CHAPITRE 7 - JENNA

Je me réveille à 5 heures du matin, je n'ai pas fait de cauchemars cette nuit, je suis contente. Je descends du lit et m'assieds à son bureau, j'attrape un exemplaire de Roméo et Juliette et commence à lire. Je suis vraiment fière de moi d'avoir répondu à la question du professeur, ça me donne envie de lire le livre une nouvelle fois pour mieux le comprendre.

- Tu en es à quel passage qui a l'air si intéressant ?

Je lève la tête vers Will qui me regarde en souriant.

- "Oh Roméo ! Pourquoi es tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom, ou, si tu l'aimes mieux; jure moi seulement d'être mon amant et je cesserai d'être une Capulet."

- "Dois-je l'écouter encore ou lui répondre ?" Ajoute-t-il, poursuivant de la sorte le récit.

Je rigole en reposant le livre pour aller prendre une douche. Nous nous retrouvons en bas, pour partir sur le campus, je monte sur le siège passager de sa voiture noire.

J'ai répondu à la question de mon prof de littérature anglaise hier, je lui dis fièrement alors que nous sortons du parking.

- C'est vrai ? Bravo !

- Je lui ai dit que l'amour était encore plus beau quand il était réciproque.

- " Maintenant Roméo est aimé de celle qu'il aime, et tous deux sont ensorcelé par le charme de leur regard."

- Tu le connais par cœur en fait !

- Oui, je l'adore !

Je lui adresse un grand sourire en détachant ma ceinture :

- Je t'attends devant la porte de littérature anglaise c'est mon dernier cours.

- Ok, mais je finis une demi-heure après toi.

- Pas grave, à ce soir !

Je l'embrasse avant de sortir de la voiture. Je rajuste ma veste et me dirige vers mon premier cours de la journée. Quand arrive midi, je vais vers la cafétéria où je vois Gwen. Je cours vers elle après avoir attrapé une assiette de frites et lui demande d'un ton parfaitement crédible :

- Vous étiez où hier ? Je n'ai pas reçu le message de Max.

- On était chez John, c'est le nouveau mec de Max.

- Ah ok, je peux m'asseoir avec toi ?

- Euh... oui, vas-y.

- Merci.

Je m'assois en face d'elle et elle commence :

- Tu en es où avec Will ?

- Bah... on sort ensemble.

- Tu es sûre que tu peux lui faire confiance ?

- Oui, j'en suis sûre.

- Je suis désolée de me comporter comme ça avec toi, mais je ne veux pas qu'il te fasse de mal... tu es ma meilleure amie !

- Je sais, mais je peux me débrouiller toute seule, j'ai fait mon choix.

- Je te comprends, tu viens à la fête vendredi soir ?

- Avec joie Gwen !

Elle rigole et j'en fais autant, elle m'a tellement manqué. Gwen a toujours été avec moi, je me sentais seule sans elle !

- Je dois aller en cours, à plus tard !

- À plus tard.

Je termine mon assiette et sors de la cafétéria pour aller en cours. J'ai EPS jusqu'à quinze heures et ensuite jusqu'à dix sept heures j'ai littérature anglaise. En sport on fait du basket, je n'aime pas trop ce sport mais ça me permet de courir et de me défouler. Je me change rapidement dans les vestiaires à la fin du cours avant d'aller en cours de littérature anglaise. Je m'assois au fond comme d'habitude et j'attends que le cours débute.

- Bonjour à tous, je vous propose que nous poursuivons la séance d'hier par une petite analyse de phrases.

Il se retourne et écrit quelques mots au tableau :

- Première analyse, que signifie : Les plaisirs violents ont des fins violentes. Dans leur excès ils meurent, tel la poudre et le feu que leur baiser consume. Jennifer Matthew peut peut-être nous éclairer sur le sujet.

Je la vois réfléchir rapidement avant de commencer :

- Eh bien... L'amour qui uni les deux amants et excessif, ils... s'aiment trop puissamment pour oser imaginer leur vie l'un sans l'autre. Alors... Roméo croyant sa Juliette morte, décide de le rejoindre au paradis et Juliette s'ôte la vie en découvrant le corps inerte de Roméo. Si les deux amants s'étaient aimés un peu moins, peut-être que seulement l'un deux aurait trouvé la mort, voir aucun des deux puisque Juliette n'était pas vraiment morte.

