33🎮Qui gagne, qui perd
« Comment ça, ta belle-mère ? »
Après avoir bugué quelques interminables secondes, ce sont les seuls mots qui ont réussi à sortir de ma bouche.
Sa belle-mère.
Sa belle-mère. Noémie aka MawaBrute... est la belle-mère d'Andréa.
Mais... elle a à peine cinq ans de plus que lui !
« Ravie de te voir, Charlie », me dit Noémie d'une petite voix en tendant sa main.
Je la fixe puis la serre pour ne pas prolonger le malaise alors qu'Andréa s'explique sur la situation absolument dingue que je suis en train de vivre.
— Mimi est la femme de mon con-... de mon père.
— Oui, évite d'insulter mon mari, s'il te plait.
— Et oui, elle a presque mon âge. Mon père aime les jeunes naïves qu- Aie !
— Il n'est pas possible, hein ?
Leur complicité provoque un nouveau coup au cœur... Autant que l'information capitale que j'étais à deux doigts d'occulter : Mawa n'est pas lesbienne.
Mais alors, pourquoi elle a fait croire le contraire ? Elle est juste bi ? Mais je croyais que...
— C'est récent ? demandé-je en tentant de cacher ma surprise.
— Noémie et moi, on s'est rencontré il y a quelques années pour une de mes expositions. Elle était intéressée par une de mes photos et voulait qu'elle soit dans sa galerie. J'ai plutôt proposé de la prendre, elle.
— Dans le sens sexuel, soupire Noémie en levant les yeux, plus pour la blague perverse qu'autre chose. On n'a jamais rien fait ensemble.
— Elle faisait partie des rares femmes ne m'attirant pas et je ne comprenais pas pourquoi, jusqu'au jour de l'exposition dans sa galerie où...
— Où je lui ai présenté son propre père comme mon époux. Je ne pouvais pas savoir qu'ils étaient père et fils parce qu'ils n'ont pas le même nom de famille.
Une histoire de dingue. Ils sont en train de me raconter et de me faire vivre une histoire de dingue.
Ce n'est pas possible.
— J'ai pété un câble parce que je suis très en froid avec mon père mais aussi parce que ça me faisait chier qu'une femme comme Noémie, beaucoup trop bien, ne se soit mariée avec lui. Et sans qu'il me le dise !
— Tu avais dit à ton père que tu t'en foutais de sa vie. Comprends-le. Il t'aime malgré tout, tu le sais ?
— Ouais, et mon cul sur la commode. Bref, voilà où on en est, et... ça va Charlie ?
Ma gorge me serre.
Je respire à peine et je me retiens tant bien que mal d'exploser.
Je me sens trahi.
Par Andréa mais surtout par Mawa... non, par Noémie.
« Noémie ? Est-ce que tu peux me montrer où sont les toilettes, s'il te plait ? Je ne me sens pas très bien. »
La belle-mère et son beau-fils se jettent un regard lourd de sens pour eux avant que Noémie ne m'entraine avec elle au sous-sol, autre salle d'exposition avec une ambiance plus intime dont les murs sont tous de pierre brute.
Soudain, alors qu'elle pose sa main sur la porte des toilettes, je lui attrape le poignet et lui fais face, une larme à l'œil.
— Tu m'as trahi, Mawa.
— Non, attends...
— Tu savais que je te parlais d'Andréa pendant tout ce temps-là... Est-ce que c'est toi qui lui as parlé de ma vengeance ? Est-ce que tu lui as raconté tout ce que je t'ai dit ? Sur mes sentiments et ce que je pense de lui ?
— Non, Lucky, je n'ai jamais fait ça mais tu devrais lui p-
— Pourquoi tu m'as dit que tu étais lesbienne ?
Noémie fuit mon regard et se mord la lèvre, incapable de me faire face et de m'affronter.
Je ne comprends pas... je me sens trahi.
Bien plus que lorsqu'Anthony m'a quitté, parce que...
« Je ressentais un truc pour toi. Une poussière, mais quand même. »
Les mots m'ont échappé et je suis autant surprise qu'elle.
Comme si mon cœur avait parlé à ma place.
