Chapitre 9 : la Détente avant l'embrasement
Sous les conseils d'Issa, Cadkar organise un séjour qui s'apparente à un séjour de cohésion pour lui et ses trois colocataires dans sa villa, enfin celle de son père. Le but : faire la fête et briser la glace entre les quatre colocataires. Alors chacun a accepté cette invitation, chacun pour des raisons différentes. Aphté pour se rapprocher de Gullveig afin que leur gue-guerre cesse, Cadkar parce qu'il en a marre de fuir sa colocation, Gullveig parce qu'elle a envie de prouver à Aphté qu'elle s'en fiche d'elle et Phtolos qui se préoccupe vraiment de la dynamique de leur colocation.
Alors en ce dernier vendredi avant la rentrée de janvier, Cadkar a invité des amis de tout le monde : des potes à lui de Sciences Po, Nick et Issa, des amies d'Aphté, une certaine Amanda pour Phtolos et aussi l'amie allemande de Gullveig. Théoriquement, tout devrait bien se passer. Le début de soirée est timide mais Aphté et Cadkar mettent rapidement la petite quinzaine d'invités à l'aise.
Cadkar n'est pas si l'aise que ça, notamment parce que la personne qui lui a soufflé l'idée de cette soirée n'est pas encore là. Peut-être a-t-il oublié, se dit Cadkar, avant de réaliser qu'il n'a pas besoin de lui pour passer une bonne soirée. Et Nick le lui rappelle en venant danser près de l'organisateur de la soirée.
— Ça faisait longtemps qu'on s'était pas vus.
— Il est vrai.
— Occupé avec les examens ?
— Entre autres oui. Mais on peut rattraper le temps perdu ce soir, se sent presque obligé Cadkar de lancer la disquette, trop habitué à le faire.
— Ça s'envisage, oui, on verra.
Puis Cadkar se resserre un verre, tentant d'oublier la non-présence de quelqu'un.
Phtolos lui parle toujours autant avec Amanda, comme coupé du monde. Ils parlent pendant presqu'une heure non-stop sans se soucier le moindre du monde du, justement, monde autour.
Cadkar, blasé, décide de sauter dans la piscine et il est suivi seulement par Nick, les autres ayant visiblement trop froid. Et Nick finit par embrasser Cadkar. Ils s'embrassent un peu puis Cadkar recule, un peu gêné sans savoir pourquoi. Il remarque alors qu'Issa est là et sort de suite de la piscine, tout sourire, oubliant tout de suite Nick. Issa lui tend une serviette et Cadkar se sèche rapidement avant de s'habiller tout aussi vite, se les caillant.
— Alors t'es venu, sourit Cadkar à l'intention d'Issa.
— Tu m'as invité, hausse le Malien les épaules. Pourquoi, tu pensais que j'allais pas venir ?
— Il y a quand trois quart d'heure de route alors j'étais pas sûr non. Que la fête commence alors ! s'écrie limite un peu trop joyeusement Cadkar ce qui décroche le premier sourire de la part d'Issa de la soirée.
Aphté reste beaucoup avec ses amis, n'osant pas aller à la rencontre de Gullveig, même si elle en crève d'envie. Pourtant, elles se resserrent un verre en même temps.
— Tu passes une bonne soirée, demande Aphté.
— Oui et toi ?
— Ça va aussi.
— Ok.
Putain, c'est violent, pense Aphté. Cette conversation sans essence est plus violente que si les deux jeunes femmes ne se parlaient pas car ça montre à quel point elles se sont éloignées l'une de l'autre. Puis Gullveig part, laissant Aphté déçue. Phtolos débarque à ce moment-là et lui lance un petit pique :
— On récolte ce que l'on sème.
— Garde tes phrases philosophiques à deux balles pour quelqu'un d'autre, Phtolos, vraiment. Et arrête de faire ton bon Samaritain, ça te va pas.
Phtolos accuse le coup, un peu blessé mais ne le relève pas. Il veut parler avec Aphté de quelque chose alors il se lance :
— Si t'es bien avec ton copain, pourquoi tu as embrassé Gullveig ?
