12🎮Le prix d'un Starbucks
« Votre grand Caramel Macchiato avec extra caramel ! »
Je soupire en regardant le gobelet Starbucks avec écrit « Chaly » en me disant un peu plus à chaque passage qu'ils font exprès alors que je viens ici depuis une semaine.
Mes pas me guident avec mollesse jusqu'au 53 rue de la République, l'ombre de la dépression planant toujours au-dessus de ma tête à cause de samedi.
J'ai pourtant passé un « bon » week-end à jouer à IRIS avec mon groupe mais... C'était un peu bizarre.
Je n'ai pas répondu à Mawa et quelques heures plus tard, quand je suis revenu en ligne, elle n'en a pas reparlé et m'a demandé si j'allais bien. Comme si notre conversation privée n'avait pas existé. Pas d'allusion, rien. Je n'ai fait que lui parler sur Discord avec les autres mais plus de SMS.
Et maintenant, moi qui avais encore ma victoire de vendredi soir face à Andréa, je dois l'affronter de nouveau pour lui demander une petite « faveur ».
Espérons que ce ne soit pas un macho total.
Je sonne sans attendre de réponse et entre dans l'immeuble, traverse la petite cour et arrive devant l'antre du diable qui m'ouvre la porte... les cheveux en pétard.
La tête dépassant à peine, il plisse les yeux en me détaillant avant de refermer la porte... et c'est tout.
« Ohé Andréa ! Tu veux vraiment que je jette ton macchiato dans tes plantes ?! »
La porte s'ouvre à nouveau sur son air mal luné et ses sourcils froncés.
— J'avais oublié, murmure-t-il d'une voix enrouée.
— Quoi ? Que t'avais une assistante ?
— Ouais. En plus j'arrive à peine à te reconnaitre sans mes lentilles. Vas-y, entre.
Sa tête disparait et c'est lorsque je pénètre dans son appartement que je comprends pourquoi il a la tête dans le cul : c'est moi qui viens de le réveiller alors qu'il repart torse nu et habillé d'un boxer jusqu'à sa chambre.
Me laissant le loisir de mater son cul et son dos, un ensemble qui me convainc que le photographe s'entretient un minimum à la salle quand il ne fait pas le chieur.
Un autre détail : sa coupe de cheveux au réveil fait très « retour de baise », ce qui est sexy mais heureusement, sa sale gueule vénère et son haleine du matin m'a empêché d'être attiré par lui.
Je pose son macchiato sur sa table basse, prenant mes aises sur son canapé avant de me relever d'un coup en imaginant toutes les femmes qu'il a dû se faire dessus. Je pars m'assoir sur un des tabourets de comptoir alors que j'entends au loin l'eau dans sa douche et un grognement bestial, comme s'il venait de se taper le petit doigt de pied contre un coin pointu.
Andréa Simon, un sacré phénomène.
Tristan m'avait dit qu'on avait beaucoup de similarité mais vraiment... Bon d'accord, je suis peut-être comme lui au réveil sauf que moi, je me lave un jour sur deux si je ne sors pas de mon appart.
Je suis écolo (flemmarde), que voulez-vous !
J'aime bien comment il a aménagé cette immense pièce avec une cuisine américaine et un ilot central mais aussi comment le salon est séparé en deux par des paravents. Une pièce à vivre mais aussi un lieu de travail.
Je repère également un bureau vide faisant dos à l'espace où il doit prendre des photos, surement mon poste de travail. Mais ce que j'aime observer chez les autres, surtout chez ce diable, c'est les photos accrochées sur les murs.
Beaucoup qui reflètent son travail de photographe culinaire dans sa cuisine, d'autres de mannequins un peu plus loin mais alors que je m'engage dans le couloir menant aux pièces les plus privées, je repère des photos personnelles.
Dont une qui me fige.
Une femme avec le crâne rasé mais couvert d'un foulard tribal, assise sur un balcon avec un olivier dans le fond. Un regard triste, des yeux cernés, accompagne un fin sourire et je l'imagine dire quelques secondes avant que « tout va bien ». Cette femme n'a rien d'exceptionnel mais la photo la rend belle dans l'adversité.
« C'est ma mère. »
Je sursaute et tourne la tête vers Andréa, ses lunettes sur le nez et habillé mais dont ses cheveux bruns font glisser des gouttes d'eau sur son t-shirt noir.
Il fixe la photo, les bras croisés, sans rien ajouter.
— Il était lourd ? demandé-je.
— Moi, j'étais lourd.
— Je parle de son traitement.
— Ouais.
— Et elle... ?
— Elle s'en est sortie. Elle est partie vivre dans le sud, là où j'ai pris cette photo quand j'étais gamin. Maintenant elle profite de la vie comme jamais.
— Et toi, t'étais lourd ?
— Un petit gros. On n'a pas tous la chance d'être ectomorphes.
— Je ne... comment est-ce que tu sais que je suis ectomorphe ?
— Parce que toi et ton frère, vous êtes pareils : grand et mince. Et bordel vu comment Tristan suit Flo dans tous ses délires culinaires sans prendre un gramme, c'est que c'est forcément un connard d'ectomorphe.
— Donc je suis une connasse d'ectomorphe ?
— T'es une con- AIE !
Je n'ai pas pu m'empêcher de le pincer pour le faire taire et rigole de ma bêtise en prenant mes aises chez lui avant de m'arrêter sur une autre photo.
Andréa accompagné de trois amis au lycée dont un garçon et une fille semblant être de la même famille d'après leur ressemblance, mais surtout...
— C'est qui ce canon de beauté qui a son bras sur ton épaule ?
— Monsieur George Cartier, aka le beau gosse de service. Laisse tomber, tu n'aurais aucune chance.
