28🎮L'homme qui a créé le diable

Est-ce qu'il y a une expression pire « qu'humeur massacrante » pour désigner ce que je ressens aujourd'hui ? Meh.

Par contre, je pense que je mérite un Oscar tant mon jeu d'actrice pour paraitre détaché est bon. Franchement, qu'on me mette tout de suite dans le prochain film Netflix !

Après l'événement délicieusement orgasmique mais rageant d'hier soir, nous avons quitté la demeure de Natacha en même temps qu'elle, dans son jet, pour retourner en France.

Pendant tout le vol, je l'écoutais parler à Andréa du shooting qu'elle allait faire pour un grand créateur de mode et le photographe était tellement intéressé qu'il ne m'a pas parlé une seule fois en plusieurs heures.

Est-ce que j'en ai quelque chose à foutre ? Pas vraiment mais...

En fait si, ça me casse les ovaires.

Le gars vient comme ça dans ma chambre me faire un des meilleurs cunni de ma vie avant de prendre en photo mon visage et de se casser. Une belle vengeance pour lui.

Pourtant, nous savons tous les deux qu'il y a quelque chose qui a changé entre nous.

Si auparavant il y avait une tension sexuelle, elle est actuellement à son paroxysme.

Je ne sais pas ce qu'il veut et je ne sais pas ce que je veux non plus, en prime. Je voulais le faire tomber amoureux de moi mais est-ce vraiment possible, ce genre d'exploit ? Après réflexion, le défi devient encore plus insurmontable.

Malgré ça, je commence à moins le détester, pour ne pas dire « l'apprécier ».

Andréa est... lui-même. Ses défauts, je les connaissais. Mais ses qualités se révèlent de plus en plus et la façon dont il a réagi à la soirée pour me défendre alors qu'il ne savait rien, c'était dingue.

Personne à part mon frère n'aurait pu agir comme ça.

Je ne sais pas si mon histoire de vengeance tient encore la route mais avoir Andréa Simon comme ami, ça pourrait être pas mal...

Ah mais non, c'est impossible. Trop de tension sexuelle.

Il faudrait qu'on couche un coup ensemble et pfiout ! Ça redeviendrait normal !

« Est-ce que l'on peut parler d'hier soir ? » demandé-je une heure plus tard alors que nous sommes dans la voiture privée nous ramenant chez lui.

Andréa relève à peine les yeux de son portable et continue de tapoter sur son clavier numérique comme si je n'avais rien dit.

— T'es vraiment en train de m'ignorer ?

— Je réponds à mon cousin. C'est plus important que ta question.

— Il est mignon ?

— N'y pense même pas. Tu ne mérites pas Adam. Sauf si tu es prête à aller en taule pour détournement de mineur.

— L'âge, pour certains, c'est dans la tête. Je dirais ça au juge. Je suis sûr qu'il sera indulgent vu mon passif.

J'arrive à provoquer un petit soupir, captant enfin son attention sur moi.

Il passe une main dans sa coupe de cheveux « retour de baise » avant de taper un dernier SMS et de ranger son portable dans la poche de son jean. Croisant les mains sur ses genoux, sa façon de me fixer est déstabilisante.

Ce charisme, c'est puissant.

— Tu voulais mon attention, tu l'as. Toute entière. Tu parlais d'hier soir. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Oh, ne fais pas le coup du mec qui a oublié !

— Rafraichis-moi la mémoire.

Je regarde le rétroviseur pour être sûre que le conducteur ne nous écoute pas avant de chuchoter :

— Quand tu m'as... léché.

— Quoi ?

— Quand tu... m'as fait un cunni quoi.

— Pardon ? Je n'entends pas bien.

— QUAND TU M'AS FAIT UN CUNNI !

Ok, vive la discrétion. Mon regard croise celui du chauffeur qui fait mine de se reconcentrer sur la route avant d'allumer sa radio.

La gêne.

Andréa se retient de rire tout comme je me retiens de lui foutre un pain dans la gueule. Ce mec est insupportable et moi, je plonge.

— Tu veux parler de quoi ? me dit-il en arquant un sourcil. Tu veux me donner une médaille ? Désolé, mais j'en ai déjà bien trop de la part de mes amantes.