Bonne question, pense Aphté, parce qu'elle en avait sûrement terriblement envie et que l'alcool prenait le dessus sur sa raison.
— Qu'est-ce que ça peut te faire ?
— Je me demandais, est-ce qu'on peut avoir une chance avec quelqu'un en couple ?
— Tu sais, c'est pas parce qu'il y a un goal qu'on peut pas marquer.
— C'est une citation de beauf ça.
— Parce que t'as cru que j'étais quelqu'un de distingué, sourit Aphté et Phtolos lui rend. Si tu me demandes ça par rapport à ta pote que tu quittes pas de la soirée, vaut mieux essayer et pas avoir de regrets.
Son verre remplit, Aphté laisse un Phtolos pensif qui regarde en direction d'Amanda. Et Aphté n'a pas si tort. Qu'est-ce que ça lui coûte d'essayer ou non ?
Vers minuit, certains jeunes font une pyramide et l'alcool coule à flot on peut le dire. D'autres jeunes rentrent chez eux et il ne reste ainsi qu'une petite dizaine de personnes. Ils enchaînent ensuite sur un J'ai/Je n'ai jamais qui amuse beaucoup la galerie. Puis Cadkar part allumer sa grande chicha et plusieurs personnes viennent la partager. Le jeune homme se retrouve entre Nick et Issa, pas gêné du tout que ce soit le cas. Nick continue de flirter avec Cadkar lui faisant même une soufflette avec la chicha, sous le regard d'Issa.
La soirée continue et maintenant les jeunes sont tous à l'intérieur en train de danser comme des fous, le nombre de personnes diminuant petit à petit. Il reste maintenant, les quatre colocataires, Issa, Nick et Amanda. Les sept jeunes dansent comme jamais sur la playlist de qualité d'Aphté. Même Gullveig, plutôt réservée niveau danse d'habitude, danse comme une folle. Faut dire qu'elle n'a pas arrêté de boire de la soirée mais elle décide d'ignorer complétement les signaux que lui envoie son corps.
Alors elle finit par tituber jusqu'aux toilettes, à l'étage, où elle ne s'arrête pas de vomir, livide, tremblante et larmoyante de douleur. Aphté remarque l'absence de sa colocataire et se met à sa recherche. Inconsciemment, elle la cherche surtout dans les toilettes et finit par trouver la jeune fille en haut, dans un sale état. Alors elle part chercher de l'essuie-tout et de l'eau puis s'occupe de la malade, lui caressant gentiment le dos tandis que Gullveig ne semble plus s'arrêter de vomir. Au bout d'une dizaine de minutes, les vomis de malade s'arrêtent enfin et celle-ci est livide alors Aphté lui tend de l'eau et du sucre.
— C'est l'alcool qui te met dans cet état ?
Gullveig, dans un autre monde, se contente de hocher la tête.
— Désolée, et tout ce qu'elle est capable de marmonner pour le moment.
— Ça arrive, t'inquiète pas, mais préviens la prochaine fois, je te l'ai déjà dit.
— Désolée, répète Gullveig commençant à pleurer et pas de douleur liée au vomi.
Aphté panique, s'en voulant de faire pleurer la jeune fille.
— Hey, pleure pas, c'est pas grave.
— Si c'est grave, je suis désolée, pleure définitivement Gullveig.
Alors Aphté s'accroupit aux côtés de Gullveig et la prend dans ses bras, ne pouvant pas faire grand-chose de plus au final. Et Gullveig se lâche et pleure fortement et longtemps, mettant vraiment du temps à se calmer.
— Je veux pas qu'on soit fâcher.
— Je suis pas fâchée contre toi, Gullveig.
— Moi non plus.
— Alors, tu vois, on est pas fâchées l'une contre l'autre.
— Mais on s'embrasse plus.
— C'est toi qui as dit que tu voulais plus qu'on s'embrasse.
— Et si j'avais encore envie ? soulève la tête Gullveig et se rapprochant d'Aphté mais celle-ci s'éloigne, un peu dégoutée. Tu vois, toi aussi, tu veux plus m'embrasser.
