Chapitre 26 (1/2)

Si le coeur lâche , tout le reste s'effondre.


Point de Vue Victor — 7 février 2078

Notre armée était enfin partie vers le camp des résistants. Un terra de Iolé avait fait son devoir en nous donnant l'emplacement, contrairement à sa cheffe. Je devrais en parler à Dpékan, mais pas maintenant, en revanche. Je devais soutenir Lolita qui semblait être complètement chamboulée par les évènements. Elle ne parlait plus et regardait dans le vide depuis quelques heures.

Je comprenais qu'elle se dise que c'était une décision compliquée, mais elle était impérative à prendre. On se devait d'éliminer tous ceux qui divergeaient de la société. Tous ces résistants qui voulaient seulement faire leurs intéressants en ne suivant pas les instructions, pourtant sensées, de notre chef. Cela me répugnait et j'avais envie d'en finir au plus vite. Qu'on soit enfin débarrassés d'eux et qu'on puisse vivre pleinement sans ces tarés.

Cela m'apporterait du réconfort si je pouvais voir que nos efforts de ces derniers mois étaient récompensés. Et puis, Lolita voulait tellement anéantir Brian que je l'imaginais déjà, jouissive, au-dessus de son cadavre, à l'insulter de tous les noms comme elle le faisait souvent maintenant quand elle se croyait seule. Elle ferait sûrement de même avec Basoan, le mec pour qui cette Victoire s'était entichée. En y réfléchissant, ils n'allaient pas bien ensemble.

Tellement différents, de ce que j'en avais pu voir, et puis, il ne semblait pas vouloir d'elle, alors qu'elle espérait tant de lui ; ça se voyait à son regard mièvre. Heureusement que Lolita ne me faisait pas la même, sinon je l'aurais déjà quittée. Ces filles fleurs bleues m'écœuraient au plus au point. De toute façon, leur potentielle relation serait tout à fait bancale. En plus, qui voudrait de quelqu'un qui avait trahi sa meilleure amie de longue date pour un inconnu ?

Certes, cet inconnu, c'était lui, mais cela témoignait de la fidélité de la fille ! Non, mais il fallait être aveugle pour ne pas remarquer que c'était une idiote ! Heureusement que c'était bientôt fini, je comptais m'occuper personnellement du gars, j'avais demandé à le ramener vivant. Afin qu'on discute d'homme à homme. Je ne supportais pas qu'il ait pu chagriner ma copine en lui volant sa meilleure amie. Ainsi, moi aussi, j'irai le « chagriner. »

Je serrai les poings, puis les relâchai prenant doucement Lolita dans mes bras. Je chuchotai pour la rassurer, lui certifiant que, ce soir, tout serait terminé et qu'elle était une vraie championne pour avoir compris qu'une taupe se cachait chez nous. En effet, elle avait annoncé au préalable qu'on attaquerait le lendemain, à l'aube. Puis, au dernier moment, elle avait fait partir la troupe. Ainsi, la taupe se serait trahie et nous aurions de l'avance sur ces vermines.

Ce à quoi je ne m'étais pas préparé, en revanche, c'était que ces blattes étaient plus intelligentes que je le croyais. Cela faisait seulement une heure que nos troupes étaient parties qu'un bon millier de fous furieux couraient déjà vers nous. Nous étions en sous-effectifs, car il ne restait que les caelis et une dizaine d'aquas pour garder le centre de redressement, et Dpékan.

Nous avions essayé de bloquer toutes les portes, mais les combats avaient commencé. Nous avions sorti nos flingues et nous nous apprêtions à tirer sur la masse quand nous nous rendîmes compte qu'il n'y avait plus de munitions. Il fallait donc se battre à main nues. Génial ! Au même moment, la sirène d'alarme se déclencha, signe que les agents du centre avaient besoin de renforts. Le centre avait été pris en siège et il faudrait se battre pour le récupérer.

Lolita récupéra une barre en métal et, moi, une chaise en bois. Nous attendions la furie. Elle ne tarda pas à arriver, emportant quatre hommes vers nous. Nous prenions des coups, mais nous les rendions aussitôt. Les séances de combats quotidiennes portaient leurs fruits. J'en bousculai un qui trébucha et tomba, je lui explosai la chaise sur lui et utilisai un des pieds cassés pour l'enfoncer dans le torse de celui qui se jeta sur moi par derrière.

