34🎮Lucky Chupa
« On y est. »
Je prends une grande inspiration et remercie le chauffeur m'ayant déposé à l'hôtel alors que le vent balaye dangereusement mes cheveux.
Autour de moi, les feuilles virevoltent et l'humidité me force non seulement à enrouler une écharpe autour de mon cou mais aussi à faire attention où je marche.
Je me suis déjà pété la gueule devant un arrêt de bus en glissant sur une feuille mouillée... Et aujourd'hui, ce n'est clairement pas le jour pour aller à l'hôpital !
Mon sac à dos sur les épaules, je resserre mes lanières avant de pénétrer dans l'hôtel où aura lieu la LAN d'IRIS. Première LAN française qui nous donnera une place officielle dans le classement européen et mondial... si l'on fait un bon temps.
Ça va être dur...
Je commence à faire la queue à la réception pour avoir toutes les informations et récupérer mon badge de participante, lorsque je remarque que la personne devant moi à l'air extrêmement stressée en se grattant le cou frénétiquement.
« Chiotte ! » dit-il pour lui-même avant de se retourner vers moi et de me demander : « Excusez-moi mais vous n'auriez pas un mouchoir ? »
Je hoche négativement la tête lorsque le timbre de sa voix me frappe.
« DarkNess ? »
L'homme se retourne à nouveau, les yeux grands ouverts avant de plisser les paupières pour essayer de me reconnaitre.
— Ça ne sert à rien, tu ne m'as jamais vu en photo. Bolosse.
— ...Lucky ? C'est toi ?
— En chair et en os.
— Y'a qu'une fille comme toi qui a assez de balls pour me traiter de bolosse !
Et il a raison parce que DarkNess est... très imposant.
Moi qui l'imaginais comme un ingénieur au physique chétif, il a un corps d'athlète et une moitié de tête de plus que moi. Ce qui est déjà énorme.
Des cheveux noirs coupés très courts, des yeux aussi sombres, un teint de peau et un visage trahissant ses origines maghrébines, le tout complété par un jogging plus que relax mais surtout, un t-shirt GodIRIS.
Nous nous serrons formellement la main alors qu'il m'avoue ne pas beaucoup aimer les contacts trop physiques comme la bise.
— Tu es stressé ? demandé-je en pointant son cou du doigt. Tu t'es tellement gratté que tu as du sang sur les ongles.
— Je me suis fait défoncer par un moustique cette nuit. Surement un que Raaven a emmené dans sa valise.
— Il est déjà ici ?
— Aux toilettes. Il supporte mal les transports. Mais bon, en tant qu'unique autre mâle du groupe, il est plutôt cool même si c'est un gamin. Après l'entrainement d'hier soir, on s'est mâté un documentaire sur les tueurs en série sur Netflix.
Je fais une grimace qui le fait rire et secouer ses épaules en même temps lorsqu'il arrive devant le réceptionniste et récupère son badge. J'entends, au passage, qu'il s'appelle bien Nessim, comme je l'avais deviné à notre rencontre online.
— Tu t'appelles Charlie ? s'étonne-t-il lorsque nous nous éloignons de la réception avec nos badges. Dans ma tête, t'avais une tête à t'appeler Agnès.
— Agnès ? Mais what the fuck ? Et toi, DarkNess, Nessim, tu t'es pris pour un « Dark Sasuke » ou quoi ?
— Je ne vois pas DU TOUT de quoi tu parles ! Bon, je dois aller préparer mon PC dans la salle de LAN.
— Tu n'utilises pas ceux qu'ils prêtent ? Ils sont tout de même sponsorisés par Asus.
— Ce ne serait pas une vraie LAN, sinon ! Tu peux garder le badge de Raaven et lui donner ? T'inquiète, tu le reconnaitras. Sinon, il s'appelle Édouard.
— Édouard ?!
— Agnès, Édouard, même combat, hein ?
Je lui fais un doigt d'honneur avant de déboutonner mon manteau et de montrer clairement mon t-shirt GodIRIS au cas où je ne retrouve pas Raaven.
Je dévisage chaque personne passant devant moi et empruntant le couloir allant à la salle de LAN lorsque d'instinct, je pense avoir reconnu mon coéquipier.
« Édouard ? » dis-je en tapotant l'épaule d'un jeune homme habillé comme un punk avec un manteau en cuir noir, un jean troué et, enfin après qu'il se soit retourné, le t-shirt de notre groupe.