— Ce n'était pas si exceptionnel, mentis-je. J'ai connu mieux. Bien mieux.

Son air taquin disparait un instant, surement parce qu'il se demande si je dis la vérité, avant qu'il ne fasse mine de s'en foutre d'un revers de la main.

— Piqué dans son égo, monsieur Simon ?

— Si j'étais si mauvais, tu ne m'aurais pas rejoué une scène de l'Exorcisme.

— Tu veux qu'on couche ensemble ?

La surprise que je provoque chez lui est magique. La réaction du chauffeur, prenant un virage un peu trop serré suite à ce qu'il a entendu, est dangereuse.

« Pas dans ma caisse ! » s'exclame-t-il avant de se reconcentrer sur la route.

— Qu'est-ce qu'il te prend de me voler mes répliques, Charlie ?

— Il me prend que j'ai envie de devenir ton amie.

— Tu vas devoir m'éclairer alors parce que je ne savais pas que pour devenir ami, on devait coucher ensemble. La logique féminine me dépassera toujours.

— Écoute-moi avant de me prendre pour une débile ! Bon... On sait tous les deux que l'on fait du bon travail ensemble, non ?

— Je dois reconnaitre que tu n'es pas une chiure de cancrelat.

— Je prends ça comme un compliment, merci. Ensuite, on sait aussi qu'il y a une sacrée tension sexuelle entre nous qui n'a pas été assouvie.

— La faute à celle qui voulait ma queue quand elle était bourrée et qui n'a pas pu la rentrer tant elle était grosse.

— Ce n'était pas une question de taille ! C'était du vaginisme ! De toute façon, elle n'est pas grosse, ta queue. Elle est... de taille respectable.

— Bien proportionnée et bien agréable à suc-

Andréa s'interrompt lorsque le chauffeur augmente d'un coup le volume de la radio. Grommelant et nous fusillant du regard alors que nous ne pouvons nous empêcher de rire doucement de sa réaction.

On n'est pas possible, tous les deux.

— Donc si je comprends ta logique, reprend-il, tu penses que pour être bon ami, on devrait se débarrasser de cette tension sexuelle en une fois.

— Une seule coucherie, oui.

— Dans les faits, c'est joli. Dans la réalité, c'est naïf. Toutes les femmes qui m'ont dit ça sont devenues mes plans cul, puis sont tombées amoureuses et enfin...

— Ont fini avec mon frère, je sais.

— Ça fait beaucoup de femmes pour Tristan. Tu es sûr qu'il est polygame ?

— Ce dont je suis sûr, c'est qu'il sait satisfaire ton ex. Tiens d'ailleurs la dernière fois que je suis allée chez lui j-

Soudain, nous sommes légèrement projetés en avant alors que le chauffeur frêne violemment.

« Vous me déconcentrez trop ! Prenez vos affaires et continuez à pied ! »

Le pauvre, je le comprends. Par contre, Andréa ne manque de souligner le fait qu'il va demander le remboursement de la partie restante du trajet... alors que nous ne sommes qu'à dix minutes à pied de chez lui.

Les voitures derrière nous klaxonnent follement tandis que le chauffeur grogne de plus belle et que nous extirpons enfin nos affaires de son coffre.

Bien chargés, surtout par le matos photo d'Andréa, nous commençons notre marche dans le froid alors que des groupes d'enfants costumés passent devant nous avec des bonbons dans les mains.

— J'avais zappé Halloween, dis-je en les observant. Il faut absolument que je joue ce soir.

— T'as aussi zappé notre conversation d'il y a quelques minutes. Alors ? Une seule baise pour faire partir la tension ? Tu ne risques pas de tomber am-

—Je t'arrête tout de suite, mon pauvre vieux. Tu ne me plais que quand tu fermes ta gueule.

— Mais je te plais ?

— Ton corps me plait. Ce n'est pas évident ? Et puis franchement, quand on sera débarrassé de ça, il n'y aura plus d'ambiguïté ou de gêne. On pourra devenir des amis qui ne s'aiment pas.

— T'es drôle avec ta façon de voir les choses. Une amitié sans le risque d'un cœur qui se brise, hein ?

Andréa s'arrête deux secondes sur le trottoir, se foutant des gens qu'il gêne avec sa valise, alors qu'il se frotte le menton et réfléchit sérieusement.

