38📷+50 de charisme
[Andréa]
Juin 2019
« Je vais la demander en mariage. »
À ces mots balancés sans préambule, la gorgée de ma blanche humide se fit rejeter instantanément de ma bouche de façon peu sexy sur l'écran face à nous. Ma blanche et visiblement, la blonde de Morgie également.
Tous les deux choqués, moi assis derrière ma batterie et lui avec sa guitare alors que le morceau continuait à défiler sur notre écran, donnant un résultat musical plutôt à chier.
Et ce fou prêt à s'enchainer à l'une des dernières formes d'esclavage moderne, son micro à la main et une gueule de mec trop sobre pour avoir dit une connerie.
« Eh ! » s'écria une meuf derrière nous. « C'était notre tour de jouer et vous avez dégueulassé l'écran ! »
Je roulais des yeux face à des gamines pareilles, donnant mes baguettes à l'une d'elles pendant que Morgie refilait sa guitare d'une nonchalance insultante.
Notre partie de Rock Band était malheureusement terminée pour ce soir mais l'heure n'était visiblement plus au jeu, mais aux aveux.
Assis tous les trois à l'un des comptoirs du Reset Bar, face à un écran nous proposant une partie de Mario Kart : Double Dash !! et de nouvelles pintes dans les mains, nous entamions notre deuxième partie de soirée « entre couilles » de façon étrange.
J'étais à la droite de Gigi et Morgie, à sa gauche. Tous les deux, nous ressemblions à un petit ange et un diablotin, prêts à guider la conscience de notre ami selon notre guise...
Non, c'était faux. Nous étions deux diablotins face à l'idée du « mariage ».
Cartier, lui, avait pour la première fois, l'air très sérieux.
— Tu veux demander qui en mariage ? demanda enfin Morgie après avoir bu une gorgée. La meuf de l'autre fois, là, Nadia ?
— Nathalie, répondit Gigi machinalement, mais non. Elle, c'est fini depuis plus d'un an.
— Le pire, c'est qu'il le sait, l'enfoiré.
— Oh ta gueule, Andy ! Alors ? Qui ?
— Léonore.
Et alors que Morgie levait les épaules, montrant encore une fois sa mémoire défaillante concernant les femmes dont il se fout, je me contentais de froncer les sourcils par incompréhension.
— Attends. Je croyais que Léo et toi, c'était mort ? Genre, tu n'avais pas dit que même en bossant avec elle, elle te zappait complètement et t'appelais par ton nom ?
— Ouais, c'est ça.
— Y'a un truc que je ne pige pas dans l'équation. Y'a pas genre... un ordre chronologique de faire les choses dans une relation ?
— Genre, un cahier des charges ?
— Je m'en fous. Je l'aime et je veux qu'elle soit ma femme.
S'écartant légèrement du bord de la table en même temps que moi, Morgie me faisait pas très subtilement montrer que notre ami avait perdu la tête. Alors que rationnellement, en connaissant Gigi mieux que lui, je savais que c'était le genre de folie commune chez lui.
Car quand Monsieur George Cartier était amoureux, il n'y avait aucune limite à son romantisme.
— De là à demander Léo en mariage... murmuré-je plus pour moi-même.
— Je sais que j'ai des chances de me faire recaler parce qu'elle était amoureuse de moi il y a des lustres... Mais j'ai besoin de tenter le coup. Est-ce que tu vas m'aider ?
— Je peux t'aider à savoir si elle t'aime encore.
— Comment tu vas faire ça ? Tu vas te présenter à poil devant elle ?
— Ne le provoque pas.
— C'est pas mal comme idée mais j'avais pensé à juste lui demander. On peut lire en elle comme dans un livre ouvert. Et puis c'est l'une des rares femmes m'appréciant assez pour se confier.
— L'une des rares qui ne pense pas à soit t'écraser la gueule contre un mur, soit bouffer ta queue.
Je hochais la tête d'un air entendu avant que nous ne rigolions tous ensemble, l'alcool déjà bien installé dans nos veines.
Gigi se mit alors à nous parler de son plan, de ses raisons et de ses sentiments et son romantisme à deux balles nous donnant envie de gerber.
Nos réactions, bien entendu, le vexant un chouia.
— Vous n'y connaissez rien, s'exclama-t-il après avoir terminé son verre. Tous les deux, vous n'avez jamais eu ce genre d'envie avec quelqu'un !
— Eh oh... commença Morgie. Ça, c'est...