— Parce que tu viens de vomir aussi, s'amuse Aphté du comportement de Gullveig, mais je veux bien t'embrasser autre part.
Aphté vient déposer un baiser sur le front de Gullveig, puis sur ses paupières et enfin ses deux joues.
— Aphté, j'ai envie que tu m'embrasses de partout, souffle Gullveig, complètement bourrée.
— Seulement si tu te douches.
— Douche-toi avec moi alors.
Et Aphté accepte, se souciant peu des conséquences de ses actes sous l'emprise de l'alcool. Alors, les deux jeunes femmes se retrouvent nues dans la douche, d'abord un peu timides de cette tenue pas habituelle entre elles. Puis elles se rapprochent et s'embrassent, Gullveig maintenant propre de tout vomi. Et elle soupire rapidement, pris dans un tourbillon de sensations que lui procure sa colocataire. Les deux jeunes femmes collent leur corps l'une à l'autre, le découvrant par la même occasion. Aphté vient caresser le dos de Gullveig puis ses petites fesses qu'elle caresse elles-aussi avant de remonter tout du long jusqu'aux cheveux de la brune, ce qui lui provoque un frisson de plaisir.
Gullveig, curieuse et envieuse, caresse également le corps de sa colocataire. Elle a surtout envie de lui toucher sa poitrine alors, timidement, elle le fait et ça lui provoque carrément quelque chose en bas. Alors, elle continue sous les soupirs de plaisir d'Aphté. Elle finit même par venir les embrasser et, plus tard, les suçoter avec douceur. Les mains d'Aphté viennent alors caresser le sexe de Gullveig, impatiente de recevoir plus.
— Je veux que tu me caresses aussi.
Alors Gullveig s'exécute, bien que sans expérience, et vient toucher le sexe d'Aphté et chercher le clitoris de cette dernière. Alors les deux jeunes femmes viennent toucher le clitoris de l'autre et se provoquent du plaisir pendant de longues minutes. Même si elles ne sont pas venues jusqu'au bout, les deux sont crevées alors elles s'embrassent maintenant paresseusement sous la douche avant d'aller se coucher, enlacées pour la première fois.
Les personnes restantes ont toutes remarquer que deux filles manquaient à l'appel mais personne ne commente, même pas Cadkar, les laissant tranquille pour une fois. Son pote, Nick décide de rentrer chez lui et Cadkar le raccompagne à la porte d'entrée où Nick glisse :
— Vous êtes mignons tous les deux.
— Qui ça ?
— Toi et ce Issa.
Cadkar, pas à l'aise avec ce genre d'adjectif se contente de jeter son pote dehors. Lorsqu'il se retourne, son regard se pose sur Issa, assis sur le canapé,un verre à la main et son cœur se serre sans qu'il ne le comprenne. La soiréese termine vers trois heures du matin et tout le monde trouve un lit dont Issaavec Cadkar. Cependant, Cadkar remarque bien qu'Issa est plus silencieux qued'habitude alors il essaye d'aller à la pêche aux informations :
— Ça t'a plu la soirée ?
— Ouais, c'était cool de rencontrer tes coloc' dans un autre contexte que le boulot. Je crois que la soirée a porté ses fruits.
— Je crois aussi. On se demande qui a eu l'idée, sourit Cadkar mais Issa est peu réactif, tu veux pas me dire ce qu'il y a pas ?
— Je peux si. J'ai pas trop aimé quand t'as embrassé Nick devant moi. C'est pas parce qu'on est pas en couple que tu dois pas me respecter et j'ai vraiment trouvé irrespectueux que t'embrasses quelqu'un devant moi. Que tu le fasses quand on est pas ensemble, je m'en fiche et grand bien te fasse même, mais quand on est ensemble, ça se fait pas. Je suis pas ta pute, achève Issa Cadkar qui tire la tête, ne sachant que penser de ça.
Il n'avait jamais eu ce problème parce qu'il n'avait jamais été aussi engagé sans être engagé à quelqu'un depuis la seconde. Et peut-être qu'il n'aurait pas dû s'engager autant avec Issa. Maintenant, Cadkar flippe et ne sait plus que dire ou faire.