J'aimerais vraiment savoir ce qu'il se passe dans sa tête mais vu le personnage, ce n'est pas plus mal de l'ignorer.

— Ok. On fait ça maintenant ?

— Hein ? Quoi, là ? Dans la rue ?

— T'es vraiment la sœur de Tristan ? Non parce que niveau intelligence, y'a un fossé, là.

— Va chier.

— Et si tu acceptais ma proposition d'aller au restaurant, cette fois-ci ?

— Tu... me proposes un rencard ? Un rencard pré-baise ?

— Avoir une bonne baise, ça ne se fait pas « comme ça ». Il faut des conditions. Il faut qu'on ait bien mangé mais pas trop, qu'on ait passé un bon moment ensemble, qu'on fasse monter la température et là...

— BIM sur le plan de travail !

— Je pensais à mon lit mais pourquoi pas, oui. Qu'est-ce que tu en dis ?

— Diner avec Andréa ? Hum...

— Arrête, on a déjà mangé ensemble quand on bossait. C'est si troublant de te retrouver face à un homme tel que moi à table ?

— Nan, je t'imaginais juste comme l'autre jour, avec un bout de salade entre les dents.

— Quoi ?! Alors tu as menti quand je t'ai demandé si ma bouche était ok ?!

— Ta bouche était ok, t'as pas précisé les dents.

— T'es pas croyable, gamine.

— C'est pour ça que tu m'invites au restaurant et que j'accepte. Par contre, rien de romantique. Je déteste ça. Un truc simple. Ensuite on verra pour la baise.

— Ton frère va tellement me buter s'il l'apprend...

— Je fais ce que je veux avec qui je veux et mon frère sait qu'il n'a pas son mot à dire. Mais oui, sans ça, il pourrait te tuer.

Andréa pousse un soupir et nous concluons notre discussion avec une poignée de main entendue. Trainant jusqu'à son appartement ses affaires avant que je ne le laisse pour rentrer chez moi et retrouver ma coloc voulant tout savoir de mon escapade imprévue en Russie.

Alors que je regarde la page de chargement d'IRIS, mes notes de builds en main, je repense à notre conversation et à la proposition d'Andréa.

Une invitation au restaurant... Est-ce qu'il n'aurait pas perdu la tête ou... Peut-être qu'il est finalement en train de tomber amoureux ? Alors j'aurais réussi mon pari ?

Ce serait tellement satisfaisant et en même temps... J'ai de moins en moins envie de lui faire mal au cœur. Déjà que cet organe est quasi inexistant chez lui, l'éclater en morceau serait le coup tuant toute trace de sentiment en lui.

Est-ce que je ne commencerais pas à avoir de l'affection pour le diable ?

Faut vraiment que j'aille consulter.

Arrivée sur IRIS et retrouvant ma team après avoir modifié mes artéfacts et aptitudes, nous commençons notre entrainement pour la LAN jusqu'à tard dans la nuit.

Nous nous accordons tout de même une « pause » pour faire l'événement d'Halloween et manger des bonbons chacun de notre côté dans la vraie vie.

Anna me nourrit d'un quatre-quarts au citron qu'elle a fait en trop avant de se préparer à partir à une soirée avec ses potes cosplayeurs lorsque me revient une idée en tête :

— Est-ce que tu pourrais me passer le numéro de ta sœur ? J'aimerais lui demander de participer à notre exposition.

— « Notre » exposition ?

— Celle que je prépare avec Andréa. Il nous manque un modèle et Nina serait parfaite. Et puis, on ne va pas se mentir, elle est canon.

— Tu ne l'as pas vu en mode « off »... Mais ok, je vais lui demander. Vous vous êtes rapproché avec Andréa, j'ai l'impression.

— Mouais, on peut dire ça.

— Oua, l'enthousiasme légendaire de Chachou !

— On a un rencard la semaine prochaine.

À mes mots, Anna manque de faire tomber le verre d'eau dans ses mains, le rattrapant de justesse alors que je la regarde volontairement avec crédulité.

— Qu'est-ce que j'ai dit ? dis-je d'une voix mielleuse.

— Ton plan fonctionne alors ?! Tu vas vraiment le faire tomber amoureux pour mieux te venger ? C'est cruel mais tellement excitant ! Tellement dingue !