Nous attendions la fin de sa phrase qui ne vint jamais, faute d'argument.
— Belle démonstration. Franchement, les mecs, avouez-le. Vous n'avez pas besoin d'être en couple parce que vous l'êtes déjà ensemble. Tous les deux, vous ressemblez à deux vieux amants.
— T'entends ça mon cœur ?! Comment il nous parle, l'autre ?!
— Ne crie pas bébé, ce n'est pas bon pour ta tension. Tiens, reprends un peu de bière.
— Oh merci mon c- AIE ! Oh ça va ! C'est toi aussi qui nous fous en couple ! On est juste des frères.
— Ce n'est pas parce qu'on est proche qu'on va se la foutre au cul.
— Vous êtes toujours très poétique quand vous êtes ensemble. On se demande qui influence l'autre.
— Moi.
Morgie et moi avions répondu en cœur, nous désignant du doigt, alors que Gigi traduisait sa fatigue de nous supporter en allant chercher une nouvelle bière au bar.
Ce qui allait lui prendre énormément de temps vu le monde présent un jeudi soir.
Étrangement, peut-être à cause de l'alcool, je cogitais plus que d'habitude sur ce que nous avez raconté notre ami sur ses sentiments. Sur ce désir de s'enchainer par amour à un autre être humain sans aucune raison logique...
Et comme d'habitude, Morgie lisait dans mes pensées. Et c'était flippant.
— T'as rencontré quelqu'un toi, avoues.
— Je rencontre des tas de gens.
— Quelqu'un qui te fait réfléchir à ce que nous a dit Cartier. C'est assez rare pour le souligner.
— Comment tu... Laisse tomber.
— Elle est comment ?
Je me retournais vers le bar, vérifiant que Gigi en avait encore pour un moment, avant de me confier à la seule personne au monde pouvant me déchiffrer les yeux bandés.
Pas que mon meilleur pote n'était pas fiable... Mais ma relation avec Morgie était bien plus importante pour que j'ose lui dire ce que j'avais sur ce qui me servait de cœur.
Il connaissait mieux que personne mon passif, ma situation familiale et tout ce qui me composait.
En vérité, Gigi n'avait pas tort sur le fait que Morgie et moi étions un vieux couple.
— Je n'en ai aucune idée parce que je ne l'ai jamais vu. Même pas en photo.
— C'est une meuf de Bible Bla-
— Non, l'interrompais-je juste à temps, c'est une vraie personne.
— Excuse-moi d'en douter. Parce que toi, Andy, réfléchissant sur le fait de te caser avec une humaine, c'est chelou.
— C'est l'hôpital qui se fout de la charité.
— Laisse-moi deviner... Une rencontre en ligne sur le jeu que tu n'arrêtes pas de poncer depuis des mois ?
Morgie était bien trop dangereux. Il avait cette faculté incroyable de tout deviner avec exactitude et ça, c'était vraiment flippant.
Ou alors, il avait fouillé sur mon ordinateur avec ses techniques pas très légales.
Mais encore une fois, sa réaction ne m'étonna pas :
« On peut ne pas en parler, si tu veux. Je sais comment tu fonctionnes. »
Ouais, le genre de mec qui se braquait et n'hésitait pas à mentir pour ne pas que l'on découvre ce que cache son cœur. C'était tout moi, ça.
Me blinder comme pas possible à cause du modèle désastreux de la relation de mes parents et de leur divorce m'ayant retourné le cerveau.
Ça et cette pute de Steph m'ayant exposé à la triste réalité que l'on ne pouvait faire confiance à personne et que l'amour n'était qu'un foutu prétexte pour manipuler les autres pour avoir ce que l'on voulait.
Encore une fois, Morgie savait déjà tout ça.
— Mon histoire avec Floriane, aussi courte fût-elle, m'a fait prendre conscience du temps qui passe.
— Le temps ne peut que passer. Mais vas-y, continue. Crise de la trentaine.
— Frère... On voit plein de potes se marier, pacser, devenir propriétaires, avoir des gosses...
— T'es déjà propriétaire de ton studio, mec.
— Tu sais bien que non. Pas tant que je n'ai pas remboursé mon prêt à la banque de ses grands morts. Bref, tu m'as compris. Tout ça, ça fait cogiter sur ce que je veux à l'avenir.
— Andy, t'es pas obligé d'être un mouton. Si tu veux continuer à t'éclater en te tapant des mannequins, t'as le droit. Tant que ce n'est pas du harcèlement sexuel et que tu as leurs consentements.