J'y ai réfléchi et c'est hier soir que je me suis rendu compte que ma relation passée avec Mawa, avant que l'on ne se rencontre, était ce que je voulais avec un homme.
Je n'y avais jamais songé avec une autre femme jusqu'à hier.
Je n'ai aucune idée de si je suis bisexuelle ou... juste paumée dans ma tête... Mais Mawa avait un impact sur moi et ce que je ressens.
« Je reviens », dis-je en la relâchant et en tentant de sourire, « Je dois chialer un bon coup mais après, t'inquiète, je redeviendrais normal. Je suis obligée parce que lorsque mon patron est dans les parages, je me dois d'être professionnelle. »
Noémie se contente de hocher la tête mais je perçois de la tristesse dans ses yeux alors qu'elle me laisse seule au sous-sol.
La tête dans le lavabo quelques minutes après, je tente de reprendre contenance et de rajuster mon maquillage...
« J'aurais peur de tomber amoureuse. Et il n'y a rien de plus angoissant que l'amour. »
Lorsqu'une idée encore plus dingue me vient en tête.
Une histoire de fou que l'on m'a raconté.
Je me souviens d'un truc que m'avait racontée Tristan il y a peu de temps.
Une histoire qui était arrivée avec des gens qu'ils côtoyaient sur World of Warcraft. On lui avait raconté qu'un gars et une fille, deux très bons joueurs ensemble dans sa guilde, se connaissaient dans la vraie vie... Sauf que le mec l'avait caché à la fille parce qu'ils se détestaient et parce que ça risquait de briser tout ce qu'il s'efforçait de créer entre eux.
Alors si c'est possible ailleurs...
S'il y a une infime chance pour que mon raisonnement ne soit pas totalement fou...
Est-ce que ce serait possible que...
Que Mawa, ça ne soit pas Noémie, mais... Andréa Simon ?
C'est saugrenu mais j'ai vu assez de films et lu assez de livre, manga et webtoon pour savoir que c'est possible.
Mon cœur s'emballe à cette idée d'avoir non seulement pu ressentir des choses pour lui sans réellement le connaitre mais également par la puissance de cette double trahison.
J'espère vraiment qu'il n'est pas Mawa. De tout mon cœur. Sinon, il aurait gagné. Le diable m'aurait totalement brisé.
Je sors mon portable de la poche de mon manteau et compare le numéro de téléphone Mawa et celui d'Andréa. Aucune ressemblance, logique. Mais... je peux m'en servir.
Si j'envoie un message à Mawa et que c'est Andréa qui dégaine son téléphone, ça pourra me faire une preuve. Si non, ça voudrait dire que je me suis fait trop de film.
Allez, courage Chat, tu peux y arriver. Tu risques de te faire énormément de mal mais tu dois connaitre la vérité et taire tous les doutes.
Si Andréa n'est pas Mawa... Alors il y a encore une chance. Une chance d'être son amie, de lui faire pleinement confiance et peut-être... peut-être que...
Non, n'y pense pas. Andréa ne tombe pas amoureux et tout ce que tu as fait jusqu'à présent n'a rien changé. Même s'il m'a révélé ses failles, je doute que... et en même temps...
Allez go Chachou !
Je sors des toilettes et remonte les escaliers me ramenant au rez-de-chaussée de la galerie alors qu'Andréa est accoudée à un comptoir derrière lequel Noémie tape frénétiquement sur le clavier d'un ordinateur.
Une vitesse pareille, ce n'est pas anodin... J'espère vraiment qu'elle est Mawa et ça, malgré la douleur que ça me cause.
Je me sens dévisagé par eux et à mesure que je m'approche, ils diminuent le son de leur voix pour, à mon arrivée, interrompre doucement leur conversation.
« Est-ce que tu vas bien ? » me demande Andréa avec une réelle inquiétude.
Je hoche la tête et passe une main dans mes cheveux puis sur ma nuque avant de pousser un soupir, de prendre mon courage à deux mains et d'appuyer sur le bouton « appel » de mon portable caché dans la poche de mon manteau.