— C'est pas la peine de faire cette tête, je te dis juste mon ressenti.
— Mmh mmh.
— C'est tout ?
— Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
— Ce que tu en penses peut-être ?
— Qu'on se prend la tête pour rien alors qu'on pourrait être en train de baiser.
— C'est pas faux, mais-
Cadkar approche son visage d'Issa et dépose un baiser à la commissure de ses lèvres à droite puis à gauche.
— J'ai compris, Issa, je peux m'arranger pour que ça n'arrive plus.
— Tu le penses ou c'est juste parce que tu veux baiser ?
— Qu'est-ce que ça change au fond ? s'amuse Cadkar en embrassant encore la commissure des lèvres d'Issa ce qui fait sourire celui-ci.
L'ambiance bien trop sérieuse redescend pour une plus joueuse. Alors Issa dépose doucement ses lèvres sur celles de Cadkar et les deux jeunes partagent de nombreux baisers avant de baiser.
Ce week-end chez Cadkar aura fait beaucoup de bien à la colocation des quatre qui n'en ressort qu'apaisée et soudée dans tous les sens du terme.
Cela permet une meilleure rentrée scolaire et professionnelle pour tous. D'ailleurs, ce soir, Phtolos et Gullveig sont en train de partager un repas tandis que Caleb et Issa débarquent avec de la bouffe à emporter, équilibrée pour l'un et non pour l'autre. Facile à deviner qui a pris quoi. Alors les quatre jeunes mangent ensemble, profitant de ce moment simple mais agréable.
L'ambiance change cependant un peu lorsqu'Aphté débarque de la gare, avec son copain, Titouan. Ce dernier fait alors la connaissance des colocataires de sa copine et mange avec eux. Gullveig bouillit au fond d'elle, mais tente de ne rien montrer, tandis que Phtolos a de la peine pour son amie et que Cadkar se demande comment tout ça va encore une fois finir.
Gullveig, « fatiguée », ne joue pas à des jeux avec le reste de la colocation et part dans sa chambre, faire ce qu'elle sait faire de mieux quand elle n'arrive pas à gérer ses émotions : boire. Alors c'est ce qu'elle fait jusqu'à s'endormir dû au trop plein d'alcool.
Les cinq autres jeunes, eux, s'amusent toujours dans le salon jusqu'à ce que Titouan baille excessivement, sacrément fatigué de son voyage. Alors, Aphté et lui partent se coucher, laissant Phtolos, Cadkar et Issa dans le salon.
— Sacrée soirée, souffle Phtolos.
— C'est intense votre colocation.
— Toujours, sourit à moitié Phtolos, allez je vais me coucher aussi, se lève Phtolos. Pas de bébé sur le canapé cette fois-ci, merci, s'éclipse Phtolos avec humour.
Issa et Cadkar vont donc dans la chambre de ce dernier et se mettent directement en boxer, tous deux un peu fatigués. Ils s'allongent alors dans le lit deux places de Cadkar, côte à côte et Cadkar souffle :
— Je me demande comment va se finir ce week-end.
— Tu penses comment ?
— Ça serait incroyable que ça finisse bien.
— Pourquoi ?
— Il y a trop de secrets.
— Et toi, tu en as des secrets ? demande malicieusement Issa en venant passer ses doigts sur le ventre de Cadkar, s'amusant à marcher dessus ce qui fait sourire Cadkar.
— Comme tout le monde j'imagine, pas plus, pas moins. J'ai juste un corps mort d'un de mes exs dans mon placard.
— C'est glauque.
— Ouais, c'est vrai, s'étonne Cadkar de lui-même, ça aurait pu être une blague de Phtolos, fait-il remarquer.
Cadkar, un peu chatouilleux, finit par venir toucher les doigts d'Issa et joue avec, sans trop réfléchir.
— Et toi, t'as des secrets ?
— Pas tant que ça.
— C'est vrai que t'es plutôt direct comme personne, souligne Cadkar.
— Ça évite les malentendus.
— Du genre dans toutes les relations qu'elles qu'en soient leur nature.
