes yeux.
— C'est Tristan qui m'en a parlé à la sortie du jeu. Il m'a fait essayer.
— Et t'as pas continué parce que ça te tuait trop de jouer en coopération avec d'autres êtres humains que tu verrais comme des péons ?
— Les jeux vidéo, c'est chronophage. À ton avis, est-ce que je suis le genre de mec qui a le temps de jouer ?
— Non.
Tu n'avais pas idée d'à quel point tu te trompais, Charlie.
« Va t'allonger. »
Je reposais la bouilloire chaude, prêt à lui apporter sa bouillotte lorsque je vis l'ordinateur encore allumé. La tentation était grande mais...
Coïncidence. C'était juste ça.
Sa chambre était remplie de poster de jeu vidéo dont beaucoup auquel j'avais joué et apprécié mais je ne fis aucun commentaire. J'orientais plutôt mes yeux vers quelque chose de plus familier : ses sous-vêtements.
J'avais raison. 90B.
— Si tu es encore mal, commençais-je, viens plus tard demain. C'est la seule exception que je ferais.
— Merci bien mon bon seigneur. Vous êtes fort urbain.
— Tu me dois un truc, par contre.
— Ah ! Tu veux une de mes culottes ? Celle en dentelle rouge là, elle est propre si tu veux. Tu pourras te la foutre sur la tête et danser avec devant ton miroir et... Tu fous quoi ?
— Ben, je me sers.
— Mais je déconnais ! REPOSE ÇA TOUT DE SUITE !
— T'es tellement naïve, gamine.
Sa culotte dans mes mains, je la reposais délicatement en me retenant fortement de l'emporter avec moi.
J'avais déjà une réputation de pervers, ce n'était pas la peine d'en rajouter.
Je détaillais chaque parcelle de sa chambre avec attention comme pour l'analyser et la redécouvrir...
C'était une coïncidence. Calme-toi.
« T'es vraiment bordélique. Comme quoi, c'est bien des conneries de dire que les filles sont organisées et les garçons, sales. »
Je m'apprêtais à partir sans un mot de plus, la laissant seule pour soulager une douleur que je ne ressentirais jamais, lorsque le doute s'immisça encore une fois en moi.
— Charlie ?
— Quoi ? Tu veux vraiment ma culotte ?
— Non. Tu...
— Quoi ? QUOI ?
— T'es une putain de relou.
— Yes, merci. J'en suis fière. Je compte même l'écrire sur un t-shirt !
— T'es énervante.
— Encore merci.
— Mais tu apprends vite et je sens que tu vas faire du bon boulot.
— ...Merci ?
— Dommage que tu sois la sœur de Tristan.
Ça, c'était volontaire. Juste pour la titiller...
Bon, c'était aussi pour me rappeler de ne pas merder avec cette fille. De ne pas dépasser la limite.
Chose faite, je sortis de sa chambre mais lorgna sur son ordinateur quelques secondes. En m'assurant que sa porte était bien fermée, je pris un instant pour souffler et m'assoir sur son siège.
Allumant l'écran et accédant, sans même besoin d'un mot de passe, à son bureau. Ouvrant immédiatement l'application Discord pour y découvrir ce que j'y craignais.
« Alors ça, putain, je ne m'y attendais pas. Pas du tout. »
Charlie était Lucky.
Lucky, Charlie.
Et moi, un tricheur qu'elle appelait Mawa et qui avait depuis des mois, un béguin pour elle.
J'étais dans la barbamerde.
🎮🎮🎮
J'm'y attendais pas à t'aimer comme ça
J'ai suivi ma voie, je suis tombée sur toi
J'm'y attendais pas à vibrer comme ça
J'ai suivi ma voie, je suis tombée sur toi
Si j'avais su que je craquerais pour une rousse.
Moi qui imitais Cartman au lycée en clamant qu'ils n'avaient pas d'âme, faisant de moi un rouciste, c'est ironique.
Si j'avais sur que je craquerais pour CETTE rousse.
La sœur du copain de mon ex.
Mon assistante. Une chieuse.
Génial.
P.A.R.F.A.I.T.
Je poussais un soupir et posais ma tête dans ma paume alors que le bruit du clavier de Morgie sous ses doigts agiles résonnait dans toute la pièce.
Il devait être 3h du matin et j'avais besoin de dormir mais je n'y arrivais pas.
