18🎮Jouets défectueux

« Qu'est-ce que tu fais là ? »

Ma question reste sans réponse alors que j'attrape la main que me tend Andréa, me relevant avec difficulté à cause de mon degré d'alcool. Antony fait de même avant d'essuyer sa main sur son jean et de la tendre au photographe en se présentant.

La mienne toujours dans la sienne, Andréa prend son air dédaigneux et dévisage mon ex de la tête au pied avant d'ignorer sa tentative de serrage de main en déclarant :

« Désolé, mais je ne serre pas la main d'un Ally. Je me respecte un minimum. »

Sa réponse me surprend tellement que je me mets à rire de bon cœur tant je ne m'y attendais pas. Ce type a beau être détestable, il faut reconnaitre qu'il est toujours plein de surprise et qu'on ne s'ennuie jamais à ses côtés.

— C'est qui ce gars ? me demande Antony en serrant les poings.

— Andréa Simon. Charlie est mon assistante et je suis missionné par son frère pour qu'elle ne boive pas trop.

— T'as besoin d'un baby-sitter maintenant, rookie ?

— Non, je suis une grande fille ! Andréa ! JE SUIS UNE GRANDE FILLE !

— T'es grande qu'en taille et t'es plutôt une vilaine fille.

— Je n'aime pas quand tu dis ce mot... Ça sonne cochon dans ta bouche.

— Vilaine ? Bien sûr que ça l'est mais tu dois avoir pas mal de grammes dans les veines pour être encore plus direct que d'habitude. Allez viens, on rentre.

— Attendez ! On n'avait pas fini de parler avec Charlie !

Je masse mes tempes, fatiguée, avant que mon amie Anouck ne vienne à ma rescousse. Se présentant à Andréa brièvement avant de me rappeler que je ne peux pas partir sans avoir fait un arrêt aux toilettes.

« Attends-moi Andréa, je dois aller pisser et dire au revoir. »

Le photographe hoche la tête, lâchant ma main pour me laisser partir. Un arrêt aux toilettes, plusieurs bises et câlins de départ et un regard noir lancé à Bassa et son copain, je quitte le Ferrailleur en retrouvant un Antony visiblement troublé par un Andréa pourtant plus petit que lui.

Je suis curieuse de savoir ce qu'il a pu lui dire pour le détruire à ce point mais pour l'instant, je veux juste rentrer et m'allonger.

— Rookie... Écoute, je...

— C'est bon, l'interromps-je. J'ai compris. Je n'ai pas de cœur et t'as presque eu raison de me tromper et blablabla et des conneries de mec qui a du mal à vivre avec la culpabilité et l'étiquette d'infidèle. Ça va.

— Donne-moi au moins ton nouveau numéro pour qu'on puisse en parler plus calmement.

— T'as pas entendu la demoiselle ? répond Andréa. « Ça va ». Allez, on se casse.

Je fais un bref salut à mon ex, le laissant dépité alors qu'Andréa reprend ma main pour ne pas me perdre dans le flot des fêtards. Se plaignant des gens n'ayant vraiment rien à foutre de leur vie pour se murger un lundi soir alors que je viens exactement de faire de même.

Lorsque je me plains qu'il aille trop vite pour moi, ce dernier soupire et s'accroupit en me faisant signe de monter sur son dos. Je lui saute presque dessus comme une enfant retrouvant son jouet alors qu'il peine un peu à me transporter.

Mais visiblement, c'est moins chiant que de me trainer comme un sac à patates.

Le trajet à pied est tellement long que nous arrivons presque une heure plus tard au AirBnb, moi de nouveau sur mes jambes et ayant dessaoulée. Lui, un air contrarié persistant sur la gueule.

— Comment tu m'as retrouvé ? demandé-je en jetant mes chaussures à travers le studio et en fonçant me démaquiller dans la salle de bain.