Elle arrête son analyse là et je lève la main :

- On peut ajouter que leur amour les conduits à faire des choses insouciantes, complètement folles. Ce qui fini par les perdre tous les deux.

M. Richard hoche la tête et jette un regard circulaire autour de la pièce. Voyant que personne d'autre ne lève la main, il écrit une nouvelle phrase au tableau :

"Ô cœur reptile caché sous la beauté en fleur !

Jamais dragon occupa-t-il une caverne si splendide ! Gracieux

Amant ! Démon angélique ! Corbeau aux plumes de colombe !

Agneau ravisseur de loups ! Méprisable substance d'une forme

Divine ! Juste l'opposé de ce que tu sembles être justement, saint

Damné, noble misérable ! Ô nature, à quoi réservais-tu l'enfer

Quand tu reléguas l'esprit d'un démon dans le paradis mortel d'un

Corps si exquis ? Jamais livre contenant aussi vile rapsodie fut-il

Si bien relié ? Oh ! Que la perfidie habite un si magnifique palais."

- Notez bien ce que je dis, tout au long de ce paragraphe, Juliette se lamente sur la mort de son cousin, mort par la faute de Roméo son mari. Elle se sert de contraires, de mélanges entre le bon et le mauvais. Elle nous parle par exemple d'un corbeau aux plumes de colombe. La colombe et le corbeau représentant respectivement le bien et le mal. Shakespeare se sert de ces mélanges pour décrire l'amour et la haine mélangée que ressent Juliette en apprenant l'acte qu'a commis son mari. Je vous propose d'écrire vous aussi un paragraphe comportant des idées contraires comme celui-ci. Il vous reste une demi-heure, Jennifer, vous viendrez me voir à la fin du cours s'il vous plaît.

Je sors de la salle à dix sept heures et m'adosse au mur pour attendre Will. Je sors mon téléphone de ma poche, ma mère a essayé de m'appeler cinq fois aujourd'hui, je me demande pourquoi. Au bout de dix minutes, la porte de la salle s'ouvre. Je m'attends à voir sortir M. Richard mais je vois Jennifer, les larmes aux yeux qui tremble de tous ses membres en refermant la porte.

- Jennifer ! Qu'est ce qu'il y a ?

- Rien, tout va bien.

Je l'attrape par le poignet et la force à me regarder.

- Que t'as t'il fait ? Je connais l'expression de ton visage, ne me ment pas.

- Je ne veux pas utiliser ce mot.

- Il... t'a... violée ?

Elle hoche la tête et je suis à deux doigts de tomber dans les pommes. Je la serre contre moi sans rien dire. Mon cœur bat contre ma poitrine. J'ai envie de rentrer dans la salle de cours pour aller dire ses quatre vérités à notre professeur.

- Jennifer, regarde moi, je te comprends, je sais tout ce que tu ressens. Est-ce qu'il t'a fait mal physiquement ? As-tu mal quelque part ?

- Non, enfin pas trop, j'ai mal parce qu'il a fait ça rapidement mais je n'étais pas vierge.

- Tu es sûre qu'il ne t'a pas blessée ? Tu me le jures ?

- Oui...

Sa voix est tremblante, elle doit être horrifiée.

- Tu habites où ?

- J'habite sur le campus je ne viens pas en voiture.

- D'accord, Il y a quelque chose d'important que tu veuilles me dire ? Ou peut-être préfères-tu attendre avant d'en parler...

- Oui, je préfèrerais.

- Viens chez moi quand tu veux. Tu veux que je te donne mon numéro ?

- Oui... s'il te plaît.

Elle me tend son téléphone et j'entre mon numéro.

- N'hésite pas à m'appeler, même à trois heures du matin. D'accord, tu n'es pas toute seule, je suis là.

- Oui, j'essaye de passer vers vingt heures chez toi.

- Tu es sûre que tu ne veux pas que je te raccompagne jusqu'à chez toi ?

- Oui, ça va aller, merci beaucoup Jenna.

- C'est normal, tu n'as pas à me remercier pour ça...

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres et elle me dit :

- À ce soir.

Elle ne pleure presque plus, j'ai envie d'aller voir M. Richard maintenant. Mais au fond de moi, j'ai bien trop peur.

- Jenna !