— Mais je ne veux plus de cette vie, justement ! m'exclamais-je. Ça me fatigue toutes ces conneries. Ok, c'est bien de temps en temps mais ce n'est pas un avenir. Enfin, ce n'est plus ce que je veux. J'ai envie d'avoir quelqu'un à retrouver lorsque je rentre épuisé d'un shooting. Lui raconter ma journée et se prendre la tête sur qui veut manger quoi au diner. Se mettre d'accord sur quelle série regarder et s'endormir dans les bras l'un de l'autre sur le canapé. Et tout ça, avec ou SANS sexe.
Morgie, imitant le Penseur mais version alcoolique avec sa pinte à la main, me considérait et hochait la tête autant pour approuver que ne pas s'endormir.
Je le connaissais, il était à sa troisième pinte. C'était celle qui lui donnait envie de pioncer... Mais aussi la plus sage.
— Et tu penses avoir trouvé la personne qui t'apportera tout ça ?
— Je n'en sais foutre rien. Peut-être bien ? J'y songe.
— Peut-être que le fait que tu ne l'as jamais vu t'a aidé. D'habitude, le physique oriente ta façon de traiter tes relations mais là, dans l'absence d'un physique, tu te concentres sur les paroles. Tu écoutes, tu comprends, tu ressens bien mieux sans la distraction d'une paire de loches.
— Tu crois ?
— Mec, c'est moi qui t'ai forgé. Je connais les mécanismes de la machine. Je ne savais juste pas comment ton cœur marchait mais je suis en train de résoudre l'un des plus grands mystères autour de cet organe que tu négliges.
— T'es tellement BG quand tu parles comme ça. Pourquoi tu ne serres pas plus de meufs, déjà ?
— Je suis en descente. Montagnes russes.
— Ah ouais.
La théorie des montagnes russes, inventée par Morgie lui-même, était que sa libido était constamment sur un roller-coaster.
Et depuis le début de l'année, il était en pleine descente. Lui qui parfois couchait à droite à gauche presque autant que moi, il se désintéressait complètement du sexe féminin dans ce genre de période.
Il se mettait à pratiquer l'abstinence et à muscler sa main droite.
Et le temps que ça remonte en flèche, Gigi sera déjà marié.
— T'aurais pas un petit conseil, sensei ?
— Franchement, attends de la voir en vrai avant de décider si tu ressens un truc ou pas pour elle. Le mental, c'est bien, mais tu ne baises pas avec un cerveau. L'alchimie corporelle, c'est essentiel dans une relation passionnelle.
— Tellement beau ce que tu dis, intervint Gigi avec sa nouvelle bière.
— Tellement beau que je vous tire ma révérence, messiers. J'ai trop bu pour continuer à dire des conneries. Et en vrai... Vu l'heure... J'ai du boulot qui m'attend.
— T'as un travail, toi ?
— Ne pose pas une question à laquelle tu n'es pas prêt à entendre la réponse. Allez, sayonara les branleurs !
Morgie termina cul sec le reste de sa pinte, un clin d'œil en cadeau avant d'attraper sa veste et de nous faire un doigt d'honneur en quittant le plus dignement possible le bar.
Tout dans ce qu'il avait fait transpirait la classe, malgré l'alcoolémie, et je le jalousais encore, des années après notre adolescence tumultueuse.
Il m'inspirait et continuait à être mon modèle tant je trouvais qu'il débordait de charisme...
Mais nous étions un vieux couple et ce genre de détail chez lui me fascinait autant qu'ils m'énervaient. Tout dépendait de mon humeur que lui seul savait appréhender et gérer à la perfection.
Ce dont j'étais sûr, après son départ, c'était qu'il avait raison.
Soit je laissais tomber ce délire puéril de sentiment envers ma cheffe d'équipe sur IRIS, soit j'affrontais la réalité en lui faisant face quitte à être dégouté.
Convaincu qu'elle aussi, comme toutes les autres femmes, me décevrait ou me trouverait décevant tant j'étais insupportable.
🎮🎮🎮
— ANDREAAAA !
— Je t'ai tant manqué ? Attention, ton copain va être jaloux.
— Aucune chance ! Il sait qu'il est bien meilleur que toi, et ce n'est vraiment pas difficile !
— Tellement triste de n'être qu'un ex sans importance pour toi...
— Tais-toi Simon ! Tu sais très bien qu-
— Que je suis la meilleure chose arrivée dans ta vie après le foodporn ? Oui, clairement.