Je me relevai, prêt à aider Lolita avec les siens, mais elle était déjà partie, alors je m'élançai dans d'autres pièces. J'avais pris une autre arme entre-temps : un couteau. Là où je me trouvais, sept hommes se battaient et on était trois alliés. Nous fîmes comme nous pûmes, esquivant le maximum de coups. Je finis à terre par un coup dans la mâchoire suivi par un coup de genou dans la tête, mais j'en profitai pour me redresser légèrement, plantai mon couteau dans le pied de mon agresseur, et, lorsqu'il se pencha sur moi, dans son cœur, en pleine poitrine.

Mes camarades, eux, moururent. J'arrivai dans une troisième pièce où une dizaine de gars me faisaient face. Un, qui devait sûrement être le chef, congédia les autres en leur demandant de s'occuper d'une autre salle. Les subalternes ne se firent pas prier en foulant, allégrement, des corps que je connaissais très bien. C'était des camarades que je côtoyais tous les jours. Ma gorge se serra, mais je ne laissai rien paraître, ne voulant donner aucun indice à mon ennemi de l'état dans lequel j'étais.

— Victor Melis... Comme on se retrouve...

— William Martel, ravi de te revoir, m'exclamai-je dans un sourire.

— Alors comme ça, tu t'es bien foutu de leur gu*ule, hein ?

— De qui ? demandai-je, l'air innocent.

— De Victoire et Eydan, ne démens pas... Je lui ai parlé. Il parait que c'était un piège pour taper dans la fourmilière. Eh bien, devine quoi ? Ça a fonctionné, mais on vous a exterminé. D'ailleurs où est votre armée, soi-disant puissante ? Je ne vois que des couards ! se moqua-t-il.

Mon sang ne fit qu'un tour. Il osait porter à l'encontre de la société en plus de salir la mémoire de soldats tombés au combat. J'avais une furieuse envie de lui trancher la gorge et la langue pour qu'il arrête de parler. Il faisait durer avant de vouloir m'affronter. Il avait peur ? Probable, vu le gringalet que c'était. Il avait peur de m'affronter, moi qui le surplombai d'au moins dix centimètres et sûrement de quelques kilos de muscles en plus, étant donné la maigreur de ses bras et de ses mollets. Il allait morfler. Malgré ça, il continuait de fanfaronner.

— Tu sais, quand je dirigeais encore les Black Jack, oui, tu dois connaître, on est nationalement connus. Des gars dans ton genre, on en tuait par centaines, chaque nuit. Et c'était d'une simplicité déconcertante, en plus ! C'est sûr que pour crâner, y'a du monde, mais pour se défendre, il n'y a plus personne ! Tu les aurais vu crier « Maman » avec des voix de princesses.

Il rit, marchant sur les cadavres sans une once de pitié et de respect envers mes camarades et subordonnés. Je serrai les poings et la mâchoire, mon sang pulsait dans mes tempes, ma main serrait mon arme, assez fort pour que mes jointures deviennent blanches. J'avançai aussi pour lui faire face, nous nous tournions alors autour.

— Pourquoi tu voulais tuer, hein ? Parce qu'on t'a refusé un jouet ? On ne t'a pas cédé le passage ? je ris.

— Mes parents et mon frère sont morts parce qu'ils ont osé chanter le « Temps des Cerises » lors d'une manifestation pacifique. D'après le Gouvernement, cette chanson est inappropriée. Mon c*l, oui ! En quoi elle est inappropriée ?! J'ai désormais eu l'habitude de la chanter dès qu'on planifiait une vengeance.

— Une vengeance ? Si ta famille a été enfermée, c'est qu'elle était cinglée ! Elle n'avait pas à contourner les règles de la société !

— Je lui p*sse dessus, à la société, mais si tu ne vois pas qu'elle est à ch*er, je ne peux rien ! Déjà, c'est une p*tain de dictature ! Ensuite, la liberté t'en fais quoi ? Aussi cette stagnation dans notre développement ?! On est des p*tains d'antiquités ! Comparés aux autres pays qui, eux, certes, limitent, mais acceptent ! Elle est bien loin la France, pays de tolérance ! Aujourd'hui tout a été décimé, les français n'existent plus depuis longtemps. Et c'est dans cette société bidon que tu veux vivre, fonder une famille et élever des gosses ? Et tu leurs apprendras quoi ? Qu'il faut la f*rmer ? Qu'il faut suivre les règles d'un crétin qui ne veut que son bonheur perso ? Ouvre les yeux, Melis ! Ce mec s'en fout de toi !