— En fait, les choses ont un peu chang-

La sonnerie de son téléphone m'interrompt et je comprends qu'elle a déjà une heure de retard à sa fête, la nouvelle concluant notre conversation.

Quelques minutes plus tard, je reprends ma session de jeu qui, bien que productive, se termine plus tard que prévu aux alentours de 3h du matin.



DarkNess : On n'irait pas pioncer ? Mon cerveau fume.

Lucky_Chupa : Ce n'est pas en dormant qu'on devient les meilleurs.

DarkNess : Mais c'est en dormant qu'on reste en vie.

Lucky_Chupa : T'auras tout le temps de dormir quand tu seras mort.

MawaBrute : Lucky, je pense qu'il a raison. On a bien bossé ce soir et de toute façon Raaven a dû s'endormir sur son bureau. Son personnage ne bouge plus depuis dix minutes.

Lucky_Chupa : Okay, mais on revoit la strat d'ici deux jours.

DarkNess : Oui madame la leadeuse ! Ah et pour infos, même si Raaven ne le voit que demain, j'ai tout prévu pour l'accueillir chez moi et je lui ai acheté son billet de train. Ça va être une putain de LAN !

MawaBrute : Ça arrive vite...

Lucky_Chupa : Faut que je prévienne mon boss, au cas où. Qu'il ne me vire pas pour avoir raté une urgence alors qu'on était à la LAN.

DarkNess : Il s'appelle Francis ?

Lucky_Chupa : Hein ?

DarkNess : Francis à la LAN. Francis Lalanne.

Lucky_Chupa : ...

MawaBrute : ...

DarkNess : Allez, les filles, ne me laissez pas avec ça, bordel ! Soutenez-moi !



MawaBrute vient de se déconnecter d'IRIS.



DarkNess : Stp Lucky, juste un petit « lol » !

Lucky_Chupa : Bonne nuit, Dark.



Lucky_Chupa vient de se déconnecter d'IRIS.



Je regarde notre conversation Discord où Dark tente tant bien que mal de recevoir de l'attention pour sa blague ratée alors que je reçois dans le même temps, un SMS de Mawa.



✉Mawa : Tu ne m'as pas répondu hier soir. Il s'est passé quoi ? Tu lui as parlé, à ton boss ?

✉Lucky : C'est... un poil plus compliqué que ça.



J'éteins mon ordi et file me jeter dans mon lit tout en tapant frénétiquement mes messages. Je raconte ce qu'il s'est passé hier soir avec Andréa mais aussi aujourd'hui avec sa proposition de « rencard avant baise ».

Je pensais que Mawa serait gênée que je lui parle de tout ça mais c'est l'inverse, elle demande des détails et cherche à me conseiller. Finalement, notre première rencontre IRL un peu bizarre nous avait éloignés avant de nous rapprocher.

Mawa est comme avant, une précieuse amie à qui je peux confier mes problèmes sans risquer qu'elle ne débarque pour me juger et influer sur ma vie.



✉Mawa : Ça a l'air particulier comme situation. Mais ça te va ? Tu n'es pas amoureuse ou quoi ?

✉Lucky : Non, aucun risque ! Ce type est tellement imbuvable que ce serait du suicide et du masochiste de l'aimer !

✉Mawa : L'enfer...

✉Lucky : Yep. On couche ensemble et c'est fini. Pas de sentiment, rien. De toute façon, ce rencard, c'est juste un diner au restaurant. Rien de fou. En plus je lui ai dit que je n'aimais pas les trucs romantiques ?

✉Mawa : Euh... mais tu ne m'avais pas dit l'inverse il y a longtemps ? Quand on avait parlé de film et que t'adorais les otomes games ?

✉Lucky : J'ai dit ça exprès pour ne pas qu'il le fasse, Mawa ! Stratégie !

✉Mawa : Pas con. Mais fais gaffe parce que vu ce que tu m'as raconté, il a l'air assez vicieux pour faire l'inverse juste dans le but de t'énerver... et tu vas te retrouver à aimer ce rencard. Et peut-être l'aimer, lui ?

✉Lucky : Mawa, si un jour je te dis que j'ai des sentiments pour lui, roule-moi une pelle pour me ramener à la raison.

✉Mawa : Euh... non.