— Ce n'était pas compliqué, tu m'as raconté ta rencontre avec ton ex ce matin. Tout à l'heure, tu as dit que tu allais boire des coups avec tes amis donc avec le peu d'information, je me suis dit que tu devais être sur l'île de Nantes.

— T'as dit quoi à Antony pour le détruire comme ça ?

— T'as pas besoin de le savoir. Il t'emmerdera plus.

Andréa arrive dans la petite salle de bain avec un grand verre d'eau qu'il pose sur le rebord du lavabo et qu'il m'ordonne de boire alors qu'il déplie le grand canapé et installe les couvertures sur le lit.

J'en profite pour prendre une douche salvatrice et me brosser les dents avant de sortir de la salle de bain enroulée dans ma serviette pour fouiller dans ma valise à la recherche de ma nuisette.

Andréa ignore complètement ce passage qui aurait pu amener à des plaisanteries salaces et part à son tour dans la salle de bain pour se laver.

Le faire chier à ce point me fait autant plaisir que ça me gêne. Je ne voulais pas qu'il rencontre Antony et maintenant que j'ai parlé avec mon ex, je ne sais pas si ma vengeance doit toujours suivre son cours.

Qu'est-ce que je veux ? Putain, la seule réponse qui me vient à l'esprit c'est « un CDD ou CDI de graphiste ».

Je suis assise sur la couette, me rongeant un ongle, lorsqu'Andréa sort de la salle de bain habillé d'un simple boxer. Je mate sans retenue son corps musclé et je commence à comprendre comment il a réussi à me soulever si longtemps en observant ses bras.

— T'as pas genre... un bas de pyjama ?

— Je dors à poil, de base.

— Ouais moi aussi mais je n'avais pas envie que mon chef pense que j'essaie d'avoir une « promotion canapé ». Ahah, t'as compris ?

— Parce qu'on dort sur un canapé ? Ouais, j'avais compris.

— C'était plus drôle dans ma tête.

— De toute façon, te toucher n'est pas dans mon programme donc tu n'as pas à avoir peur.

— De toute façon...

Je laisse trainer ma réponse en le regardant éteindre les lumières, ne laissant que la lueur du lampadaire de dehors traverser les rideaux pour nous éclairer. Il pose ses lunettes, se glisse sous la couette en continuant à me fixer et attend en posant sa tête sur sa paume.

« De toute façon, je suis la sœur de Tristan. On ne touche pas à la sœur d'un pote, non ? »

Il arque un sourcil avant de me tourner le dos pendant que je passe sous la couette. Je sens bien qu'il n'y a une tension bizarre entre nous mais ce n'est pas comme d'habitude.

Ah, je sais pourquoi. Parce que j'ai bu « le verre de trop ».

Le verre qui me donne envie de baiser. Celui qui augmente ma libido en inhibant ma raison.

« Est-ce que je ne suis que la sœur de Tristan ? Que ton assistante ? Qu'une gamine insupportable ? Ou est-ce que ce soir, dans ce studio à des kilomètres de notre routine, je peux être quelqu'un d'autre ? »

Andréa ne réagit pas.

Je suis tournée vers lui et attend un mouvement, un soupire, un simple signe qui me dit si je suis allée trop loin et que je devrais laisser la fatigue m'envahir pour faire taire mon envie de sexe.

Mais rien. Et finalement, ce n'est pas plus mal.

Je me tourne dans l'autre sens, dos à lui, et soupire avant d'enfoncer ma tête dans l'oreiller lorsque j'entends un froissement. Comme si son corps se retournait.

— Tu peux t'appeler Andréa et moi Charlie.

— Pourquoi tu rentres dans mon jeu ?

— Parce que ce soir, t'étais un peu en mode « Andréa ». Non... Parce que depuis qu'on se fréquente, t'es toujours en mode « Andréa ».

— Le mode chieur ?

— Ouais.

— Toi aussi, t'es relou. T'es un connard de perfectionniste qui pète un câble si le travail n'est pas fait au millimètre près comme tu le désires.