— C'est vrai.
— Tu devrais essayer aussi.
— C'est un message subliminal ?
— Interprète-le comme tu veux.
Alors Cadkar vient chatouiller Issa, peu chatouilleux, alors c'est Issa qui prend le dessus en embêtant le plus vieux, à califourchon sur lui. Les deux se chamaillent un moment puis Issa, toujours à califourchon sur Cadkar, vient poser son haut du corps sur celui de Cadkar, en contorsion. Cadkar est un peu surpris de ce geste inhabituel et ne sait absolument comment il doit y répondre, ne l'ayant jamais vu ou vécu. Alors, avec un goût étrange, il pose ses deux mains dans le dos d'Issa, sans bouger, un peu là mais sans trop l'être.
Le lendemain, Gullveig est au plus mal que ce soit à cause de sa gueule de bois que de sa peine de cœur. C'en est insupportable pour elle de voir Aphté et son copain ensemble, dans sa colocation, dans son salon, dans sa cuisine. Peu importe où, c'est insupportable pour la jeune femme. Alors, gérant difficilement ses émotions, elle boit dans sa chambre en ce samedi soir. Et une idée lui vient du fait de ce doux poison qu'est l'alcool : celle d'exposer Aphté. Elle veut que cette dernière souffre autant qu'elle souffre au lieu de sa la couler douce avec son Roméo devant ses propres yeux. Bien décidée à foutre la merde, pourtant contraire à sa nature timide réservée et bienveillante, Gullveig se rend au salon. Elle y trouve alors tous ses colocataires, ainsi qu'Issa et le copain d'Aphté en train de jouer.
Et Gullveig commence son attaque lorsqu'elle va aux toilettes et lance à l'attention d'Aphté :
— Je vais aux toilettes, Aphté.
— Euh d'accord, pisse bien, sourit à moitié Aphté, ne sachant comment accueillir cette information.
— Je dis ça si jamais tu voudrais venir, finit Gullveig en disparaissant dans les toilettes.
Lorsqu'elle revient, Aphté lui lance un regard d'incompréhension tandis que Gullveig lui lance un clin d'œil.
— J'ai un jeu à proposer : que direz-vous qu'on fasse le jeu où je balance les vérités.
Un silence s'en suit, personne ne comprenant ce qui prend à Gullveig. Tous se disent qu'elle a l'air bourrée mais tous pensent que ce n'est pas possible vu qu'elle n'est pas sortie ce soir.
— Allez je commence. Alors Phtolos, mon cher Phtolos, tu fais bien l'innocent mais tu mens comme tu respires et tu passes ton temps à être jaloux des autres. Alors je suis peut-être pas parfaite, mais au moins je suis pas fausse et je peux me regarder dans la glace.
Tout le monde se tait, pas sûrs de comprendre ce qui se passe alors ils écoutent la suite du monologue étrange de Gullveig.
— Toi Cadkar, t'es un connard mais je pense que tu le sais déjà. J'ai jamais vu un mec sans cœur comme toi. Et tu te serres d'Issa pour boucher ton cœur en bouchant son cul. Alors, conseil Issa : barre-toi avant qu'il te détruise toi aussi.
Puis, Gullveig enchaîne, laissant à personne le temps de lui répondre :
— Puis, toi, Aphté, c'est le summum, vraiment. T'as le culot de ramener ton copain ici dans la même colocation où on s'est embrassées, dans le même lit où-
— Ta gueule, l'interrompt la concernée, se levant.
— Sinon quoi ? ricane Gullveig en se levant également et s'approchant méchamment d'Aphté, sinon quoi, hein ? Tu vas m'ignorer quelques jours puis revenir m'embrasser après ? Tu l'as déjà fait, chérie.
Franchement, Aphté a envie de lui foutre un point dans son visage mais elle tente de se contenir alors elle pousse faiblement Gullveig qui manque de tomber.
— Et tu te crois mieux que tout le monde ? À boire comme un trou du cul à chaque putain de soirée ? ! Hein, tu te crois mieux ? s'enrage Aphté.