✉Lucky : Un petit bisou alors ?

✉Mawa : C'est déjà mieux. Par contre, question : tu y as pensé à ses sentiments ? Imagine s'il est vraiment tombé amoureux ?

✉Lucky : Il n'en a clairement pas l'air, don't worry.

✉Mawa : T'es sûre ?

✉Lucky : Ouais, je crois.

✉Mawa : Okay. Bon, ce n'est pas tout ça mais je dois aller bosser dans quelques heures donc bonne nuit ! Et fais gaffe à toi !



Je souhaite bonne nuit à Mawa et m'emmitoufle dans mon lit en repensant à ce qu'elle m'a écrit.

Est-ce que j'ai bien observé Andréa ? Est-ce qu'il a l'air amoureux ? Je ne pense qu'il me faut un avis extérieur.

Quelqu'un qui a déjà vu Andréa amoureux, par exemple ? Mais qui ?



🎮🎮🎮



— Madame Ferrer, est-ce que vous pouvez venir à l'accueil ? Il y a quelqu'un qui a demandé à voir monsieur Simon.

— Ok, j'arrive. Merci.

Je jette un coup d'œil à la séance photo, observant plus en détail mon patron approchant son objectif d'une magnifique pièce montée alors que son créateur, un pâtissier de renom, ne peut s'empêcher de parler de son travail en boucle.

Je suis sûre qu'Andréa lui foutrait bien son pied dans la bouche pour le faire taire s'il n'était pas si connu et respecté dans le milieu.

Aujourd'hui et après quelques jours depuis notre escapade en Russie, nous avons repris les projets habituels en parallèle de la préparation de notre exposition. Ce shooting dans la cuisine appartenant à un grand groupe multimédia était exceptionnel et surtout, un moyen de nous faire de la pub.

Je préviens le chargé de production que je dois m'absenter, au cas où Andréa pète un câble en se demandant où je suis, avant de descendre jusqu'au au rez-de-chaussée.

J'arrive dans le hall très classe mais très froid avec toutes ses grandes vitres et sa décoration austère, lorsque la dame de l'accueil m'ayant appelé me fait signe.

Devant elle et se retournant face à moi, un homme.

Pas n'importe quel homme. Le genre qui physiquement est exactement ce qui me plait.

Genre, vraiment, vraiment beaucoup. Pas un BG qui fait baver les masses à la George Cartier, mais qui dans son style, l'est suffisamment pour me faire déglutir.

Grand, pas autant que moi mais avec que deux trois centimètre de différence, la peau mate, de courts cheveux noirs mais surtout un corps musclé, athlétique mais pas « gonflé » comme les accros de la muscu. Juste ce qu'il faut.

Mais ce qui m'a frappé, c'est sa dégaine. Il a beau être habillé que d'un jean et d'un t-shirt bordeaux, il dégage un putain de charisme dans sa posture.

Et en prime, lorsque je me rapproche de lui, je remarque qu'il a les yeux gris, ce qui fait un beau contraste avec sa peau foncée.

— B-Bonjour ! réponds-je en jurant intérieurement d'avoir begayé. C'est vous qui souhaitez voir Andréa Simon ? Il est actuellement en shooting. Vous voulez venir voir ?

— Ok, pas de soucis.

Il y a un mix entre de la douceur et de la bienveillance dans sa voix mais également un truc un peu... malicieux. Ben, un peu comme Andréa quand il joue au charmeur.

L'homme rajuste la sacoche à son épaule avant de me suivre jusqu'à l'ascenseur. Nous avons une dizaine d'étages à faire et son parfum boisé envahit déjà ma bulle.

Je zieute discrètement pour l'observer mais me fais prendre immédiatement car il était déjà en train de me regarder.

Well, shit.

Et alors qu'il s'apprête à me parler, je remarque un détail qui m'avait échappé sur son t-shirt.

— Jojo ? dis-je en observant la broderie à son pectoral. C'est le kanji violet pour...

— « Menacing » répond-il en me souriant. Fan de Jojo's Bizarre Adventure ?

— Je n'ai vu que Stardust Crusaders. C'est ma coloc et sa sœur qui m'ont forcé mais j'ai grave kif- euh aimé ! Mais c'est tellement long à regarder.