Will m'attends à l'autre bout du couloir. Je me dirige vers lui avec un sourire forcé, il n'est pas dupe, il voit bien que ça ne va pas :

- Qu'est-ce que tu as ?

- Je... M. Richard vient de violer Jennifer, tu ne pas savoir à quelle point j'ai envie de rentrer dans son bureau pour le tuer. C'est vraiment un connard de la pire espèce !

- Quoi ? Tu l'as vu ?

- Non, mais il a demandé à Jennifer de venir le voir à la fin du cours et elle est sortie en pleurant dix minutes plus tard.

- Et ça va ? Toi, tu vas bien ?

- Si on met de côté mon envie de meurtre. Je vais plus ou moins bien, même si sur le coup je ne me suis pas sentie très confiante. J'ai cru que j'allais faire un malaise quand elle me l'a dit. Je lui ai dit de venir me voir chez moi à 20 heures ce soir.

- Ça va aller Jenna, viens on rentre.

Il me prend la main et nous nous dirigeons vers la voiture. Je suis désolée pour Jennifer, aucune femme ou aucun homme ne devrait avoir à subir ça. Cet acte peut détruire toute une vie, comme la mienne a été détruite après ça.

À vingt heures, Jennifer frappe à ma porte. Je vais lui ouvrir et lui fais signe d'entrer. Nous nous asseyons sur mon lit et je commence :

- Tu sais, j'ai été violée quand j'avais onze ans. Tu veux que je te raconte ce qu'il s'est passé ?

- Oui, s'il te plaît, à moins que ça te dérange.

- Bien sûr que non ! Si ça peut te permettre d'aller mieux.

Je lui raconte tous les détails, je lui explique tout ce que j'ai ressenti et quand j'ai fini, je lui demande si elle a des questions.

- Tu l'as dit à quelqu'un ?

- À ma grand mère, ma meilleure amie et Will, mon copain.

- Tu es allée voir une psychologue ?

- Oui, pendant un an. Et même si moi je ne l'ai pas dénoncé tu dois le dénoncer ! Vraiment, si tu ne le fais pas je le ferais pour toi. Il mériterait bien plus que ce qui l'attend avec ce qu'il t'a fait subir, d'accord ?

- Oui...

Elle ne paraît pas convaincue, je poursuis :

- Il t'a menacée ?

- Oui, il m'a dit qu'il me tuerait si je le dis à quelqu'un.

- Ne l'écoute pas ! D'accord ? Il ne peut pas te tuer.

- Oui, je sais

- Raconte-moi ce qu'il t'a fait.

- Au début il m'a demandé de m'asseoir et face de lui puis il m'a dit de me déshabiller. J'ai refusé alors il m'a forcé à le faire, il m'a déchiré mes sous vêtements en disant que comme ça tout le monde saura qu'il m'avait baisé. Quand il a commencé à se masturber j'ai essayé de partir même si je n'étais pas habillée mais il m'a retenue et il m'a plaqué contre le mur. J'ai eu envie de crier mais il m'a bâillonnée. Il m'a pénétrée d'un coup, j'ai cru que j'allais mourir. Et quand il a joui, j'ai vu qu'il n'avait pas de capote. J'ai peur d'être enceinte !

Elle éclate en sanglots et je la serre dans mes bras.

- Non tu n'es pas enceinte d'accord, ça va aller ! Tout va bien.

- Merci...

- Tes parents sont ici ?

- Je viens de Floride. Ils sont là bas.

- Tu veux aller les voir ? Je peux t'envoyer les cours par SMS. Mais il faut vraiment que tu le dénonces, c'est hyper important. D'accord ?

- Je vais le faire et j'aimerais bien partir en Floride.

- Tu peux revenir la semaine prochaine pour ne pas avoir raté trop de cours. Tu veux que je t'aide à payer ton billet ?

- Non c'est bon, c'est gentil de ta part. Tu ne l'as jamais dit à tes parents toi ?

- Non, je ne connais pas mon père et ma mère ne m'a pas crue quand je lui ai dit mais ne t'en fais pas, tes parents t'écouteront je n'en doute pas une seconde ! Et n'hésite pas à m'appeler si tu fais de cauchemars ou si tu as besoin d'aide. Tu pourras commencer à aller voir un psychologue en rentrant de chez tes parents.

- Oui, vraiment merci beaucoup, j'ai vraiment beaucoup de chance que tu ais été là !