Elle va tout perdre de toute façon alors autant aller jusqu'au bout. Alors elle pousse à nouveau Gullveig qui titube avant de tomber par terre cette fois. Phtolos intervient et éloigne Aphté qui crie :
— Quoi ? Toi aussi, t'en veux ? Tu crois que c'est parce que je suis une fille que je sais pas me battre, toi qui es qu'un demi homme en plus.
Le silence était déjà lourd, mais il l'est encore plus après ses paroles clairement transphobes d'Aphté. Alors Gullveig contrairement à sa nature, se rebelle et pousse Aphté à son tour. Cadkar sourit de ce spectacle, clairement pas vexé des petits propos de Gullveig qui n'avait rien d'innovant à son encontre.
— Ferme-la Aphté.
— Toi, ferme-la, Gullveig.
Alors deux jeunes femmes se poussent, toujours plus violemment tandis que Phtolos n'ose plus intervenir. C'est le copain d'Aphté, les larmes aux yeux qui le fait et traîne, un peu de force, Aphté jusqu'à sa chambre.
— Tu m'expliques ?
Aphté tente de se calmer, clairement sur les nerfs, les larmes aux yeux de rage. Elle n'a pas la tête à discuter avec son copain, vraiment pas, mais elle sait que lui en a besoin alors elle le fait, par amour.
— J'ai déconné, avoue la jeune fille aux cheveux roses.
— J'entends ça. Je ne te reconnais même plus à frapper des gens.
Un silence lourd s'abat dans la chambre d'Aphté qui sent les larmes couler le long de ses joues, envahie de trop de sentiments, notamment de la culpabilité.
— C'est quoi ces histoires que t'embrasses ta colocataire ? C'est vrai ?
Aphté hoche la tête.
— Combien de fois ?
— Je ne sais pas, pleure la jeune fille, rongée seulement maintenant de culpabilité.
— Mais vous avez couché ensemble ?
Et le silence d'Aphté veut tout dire. Titouan perd lui aussi les pédales et se met à pleurer.
— Et tu comptais jamais me le dire et juste continuer notre relation comment ça ? ! Ça dure depuis combien de temps ? !
Aphté ne répond pas, effondrée de cette situation qui la dépasse complètement.
— Aphté, assume s'il-te-plaît, depuis combien de temps ?
— Je sais plus, une de nos premières soirées ensemble.
Et les larmes de Titouan s'accentuent. Ça fait donc des mois et ça fait mal.
— Mais pourquoi ? Tu m'aimes plus ? Tu l'aimes elle ?
— Je sais pas.
— Arrête de dire « je sais pas » et réponds ! commence à s'agacer le garçon. Alors, tu l'aimes ?
— Non, pas comme je t'aime toi.
— Alors pourquoi t'as fait ça ? tente de comprendre Titouan.
— Je sais pas, à chaque fois j'avais bu et... je sais pas, ça arrivait.
Encore un lourd silence.
— Je suis pas sûr de te pardonner ça, Aphté.
— Je sais, je suis vraiment désolée.
— Si t'étais vraiment désolée tu me l'aurais dit dès la première fois et tu n'aurais jamais recommencé ça pendant des mois, réplique froidement Titouan.
Alors Aphté pleure d'autant plus.
Dans le salon, Gullveig part en trombe dehors, mais Phtolos ne la suit pas cette fois, trop blessé. Seulement Issa semble réaliser que cette situation peut être dangereuse alors il se lève pour suivre la jeune fille qui n'est, visiblement, pas en possession de tous ses moyens. Cadkar, curieux, suit Issa jusqu'au hall d'entrée et le regarde mettre ses chaussures, perplexe.
— Toi aussi, tu pars ?
Cadkar ne sait pas quoi trop en penser. Est-ce qu'Issa lui en veut de quelque chose au point de partir brutalement ? Parce qu'apriori Cadkar n'a rien fait de plus qu'être simplement lui. Cadkar sent l'inquiétude monter en lui tout comme son cœur s'emballer, mais Issa se relève et lance juste :
— Je me vois pas laisser ta colocataire seule dans la rue vu son état, donc non je reste pas ici.