— On n'a plus le droit d'être exigeant dans ce pays !

— Pfff tu parles...

Je me tourne à mon tour, restant allongée sur le dos comme lui à observer le plafond. Ne sachant pas où la discussion va nous mener et pourquoi il m'a répondu alors qu'il aurait pu m'ignorer.

— Tu peux juste être toi, murmure-t-il après quelques minutes de silence. C'est qui, la vraie Charlie ?

— Une meuf matrixée qui n'arrive pas à trouver de boulot dans sa branche, faisant tellement pitié qu'elle sert d'assistante à un homme qui l'apprécie à peine, rongé par ses démons et la peur de la dépression qui plane au-dessus de sa tête. Une pauvre fille qui n'arrive plus à se battre contre une mère ne l'aimant pas, qui ne trouve d'intérêt dans la vie qu'à travers les jeux vidéo et qui n'a confiance en elle qu'à travers des partenaires d'un soir.

— Ok.

— Qui voudrait d'une fille comme ça ?

— Personne.

— Tu vois ?

— Et qui voudrait d'un mec obsédé par son travail, qualifié de chieur par tout son entourage, qu'on juge dans son dos et incapable de tenir sa queue en place quand il pense avoir une chance avec une fille ? Un ancien gros qui a autant de regrets que de remords, qui n'arrive pas à avoir une conversation avec son père sans lui cracher à la gueule et qui pense finir sa vie seul tellement il est convaincu de ne pas avoir de cœur, trouvant du réconfort qu'entre les jambes de femme qui mérite bien mieux que lui. Qui voudrait d'un mec comme ça ?

— Personne.

— Tu vois ?

— On dirait deux jouets défectueux et dépressifs qui n'attendent qu'une chose : qu'on les prenne.

— Tu veux que je te prenne, Charlie ?

— Ouais, s'il te plait.

Je lui tourne à nouveau le dos et suis rassuré lorsqu'il se colle contre moi pour m'enlacer.

Je sens son souffle dans mon cou, ses bras entourant ma peau et ses pieds caressant mes jambes pour mieux s'enrouler et me faire prisonnière de son étreinte.

C'est étrange et je fais surement une erreur, mais j'aime ça.

Enormément.

L'alcool et mon désir de me venger d'Andréa en l'attirant dans mes bras en est la cause, et pourtant... Ce que l'on vient de s'avouer mutuellement m'a beaucoup touché.

Nous avons passé un accord silencieux pour garder ces aveux pour nous. Comme si « ce qui se passe dans ce studio nantais, reste dans ce studio nantais à jamais ».

Je pousse un soupir lascif lorsque son nez vient caresser mon oreille, entendant distinctement sa respiration alors qu'il murmure : « Je ne devrais pas faire ça... »

Soudain, il s'éloigne de moi et se lève du lit pour aller jusqu'à ses affaires. J'attends qu'il revienne mais je suis déjà déçue de cet abandon de sa part lorsqu'il glisse à nouveau sous la couette.

Sauf qu'au lieu de retourner de son côté, il revient contre moi et laisse ses mains caresser mon corps. Je ne retiens pas un hoquet de surprise en sentant ses doigts sur mes hanches mais également la dureté contre mes fesses.

J'en ai envie et... lui aussi.

Andréa découvre mon corps avec ses caresses mais je sens déjà ses mains expertes s'attarder sur ma nuisette étant de trop. Lorsque je me tourne sur le dos, il n'hésite pas à venir sur moi et je comprends immédiatement pourquoi il s'était levé.

« N'ouvre pas les yeux. » chuchote-t-il comme si la pénombre n'était pas suffisante pour cacher ce qu'il s'apprête à faire. J'entends des frottements contre du tissu, des froissements et un bruit d'emballage qu'on déchire avec les dents.

Ses mains caressent ma nuisette et s'apprêtent à la retirer mais il s'interrompt. Je sens qu'il veut que je la garde, comme si lui révéler tout mon corps serait bien trop. Il la soulève délicatement jusqu'en haut de mes cuisses et je ne peux retenir un gémissement en sentant son doigt me caresser.