Les traits de son visage sont fins, ses yeux verts entourés d'un maquillage charbonneux et ses longs cheveux blonds dignes du dessin animé Raiponce tant ils ont l'air soyeux.
— Hein ? Tu... Mawa ?
— Non, Lucky.
— LUCKY ?! Oh mon dieu, pardonnez mon affront, oh cheffe de groupe !
— Toujours dans l'excès, ce gosse.
— Olala ça me fait tellement plaisir de te rencontrer !
Raaven me saute presque dans les bras, à la différence de DarkNess, et s'excuse après coup de la proximité qu'il m'a imposée, mais qui ne m'a pas dérangé plus que ça.
— C'est Dark qui t'a dit de m'appeler Édouard ? Le salaud ! Il a dit que j'avais une tête à m'appeler comme ça.
— Et moi Agnès. On est deux. Mais non, c'est « Charlie » mon prénom.
— Damien. Oua, ça fait trop bizarre ! T'es plus grande que ce que j'avais imaginé !
Raaven commence à comparer nos tailles alors que nous nous dirigeons vers la LAN, prêt à battre des records.
Mais dès que nous entrons dans l'immense salle de conférence transformée pour l'occasion, une boule de stress se forme dans mon ventre.
Il y a une dizaine d'équipe et autant d'ordinateurs branchés que de joueurs les configurant. Une petite estrade pour les casteurs de l'événement face à quelque vingtaine de chaises et enfin, et le plus stressant, des caméras prêtes à transmettre en direct sur Twitch notre performance.
« Lucky ? Tu viens ? » me demande Raaven pas du tout angoissé.
Je me souviens d'une discussion où le jeune homme racontait des anecdotes sur ses nombreuses prestations dans son club de théâtre de la fac, ce qui explique son aisance.
Est-ce que je vais réussir à jouer avec autant de pression ?
« Ah ! Ça ne serait pas Mawa en train d'installer sa tour à côté de DarkNess ? »
Je reprends mes esprits et cligne plusieurs fois des paupières en observant Noémie au loin, portant le t-shirt de notre groupe... et accompagné d'Andréa Simon.
Alors il est bel et bien venu.
Ce dernier s'occupe des branchements de l'ordinateur de sa « belle-mère » alors que DarkNess prend la pose du penseur en observant tous nos autres adversaires.
Je remarque que certains s'attardent sur nos t-shirts avant de chuchoter entre eux. Notre nom et nos performances ne passent pas inaperçus sur les forums du jeu et surtout depuis que Raaven a publié une vidéo YouTube d'une de nos games il y a quelques mois.
« Excuse-moi, tu ne serais pas Lucky Chupa du groupe GodIRIS ? J'ai vu tes performances sur le forum officiel français ! »
Je me retourne vers un gamin, littéralement car il semble avoir à peine 18 ans, qui me tend la main pour que je la serre. Et au moment où je m'apprête à le faire, il retire la sienne et son expression d'émerveillement change du tout au tout.
« Une meuf n'a aucune chance ici. Tu ferais mieux de retourner dans ta cuisine à faire à bouffer à ton mec. »
Choqué qu'un enfant me parle comme ça mais pas surprise par son commentaire, je lui fais un magnifique doigt d'honneur ajouté d'un puéril « Parce que tu sais ce que c'est qu'une meuf, sale puceau ? ».
Oui, c'était bas. Mais il le mérite.
Et avec cette réplique sortie au tac-au-tac, l'enfant semble piqué au vif et se détourne de moi en pestant. Je l'observe rejoindre son équipe de six autres gosses portant un t-shirt avec un logo surement fait sur Paint.
« Immortal GODS Invade UR MOM » déclare le joueur d'une autre équipe passant à côté de moi.
Un homme d'une quarantaine d'année assez charismatique, surtout avec son costume trois-pièces étrange mais raccord avec les quatre autres joueurs passant derrière lui.
— 'Faut pas les écouter, c'est des enfants attardés. Heureux de vous rencontrer, Lucky. Je m'appelle HydroBeast.
— HydroBeast comme le streameur ?! Du groupe des « G&Gmen » ?
— C'est bien moi. Je ne préfère pas me montrer en vidéo. Et G&Gmen, c'est pour « Gamers and Gentlemen ».