Le rire de Flo m'avait manqué durant ce mois entier à l'étranger. Encore une campagne de pub au soleil pendant l'été, c'était ma routine.
Ça me faisait prendre des couleurs et avoir un sujet de conversation intéressant en rentrant en France mais honnêtement, ce n'était pas des vacances.
Heureusement que j'avais pu jouer à IRIS avec mon ordinateur portable sinon, je n'aurais pas supporté. Et merci aussi à l'une des Italiennes aux jambes interminables ayant rendu mon séjour plus... agréable.
En parlant de paires de jambes, il y en avait des pas mal ce soir. Je voulais bien que les amies de Sébastien soient mes amies.
Une soirée que je ne passais pas devant IRIS était une soirée à rentabiliser pour ne pas repartir seul. Et puis, c'était le soir de Noémie sur le jeu et elle avait toute une nouvelle zone à explorer, ce qui m'empêchait de me connecter.
Tristan arriva quelques secondes après Flo, m'enlaçant chaleureusement et me rappelant à quel point j'étais heureux d'avoir mis ces deux-là ensemble. L'année précédente avait été riche en rencontres et en amitié... aussi en cœurs brisés mais c'était un détail.
— Raconte-nous tes vacances ! s'exclame-t-il alors que je lui tends une bière fraiche.
— Le boulot, tu veux dire. Farniente, ce n'est pas pour moi. Mais l'avantage, c'est que j'ai un peu bronzé et baisé.
— J'adore comment tu cases deux mots différents à côté comme si c'était évident. Tu as déjà d'autres projets à venir ? Toujours un bourreau du travail ?
J'avais beau faire un clin d'œil à mon ex, sa remarque me serrait le cœur.
Pas que je regrettais de ne pas avoir été plus loin avec elle, non, j'avais été honnête sur l'absence de sentiment amoureux la concernant.
C'est juste que depuis que je les voyais ensemble, j'avais l'impression de passer à côté de quelque chose de fantastique, tout ça pour... de l'argent. Enfin non, ce n'était pas sincère.
J'aimais mon travail et j'avais de la chance que ça soit ma passion. Les boulots de merde, j'en avais connu et j'avais charbonné pour en arriver là aussi jeune.
« Peut-être que je suis un assoiffé insatisfait qui désir toujours ce qui n'est pas à sa portée » pensais-je en buvant une nouvelle gorgée.
Et soudain, ça me rappelait quelqu'un.
— Nina n'est pas venue avec vous ?
— Non, une « urgence boulot ».
La façon dont Flo leva les yeux au ciel et son mordillement de lèvre voulait tout dire : la belle blonde était restée au bureau, mais pas pour créer une campagne marketing.
Un autre fait surprenant depuis ma rupture avec Floriane : je m'étais rapproché de Nina Evrard. L'une des responsables marketing de Go Shape!.
Pas parce qu'elle était sublime et que les mecs bavaient à son passage. C'était très différent.
On s'appréciait parce qu'on était des bosseurs perfectionnistes et parce que c'était l'une des rares femmes « à mon goût » mais que je n'avais jamais tenté de draguer.
Je sentais qu'elle cachait sa vraie personnalité derrière un masque épais, comme moi je blindais mon cœur...
Et aussi parce que soi-disant, c'était une « chasse gardée » de Patrick, mon pote de muscu et son boss. Accessoirement marié.
Ce mot, je le détestais, mais il résumait bien la situation merdique dans laquelle cette brillante femme n'arrivait pas à se sortir depuis plus d'un an.
Elle allait brûler ses ailes, elle le savait et je n'arrêtais pas de le lui dire, en vain.
Alors ça me décevait, encore une fois, d'apprendre qu'elle ne viendrait pas ce soir parce que Patrick, aussi sympa et amoureux d'elle soit-il, l'avait convaincu de « retravailler son plan marketing ».
— Par contre, commença Tristan en interrompant mes pensées, sa petite sœur est venue !
— Qui ça ?
— Tu n'as jamais rencontré Anna ? Elle est marrante. C'est la coloc de ma sœur.
— Laquelle de sœur ?
— L'attitude classique d'un Andréa qui n'écoute rien, ponctua Flo en me tapotant l'épaule. Je vous laisse, je vais voir des amis. Ah et mon cœur ? N'oublie pas de lui parler de ce que tu m'as dit.
Je fronçais les sourcils en l'observant partir alors que je sentais le traquenard à l'instant où Tristan passa son bras sur mes épaules.