— Bien, révélations faites, on va pouvoir montrer notre travail à Mimi. Elle a déjà vu énormément de choses, mais pas tes créations.
— Bien sûr...
Je fouille dans mon sac à dos et sors ma clé USB avec mes projets pour l'exposition, tendant tout de même l'oreille au cas où le vibreur d'un téléphone se fasse entendre... mais rien.
Mon regard revient à Andréa qui m'observe d'un air étrange. Indescriptible.
« Attendez, je vais chercher mon ordinateur portable à la place. Ce sera plus rapide que cette antiquité devant moi. »
Noémie s'éclipse et nous laisse seuls, face à face, alors que notre échange devient de plus en plus intimidant. Andréa ne lâche pas mes yeux, il ne cligne pas les paupières et j'ai l'impression que...
— Gagné, s'exclame-t-il soudain. Tu as cligné.
— Une bataille de regard, murmuré-je.
— Tu es sûr que ça va ? Ce n'est pas par rapport à... ce qu'on a fait ?
— Hein ? Non, ça doit être un truc que j'ai mangé ce matin. J'ai mal à la tête.
— Et pas par rapport à Mawa ?
Je bugue. Andréa s'approche plus près de moi et alors qu'il s'apprête à me chuchoter quelque chose à l'oreille, je sens mon pouls s'accélérer.
Pitié, ne me dis pas que tu es Mawa. Et en même temps, si tu l'es, je veux savoir.
— Mawa ? répété-je en déglutissant.
— Noémie vient de me le dire à l'instant : vous jouez ensemble sur IRIS, non ?
Soulagement. Grand soulagement dans mon cœur.
Et en même temps... il y a toujours ce truc qui cloche et qui me donne envie d'avoir la preuve que non, Mawa n'a pas joué avec mes sentiments sans raison.
Que je n'ai pas éprouvé tout ça pour rien.
— Tu ne savais pas ?
— Non. Elle vient de me l'apprendre. C'est pour ça que tu te sens mal, n'est-ce pas ? Parce que tu ne t'attendais pas à ce que je la connaisse ? Mais ne t'inquiète pas, elle ne m'a rien dit sur toi. Vous êtes bonnes amies, non ?
On « était ».
— Oui, bien sûr.
— Donc c'est la même LAN dont elle m'avait parlé pour laquelle tu participes ce dimanche ? Ça me donne une raison de plus pour venir vous voir.
— Ouais.
— Tu es sûre que tu peux travailler ce matin ? Tu me réponds trop simplement pour que ça ne soit pas louche...
— Non, euh... Je... Tu as raison, je ne me sens pas très bien. Je vais rentrer, si ça ne te dérange pas.
— Tant que tous tes projets sont réalisés. Noémie et moi, on les regardera et elle te fera un retour. Concentre-toi sur ta santé. Et non, je suis gentil avec toi parce que tu es mon assistante mais surtout mon amie.
— Merci. Euh... Mon téléphone n'a plus de batterie. Je pourrais utiliser le tien pour commander un Uber ?
— À ce point ?
— J'ai peur de vomir dans le métro. S'il te plait.
— Ok. Tiens.
Andréa est suspicieux face à mon attitude mais me tend tout de même son téléphone déverrouillé, comme selon mon plan. Il s'éloigne un peu de moi, collé au comptoir, et ne me lâche pas des yeux.
Et alors que j'ai en ma possession l'objet me permettant de confirmer mon doute... rien. Pas un appel manqué. Je scrolle très rapidement dans son application de message, mais rien non plus.
Des échanges professionnels, c'est tout.
Andréa n'est pas Mawa. Ou alors, il a deux téléphones portables.
Mais j'ai assez travaillé avec lui pour savoir que ce n'est pas le cas. Il y a toute sa vie numérique dans mes mains, actuellement.
Plus les secondes passent, plus je sens qu'il se méfie et je m'empresse d'aller sur Uber, de rentrer mon adresse et de commander une course.
— Dans cinq minutes, dis-je en lui rendant son portable.
— D'accord. Si tu te sens mieux dans la journée, tu pourras bosser en télétravail depuis chez toi ? Je n'ai pas envie que l'on prenne trop de retard sur l'exposition.