Je n'y arrivais plus, depuis un moment.
Sentant ma détresse, Morgie arrêta de taper et me tendit son mug à moitié rempli de café aux goûts épicés.
— Tu sais que je ne touche pas à tes trucs chelous.
— T'as tort, Hector. Ça se voit que tu ne comptes pas dormir. Autant rendre ta nuit blanche constructive.
— Tu fais quoi ?
— T'as pas envie de savoir.
— T'es quand même sur mon canap' à utiliser ton ordi portable sur mon réseau.
— VPN, frère. Je suis techniquement en « Roumanie ».
J'expirais bruyamment, mes mains décoiffant pour la centaine fois de l'heure mes cheveux, lorsque Morgie ferma son ordinateur et le posa sur ma table basse.
Il fit craquer sa nuque puis ses doigts avant de légèrement se tourner vers moi et de croiser les bras.
— Fini. Donc... On en était où ?
— J'ai découvert que Lucky, la fille pour laquelle j'avais des sentiments virtuels, était mon assistante Charlie. J'ai essayé de l'éviter puis d'agir normalement mais je galère. Elle fait tout pour me rendre dingue, dans tous les sens. Un jour, elle m'énerve, l'autre elle me surprend. Un jour, elle me fatigue quand l'autre, elle m'excite.
— Le fameux soir à Nantes, je m'en souviens.
— J'te jure qu'inconsciemment, j'ai remercié son vagin d'avoir bloqué ma queue. Je l'aurais regretté à mort... Et s'il y avait que ça... Plus on avance et plus je me retrouve dans la merde.
Je plongeais ma tête dans mes paumes alors que Morgie faisait le bilan de ma double relation à voix haute :
« Tu as craqué pour elle en ligne sauf que tu lui as dit que tu étais une lesbienne et tu as utilisé la photo de Noémie, qui est bien trop jeune pour être ta belle-mère, passons. T'as essayé de l'oublier, de ne pas prendre en compte tes sentiments mais tu ne peux pas t'empêcher d'y penser.
Tu l'as aussi invité au restaurant après t'être confronté à sa mère... mais elle a refusé et t'as eu le seum. Ça, d'accord...
Sauf que tu as accepté qu'elle te « rencontre » IRL et tu as envoyé Noémie à ta place. Gros malaise. Elle devait lui dire que tu ne ferais pas la LAN pour votre jeu mais elle a craqué, t'a appelé au milieu du rendez-vous et t'a convaincu que vous trouveriez un moyen de la faire. Parce que sinon, Charlie serait déçue. C'est ça, hein ?
Vous êtes allée à une soirée professionnelle où, suite à ça, tu m'as appelé et parlé de son « problème » que j'ai brillamment résolu. Sauf qu'après, tu as appris, toujours en étant « Mawa », qu'elle se rapprochait de toi rien que pour se venger d'un truc dont tu te souviens à peine.
T'as fait genre que tu t'en foutais d'elle et que tu ne voulais que la baiser dès que je t'ai titillé un peu. Réaction parce que t'es jaloux de ce que je pourrais faire ? Nan. Tu avais peur que je me rende compte qu'elle était différente des « autres »... et qu'il y a quelques heures, alors que vous avez rencard dans quelques jours, tu m'avoues que tu es vraiment « dans la merde ».
Frère, honnêtement... »
Morgie laissa un temps de pause interminable, prenant une gorgée de son café épicé, avant de hocher la tête en fronçant les sourcils.
— C'est chaud, c'est ça ?
— Il faut que tu lui dises la vérité.
— Ou alors je m'enfuis au Mexique, le temps que ça se tasse et que j'oublie mes sentiments ?
— Et les siens alors ? Elle n'a pas l'air d'être si insensible que ça à ton charme.
— Pfff, je n'y crois pas. Tu ne la connais pas. J'ai l'impression au contraire qu'elle joue à me faire croire qu'elle ressent quelque chose.
— Ok. Admettons que j'ai tort, ce qui est hautement improbable. Je vais juste te poser la question. Une seule et unique fois.
— Oh non, Morgie, pas ça...
— Est-ce que tu es amoureux de Charlie ?
Je serrais les dents, cachant encore ma tête jusqu'à pousser un soupir résigné, sachant que je ne pourrais pas mentir plus longtemps à Morgie mais aussi à mon cœur.