— C'est en suivant vos builds de personnage que j'en suis arrivé à un tel niveau ! m'exclamé-je réellement enjouée. Vous avez une communauté en or et vous faites un travail génial ! Et quand vous parlez de statistique j-
— Tu viens ?
Je sursaute en sentant non seulement la présence d'Andréa m'ayant interrompu, mais surtout son bras entourant ma taille.
Qu'est-ce que...
— Vous jouez ? lui demande HydroBeast en le dévisageant de haut en bas.
— Pas aujourd'hui.
— Ah, donc c'est lui le « mec à qui tu dois faire à bouffer » ?
Hydro et moi rigolons à son imitation du gamin de tout à l'heure alors que mon patron est complètement largué à côté de moi.
— Bon, j'ai du matos à brancher et des potes à motiver. On se retrouve plus tard ?
— Pas de soucis, bon courage !
Le joueur me fait un clin d'œil avant de rejoindre son groupe et j'en profite pour pincer le bras d'Andréa faisant la gueule.
— Alors déjà, bonjour. Ensuite... Tu m'expliques ton geste possessif devant un autre mâle potentiellement attirant et disponible ?
— Bonjour. Et je t'ai vu baver devant lui à des kilomètres. Je voulais casser ton coup pour que tu te reconcentres sur la compétition.
— Mouais.
— Quoi ? Charlie aurait-elle peur ?
— À partir du moment où HydroBeast s'est présenté, oui. Je sais que nos chances viennent drastiquement de chuter.
— Il est si fort ?
— C'est, comme l'indique son pseudo, une bête. Un ancien joueur de World of Warcraft Vanilla qui a connu les époques glorieuses des guildes ultras connues, des raids qui durent des heures, etc. Et il fait partie des premiers streameurs d'IRIS.
— Oua, tu en serais presque amoureuse.
Mon cœur se serre alors que mon regard fuit celui d'Andréa et que des nœuds dans mon cœur et mon cerveau se créent.
J'aimerais tellement lui dire de fermer sa gueule quand il fait ce genre d'allusion mais ce n'est pas le bon jour.
Je veux bien que l'on soit « devenu ami » mais j'ai encore du mal à oublier ce que j'ai ressenti la nuit de notre rencard.
Du mal à oublier son regard quand nous...
« Faut que j'aille tester leur ordinateur. » dis-je finalement en retournant vers mon équipe alors qu'il me suit à la trace.
Focus sur la compétition. Focus, Charlie.
Arrivée à ma place, je rencontre un membre du staff qui me montre le PC que je vais utiliser pour la compétition... et s'il n'y avait pas de caméra, je l'aurais clairement volé.
C'est un monstre de puissance qui me rassure sur le fait de ne pas avoir embarqué le mien, comme mes camarades.
Raaven, qui lui aussi utilise un de ceux prêtés, s'installe à la place surélevée derrière moi et écoute attentivement le staff. Après avoir testé et configuré comme il faut nos bécanes, nous pouvons enfin lier nos claviers et souris ramenés exprès pour l'occasion.
Le briefing pour l'événement démarre une bonne heure après avec toute l'équipe et les participants. Nous sommes installés par bloc et par équipe sur de larges bureaux customisés aux couleurs des personnages fétiches du jeu.
Le premier bloc, premier rang et le plus proche de la caméra étant celui que je partage avec Mawa. Le deuxième juste derrière nous, celui de Raaven et DarkNess.
Et si j'angoissais d'être si proche de la caméra, la production ne m'a pas beaucoup laissé de choix car « vous êtes les deux seules filles de la compétition et c'est important de vous mettre en avant ».
Noémie avait l'air gênée par ce fait alors qu'à l'inverse, cette phrase m'a boosté.
Savoir que je représente les joueuses de notre communauté me fout la pression mais me donne un défi en plus à relever : même si nous ne gagnons pas, je dois faire mordre la poussière aux machos pensant qu'une femme n'a pas sa place sur le devant de la scène e-sportive.
Surtout aux gamins de « Immortal GODS Invade UR MOM ». Sérieux mais comment est-ce qu'ils ont pu être acceptés dans la compétition avec un nom pareil ?
Un autre point déconcertant : derrière la caméra à ma diagonale et me fixant, une petite tribune pour les accompagnateurs et spectateurs proches... Et Andréa Simon pile en face de moi.
