CHAPITRE 11 - JENNA
Notre premier cours est littérature anglaise, c'est bien, on commence par le pire. Nous nous asseyons nerveusement au fond de la classe. Je ne regarde pas mon père, je ne peux m'empêcher de penser à ce qu'il a fait à ma mère. Je vois ses cheveux blancs se refléter contre la vitre, il est bien trop vieux, ma mère a 38 ans, lui a aux alentours de soixante ans ! L'image de lui et ma mère repasse en boucle dans ma tête… Je prends des notes mais je suis très loin du cours de littérature anglaise. La fin du cours approche, deux heures ne sont jamais passées aussi lentement.
- Jenna, Jennifer, venez me voir s'il vous plaît, demande M. Richard a la fin du cours.
Jennifer pâlit à côté de moi, je lui adresse un regard qui se veut rassurant. Je récupère mon sac et me dirige vers le bureau de mon prof, ou de mon père.
- Je vous préviens, c'est puni par la lois de baiser avec quelqu'un de sa famille, c'est un peu comme baiser quelqu'un qui n'est pas d'accord, je déclare une fois que la salle de classe est vide.
Il paraît déstabilisé par mon intervention.
- Euh… Pardon ?
- Rappelez-vous, il y a vingt ans. Vous étiez professeur à l'Université de Lyon II. Vous avez baisé avec une étudiante en psychologie. Âgé de 18 ans. Je peux vous donner son nom, Selina Smith. Eh bien figurez-vous qu'elle a eu une fille, eh oui, oublier une capote peut avoir des conséquences. Cette fille, elle l'a appelé Jenna, elle lui a tout donnée et cette même fille, a gâché toute sa vie. Elle l’a empêché de finir ses études, de devenir psychologue. Et croyez-le ou non, elle n’en veut pas à sa fille, j'ai mis du temps à le comprendre mais elle en veut au père de sa fille, un certain M. Richard !
- Comment…
- Je sais tout, je sais que vous vous êtes barré aux Etats Unis pour échapper à la justice Française, que vous avez refusez d'aider ma mère, et aussi je sais que vous avez déjà commis un viol !
- Ah oui ? Et en quoi ça vous avance de savoir ça ?
Là il marque un point, je ne sais pas quoi répondre.
- On a porté plainte contre vous ! Intervient Jennifer qui ne semble pas comprendre tout ce qu'il se passe.
- Et vous croyez vraiment qu’on va vous croire ? Jenna, tu n'as même pas la nationalité Américaine.
- Je vous prie de me vouvoyer s'il vous plaît ! Vous n'avez aucun droit de vous comporter avec tant de familiarité avec moi ! Vous n’êtes pas mon père, vous êtes le père de Jenna Richard, et moi je suis Jenna Smith !
Je sais qu'il a raison, personne ne nous écoutera, pauvre Jennifer, c’est horrible pour elle. Je lui prends la main et nous sortons de la salle de classe. Je suis soulagée de lui avoir dit ce que je pensais, ça m’a fait du bien. Nous nous dépêchons d’aller à notre prochain cours. Nous nous installons au fond de la classe après nous être excusée de notre retard auprès du professeur, je ne l’aurais jamais fait seule mais Jennifer a pris les devants. Le cours passe plutôt vite, je participe volontiers à l'oral. C'est le cours d'expression écrite, nous devons rédiger un manuscrit, nous passons l'heure à philosopher sur le sujet, ou plutôt le thème général, que nous as donnée le professeur. Il est très vaste, nous devons rédiger un texte qui parlera d'une guérison, nous devons nous mettre à la place du malade. Le professeur nous indique de bien faire attention à parler de la guérison physique mais aussi mentale. Je pense qu'il y a trois semaines, je n'aurais pas trouvé de sens à écrire un texte pareil, mais aujourd'hui, ça me semble intéressant. À la fin du cours, Jennifer et moi allons manger à la cafétéria, elle me paraît plus détendue qu'en début de journée elle déclare une fois que nous sommes assises :
- J'ai vraiment de la chance d'être tombée sur toi, t'es géniale ! Enfin… ça aurait été sympa si on avait pu devenir amies dans d'autres circonstances mais bon… on fait comme on peut.