— Ça vaut le coup, croyez-moi. Au fait, on ne s'est pas présenté...

— Oui, pardon ! J'avais la tête encore dans le boulot ! Charlie Ferrer, l'assistante d'Andréa.

— Ah.

Ah ? C'est quoi cette réaction ?

L'homme détourne un instant le regard avant de retrouver une expression bienveillante mais... Je jurerais qu'il a froncé les sourcils pendant une seconde.

— Je suis l'ami d'enfance d'Andréa.

— Je croyais que son meilleur pote, c'était George ?

— « Ami d'enfance » répète-t-il. Cartier a beau avoir fait les quatre-cents coups avec lui, c'est moi qu'appelle Andréa quand il a un problème.

— Et s'il a un problème mais qu'il ne peut pas vous joindre, comment je dois vous appeler ?

— Momo. Et pas besoin de me vouvoyer.

Son clin d'œil me fait rougir mais je me reprends à l'instant où les portes s'ouvrent sur notre étage.

Alors c'est lui, « Momo ». Je n'ai vu aucune photo de lui chez Andréa et il n'a été évoqué que brièvement par Andréa et ses amis.

Mais je me souviens d'un truc...

C'est lui qu'Andréa avait appelé le soir où j'ai raconté mon trauma. C'est lui qui devait « s'occuper » de mon problème.

Qui est réellement cet homme ?

Lorsque nous arrivons sur le plateau du shooting, Andréa tient son appareil dans ses mains et tape du pied en rythme avec un faux sourire sur le visage alors que le pâtissier semble lui faire d'autres demandes de photo.

Soudain, Andréa nous remarque et son visage passe de la politesse forcée à.. l'irritation ? La colère, même ?

Il s'excuse d'une main levée et fonce droit sur nous avant de me passer son appareil et de presque se cogner au torse de son « ami d'enfance ».

— Qu'est-ce que tu fous ici ? aboit-il presque en levant la tête vers lui. Je croyais qu'on devait se retrouver ce soir.

— Je ne serais pas venu si c'était possible. Du calme, Andy.

— Je suis UN PEU en train de bosser là, Morgie. Et en plus...

Andréa me regarde étrangement avant de pousser un soupir las jusqu'à ce que le fameux Momo pose sa main sur son épaule.

— Je peux attendre. Je ne bosse qu'à partir de 19h.

— Toi, tu bosses ? Pff... Laisse-moi quinze minutes et je suis à toi, ok ? Et Charlie ? Ne parle pas avec lui.

— Tu as peur, Andy ?

— Tss... Quinze minutes.

Le photographe reprend son appareil avant de faire un doigt d'honneur à Momo et de retourner au boulot.

Je suis... troublée.

Je n'ai jamais vu autant de contradiction chez lui. Ce mec est son « ami » mais il lui parle de façon unique, limite agressive. J'ai senti chez lui de la colère, de la méfiance mais aussi de la crainte...

« Quel homme peut avoir autant d'assurance devant le diable ? » murmuré-je pour moi lorsque Momo se rapproche de moi et me réponds d'un sourire :


« L'homme qui a créé le diable. »



Chapitre bien plus long que d'habitude, mais il fallait que j'introduise le personnage (très important) de "Momo", aka l'ami d'enfance qui est à l'origine de l'Andréa que l'on connait. C'est un personnage prometteur qui, je l'annonce déjà, aura 3 chapitres à la fin de cette histoire pour montrer sa rencontre et relation avec Andréa... Et des rôles importants dans les prochains tomes de la saga 😏 !

Qu'avez-vous pensé du retour de Russie et de la discussion tendancieuse entre Andréa et Charlie ? (pauvre chauffeur 😆) De leur décision d'avoir un rencard et de coucher ensemble une seule fois ? On sait tous que ce genre de promesse, avec Andréa en face, c'est quasi impossible d'y tenir !... Mais est-ce que ce sera différent cette fois-ci ? 🤔

De la première rencontre avec Momo ? Et de la réaction d'Andréa face à lui ? Vos théories sur ce personnage ?

J'espère que ce chapitre vous à plu ! N'hésitez pas à me soutenir en cliquant sur l'étoile pour voter et/ou en me laissant un commentaire pour me donner votre avis. On se retrouve bientôt pour la suite !

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