— VA PLUS VITE, PUTAIN !

— Je ne peux pas traverser les autres voitures alors calme-toi.

— Je suis en train de mourir. Tu auras un cadavre dans ta voiture et personne pour t'aider à t'en débarrasser.

— Ton corps, je vais le balancer dans la Seine si tu continues. En plus on est arrivé dans deux minutes.

— Non, y'a pas de place devant chez moi. Gare-toi là, on marchera.

— Toi et ta carcasse, vous allez marcher ? Mon cul.

Andréa gare sa voiture en pestant, venant jusqu'à ouvrir ma portière et détacher ma ceinture pour me trainer hors de l'habitacle.

Il avait raison, ça fait un mal de chien et si les femmes enceintes ressentent ça à chaque fois, pourquoi est-ce qu'elles acceptent de faire d'autres gosses ? Je ne comprends pas. C'est insupportable.

Elles ont un putain de courage. GG à elles.

« Allez, bouge. Ne me force pas à te porter. »

Soudain, un sourire surement déformé apparait sur mon visage, provoquant une mine méprisante chez le photographe avant qu'il ne cède en soupirant, surement par manque de temps, et qu'il s'accroupisse pour que je lui grimpe dessus.

Nous marchons comme ça jusqu'à mon bâtiment lorsqu'il expire et demande :

— Heureusement que tu n'es pas lourde. C'est à quel étage ?

— Le dernier sans ascenseur.

— Putain je te déteste, Charlie.

— C'est la plus belle chose que tu puisses me dire. ALLEZ ! U DADA !

Andréa se retient de me faire basculer en arrière et je m'accroche par sécurité à ses épaules en pointant la porte d'entrée, mon trousseau de clés tournoyant autour de mon doigt.

« À dada sur mon bidet

Quand il trotte il est trop laid

Au galop, il est trop beau

Au pas, au pas, au pas,

Au trot, au trot, au trot

Au galop, au galop, au galop, au galop

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! »

Je finis le cul au sol lorsque le brun me lâche devant ma porte. Je l'ai bien mérité mais ce n'est tout de même pas malin alors qu'il sait que je souffre le martyre.

Mais bon, j'ai abusé aussi.

Toujours au sol contre la porte, je lui tends les clés de l'appartement et finis allongée sur le paillasson après qu'il l'ait ouverte pour entrer. Sans me prévenir, il saisit mes bras et me traine au sol jusqu'à l'intérieur avant de claquer la porte et de soupirer.

— Plus jamais je n'accepte d'aider la sœur d'un pote. Faut que j'arrête d'être gentil, ça va me tuer.

— Gentil une minute, salaud dix ans.

— Allez gamine, rampe au sol jusqu'à ta chambre.

— Tu vas faire quoi ? Baisser mon salaire ?

— T'as une bouillotte ? Je vais faire bouillir de l'eau pour que tu te la foutes sur le bas du ventre. Ça calmera tes douleurs.

— Comment tu sais tout ça ? T'étais une femme avant ? C'est pour ça que tu t'appelles Andréa ?

— Et toi t'étais un mec avant pour être autant casse-burne, Charlie ?

— Pas besoin d'être un homme pour ça.

— Je sais, malheureusement. Continue de ramper.

Je marche à quatre pattes sur le parquet flottant, retenant un cri à chaque douleur intérieure en me disant en boucle « Ça en vaut la peine, c'est que maintenant mais dans quelques jours, tu pourrais baiser sans avoir peur de tomber enceinte ! Allez ma fille ! »

J'arrive juste devant ma porte lorsque j'entends une notification Discord venant de mon ordinateur en semi-veille.

Je me lève avec peine et m'assois dans mon fauteuil avant de comprendre pourquoi il était allumé : Anna a décidé de s'en servir pour télécharger l'intégrale de la deuxième saison de Kaguya-sama: Love is war !.

J'ouvre Discord et vois une notification de DarkNess me taguant mais également une réponse d'il y a quelques secondes.

✉DarkNess : @Lucky_Chupa c'est quel jour déjà qu'on se fait le donjon de la Rivière Écarlate ? J'ai zappé de le noter et j'ai peur d'être occupé.

✉MawaBrute : C'est mercredi soir.

Mawa répond par un GIF animé se tapant le front alors que je cherche mon favori de Lucifer se massant les tempes, excédé par son interlocuteur.

— Tu fais quoi devant ton ordi ? m'interpelle Andréa. On avait dit « au lit ».

— Oui papa !

— Généralement, quand on m'appelle papa, c'est pour se prendre une bonne claque sur les fesses parce qu'on a été une vilaine...

Andréa s'interrompt, la bouilloire fumante dans les mains lorsque ses paupières se plissent pour lire les messages.

« Eh, c'est privé ! » m'écrié-je en réduisant la fenêtre. « La bouillotte est dans le tiroir en bas à gauche à côté de l'évier. »

Je me retourne pour regarder Discord à nouveau et envoyer mon GIF mais je sens qu'Andréa m'espionne toujours. Je soupire en quittant la page lorsque je sens son souffle contre mon cou.