Lui et ses millions de centimètres de plus que moi, me faisant passer pour un nain à ses côtés alors que j'avais une taille respectable.
Le rouquin passa une main dans ses cheveux avant de m'entrainer hors de la cuisine et de désigner du doigt une femme au loin.
« C'est ma sœur. Est-ce que tu pourrais l'aider à trouver un boulot ? Mon père m'a parlé de ses finances et ce n'est pas la joie. Je n'ai pas envie qu'elle tombe en dépression. »
Je m'adossais à la porte de façon nonchalante, détournant discrètement le regard afin d'observer la cible adossée à la rambarde du balcon et qu'il m'avait désignée.
Tiens, j'avais l'impression de l'avoir déjà vu.
Une femme qui n'a pas sa place ici, c'est la seconde chose à laquelle j'ai pensé.
Une grande rousse à la taille fine portant un body en dentelle rouge, une jupe haute en simili cuir et des baskets noirs.
Bonnet B. Disons... 85 ? Ou 90. À vérifier de près.
Bref, l'ensemble aurait pu me plaire si je n'avais pas eu une liste de conquête mannequin aussi grande que sa paire de jambes interminables, seul point m'attirant réellement.
Mais c'était la sœur de Tristan et on ne touche pas aux sœurs des potes.
Je haussais les épaules face au rouquin, lui faisant comprendre que j'accéderais à sa demande que lorsque je serais convaincu par la cible.
Et sans perdre de temps, il m'entraina jusqu'à cette fille nous dévisageant étrangement.
— Ah, Andréa ! commença Tristan en arrivant face à sa sœur. Tu te souviens de ma sœur Chacha ? On vous avait présenté quand tu étais rentré d'Italie l'été dernier.
— Aucun souvenir, désolé.
« Tu aurais pu me rafraîchir la mémoire avant, espèce de con » pensais-je en me retenant de jurer.
« Je vous laisse vous représenter », dit-il avant de me faire un clin d'œil pas du tout discret, limite suspect, et faisant passer notre rencontre pour un plan drague foireux.
Un silence gênant de quelques interminables secondes s'installa entre nous et je n'avais qu'une envie, me reprendre une autre bière.
Soudain, elle pouffa de rire. Vraiment.
Non mais elle a un grain cette gamine ?
— Un problème ? demandais-je en ne cachant pas mon irritation.
— Andréa Simon, c'est ça ? Vos parents doivent vous détester.
— « Chacha Ferrer », c'est mieux selon toi ?
— « Chacha » n'est pas mon prénom. Je m'appelle Charlie et je vous prierais d'en rester au vouvoiement avec moi.
— Alors d'une, tu n'es pas légitime de te moquer de mon prénom vu le tient et de deux, je n'ai qu'un respect moindre face aux gamines se croyant plus malignes que tout le monde.
À cet instant précis, j'avais totalement oublié la demande de Tristan. Je ne désirais qu'une chose : que sa sœur se met à genoux et s'excuse de m'avoir parlé comme ça.
À genoux sans le moindre sous-entendu.
« Du sel, des épices, et des tas de mauvaises choses. Tels étaient au départ les éléments choisis pour créer le parfait petit chieur, mais, accidentellement, ses parents ajoutèrent un autre ingrédient à cette mixture : de l'arrogance ! C'est ainsi que naquit Andréa Simon, doté de super pouvoirs comme celui d'être l'homme le plus détestable d'une soirée en moins de cinq minutes ! »
J'avais reçu une gifle. Cette fille qui d'apparence, me semblait fade, venait de prendre cinquante points de charisme dans la gueule rien qu'en me répondant.
Elle représentait ma jeunesse audacieuse au sang chaud, aux paroles piquantes et à la pointe humoristique servant à blinder mon cœur des attaques.
Bref, elle m'avait surprise et c'était rare que ça m'arrive lors d'une première rencontre. Enfin seconde, du coup.
Un fait assez surprenant pour me dérider et me faire rire à mon tour. Un rire à la fois sincère et nerveux.
« Tristan veut que je trouve du boulot à une femme aussi désagréable que moi... Il a de l'espoir ! Après, je pourrais bien la faire bosser comme mon assistante mais... Non. Trop dangereux. C'est sa sœur et... si elle continue sur cette voie, il y a des chances qu'elle me plaise. Et il ne me pardonnerait pas de lui faire le même coup qu'avec Flo. » pensais-je avant de prendre une dernière gorgée de ma bière.