— Pas de soucis, je verrais aussi les retours de Noémie.
— Tu t'en vas ?
Cette dernière revient avec son ordinateur portable sous le bras et un verre d'eau pétillante alors que je rattache mon manteau. Je me contente de hocher la tête, fuyant son regard tant la douleur de la trahison est encore puissante en moi.
Nous échangeons quelques dernières politesses lorsque je vois arriver mon chauffeur Uber. Je serre la main de Noémie et suis accompagné par Andréa jusqu'à la sortie de la galerie.
Il montre son téléphone au chauffeur s'assurant que c'est bien lui qui a commandé la course et, avant que je n'ouvre la portière, pose une main sur mon épaule.
— Tu... hésite-t-il. Est-ce que tu...
— Ça va aller. J'ai juste été un peu choquée d'apprendre... tout ça.
— Mais ça ne change rien entre nous.
— C'est ça. Rien du tout.
Si je n'ai pas l'air convaincu, Andréa non plus. Noémie a dû lui parler de ma réaction et ça ne m'étonnerait pas qu'il s'en veuille de l'avoir provoqué avec cette « rencontre ».
Nous nous saluons de façon maladroite d'une main levée puis il me laisse prendre place sur la banquette arrière de la voiture filant quelques instants après dans les rues de la capitale.
Me laissant exténuée mais surtout le cœur fendu et l'esprit totalement sens dessus dessous par tout ce qu'il vient de se passer.
La belle-mère d'Andréa... Ma vie est une putain de blague.
🎮🎮🎮
Tout ça, c'est illogique.
Pourquoi est-ce que Noémie m'aurait dit des choses pareilles ? Pourquoi elle se serait fait passer pour une lesbienne ? C'était un jeu pour elle où... Je n'arrive pas à croire qu'elle puisse être si mauvaise.
Ou alors ce serait une ruse d'Andréa ? Car même s'il n'est pas Mawa, il...
« Ohé, Chat, ça va ? Tu grommelles depuis tout à l'heure. »
Je lève la tête de mon assiette de frites froides alors que mon frère et sa copine me regardent d'un air inquiet. Retour à la réalité alors que je suis face à eux dans un des restaurants préférés du couple, entre deux pauses déjeuner.
Depuis lundi, je suis mentalement exténuée... Et ça ne s'arrange pas.
Mon esprit est plein de contradiction et à chaque occasion, j'ai cherché un lien entre Mawa et Andréa. Autre que le fait que Mawa, donc Noémie, soit sa belle-mère.
J'ai cherché des indices dans nos échanges, en tentant de l'appeler à nouveau et même... en cherchant dans sa chambre lorsque je bossais chez lui.
Je suis juste tombé sur une boite de capote, du lubrifiant, un rouleau de sopalin, des photos et autres informations ne m'aidant aucunement.
Rien ne fait penser qu'Andréa est Mawa mais tout chez Mawa me fait penser à Andréa et ça, ça me saoule. Ça me tue à petit feu.
J'ai déjà subi un gros coup au cœur à cause de Noémie alors apprendre que finalement, c'est Andréa qui m'a trahi, ce serait le pire. Il se serait servi du moi ? Il aurait joué avec mes sentiments pour s'amuser ?
« Charlie ! »
Je sursaute en entendant le poing de Tristan frapper la table. Le geste est violent et a dû surprendre d'autres clients autant que Floriane à côté de lui.
— Réveille-toi ! On parlait de maman ! Tu as eu de ses nouvelles ? Il parait qu'elle essaie de te joindre pour te parler de quelque chose.
— Ouais, non, je m'en fiche. Elle va vouloir me parler de ce qu'il s'est passé avec...
Je m'interromps, me reprenant à temps, avant de passer ma main sur mon visage et de faire une grimace traduisant ma fatigue.
— Ça va avec Andréa ? me demande Flo. Pas trop éreintant ?
— Tranquille... Je suis juste crevée à cause de la LAN que je prépare. On s'entraine tous les soirs.
— Et vous êtes prêt ?
— Oui.
Non. On n'est pas prêt du tout.