— Ouais. Je l'aime. Je ne savais pas que ça serait possible. On a toujours dit que je n'avais pas de cœur et je m'en étais convaincu.
— T'as toujours eu un cœur, frère. Tu l'as juste blindé pour ne plus souffrir. J't'enlacerais bien si je n'en étais pas une des causes.
— Hum... Ben... Je t'ai pardonné depuis, tu sais ? Un petit câlin ?
— Casse-toi wesh ! Et change pas de sujet ! C'est cool que tu arrives à prendre conscience de ça. Tu comptes faire quoi, du coup ?
— Je lui dirais la vérité avant notre rencard... Ou après. Ça dépend de mon courage et de comment ça se passe.
— T'as prévu de sortir le grand jeu ?
— Ouais, je me suis inspiré de Gigi pour le coup : beau restaurant trois étoiles sur une péniche moderne, mais pas cul serré, cuisine par un chef que je connais et qui m'a réservé une table, bien sûr. Après ça, une coupe de champagne et vue sur les plus beaux monuments de Paris la nuit. Ensuite, chauffeur privé pour nous ramener chez moi et de la mousse au chocolat cuisiné par mes soins qui nous attendra dans le frigo.
— Cette putain de mousse...
— T'as retenu que ça, t'es dans l'abus. Mais sinon, tu en penses quoi ?
— Cartier aurait rajouté des fleurs, de la musique et d'autres conneries de grand romantique... Mais tu te défends bien. L'important, c'est de pas foirer tes explications sur tes sentiments et ta double « vie » parce qu'elle va surement le prendre comme une trahison.
— Je sais. Je... vais trouver un moyen.
C'était le plan parfait. Je savais que ça lui plairait et que le peu de sentiment qu'elle avait pour moi serait attisé par tout ce romantisme qu'elle m'avait dit aimer par discussion online.
Je ne voyais pas comment ça pouvait échouer.
🎮🎮🎮
C'était critique. Totalement critique.
Plus le temps passait, plus cette relation me mettait K-O.
Étalée sur une table et fixant l'une de mes plus belles photographies, Noémie vint m'apporter un grand café bien chaud en poussant le même genre de soupir désespéré que mon paternel.
Le genre « T'es pas possible, Andréa... ».
Le genre qui m'agace... mais qui transpire de vérité.
— Je te l'avais dit, commença Mimi en se massant les paupières, ce n'était pas la bonne méthode.
— Je n'avais pas le choix. J'ai... été rattrapé par le temps et la situation.
— Elle pleurait, Andréa. Elle s'est sentie trahie comme jamais. J'aime bien Lucky et j'ai passé de bons moments à explorer IRIS avec elle mais je n'ai pas votre relation. Je n'en connais pas l'intensité, et là...
— Je sais.
— Et tu n'as même pas pu lui dire la vérité comme on l'avait prévu.
— JE SAIS, BORDEL !
Mon poing frappa la table tellement fort qu'une fissure se créa. L'acte était si violent que Noémie s'écarta par surprise de moi, l'air apeuré.
Mes dents mordant mes lèvres, mes mains tremblantes dans mes cheveux et ma respiration erratique témoignaient très bien de mon état : la peur de perdre définitivement Charlie était en train de me rendre malade.
Même si notre rencard, que j'avais prévu romantique s'était totalement foiré... J'avais eu une soirée magnifique avec elle.
Tellement belle que ça avait bouleversé mon cœur.
Sauf que la réalité m'avait rattrapé dès le lendemain et que, dans mon soucis de lui dire la vérité, je l'ai invité à la galerie de Noémie pour qu'elle fasse le lien entre nous.
— Son regard, commençais-je, je l'ai vu. Je ne pouvais pas lui avouer. Tu ne comprends pas, Mimi... Je... n'y arrive plus. J'en ai marre de devoir jouer l'insensible salaud devant elle. De cacher mes sentiments et de feindre l'amitié. L'amitié, putain. Comment je peux être juste « ami » avec la seule femme au monde me faisant tant vriller ?!
— Calme-toi, Andréa... Je comprends.