Habillé d'un jean et d'un t-shirt bleu marine se mariant étrangement bien avec la couleur de la bannière de mon bureau, il a troqué ses lentilles pour ses lunettes parce que, je cite « le dimanche, c'est repos pour les yeux ».
Et la façon dont il les rehausse à chaque fois que je lève les yeux vers la caméra, et donc vers lui, est troublante. J'ai l'impression qu'il prend très au sérieux cette compétition et surtout, le fait que je puisse la gagner.
« Même si j'ai accompagné Mimi, tu ne m'as pas fait me déplacer un dimanche pour que je te vois échouer. Quoique ça me donnerait de quoi te charrier longtemps mais... Franchement. Un dimanche en plus. » m'avait-il dit avant le briefing.
J'aurais pu répondre comme j'en ai l'habitude mais le stress n'a fait sortir aucun son de ma bouche. Ça m'a valu une tape sur l'épaule de sa part.
C'était suffisant.
Non. Je mens.
Je mens parce qu'à chaque contact physique avec lui, je repense à sa façon de me regarder lorsque l'on a... baisé ? Je n'aime pas ce mot pour parler de ce qu'on a fait ensemble.
« Bien, on est à l'heure sur le programme. » commence l'un des organisateurs, son micro en main.
« On va faire des tests techniques sur le jeu, vous laissez paramétrer vos commandes puis vous pourrez aller déjeuner. À votre retour, nous ferons une session d'échauffement, puis lors de votre pause, on lancera le stream Twitch. Pas d'inquiétude, vous pouvez être détendu devant la caméra, le public aime ça justement.
Il y aura ensuite un tour de chauffe sur l'un des boss préliminaires pour établir un pré-classement et enfin, vous pourrez tous ensemble vous attaquer au donjon Rayons de soleil. Nous lancerons tous les timeurs en même temps et s'il y a un décalage entre les temps de chargements, ils seront pris en compte dans le temps final. Le speedrun s'arrêtera au moment où vous aurez la victoire sur la dernière phase du boss final de ce donjon : Shamash.
Attention. Même si votre équipe termine la première, il faudra attendre la confirmation de nos juges sur vos performances. Nous avons mis à disposition une liste des artéfacts et armes interdites pour cette session. Vous l'avez tous reçu avec votre invitation et vous l'avez tous confirmé. Vous avez le droit d'utiliser des skins mais aucun bonus de nourriture ou enchantement.
Par ailleurs, la mort définitive de vos coéquipiers n'exclut pas votre équipe de la compétition. Tant qu'il reste un joueur avec un point de vie à la fin du donjon, vous pouvez gagner. Bien évidemment, la résurrection de vos personnages lors des phases de combat n'est acceptée qu'à partir des aptitudes de vos personnages et non avec de la nourriture ou des potions.
L'équipe ayant le meilleur temps sur la totalité du donjon recevra le prix de 4000€ à se partager. Si le temps entre dans le classement mondial, elle sera sacrée meilleure équipe française de l'année sur le jeu. Les autres équipes repartiront avec des goodies exclusifs ainsi que des récompenses in-game inédite.
Nous récompensons également les performances, les stratégies, le jeu d'équipe et d'autre élément non lié au timing. Par conséquent, vous pourrez repartir avec un titre même si vous ne gagnez pas.
N'hésitez pas à vous rapprocher de notre staff pour toutes questions concernant le live, les prix ou même, si vous avez le moindre souci. Nous pourrons également venir vous poser des questions du tchat Twitch avant ou après vos performances donc merci de nous accorder votre temps et de ne pas quitter le lieu jusqu'à la fin de l'événement.
Sur ce, je vous souhaite de bons tests et un bon déjeuner. On se retrouve tout à l'heure. »
Le chef du staff est applaudi après son discours et, quelques secondes plus tard, on peut déjà entendre dans toute la salle le bruit des claviers s'échauffant.
Je brief rapidement mon équipe en leur disant de finir le plus tôt possible leur paramétrage afin de parler de stratégie.
Tout se passe pour le mieux, sauf pour DarkNess qui manque la crise cardiaque en constatant que sa souris a mal supporté les transports. Heureusement, le staff a tout prévu et lui en prête une bien plus confortable que le vieux débris sale qu'il se trimballait.