Ma respiration n'est pas stable et mes mains agrippent déjà le drap sous mon corps alors qu'il fait la découverte de mon intimité que d'un seul doigt. Sa main de libre pourrait me caresser les seins mais je repense à ce qu'on m'a raconté sur sa mère et sa maladie et je comprends immédiatement pourquoi il n'ose pas.

Ça doit être une barrière psychologique pour lui et je peux l'accepter. Moi aussi, j'en ai.

J'étouffe son prénom alors qu'il continue de jouer avec mon clitoris et je laisse ma main se lever et caresser son cou, puis son torse, descendant petit à petit jusqu'à... son poignet.

Sa main de libre est sur son membre comme pour l'empêcher une dernière fois de céder près de mon corps. Mais la mienne suit ses doigts et vont sur son sexe tendu déjà recouvert de latex, faisant des aller et retour lui faisant pousser des soupirs aussi lascifs que les miens.

On pourrait rester comme ça, non ? J'ai l'impression d'être semi-éveillé et que ce qui est en train de se passer n'est que le fruit de mon imagination.

« J'y vais » me dit-il comme s'il s'apprêtait à prendre ma première fois. Comme si je devais me préparer...

Non, c'est pour lui qu'il vient de parler. C'est pour se convaincre que ce qu'il est en train de faire n'aura pas autant d'importance que ça.

Qu'on est semblable et qu'on arrivera à passer au-dessus sans en faire une montagne.

Je me mords la lèvre en sentant son membre titiller mon entrée et avancer doucement à l'intérieur...

« Aïe ! »

J'ouvre les yeux, aussi surprise que lui, alors que je baisse la tête pour regarder en directement de mon entre-jambes.

Ben... Qu'est-ce que... ?

Andréa fronce les sourcils et tente à nouveau d'entrer en moi mais la même chose se produit : mon vagin fait barrière.

À chaque fois qu'il tente d'entrer, je ressens une douleur comme si j'étais encore plus serré qu'une vierge mais qu'en plus de ça, un mur faisait obstacle à toute intrusion. Même lorsqu'il tente de faire passer un doigt.

— Est-ce que je... commence-t-il d'un ton inquiet, j'ai fait quelque chose qui...

— Non... Je ne pense pas... C'est la première fois que ça bloque comme ça. Euh...

La question qui reste en suspens dans l'air : « Qu'est-ce qu'on fait, du coup ? »

La gêne s'installe dans le silence assourdissant de la nuit et Andréa décide après d'interminables secondes de s'écarter de moi pour retomber sur le dos. Je l'entends retirer le préservatif et le vois se lever pour aller le jeter dans la salle de bain.

Lorsqu'il revient, j'ai déjà enfilé ma nuisette et je lui tourne le dos.

Nous ne nous disons rien et j'ai l'impression que la situation est bien pire que si nous avions couché ensemble.

Je suis troublée mais surtout fâchée contre moi et mon corps.

Ne comprenant pas un instant pourquoi il a fait barrage à Andréa Simon.



Ascenseur émotionnel, haute température jusqu'à froid glacial, c'est ça, la relation Andréa/Charlie ! 🔥😏

Qu'avez-vous pensé du sauvetage d'Andréa auprès de l'ex de Charlie ? De sa façon de s'occuper d'elle ? Aurait-il craqué ou respecte-t-il juste les consignes de Tristan ?

Et enfin de leurs aveux et de leur rapprochement physique ? Ils étaient prêt à passer à l'acte mais... ça coince. Vous connaissez le vaginisme ? On en parlera au prochain chapitre avec Chachou (ça m'est déjà arrivé, c'est un enfer😬)

N'hésitez pas à me soutenir en cliquant sur l'étoile pour voter et/ou en me laissant un petit commentaire pour me donner votre avis ! On se retrouve jeudi prochain pour la suite !

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