— Non, tu ne comprends pas ! Personne ne le peut ! Je n'ai jamais... Jamais... ressentit ça. Je ne pense qu'à elle au point que son absence me donne la nausée. La seule vraie nuit que j'ai pu faire, c'était quand elle était dans mes bras... Je n'y arrive pas, sinon. Je n'ai pas... c'est con mais... Je n'ai rien fait depuis qu'elle est entrée dans ma vie.
— Tu veux dire... ?
— Ouais. Je suis « abstinent » depuis que je sais qu'elle est Lucky. Moi, Andréa Simon, le gars qui a la réputation d'être obsédé par le sexe. Ce qui est vrai, au passage... Ben je n'ai pas couché avec une meuf autre qu'elle depuis des semaines. Ma main droite en a marre.
— C'est... particulier de dire ça à la femme de ton père. Mais on est plus à ça près. Tu l'aimes énormément, c'est ça ?
— T'as pas idée, Mimi. Et le fait de savoir d'avance que ma trahison va briser son cœur, ça va détruire le mien.
Soudain, Noémie me prendre dans ses bras dans un acte à la fois amical et « maternel ».
Ça me surprend tellement que je suis obligé de prendre une grande inspiration et me séparer, en m'excusant, de la chaleur de son étreinte.
— Je suis foutu, déclarais-je encore une fois. Tu vas participer à la LAN à ma place.
— On avait dit qu'on irait tous les deux. Ensemble. Comme deux joueurs n'en formant qu'un. C'est pour ça qu'on a pu t'obtenir une invitation et un badge. Prouver aux organisateurs qu'on était la même personne, ce n'était pas facile, et toi... Tu veux y renoncer. Renoncer à cette compétition ?
— Tu peux le faire à ma place.
— Tu sais bien que non. On s'est entrainé pendant des jours et on sait que je ne suis pas au niveau. Ce n'est pas ma façon de jouer. Je n'aime pas la pression. Alors que toi... Et tes coéquipiers... Pense à eux. Pense à Lucky qui compte sur toi.
— À l'instant où je viendrais l'aider, elle comprendra. La réalité en plein dans la gueule, elle me chassera de sa vie. Je lui aurais fait du mal et son rejet va me briser.
— Tu as le choix. Tu l'as toujours eu.
Noémie se mit à caresser mes cheveux, comme ma mère le faisait alors que pourtant, elle et moi n'avons que quelques années de différence.
« Soit tu abandonnes et tu oublies tes sentiments pour elle. Soit tu fais face, tu te bats quitte à finir à terre, mais avec tout ton cœur et en étant sincère comme tu ne l'as jamais été. »
Plus de blindage, plus de masque. Juste « moi ».
🎮🎮🎮
Avant que le timer ne se lance, que GodIRIS parte à la conquête du donjon Rayons de Soleil sans moi et que notre équipe affronte une épreuve des plus inattendues, je savais qu'elle m'avait démasqué.
J'avais essayé de la soutenir comme je pouvais. De lui rendre sa confiance en elle, en détresse face à la peur de perdre et de la pression, de l'aider à ma façon...
Mais son regard, alors que la caméra devant moi me cachait partiellement, voulait tout dire.
« Alors qu'est-ce que tu attends ? Tu vas vraiment nous faire ce coup-là ? Qu'est-ce qui est le plus important ? Ton secret ou notre victoire ? »
J'étais résolu, autocontraint par ma propre faiblesse. Moi, Andréa Simon, le salaud de réputation mais toujours sincère avec tout le monde...
Je n'avais jamais autant joué avec Charlie.
Elle m'avait demandé si j'étais Mawa et je lui avais dit la vérité. J'étais « Brute ».
Si elle avait creusé avec ses questions, j'aurais été dans la merde bien plus tôt.
Lui mentir, ça me rendait malade... Mais c'était ce que je savais faire de mieux pour me blinder.
Et alors que j'observais d'un œil avertit toute la compétition, que je cachais ma rage intérieure et mon envie brûlante de participer...
Noémie s'enfuyait.
Mon amie, les larmes aux yeux et la main sur la bouche, venaient de céder à la pression.
Je devais la rattraper. C'était quelqu'un d'important pour moi, mais...
Charlie et son désir de victoire l'étaient tout autant.
Ma tête balancée en arrière, une grande inspiration et un redressement de lunette plus tard, je filais prendre « ma » place. Près de « mes » coéquipiers.
De « ma » cheffe.
