Je fonds en larmes quand il a raccroché le téléphone, pourquoi ne peut-il pas me faire confiance ? Je ressors des toilettes et cours à l'extérieur de l'appart, puis dans la rue, je prends le métro, ce doit être l'un des derniers et rentre chez ma grand-mère en pleurant. Je monte les escaliers quatre à quatre et ouvre la porte à la volée, l'alcool me rend agressive, il faut que je me détende. Je vais boire un verre d'eau dans la cuisine, mes mains tremblent, c'est un connard, je ne l'aurais jamais quitté, je ne l'ai jamais vraiment quitté. Lui l'a fait une fois, rien que la façon dont j'ai réagi devrait lui faire comprendre que je l'aime plus que tout ! Je vais dans ma chambre en passant par le salon, le canapé rouge est toujours là, il me laisse tremblante. Je m'approche, je pose ma main dessus, je me rappelle qu'il était doux quand on frottait dans un sens mais rugueux quand on frottait dans l'autre. Je m'assois sur l'accoudoir, mes pieds frôlent le parquet verni. Des larmes coulent sur mes joues, je sers un des cousins contre moi, pose ma tête contre le dossier. La douceur du canapé qui devrait me rassurer me rappelle le pire souvenir de ma vie, de loin... Je m'assois sur l'assise, laissant mes pieds sur l'accoudoir. Mon cœur se sert dans ma poitrine, les lumières de la rue éclairent mon pantalon noir. J'entends le bruit des voitures au-dessous de moi... Je m'allonge, pose mes bras sur mon ventre, puis sur mon cœur, comme pour calmer son rythme bien trop rapide. Je tourne la tête, la table basse non plus n'a pas changée, tout comme la pendule devant moi. Je pleure véritablement à présent, les souvenirs m'assaillent, se bousculent dans mon esprit... Je ressens cette douleur vive et lancinante, cette peur, de mourir, aussi forte que la peur que ma grand-mère soit blessée... Je me relève et cours dans ma chambre. Je ne dormais pas ici quand j'étais petite, mais j'ai déclaré que je préfèrerais cette pièce, après que mon oncle m'ait violé. Ça m'a permis de changer de chambre et ça m'a aidé à passer à autre chose... enfin si je suis un jour passée à autre chose... Je m'allonge sur mon lit, le bruit familier de la route me berce et je ne tarde pas à m'endormir.

Je me réveille plus fatiguée que jamais le lendemain matin. Néanmoins, l'alcool m'a permis de ne pas faire de cauchemars. Je vais dans la cuisine et m'assoie à la table. Je joue à décoller le bord du set de table que ma grand-mère à fixer avec de la Patafix. Elle arrive quelques minutes plus tard. Ses cheveux noirs sont en bataille, elle porte un pyjama à fleurs. Ses yeux plissés par la lumière m'indiquent qu'elle n'a pas traîné dans son lit.

- Bonjour ! Je déclare en me levant pour lui faire la bise.

Ça peut sembler bizarre, mais on a pris cette habitude, c'est comme ça.

- Bonjour, tu es rentrée à quelle heure hier soir ?

- Vers 23 heures, je suppose.

- C'était bien ?

Comment dire... j'ai appelé Will parce que j'étais bourrée et il m'a dit qu'il ne me faisait pas confiance, je n'ai pas pris ça super bien, j'ai pleuré un peu en rentrant chez toi, puis j'ai re-pleuré après sur le canapé quand j'ai repensé à mon viol... donc on va dire que ça va.

- Ça s'est super bien passé, ça m'a fait plaisir de les revoir.

- C'est bien, je suis heureuse que tu sois heureuse, même si Will et toi n'allez pas le mieux du monde en ce moment.

- Oui...

Coucou ! Vous allez bien ? 

Voilà le petit chapitre 4... Il n'y a pas beaucoup de dialogues... 😄 

Sinon il vous plaît ? 

Bisous !!!