Koishi émergeait lentement dans sa chambre. Kassandora, à côté de lui, lisait un livre, tout tranquillement. La petite lumière qu'elle avait allumé faisait mal aux yeux de son mari. Il se releva lentement dans l'optique de comprendre ce qu'il se passait pour avoir un mal de tête aussi violent et aucun souvenir.

« Tu es réveillé, mon chéri. »

Koishi ne répondit que par un bref grognement de douleur et de fatigue. Kassandora passa la main dans son dos. Elle souriait doucement.

« Ils sont parti ?

- Qui donc, répondit-elle ?

- Yoko et Soka.

- Oui, ils nous ont laissé une fois t'avoir posé dans le lit. Ils sont inquiets, je vais leur téléphoner pour dire que tout va bien.

- Mmh. Qu'est ... Tu es enceinte ?

- Oui, dit-elle en souriant. Je t'aime mon amour.

Kassandora enlaça son âme sœur. Elle posa sa tête dans le creux de son cou. Koishi ne referma pas les bras. Il restait de marbre. Il ne comprenait pas. La jeune femme se redressa pour voir le visage perdu de son mari.

- Qu'est ce qui ne va pas ?

- On a jamais...

- Quoi donc ?

Koishi ravala sa salive, il se confrontait à la réalité.

- On a jamais couché ensemble. Tu m'as trompé... ?

- Je... Koishi...

- Je m'en vais, ne m'attends pas ce soir.

- Il est quatre heure du matin...

- Alors ne m'attends pas ce matin. »

Le jeune adulte s'habilla et se chaussa, il mit enfila son manteau en retenant ses larmes. Koishi prit la poignet de la porte. Il sentit son cœur se briser en tournant la poignée. La porte grinça, des gouttes explosèrent sur le sol. Des larmes coulait sur ses joues, rougies par la tristesse. Un grand bruit retentit dans la maison, un grand claquement qui fit vibrer tous les murs. Kassandora, une main sur le front, sentait l'air de sa poitrine se dilater, à la manière d'un spams, la faire gonfler et dégonfler rapidement, en arythmie. Un sentiment d'oppression augmentait au fur et à mesure que la taie d'oreiller se teintait de gouttes salées. Un vent froid frappait la rue sombre, éclairée par endroit de vieux lampadaires grisâtres, scintillants, comme des yeux observant les larmes du jeune homme et son souffle saccadé, formant un petit nuage de vapeur. Ses pas n'étaient guidés que par la souffrance intérieure Où était Ari quand on avait besoin de lui... ? Où était cet ami, qui devait rester à ses cotés pour l'éternité ? Koishi était perdu, dans sa tête comme dans la ville. Un enfant qui ne venait pas de lui, un ami mort, une petite fille au nom imprononçable... Il voulait s'enfermer dans une boite et y attendre la mort. Qui s'en soucierait, de toutes manières ? Personne ne le remarquerait. Personne ne l'aurait vu partir, loin de ce monde qui l'empêchait de vivre le bonheur, tout au long de son existence, loin de ce monde qui lui retirait chaque dose d'amour, chaque moyen de s'échapper de lui. Son pied ripa contre une bouche d'égout, Koishi dérapa sur quelque mètres avant de tomber, tête la première contre un mur de brique.