C'était ironique que dans la vraie vie, je sois le boss alors que Charlie, en Lucky, pouvait m'ordonner de sauter dans le vide que je m'exécutais. Pour moi, il n'y avait pas meilleure leader qu'elle.
Dans la précipitation de la compétition, j'arrivais à convaincre très facilement DarkNess et Raaven de mon identité. Je n'avais jamais eu aucun doute sur leur réaction et encore moins sur leur rapidité à accepter l'imprévu.
Quant à Charlie, je n'avais qu'à être sincère.
« Je veux juste que tu me fasses confiance et que tu me dises quoi faire. Je suivrais tes ordres, comme d'habitude. » lui dis-je en me préparant mentalement à non seulement faire face à la dernière phase du boss mais également à Charlie elle-même.
« Ok. Soutenez-nous comme vous le pouvez. On va observer le boss et on se chargera tous les deux du rôle de DPS. GODIRIS ? » s'exclama-t-elle avant que l'on ne réponde en cœur.
Le pari était gagné.
Je savais qu'elle aimait bien trop la compétition pour m'en éloigner dans un moment si critique. Et malgré le fait que ma présence soit une cause de disqualification, on devait continuer.
Pour l'équipe et pour nous.
Pour nous retrouver. En tant que partenaire de jeu.
Les longues minutes qui suivirent furent éreintantes, à un point auquel je ne m'attendais pas. J'avais mal aux mains, les doigts engourdis, les yeux en feu derrière mes lunettes et le cerveau en train de fondre.
Mais je me sentais bien. À ma place... à ses côtés. La soutenant du mieux que je pouvais, quitte à me sacrifier pour notre victoire.
La redécouvrant encore et encore, alors qu'elle donnait tout ce qu'elle avait face à des milliers de personnes.
Une femme comme elle... Je ne sais même plus pourquoi j'hésitais à lui avouer ce que je ressentais.
« LUCKY ! LUCKY ! LUCKY ! »
À l'instant où notre victoire était, j'avais l'impression de planer. L'adrénaline, la pression qui retombe et la fatigue encore en suspens.
J'entendais des félicitations de la part de mes coéquipiers et arrivais même à apercevoir Noémie à ma place dans le public... Mais mon attention revient instantanément à elle.
Ma « winneuse ».
Ma main sur son visage et vice-versa, nous nous rapprochions jusqu'à pouvoir savourer la victoire... Et elle avait un goût divin.
Nous nous embrassions avec douceur et tendresse, vivant l'instant présent dans notre bulle et ignorant le monde autour de nous.
Et alors que j'avais l'impression d'être délivré de la torture des dernières semaines, la complexité de notre situation me rattrapait lorsque la victoire passa d'un goût sucré à salé.
Lorsqu'une nouvelle larme roula sur sa joue et que son regard me transperça le cœur.
Nous avions beau avoir gagné, je vivais ce retour à la réalité comme une brutale défaite.
J'annonce d'avance : je ne sais pas si j'arriverais à publier un chapitre jeudi prochain. J'ai pas mal de boulot et j'ai besoin de temps pour écrire la suite... mais surtout d'une pause après la fin de la saga Marvelous qui m'a un peu fatiguée 😅 Donc peut-être un chapitre jeudi ou peut-être pas... ce sera la surprise ! (mais je vous ai prévenu à l'avance donc ne soyez pas étonné)
C'était le dernier chapitre du point de vue d'Andréa et après ça, on retourne au présent ! Qu'en avez-vous pensé ?
De la découverte sur l'identité de Charly mais surtout des sentiments d'Andréa ? Je n'ai pas étalé le choc que ça lui a fait ici parce qu'il y a des petits indices sur tout ça dans toute l'histoire, et je ne voulais pas revenir dessus. Je voulais vraiment me concentrer sur ses sentiments 🥰
Des paroles de Morgie/Momo et Noémie sur le fait qu'il doive lui avouer la vérité ? De tout ce qu'est Andréa réellement derrière son cœur blindé ?
Comment pensez-vous que la suite va se dérouler ? Est-ce que Charlie lui pardonnera ? Est-ce qu'il arrêtera de lui mentir pour ne pas souffrir ? 🤔
Si ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me soutenir en votant et/ou en me laissant un commentaire pour me donner votre avis ❤️
🎮🎮🎮
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top