— T'es comme ton frère, murmure-t-il lentement.

— Une gameuse avec un bureau en bordel ?

— Surprenante.

— Hein ?

— C'est IRIS. Le fond d'écran.

— Comment tu... TU CONNAIS IRIS ?!

Andréa hausse les épaules avant de retourner vers la cuisine et de remplir la bouillotte. Il reste silencieux quelques longues secondes avant de déclarer :

— C'est Tristan qui m'en a parlé à la sortie du jeu. Il m'a fait essayer.

— Et t'as pas continué parce que ça te tuait trop de jouer en coopération avec d'autres êtres humains que tu verrais comme des péons ?

— Les jeux vidéo, c'est chronophage. À ton avis, est-ce que je suis le genre de mec qui a le temps de jouer ?

— Non.

— Va t'allonger.

Je suis un peu déçue parce que je pensais que je pourrais parler avec lui d'IRIS, que ça nous ferait un surprenant point commun, un loisir mais il faut croire qu'Andréa Simon n'a le temps que pour ses coucheries avec des mannequins.

Ça m'aurait donné une balle en plus pour l'abattre.

Je laisse mon ordinateur allumé pour continuer le téléchargement d'Anna et rampe jusqu'à ma chambre pour aller m'allonger. Une minute après, Andréa entre dans ma chambre en rehaussant ses lunettes et en écarquillant les yeux face aux nombreux posters de jeux vidéo tapissant mes murs.

Il ne fait pas de remarque mais je sens qu'il va garder cette information dans sa tête pour me tacler à la moindre occasion.

Ça et ses yeux s'attardant sur mes sous-vêtements trainant au sol.

Le brun me jette presque la bouilloire comme un sac à patates, attendant tout de même que je sois bien installé pour se rapprocher de la porte.

— Si tu es encore mal, viens plus tard demain. C'est la seule exception que je ferais.

— Merci bien mon bon seigneur. Vous êtes fort urbain.

— Tu me dois un truc, par contre.

— Ah ! Tu veux une de mes culottes ? Celle en dentelle rouge là, elle est propre si tu veux. Tu pourras te la foutre sur la tête et danser avec devant ton miroir et... Tu fous quoi ?

— Ben, je me sers.

— Mais je déconnais ! REPOSE ÇA TOUT DE SUITE !

— T'es tellement naïve, gamine.

Andréa, ma culotte propre dans les mains, la pose délicatement sur mon étagère avant de saisir le cadre photo de ma famille. Il l'observe, le repose et détaille ma chambre avant de soupirer.

Il a ce même regard quand il analyse quelque chose ou quelqu'un. Je l'ai vu brièvement sur le shooting photo de la semaine dernière et j'ai l'impression qu'il s'inspire de l'environnement pour créer une image dans sa tête. Mais pourquoi ma chambre ?

« T'es vraiment bordélique. Comme quoi, c'est bien des conneries de dire que les filles sont organisées et les garçons, sales. »

Je lui tire la langue, satisfaite de l'effet de la bouilloire sur mon ventre et calmant déjà un peu mes douleurs.

Andréa s'apprête à partir mais s'arrête, dos à moi, avant de tourner la tête comme pour vérifier une dernière fois que je ne vais pas mourir.

Son regard est intense et j'ai l'impression que ses yeux me déshabillent tellement ça dure longtemps.

— Charlie ?

— Quoi ? Tu veux vraiment ma culotte ?

— Non. Tu...

— Quoi ? QUOI ?

— T'es une putain de relou.

— Yes, merci. J'en suis fière. Je compte même l'écrire sur un t-shirt !

— T'es énervante.

— Encore merci.

— Mais tu apprends vite et je sens que tu vas faire du bon boulot.

— ...Merci ?

— Dommage que tu sois la sœur de Tristan.

Sur cette phrase, Andréa quitte ma chambre et pas longtemps après, mon appart.

Cette phrase me fait l'effet d'une bombe mais surtout j'entends déjà tout mon cerveau crier à la victoire.

Moi, Charlie Ferrer, j'ai réussi à apprivoiser Andréa.

Je me rapproche de mon objectif !

Bon d'accord, s'il a dit ça, c'est peut-être dans le sens « Dommage que tu sois sa sœur et que je ne me sente pas de baiser la sœur d'un pote ». On n'est pas encore au stade où Andréa peut tomber amoureux mais si j'ai déjà réussi à le marquer pour qu'il dise ça, c'est qu'il y a une bonne raison.

Coucher avec lui sera un plus, un bonus agréable qui rendra la chute encore plus douloureuse.

Mais quelques heures après, une discussion avec Anna me ramène peu à peu à la réalité.

Nous sommes toutes les deux sur le canapé, moi avec ma bouillotte réchauffée et elle en train de brancher son disque dur pour que l'on commence la saison 2 de Love is war!.