— Tu parles, mais tu ne sais rien ! Ce sont toi et tes chers camarades qui ont assassiné ma famille ! Ils n'avaient rien fait ! Mes deux mères et mes grands-parents ! Tu ne sais rien de moi ! Je me suis engagé pour vous faire payer tout ça ! Et je dois dire que j'ai bien fait mon travail, vu que vous avez fondu de moitié en six mois ! Et notre attaque d'aujourd'hui va vous anéantir ! Et pour de bon ! J'aurai vengé ma famille !

— Tu crois ? Les résistants ne tuent que pour se défendre, pas pour un massacre. Beaucoup dans notre groupe n'ont jamais ne serait-ce que lever la main sur quelqu'un une seule fois dans leur vie ! Tu ne te rends pas compte que tu tolères les crimes de guerre de ce mania ?!

— Il débarrasse juste la planète des plus faibles !

— En instaurant une société de criminels !

— Et tu crois que c'est mieux de se révolter, alors que ce serait plus simple de s'entendre et de faire la paix ?!

— Je ne ferai pas la paix avec un type qui tente de former une société eugéniste !

Il cracha sur un des cadavres. On voyait en lui toute une colère qui était refoulée depuis longtemps, mais peu importe, ce serait le dernier sentiment qu'il éprouverait ! Il avait osé faire du tort à Lolita, il paiera de son sang. Malgré tout, j'avais peur. J'avais peur que Lolita soit également morte. Je ne la voyais toujours pas arriver et j'entendais toujours des combats en dessous, dans le centre. Des cris, des chutes de corps et de débris raisonnaient dans la pièce où nous nous faisions face. Aucun de nous deux ne parlait, nous avions arrêté de nous nous tourner autour. L'atmosphère était pesante. Qui allait porter le premier coup ?

Je levais mon arme et il fit de même. Il avait un flingue. Eh m*rde ! Ce devait être à moi d'agir en premier, sinon je finirai avec une balle dans la tête. Mon regard passait de son arme à son homologue dans son regard qui semblait me mettre en avance dans le cercueil.

— Tu sais pourquoi les Black Jack ?

— Non ? fis-je méfiant.

— Baptiste, Louis, Arthur, Corentin, Kylian, Antony, Charles et Ky. Que vous avez tous fait exécuter comme exemple ! Heureusement que j'ai pu m'enfuir, mais ils m'ont retrouvé et placé dans ce centre pourri où j'ai retrouvé des amis et où j'ai rencontré Victoire.

— Et le J ?

— C'est moi... Mon second prénom est Jack, c'est donc à moi que revient le J...

— Donc vous formiez un boys band qui tuait ?

— En quelque sorte.

— Alors comment vont les autres ? demandai-je méchant. La résistance, ça nourrit bien ?

— Sûrement plus que colabo...

— Je ne suis pas colabo...

— Si, tu collabores avec un dictateur...

— Ce n'est pas un dictateur, bon sang ! Il peut tous nous sauver !

— Tu sais combien valent ces cadavres ? changea-t-il de sujet.

— Hein ? fis-je, complètement éberlué.

— Tu sais combien y'en a pour ces cadavres au marché noir ?

— Non ?

Je pressentais un mauvais coup de sa part. C'est effectivement ce qu'il se passa.

— Il y'en a grosso modo pour 700 000 € par corps. Et tu sais combien il y'en a ici ? Il y a vingt-huit de tes camarades, soit environ 20 000 000 €. Sauf qu'avec nous... On obtient 21 000 000 € et tu sais ce qui arrive avec un Black Jack à vingt-et-un ?

J'avais beau essayer de me souvenir, rien ne venait, derrière nous j'entendais courir et une tête passa la porte avec des yeux ronds : Malo Cumbana. J'étais mort. Je n'aurai pas mieux dit à cet instant !

— Au Black Jack, quand on a un score de vingt-et-un, ça fait sauter la banque ! s'écria-t-il en dégoupillant une grenade.

— Sauf si j'ai un as... Tu crois que j'y verrai Victoire là-haut ? demandai-je calmement avec un sourire moqueur.

— Pourquoi ? fronça-t-il les sourcils

— C'est ma sœur.

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