— De toute façon, j'ai pour règle de ne sortir qu'avec des hommes plus petits que moi.
— Et pourquoi ça ?
— Parce que s'ils font ma taille ou qu'ils sont trop grands, ça va me rappeler mes frères et...brrrrr !
— Quel malheur d'être plus petit, alors !
Andréa me rend mon pincement avant de m'embarquer dans la cuisine pour que j'évite surement de voir des photos bien trop personnelles. Il saisit son gobelet de Starbucks et se délecte de son macchiato en fermant les yeux, poussant un soupir de satisfaction avant d'attraper la pomme que je fais glisser devant moi pour m'amuser.
— T'as rien pris ? s'étonne-t-il. On va avoir une grosse journée pourtant.
— C'est que ça coute cher, Starbucks.
— J'espère que t'as gardé les tickets de caisse depuis lundi pour que je te rembourse. Ne t'inquiète pas, les virements sont faits rapidement. Pour le contrat, ce ne serait pas si légal que ça mais tu seras bien payé. Généralement, je prends des assistantes au black parce qu'elles ne tiennent jamais longtemps.
— En fait, je voulais t'en parler aussi. Bosser au black, ça m'arrangerait.
— Je t'aurais bien dit oui mais tu vas toucher trop d'argent pour ça. Écoute, on va régler toute la paperasse administrative dans la semaine, t'as pas de soucis à te faire là-dessus.
Je hausse les épaules, fixant la pomme qu'il lance en l'air plusieurs fois de suite, alors que je suis surprise par son professionnalisme.
Andréa Simon n'est pas un si grand chieur... Enfin... On va voir ça tout de suite.
— J'ai une demande à te faire ? Est-ce que je peux m'absenter cet après-midi pendant un peu plus d'une heure ?
— Non. Pourquoi faire ?
— Direct un « non »... C'est personnel.
— Tu dois retrouver ton petit-copain le perchman ?
— J'ai rendez-vous chez le gynécologue pour me faire poser un DIU en cuivre en urgence parce que j'arrête la pilule et c'est le premier jour de mes règles. Tu veux en savoir plus ou que je te montre ma serviette ?
Andréa ne dit rien, se contentant de détourner le regard en faisant une moue dégoutée. Il ne doit pas avoir l'habitude des femmes qui sont aussi cash que lui.
Il termine son macchiato avant de poser ses avant-bras sur le comptoir et de me fixer d'un air sérieux.
— Tu m'appelles quand ton rendez-vous et fini et je viendrais te chercher en voiture.
— Je suis une grande fille et je peux revenir ici toute s-
— Pas ici, chez toi. On m'a dit que la douleur suivant la pose était égale à des contractions de femmes enceintes donc il vaut mieux que tu termines ta journée par ça.
— Peut-être bien mais j'arriverais à rentrer. Ne me materne pas, Andréa.
— Comme tu veux. Si t'es en PLS dans le métro, gros CHEH à toi. Bon, on s'y met ? On passe en mode pro.
En un instant, le chieur enfile son masque de patron perfectionniste et me parle de ce qu'on va faire cette semaine.
Lui, va s'occuper des photos dans une des pièces au fond de son appartement pendant que moi, je m'occupe de l'administratif chiant lié à ses demandes de shootings, règlement de facture, réservation pour des déplacements et j'en passe.
Il n'y a rien de créatif dans ma fonction mais il m'a assuré qu'à la fin de la semaine, il recevrait une surprise qui pourrait me plaire, donc je lui fais confiance.
Comme prévu, Andréa est très pointilleux sur des détails mais comme nous sommes séparés par plusieurs mètres et des murs, il est moins chiant qu'avec son appareil dans les mains.
Alors qu'il m'envoie chercher notre déjeuner dans un restaurant pas loin, je réfléchis à ses photos que j'ai vu dans son couloir. Il y en avait une de Floriane que je n'ai pas relevée, mais elle était magnifique et donnait l'impression de dégouliner l'amour.
Après manger, je jette un nouveau coup d'œil sur le cliché qui me convainc que c'était bien elle qui était amoureuse, et pas lui.
Est-ce qu'Andréa a une copine ? J'en doute fortement. Il ne doit pas galérer s'il veut trouver des coups d'un soir mais ça doit être un solitaire, comme moi. Est-ce parce qu'il a été déçu de l'amour ? Est-ce que c'est plus profond ?
Les réponses à ces questions me permettraient de savoir comment l'approcher et me venger de la pire façon possible : en le faisant tomber amoureux de moi pour mieux le rejeter.
C'est cruel, je l'avoue, mais il faut bien ça pour faire mal au diable.
Et en même temps... C'est plus un défi pour moi, un challenge qui me dit que si j'y arrive, je pourrais retrouver confiance en moi et à nouveau ouvrir mon cœur après l'échec d'il y a un an.
C'est décidé, je serais peut-être une garce si j'y arrive mais Andréa Simon tombera amoureux de moi et je le rejetterais pour lui donner une leçon sur l'amour.
N'oubliez pas, si vous lisez les deux chapitres à la suite, de bien voter sur les deux, et si le cœur vous en dit, de me donner votre avis ici ou en privé 🤭
Charlie fait ses marques dans l'antre du diable... Une antre pas si amère ? Que pensez-vous de ce que lui a raconté Andréa sur ses photos ? De l'avancement de leur collaboration professionnelle ?
Et personnelle ? Est-ce que Chachou va être sadique au point de tenter de faire tomber le diable dans ses filets ? Vos théories sur la suite ?😈
N'hésitez pas à me soutenir en cliquant sur l'étoile et en commentant pour donner votre avis ! On se retrouve jeudi prochain pour la suite !
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