De mon côté, j'aide Mawa sur ses réglages pour les optimiser au maximum avant de juger des builds du personnage qu'elle veut utiliser. Je lui conseille d'autres options qu'elle accepte mais j'avoue que je suis surprise de sa timidité et de ses choix.
J'ai l'impression que tout va se jouer avec elle. Qu'elle pourrait très facilement être à la traine malgré nos échauffements.
Que j'ai perdu la MawaBrute d'il y a quelques mois.
Celle que j'ai connue à son arrivée sur le jeu. Que j'ai aidé et formé jusqu'à ce que ce soit elle qui m'apporte ses conseils. Celle qui m'a poussé à jouer à plusieurs et à apprécier le temps passé avec les deux hommes derrière moi.
Celle avec qui j'ai échangé par message jusqu'à pas d'heure, des écouteurs aux oreilles et ses mots sur mon écran, m'apportant une distraction sur les problèmes de ma vie réelle.
Celle que j'aimais comme elle était... avant que l'on se rencontre.
Là, j'ai l'impression de retrouver avec déception la Mawa hésitante des premières semaines.
Soudain, je lève les yeux de mon écran en sentant le regard d'Andréa sur moi. Il nous observe attentivement, la jambe folle martelant le sol et ses mains venant embêter ses cheveux toutes les vingt secondes.
Il stresse pour elle ou pour moi ? Ou pour nous deux ?
Après un bon moment à parler stratégie, nous partons tous décompresser au restaurant de l'hôtel situé juste en face de notre salle. Nous n'avons qu'à montrer nos badges pour entrer et profiter d'un buffet gratuit aux senteurs titillant déjà mes narines.
Notre groupe est accompagné d'Andréa, légèrement à la traine, qui a réussi à s'incruster et ne pas payer son repas par je ne sais quel moyen.
Encore un truc de « réseau professionnel », sans doute.
Nous profitons du déjeuner pour parler un peu de ce que nous aimons, comme on a l'habitude de le faire sur Discord mais, tout le long de la discussion, je sens que Noémie a l'esprit ailleurs.
Elle semble stressée. C'est compréhensible mais on pensait tous que vu sa personnalité in-game, ce serait la plus à l'aise.
Et c'est surtout celle a le plus aimer la compétition et les défis. C'est pour ça que notre duo fonctionne bien.
Lorsque je me lève pour aller me servir en dessert fruité, Noémie m'accompagne et me suis en silence avant de pousser un soupir et de déclarer :
— Je suis désolé pour l'autre fois. Je ne voulais pas te mentir.
— Hum, me contenté-je de répondre en remplissant mon bol de framboises.
— J'aime quand on joue tous ensemble, vraiment, mais cette compétition m'a retourné la tête. Et puis...
Elle me regarde enfin droit dans les yeux, dégageant délicatement une mèche noire de son front avant de se tourner vers la table d'hommes nous accompagnant.
Nos deux compagnons tapant la discussion avec entrain à Andréa qui semble étonnamment intéressé par eux. Lui qui jusqu'à maintenant restait en retrait, ce qui est à l'opposé de son caractère.
« Et puis, l'important, c'est que l'on s'amuse tous ensemble. »
Je manque de faire tomber ma cuillère au sol, la rattrapant de justesse alors que Noémie s'inquiète de mon état. Je justifie cela par la tension m'habitant depuis notre arrivée alors que nous rejoignons les garçons échangeant avec entrain sur leur documentaire de serial killer.
« L'important, c'est que l'on s'amuse tous ensemble » me répété-je pour moi-même.
Pourquoi je n'aime pas ce qu'elle vient de dire ?
Soudain, une conversation me revient en mémoire et déclenche chez moi un rire nerveux inquiétant mes camarades.
Un rire vraiment soudain et que je suis obligé de calmer en m'excusant pour me diriger vers les toilettes.
« Ça va ? »
La main d'Andréa ayant retenu mon poignet me fait tressaillir et son pouce glissant sur ma paume ne m'aide pas à retrouver mon calme.
Ça, et son regard à travers ses lunettes qui me déstabilise encore plus.
— La pression d'avant match.
— T'es sûre ?
— Quoi ? Tu veux m'aider à décompresser en me faisant un cunni sur la cuvette des chiottes ?
Sexy, Charlie. Bravo. 20/20.
Ses sourcils se fronce et moi qui pensait qu'il répondrait d'un air taquin, Andréa me surprend en m'entrainant en direction des toilettes.