Je rigole doucement, elle ne se rend pas compte que c'est moi qui ait de la chance qu'elle reste avec moi pour autre chose qu'une thérapie.
- Comment s'est passé ton séjour chez tes parents ? Je demande pour changer de sujet.
- Super bien ! Ma mère a été adorable avec moi, elle m'a écoutée pendant des heures alors que je parlais de trucs tous plus cons les uns que les autres. Mon père travaillait beaucoup et je ne l'ai pas trop vu mais les seules fois où je l'ai vu il m'a serrée tellement fort dans ses bras que j'ai cru qu'il allait me casser des côtes !
- Tes parents ont de la chance de t'avoir, tu es un amour avec eux ! Je me suis toujours comportée comme une connasse avec ma mère, je pensais qu'elle ne m'aimait pas alors qu'elle était juste débordée et beaucoup trop jeune pour s'occuper d'une catastrophe comme moi ! Mais maintenant je me rends compte qu'elle a fait tout pour que je vive le mieux possible et qu’elle est incroyable forte et très téméraire ! Elle avait dix-neuf ans quand je suis née, elle était plus jeune que nous !
- C'est vraiment un connard ce M. Richard !
- Un putain de connard qui baise depuis quarante ans des meufs de 18 ans !
Elle sourit, et moi je sais que j'adorerais proférer des insultes sur mon putain de père jusqu'à 17h30 ce soir, heure à laquelle mes cours finissent. Nous passons le reste de la journée ensemble, nous nous séparons à la fin des cours, moi je remonte dans ma voiture pour aller travailler et elle retourne dans sa chambre pour étudier. Le thermomètre de ma voiture m'indiquer qu'il fait toujours la même température que ce matin, je devrais m'en réjouir, il va sûrement neiger mais je ne sais pas si les pneus de ma voiture accrocheront un minimum sur la chaussée couverte de neige… j'en doute. Je roule jusqu'à mon lieu de travaille, je vois Gwen adossé au bar, je cours la saluer.
- Jenna ! Tu vas bien ? Ça fait super longtemps qu'on ne s'est pas vues ! Comment s'est passée ton installation avec le tueur en série ?
Gwen a du décider en accord avec son esprit que ce sera le surnom officiel de Will, ça me fait rire mais je ne suis pas sûre qu'il apprécie autant que moi…
- Super bien ! Je parle de mon installation et de comment je vais, et toi comment ça se passe à la résidence ? M. Le proprio et toujours aussi chiant ?
- Ne m’en parle pas !
Elle éclate de rire et ajoute en français :
- Parlons moins fort, on pourrait nous surprendre !
- Tu pourrais venir habiter avec moi ?
- Oulala non ! Je vais rentrer dans ta chambre un matin et une vision d'horreur va apparaître devant mes yeux !
- Ce ne sera pas la première fois que tu me verras baiser !
- Avec quelqu’un que tu kiffes si ! Et ça doit y aller je te connais !
Je souris comme une idiote aux blagues de mauvais goût de Gwen, je l'adore, c'est vraiment ma meilleure amie !
- Tu n'imagines pas ! Enfin j'espère ?
- Je préfère éviter ! Je pense que tu comprends pourquoi !
- Bon, maintenant que je t’ai rassurée sur ma vie sexuelle, je dois aller travailler, je passe de l'autre côté je reviens dans un instant.
Je ne travaille pas vraiment, on peut plutôt dire que je discute avec Gwen tout en servant quelques clients, je sirote un coca en même temps. Nous sortons toutes les deux du bar à 23 heures, a la fin de mon service. Je l'embrasse sur les deux joues comme si nous étions en France et je monte dans ma Clio. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point j'étais fatiguée jusqu'à ce que je m'allonge dans mon lit à côté de Will et que je sombre dans un profond sommeil.
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