Mais le défi était intéressant. « Elle » semblait intéressante.
« Ne bouge pas gamine, je vais te chercher de quoi rincer ta bouche de toutes les bêtises que tu viens de débiter. » lui dis-je avant de m'éclipser en direction de la cuisine.
Tout ça pour finalement la retrouver en train de faire une bière pong et, au final, rouler une galoche à un mec m'étant complètement inconnu.
Alors je m'étais remis dans mon plan de base : ne pas repartir seul de cette soirée.
Une autre grande paire de jambe d'une amie diététicienne de Sébastien et cette inconnue finissait à jouir sur mon canapé deux heures plus tard.
Le lendemain, ma gueule de bois aurait pu me retenir toute la journée au lit mais mon addiction était trop forte. J'avais besoin de décompresser devant IRIS juste avant l'autre soirée qui m'attendait quelques heures après.
Et comme la veille, je me retrouvais paumé dans ce genre d'événement professionnel apprécié par tous les amateurs de petits-fours et champagne gratuit. Tout ça parce qu'une de mes photos était exposée ce soir-là dans cette galerie bobo-branché de la capitale.
L'ancien moi qui galérait à voir son travail montré à un public aurait jubilé à cette soirée... Mais sortir de la merde m'avait fait devenir comme ces gens que je jalousais à mes débuts.
Vanné et désireux de me confier à celle que je considérais comme une très bonne amie me faisant douter sur mes sentiments, je lui envoyais un SMS « appel à l'aide ».
✉Lucky : Tu veux faire une game ?
✉Mawa : Non je suis encore en soirée...
✉Lucky : Ça va ? T'as pas l'air bien.
✉Mawa : Tu ne t'es jamais senti incroyablement seule ? Un jour tu es maîtresse de la situation, tu as confiance en toi autant que si tu étais une figure politique et la minute d'après tu te sens... « rien ». Tu te mets à douter de tout, de toi, ton avenir, ta façon d'être ?
✉Lucky : Cette impression de faire du sur place alors que le monde avance sans toi. Mais je croyais que tu étais heureuse ? Que ton taff te plaisait ?
✉Mawa : Oui... Je ne sais pas. On change avec l'âge, on se sent en décalage. On se convainc que notre vie est passionnante et la mienne l'est mais... On voit tout le monde évoluer autour de soi sans rien pouvoir faire.
✉Lucky : Mawa, je sais qu'on ne devait pas se poser de question trop perso mais tu as quel âge ?
✉Mawa : « Oh avec trois jeunes sœurs qui vont dans le monde vous ne pouvez guère espérer que je vous avoue mon âge ».
Cette réplique, je l'avais piquée à Orgueil et Préjugés à cause de Lucky. J'avais malgré moi aimé ce film et dès que j'en avais l'occasion, je lui ressortais ce genre de perle.
✉Lucky : Bonne réponse ! Je me sens un peu comme toi en ce moment. J'évite d'y penser, c'est tout... Mais ça me rattrape toujours. Depuis ma rupture, j'ai perdu « la passion ». Il n'y a que jouer qui me procure du bien-être. Et alors la victoire, je te raconte pas dans quel état ça me met ! Bref, on parlait de toi.
✉Mawa : Je vais aller noyer mes peurs dans la poitrine d'une blonde qui vient de passer devant moi. Espérons qu'elle est ouverte. ++
Et même si la blonde m'avait distrait et avait le désir de rendre ma soirée plus acceptable, c'était moi qui n'étais pas assez ouvert.
Moi, qui en avais marre de ma propre situation et qui voulais évoluer.
On avance petit à petit et plus on creuse, plus on est touché par Andréa (dans le sens figuré bande de coquin.ne.s 😏) ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Qu'avez-vous pensé de la discussion "entre couilles" au bar ? Des conseils de Momo/Morgie et de leur relation (c'est de la bromance à ce niveau 😆) ?
Du plan de Tristan menant à la, non pas deuxième mais troisième techniquement, rencontre entre Charlie et Andréa ? Que pensez-vous des réflexions de notre diable pas si "diable" que ça ?
Si ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me soutenir en votant et/ou en me laissant un commentaire pour me donner votre avis 🤭 On se retrouve jeudi prochain pour le troisième et dernier chapitre avec notre Andréa !
P.S : j'ai du retard dans l'écriture donc peut-être qu'il y aura une semaine de pause je ne sais quand, bref, je vous préviendrais ! 👀
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