- Tu as surtout eu de la chance que je n'ai pas tournée de l'œil quand j'ai compris ce qu'il t'avait fait, j'ai bien cru que j'allais tomber dans les pommes !

- Merci pour tout !

- De rien, ça me fait plaisir de t'aider.

- À plus tard !

- Ouais, et pense à m'envoyer des photos de la Floride.

- Oui, au revoir.

- Au revoir.

Je souris vraiment, sans aucune retenue, je suis vraiment heureuse de pouvoir l'aider. J'aimerais pouvoir aider plus de gens. Mais je pense que faire psychologue n'est pas une bonne idée, écouter les gens raconter leur problème me ferait remonter des souvenir de mon enfance. Je décide d'aller dans la chambre de Will, je toque à sa porte et j'entends des pas se diriger vers la porte. Will ouvre la porte et je le vois avec un pantalon de jogging et torse nu je me lèche les lèvres et sourit comme une conne. Je lui saute au cou, il est tellement surpris que nous tombons presque sur son lit. Je referme la porte avec mon pied en l'embrassant langoureusement, j'ouvre la bouche pour laisser passer sa langue à l'intérieur dans un baiser très excitant. Nous avançons dans la chambre et je le fais tomber sur le lit. Je pose mes mains sur son torse tout en continuant de l'embrasser fougueusement. Je baisse son pantalon et son caleçon d'un geste brusque, il bande déjà tellement. Je place mes genoux de chaque coté de son buste avant de prendre une capote dans le tiroir. Je lui enfile, sa queue pulse sous mes doigts tremblant de plaisir. Il nous retourne et je retombe lourdement sur le lit. Il s'enfonce en moi lentement, je profite de chaque seconde de cet exquis moment. Il commence à bouger et je gémis en roulant des hanches vers lui. Il accélère ses mouvements et je crie de plaisir, il me fais taire en plaquant avec force ses lèvres sur les miennes je relève les hanches vers lui. Mon souffle est court, j'y suis presque. Je le sens gonfler de plus en plus en moi et il joui quelques secondes avant moi. Il se retire lentement et retombe lourdement à côté de moi. Je tente de reprendre mon souffle, mes jambes sont encore lourdes après mon orgasme.

- Comment ça s'est passé ? Avec Jennifer ?

- Bien, elle part chez ses parents pour la fin de la semaine, je lui enverrais ses cours, il faut qu'on accuse M. Richard aussi. Il ne faut pas laisser passer un acte comme ça. Et si l'affaire monte en justice, je lui conseillerais ton avocat, il a fait du bon travail.

- Et toi ça va ? Tu gères ça bien ?

- C'est étrange parce que je suis vraiment heureuse de pouvoir l'aider, et même j'aimerais pouvoir aider plus de personnes. Mais en même temps, parler de ça avec elle fait remonter à mon esprit des souvenirs que j'aurais préféré oublier.

- Je vois, tu ne penses pas que ce pourrait être une thérapie pour toi aussi ?

- Je ne sais pas, mais je ne pense pas pouvoir en faire mon métier.

- Ouais...

Il baille longuement et poursuit :

- Je suis désolé, je suis crevé, je vais dormir, bonne nuit.

- Bonne nuit.

Je ferme les yeux et ne tarde pas à m'endormir. Cette nuit, mon oncle revient hanter mon esprit, la voix de ma mère me traitant de menteuse repasse en boucle dans ma tête. Will parviens à me réveiller et me serre dans ses bras :

- Tout va bien, tu n'es pas en France, il n'est pas là.

J'essuie du revers de ma manche les larmes qui perlent sur mes joues. Le réveil m'indique qu'il est trois heures du matin. Je romps notre étreinte et je le regarde avec un petit sourire attristé.

- Merci, je suis désolée...

- Ne le sois pas ! Ce n'est pas de ta faute !

- Je t'ai réveillé en plein milieu de la nuit, je suis désolée.

- Ça va aller, ça ne me dérange pas.

J'acquiesce et m'allonge à nouveau sur le lit.

- Tu vas faire de beaux rêves, ne laisse pas un cauchemar détruire tes nuits.

- Oui.

- Bonne nuit.

- Je t'aime.

Il ne répond pas, il est déjà endormi. Je ne tarde pas à en faire autant. 

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