Pas pour me faire un cunni mais avec l'intention de m'engueuler.
— Il se passe quoi, là ? Je croyais qu'on en avait fini avec les allusions sexuelles ?
— C'est toi le vrai Andréa Simon qui n'en rate pas une pour être cochon, non ?
— Il y a des circonstances qui...
— Avoue-le. Si là, maintenant, je te touche...
Je repousse doucement Andréa contre la colonne derrière lui, à l'abri des regards, et fais glisser ma main sur son t-shirt. Savourant son corps légèrement musclé jusqu'à arriver à la ceinture de son jean.
Mes doigts jouent avec et lorsque je pense perdre toute conscience de ce que je fais, il saisit ma main et l'éloigne brutalement.
« Charlie, arrête. »
Son ton me ramène à la réalité, comme si mon cerveau s'était déconnecté à cause de cette fameuse conversation dont je m'étais souvenu.
J'étais à deux doigts de faire une erreur et il a très bien perçu que je n'étais pas dans mon état normal.
— Tu n'as pas besoin d'une « victoire » à travers le sexe. Surtout pas aujourd'hui. J'ai bien vu que tu craignais la défaite dès que tu es entrée dans la salle et que tu as vu tes concurrents.
— Qu'est-ce que tu en sais, hein ?
— On est amis, non ? Je le vois quand tu es perturbé et que tu n'as plus confiance en toi.
— Non, c'est... Non j'avais vraiment envie de...
— De ça ?
Soudain, Andréa passe sa main dans mon dos et me colle avec puissance contre son torse. Il n'y a que quelques centimètres qui séparent nos deux visages et je n'aurais qu'à baisser la tête pour l'embrasser.
Son souffle dans mon cou, caressant ma peau, fait chavirer mon esprit et le ramène à notre nuit de sexe d'il y a plus d'une semaine.
Un moment que je me remémore encore et encore lorsque je me touche.
Ses cheveux, ses caresses, ses mots, son odeur, sa façon de me faire perdre pied... Son regard.
Le même qu'il est en train de me faire.
Celui qui voudrait dire mille et une choses, mais qui nécessite un niveau C2 en langue « andréaènne » pour réellement en comprendre toutes les subtilités.
Il approche mon corps du sien, millimètre par millimètre, réduisant la distance entre nos lèvres alors que la tension due au stress de la compétition change immédiatement de source.
« Tu es forte, intelligente et jamais tu n'en serais arrivée à ce niveau-là sans tes capacités. Tu vas réussir. Tu peux le faire et même si tu échoues, je veux que tu te battes jusqu'à en cracher du sang pour obtenir la victoire.
Tu n'as pas besoin de sexe pour te rassurer et te prouver à toi-même que tu es puissante. Tu es Charlie Ferrer... et tu n'as pas intérêt à foutre la honte à ton boss. »
Ses paroles me frappent en plein fouet et me font revenir sur terre.
Andréa s'éloigne après m'avoir chuchoté ses mots, empêchant tout baiser ou autre preuve d'affection entre nous, avant de me regarder d'un air entendu et de retourner à notre table.
Me laissant en plan alors que je cligne plusieurs fois des yeux et que mon cerveau prend conscience de l'impact de ses mots.
Ouais, je suis Charlie Ferrer.
Je suis Lucky Chupa.
Et peu importe si mon pétage de câble momentané était justifié... je dois me concentrer sur la compétition. Rien d'autre.
Rien d'autre.
Rien d'autre, vraiment ? 😏
On arrive dans les chapitres consacrés à la LAN d'IRIS qui risque d'être stressante et mouvementée pour nos jouers de GodIris !
Qu'avez-vous pensé de la rencontre IRL entre Lucky, DarkNess et Raaven ? Comme quoi, on peut s'attendre à tout dans la vraie vie ! 🤭
Du stress de Mawa sur la compétition qui visiblement, est contagieux ?
Des réactions d'Andréa un poil possessif et tactile mais également de ces derniers mots pour encourager Charlie ? Un homme comme ça, mamaaaa il en faudrait plus ! 🥰
On se retrouve jeudi prochain pour la suite de la LAN et le début de la compétition qui j'espère, vous captivera !
J'espère que ce chapitre vous à plu ! N'hésitez pas à me soutenir en votant et/ou en me laissant un commentaire pour me donner votre avis.
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