Pas par manque de temps mais parce que depuis quelque temps et même avant que je ne découvre la vérité, notre duo avec Mawa ne fonctionne plus. Nos mouvements sont désynchronisés, nous n'arrivons plus à nous accorder et elle est moins performante qu'avant.
— J'ai besoin d'une victoire, dis-je en croquant une frite.
— Et avant tu disais que tu avais besoin de baiser. Ça me rassure que tu aies changé de vocabulaire.
— Peut-être que j'ai besoin de ça, aussi. Ça me réinitialiserait.
— Tu n'es pas un robot, Chat. Vu ton manque de réactivité, c'est de sommeil dont tu as besoin. Tu dors combien d'heures par nuit ?
— Je devrais peut-être appeler Quentin...
— Ma sœur ne m'écoute même plus. T'as des nouvelles d'Andréa, mon cœur ?
— Il est juste derrière toi.
Tristan et Floriane sursautent en entendant et voyant le diable derrière eux qui rehausse ses lunettes et me fixe derrière ses carreaux. Il passe une main dans ses cheveux alors que l'autre joue avec un bouton de son manteau mouillé.
J'aimerais bien qu'il arrête de me regarder comme ça mais je n'ai pas la force mentale de le rembarrer.
— Tu ne t'assois pas ? lui demande Floriane en pointant du doigt son manteau.
— Non. J'ai changé d'avis.
— Ça va ? Tu n'avais pas fait la gueule comme ça depuis que Cartier t'a fait croire que tu ne serais pas son témoin de mariage.
— Ça va.
— On doit retourner bosser ? demandé-je.
— T'as le temps d'appeler ton Quentin avant.
— Ok...
— Bon, commence Tristan, vous avez quoi, tous les deux ? Vous êtes chiants comme la pluie, aujourd'hui. Qu'est-ce qu'il se passe ? Vous avez couché ensemble, c'est ça ?
Silence gênant autour de la table.
Andréa continue de me fixer, je le sens, alors que je détourne le regard et engloutis une poignée de frites.
Quant à Floriane, elle tape son front avec sa paume en murmurant un « ça recommence... » alors que les yeux de mon frère s'agrandissent.
— C'est une blague ?
— Tristan, murmure doucement Flo en caressant son avant-bras, tout doux.
— Attends... C'est vraiment une blague, hein ? Andréa, rassure-moi.
— Je n'en sais rien. Charlie, est-ce que je suis une blague ?
Je me contente de hausser les épaules et de terminer mon assiette alors que mon frère continue sur sa lancée :
— Il y a quoi entre vous ? C'est comme quand Floriane était avec toi ou c'est plus sérieux ? Que je sache si ma petite sœur va se faire balader le cœur.
— Tristan, putain !
— Quoi, Flo ? Ok, il a toujours été sincère mais sur le coup, tu as quand même souffert alors j'ai besoin de savoir si Charlie va être dans le même cas. Alors ?
— Ta sœur a décrété qu'on devait coucher ensemble pour devenir ami. Satisfait ? Est-ce que l'on peut retourner bosser ?
— Vous avez l'air vachement ami, là. C'est pour ça que vous avez des têtes de déterrés ?
Mon frère est vraiment en forme aujourd'hui. Je ne sais pas ce qu'ils ont foutu dans sa boisson mais c'est puissant.
Je laisse de quoi payer mon assiette sur la table et enfile mon manteau lorsque Tristan me barre la route.
— Chat, tu sais ce que tu es en train de faire, hein ?
— Oui.
Non.
— Ok. Alors je te laisse gérer. Mais si tu as besoin d'aide ou... d'une partie de Mario Kart, tu m'appelles.
Traduction : s'il te blesse, viens dans mes bras.
Je me contente d'embrasser sa joue, de faire la bise à Floriane et de la remercier avant de suivre Andréa hors du restaurant. Nous nous attardons sous le porche alors que la pluie tombe depuis une heure.
Le photographe sort de sa sacoche un parapluie rouge qu'il ouvre avant de m'inviter silencieusement à me mettre en dessous. Nous marchons au même rythme, côte à côte, alors que la pluie trempe nos chaussures.