Et Cadkar sent ses poumons moins lui faire mal, comme s'il était soulagé de quelque chose.
— Bon tu comptes rester planté là ou tu viens avec moi ?
— Ça va, ça va, je viens.
Alors les deux jeunes garçons se lancent à la recherche de Gullveig, dans cette nuit froide de fin janvier. Et ils finissent par la trouver au bout d'une dizaine de minutes tout de même, en train de vomir par terre. Alors Issa s'approche de la jeune fille tandis que Cadkar s'arrête, dégouté de cette vue peu agréable aussi bien pour ses yeux que ses narines. Gullveig finit par s'arrêter de vomir et s'affale au sol puis pleure d'autant plus :
— Je crois que je me suis pété la cheville, j'arrive plus à marcher putain, jure étonnement Gullveig contrairement à d'habitude.
Mais vu son état d'alcoolémie, il n'y a plus de d'habitude qui tienne. Elle n'est plus complètement elle-même au fond, empoisonnée d'un liquide vicieux. Alors Issa s'occupe de la jeune fille, sous le regard blasé bien qu'un peu admiratif de Cadkar, et Issa décide d'appeler les pompiers entre la cheville de la jeune fille visiblement en mauvais état et son état d'alcool. Une petite demi-heure plus tard, les pompiers sont sur place et embarquent Gullveig, qui n'arrête pas de pleurer, après avoir posé des questions aux deux jeunes dont ils ne possédaient pour la plupart pas la réponse.
— Ça serait bien que l'un de vous viennent avec nous.
Tout mais pas ça. Cadkar n'a aucune envie d'aller à l'hôpital pour une fille qu'il connaît et apprécie à peine malgré leurs quelques mois de colocation. C'est un connard après tout alors autant agir comme tel. Pourtant, lorsqu'Issa vient poser une main sur l'épaule de Cadkar et lui dit :
— Tu devrais y aller.
— Pourquoi ?
— Pas le temps de discuter, juste vas-y.
Fait chier, pense Cadkar, mais il va. Il laisse alors ses clés de maison à Issa pour que celui-ci récupère ses affaires et puisse rentrer chez lui tandis que Cadkar monte dans le camion, pas ravi. Et il passe deux heures à l'hôpital avant que Gullveig soit enfin prise en charge et qu'il soit libre de partir. Il téléphone alors à Issa, réalisant qu'en lui passant les clés dans la précipitation, il n'a lui, plus de clés pour rentrer chez lui. Mais, Issa ne répondant pas, Cadkar contacte Aphté qui lui ouvre puis qui retourne sur le canapé, sans un mot de plus. Putain, ça craint si elle dort sur le canapé, pense Cadkar. Lorsqu'il rentre dans sa chambre, Cadkar s'affale sur son lit mais écrase visiblement quelqu'un dans la manœuvre.
— Issa ? chuchote Cadkar, surpris.
— Mmh quoi ?
— T'es pas rentré chez toi ?
— Trop fatigué, flemme de conduire.
— Ok.
Puis Cadkar se désape et se faufile sous la couette, réchauffée par la présence d'Issa.
— Comment va Gullveig ?
— Elle a pas arrêté de pleurer, mais ça va le personnel était sympa avec elle.
— C'est bien que tu y sois allé.
— Quelqu'un m'a un peu forcé, faut dire.
— Cadkar, on sait très bien entre nous deux que si t'avais vraiment pas voulu y aller, tu n'y serais pas allé.
Et ça agace Cadkar qu'Issa ait raison alors il lui réplique, gentiment au fond :
— Tais-toi et dors.
— T'es froid bordel, crie limite Issa en rapprochant son corps de Cadkar.
— Réchauffe-moi alors.
Alors Issa enlace Cadkar qui se braque légèrement, n'ayant clairement pas l'habitude de ce genre de contact, surtout qu'il ne pensait pas à ça quand il a dit sa phrase mais il finit par s'y habituer et s'endort comme ça. Et c'est la première fois que les deux jeunes hommes dorment ensemble sans avoir baisé de la journée et ça stresse Cadkar au fond. Et s'il n'était pas que ce connard sans cœur comme l'a scandé Gullveig ? Et cette simple pensée le terrifie car il préfère largement être un connard sans cœur qu'un con avec cœur. Et, à nouveau, son cœur s'emballe fortement, lui faisant mal. Alors il décide d'aller prendre l'air dehors, à moitié en train de suffoquer, et tombe étonnement sur Phtolos en train de fumer un joint.