— Tu comptes vraiment te venger de ce mec, Andréa ? Ma sœur m'a dit qu'il était chiant mais sympa.

— Il mérite de connaitre la souffrance ! Un mec comme lui n'a jamais dû avoir le cœur brisé.

— Ça, t'en sais rien Chachou. Et puis t'abuses un peu parce que le seul responsable de tout ça, c'est Ant-

— Ne prononce pas le nom d'un connard en vain.

— Tu n'as pas encore digéré...

Je croise mes bras comme une enfant boudeuse mais je sais au fond de moi qu'elle a raison.

L'infidélité d'Antony m'a brisé et le retour en France m'a achevé. J'avais tout perdu sur un coup de tête insufflé par Andréa Simon et j'avais décidé de me venger sur lui en le revoyant.

C'est puéril.

— Et puis, qui te dit que ce n'est pas Andréa qui te manipule ?

— Pardon ? Tu as entendu parler de ma victoire de tout à l'heure ?

— Justement. Si ma soeur, ton frère, sa copine et même Seb disent que c'est un diable, c'est qu'il doit être aussi fourbe et malin. Ça ne peut pas être aussi simple d'attirer un démon pareil vers soi. Peut-être qu'il te fait croire que tu l'intéresses pour mieux te piéger ?

— Pourquoi est-ce qu'il...

Non mais... elle a raison. Ça tient la route.

Je me comporte comme une méchante gamine pourrie gâtée avec lui, surtout aujourd'hui. J'ai bien vu que parler de porno avait brisé sa garde mais il n'a jamais montré un signe de jalousie ou possessivité envers moi donc...

Peut-être que j'ai mal interprété ? Peut-être qu'il n'est pas encore au stade où je peux l'intéresser ?

— Tu penses que c'est quoi le mieux ? Coucher avec lui et le faire tomber amoureux ou attaquer son cœur en premier ?

— Tu me demandes ça à moi... soupire-t-elle en mettant pause sur l'opening. Écoute Charlie, vu comment tu es...

— Une chaudière ?

— T'es très direct avec le cul. Tu n'as pas de taboue sur ce qui touche l'intimité et ça peut-être déroutant mais vu comment tu décris Andréa Simon, ça a l'air d'être le meilleur plan d'approche. Après tout, si ce gars est comme Nina m'en a parlé, vous êtes pareil.

— C'est-à-dire ?

— Vous avez du blindage autour du cœur. Ta rancune est bête mais ok, tu veux faire tomber amoureux cet homme ? Alors observe-le et trouve des failles que personne n'a jamais atteintes.

— Malin de votre part, Anna-sensei.

La blonde me fait un salut à la japonaise avant de se jeter à côté de moi et de lancer l'anime.

— Tu es sûr que ce n'est pas plus profond ? Que tu te venges par rapport à autre chose et que ça n'a pas qu'un lien avec Antony ?

— DADDY DADDY DOO ! DADDY DADDY DOO !

J'évite la question d'Anna en chantant le générique punchy de l'anime autant pour ne pas lui avouer mes secrets que pour ne pas avoir à retourner chez le psy.

Je refuse d'admettre que mon cerveau a lié intentionnellement Andréa à ce qu'il m'est arrivé il y a longtemps...

Anna abandonne la psychanalyse avant de me suivre en cœur en tapant dans ses mains.

Je pense que je me suis trop enthousiasmé au sujet d'Andréa et j'ai besoin de revenir aux bases : comprendre la bête.

Et quoi de mieux que d'entrer en contact avec les personnes les plus proches de lui ?

✉Chachou : Salut Flo ! Ça va ? Vous vous en sortez avec le déménagement ? Ça te dit qu'on prenne un café demain matin avant ton boulot ?

Aujourd'hui pas de deuxième chapitre, je vous avez prévenue ! Oui c'est triste mais dites-vous que les chapitres vont se rallonger à partir de maintenant ! 

Andréa The Devil Simon n'est pas si salaud que ça, non ? Il a quand même aidé notre Chachou alors qu'elle était infernale ! 😅 Qu'en avez-vous pensé ?

Croyez-vous qu'il est vraiment en train de s'intéresser à elle ou, comme l'a dit Anna, c'est peut-être une ruse ? Souvenez vous, Andréa est malin et intelligent 😈 

Est-ce que Charlie trouvera de quoi le faire tomber dans son piège ? Ou comme bon nombre de femmes avant elle, va-t-elle se retrouver dans la situation inverse ? Vos théories ? 

N'hésitez pas à me soutenir en cliquant sur l'étoile et en commentant pour donner votre avis ! On se retrouve jeudi prochain pour la suite !🤭

L'opening de la saison 2 de Kaguya-sama: Love is war

P.S : je vous conseille vivement cet anime ! C'est juste génial !

https://youtu.be/2Od7QCsyqkE

🎮🎮🎮