Nous ne sommes qu'à quinze minutes du lieu de shooting de ce matin mais pourtant, j'ai l'impression que le temps s'étire. Epaules contre épaules, silencieux, il y a entre nous à la fois de la gêne et de la mélancolie.
Soudain, Andréa s'arrête.
J'observe les alentours pour comprendre son geste mais autour de nous, il n'y a que des gens pressés par la pluie et une piste cyclable inondés à cause des multiples averses de la journée.
« Tu penses que c'était une erreur ? »
Je baisse la tête vers lui, prenant enfin compte du ridicule de lui laisser tenir notre parapluie alors que je suis plus grande.
— Tu veux que je le prenne ?
— Est-ce que coucher ensemble, c'était une erreur ?
— Ah. Tu parlais de ça.
— On ne devait pas être amis, après ça ? Je croyais que l'on avait remis les compteurs à zéro. Qu'il n'y aurait plus de gêne, plus rien. Que notre relation changerait mais... pas comme ça.
— Comme quoi ?
— Je préférais mille fois le temps où l'on s'envoyait des piques. Ou tu répondais du tac au tac à mes insultes. Ce « temps » qui n'était que la semaine dernière.
— Peut-être que c'était une erreur, alors...
Je n'ose plus le regarder parce que je ne sais plus quoi ressentir.
Andréa Simon est responsable d'un typhon en mon for intérieur. Une tempête que je n'arrive pas à calmer et qui, comme le bas-côté, inonde mon cœur par le flot de sentiment contradictoire en moi.
Ce n'est même plus une question de « qui gagne, qui perd ».
— Est-ce que tu es Mawa ?
— Qu'est-ce que tu attends de moi ?
Nous avons posé nos questions en même temps et maintenant, nous attendons un signe. Quelque chose qui fera que tout revienne à la normale entre nous.
« Je veux juste qu'on revienne en arrière, avant samedi. » murmuré-je.
Andréa retire ses lunettes et en essuie la buée avant d'esquisser un sourire. Le premier depuis des jours.
— Non, Noémie est Mawa. Pourquoi cette question ?
— Parce que si tu étais cette personne avec qui j'ai noué une relation aussi forte en ligne et que tu faisais exprès de jouer avec moi, je ne me retiendrais pas pour te le faire payer.
— J'aime jouer à plein de jeux, Charlie, mais tu n'es pas ma priorité. Tu n'es pas le centre du monde, ma muse.
— Tu me rassures, trésor.
Nous arrivons enfin à nous regarder et j'ai l'impression de retrouver un peu de notre complicité d'il y a une semaine. De « nous » retrouver.
Andréa Simon m'avait manqué.
Mais malgré tout, j'ai toujours des questions sans réponses et un cœur que j'ai plongé dans le déni.
Tant de questions, si peu de réponses. Tant de mystère et des cœurs à la dérive.🌪
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre fort en émotion pour Charlie ? Du sentiment de trahison qu'elle perçoit et de ce que Mawa aka Noémie lui avait caché ? Quel pourrait être ses raisons d'avoir autant menti ? Andréa y serait pour quelque chose ? 🤔
De ses suspicions sur la réelle identité de Mawa qui pourrait être Andréa ? D'avance je confirme que c'est bien plus qu'un clin d'œil à Insert Coin de lilylubie 😉 On en a discuté et ses univers comme ceux de la saga Lover sont liés (la preuve avec le cousin d'Andréa qui est Adam de Banale!).
Que pensez-vous de cette théorie et des moyens de Charlie de fouiller et de la confirmation d'Andréa qu'il n'est pas Mawa (lui qui est dans la full sincérité) ? Attention, vous savez que j'ai le chic pour vous faire des nœuds au cerveau ! 🥴
On va arriver dans mes trois prochains chapitres préférés se concentrant sur la LAN d'IRIS ! J'ai pris beaucoup de plaisir à les écrire et j'espère que vous passerez un bon moment à les lire !🤭
J'espère que ce chapitre vous à plu ! N'hésitez pas à me soutenir en votant et/ou en me laissant un commentaire pour me donner votre avis. On se retrouve jeudi prochain pour la suite !
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