Phtolos le tend à son colocataire, en ayant visiblement besoin vu sa tête et lâche :
— Toi aussi, t'arrives pas à dormir ?
— Non.
— Comment va Gullveig ?
Cadkar fume, se calmant petit à petit et répond :
— Ça va, elle est à l'hôpital.
— Quoi ? !
— Je comprends même pas comment t'en as encore quelque chose à faire d'elle après ce qu'elle t'ait dit.
— On s'en fout, Cadkar, pourquoi elle est à l'hôpital ?
— Elle s'est foulé la cheville le temps de son escapade, sourit Cadkar tout en fumant.
— Ça te fait sourire ? T'es vraiment un connard.
Un connard qui l'a accompagnée à l'hôpital mais soit.
— Je sais, souffle Cadkar.
— Tu comptes fumer tout mon joint ?
— Roule-moi en un stp.
— Pourquoi je ferai ça ?
— Pour m'être occupé de ta Gullveig à ta place.
— Connard, marmonne Phtolos tout en roulant un autre joint.
Alors les deux jeunes fument leur joint puis partent respectivement dans leurs chambres. Cadkar observe alors Issa dormir, à travers la faible lumière del'extérieur. Et il ne sait pas quoi trop penser. Et sans qu'il ne le contrôle,les larmes lui viennent aux yeux mais il les refoule, se faisant violence.
— Qu'est-ce que tu fous ? Tu dors pas ?
— Si si.
Issa se redresse et fixe Cadkar ce qui perturbe Cadkar, mais il n'en dit rien.
— T'es sûr que ça va ?
— Qu'est-ce que ça peut te foutre ? lance froidement Cadkar.
— Wouah, alors ça y est, t'as décidé de reprendre ton rôle tout fait de connard ? C'est Gullveig qui t'a convaincu que t'en étais un ?
— Parce que tu ne le savais pas ? C'est quand que tu vas t'en rendre compte ?
— Excuse-moi d'être assez intelligent pour regarder les gens au-delà de leurs apparences.
Cadkar serre les dents et la mâchoire et Issa le remarque alors il s'approche du garçon, visiblement mal en point mais ne le touche pas, sentant que ce n'est pas le moment.
— Tu fais chier, finit par lâcher Cadkar.
— De quoi ?
— Tu fais chier, répète Cadkar, tête baissée.
— Je sais, toi aussi, tu fais chier Cadkar.
— Je sais.
— Alors on fait quoi ? On arrête de se côtoyer pour que tu puisses garder ta superbe identité de connard ?
— Ça serait le mieux, oui.
— Le mieux pour qui au final ?
— Tout le monde.
— Je m'en fous de tout le monde.
Cadkar lève enfin la tête, pourtant fier d'habitude et Issa constate au regard et à l'odeur de Cadkar que ce dernier a fumé du cannabis.
— Tu devrais aussi t'en foutre de tout le monde.
— Je sais, souffle tout simplement Cadkar, admettant pour une fois une vérité contraire, tu crois vraiment que je bouche ton cul pour boucher mon cœur ?
— Déjà, la forme de cette phrase est particulièrement étonnante.
— Et le fond ?
— Je vais pas faire genre de savoir ce qu'il y a dans ton cœur, mais je suis sûr qu'il y a plus que l'image de connard que tu te donnes, ça c'est sûr.
Cadkar pose alors sa tête sur l'épaule d'Issa, se sentant pour une fois un peu compris.
— Pourquoi tu me prends pas pour un connard comme tous les autres, soupire Cadkar.
Et Issa se contente d'encercler le corps de Cadkar en réponse, rendant ce dernier encore plus confus. Et pour une fois, Cadkar ne conteste rien, fatigué de sa propre image construite de toute pièce.
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