Chapitre 15 : Ken e vi gwelet

Gullveig est tout autant excitée et se jette, littéralement, dans les bras d'Aphté lorsqu'elle touche terre. Les deux jeunes filles s'échangent de longues embrassades puis un baiser timide, Gullveig n'étant pas très à l'aise en public. Aphté se charge de prendre la valise de sa petite amie puis lui demande :

— Alors, pas trop long ?

— Si, mais surtout stressant avec toutes les correspondances, surtout celle à Paris avec le changement de gare.

— Ah, ça, je te comprends !

Un bras autour des épaules de Gullveig, Aphté dirige les deux jeunes femmes vers la voiture. Aphté range la valise dans le coffre puis prend place côté conducteur tandis que l'Allemande s'assoit côté passager. Les voilà parties pour une vingtaine de minutes de route, où Gullveig tente de se réveiller afin de bonne impression devant les parents d'Aphté.

Lorsque les deux arrivent à la maison d'Aphté, Gullveig est heureuse de découvrir le lieu de vie d'Aphté bien qu'appréhendant un peu la rencontre avec les parents de sa petite amie. Alors les deux jeunes femmes rentrent dans la maison et, aussitôt, toute la famille d'Aphté débarque, à savoir ses parents, son petit-frère et même la chienne. Cette dernière paraît particulièrement enjouée et remue la queue dans tous les sens, faisait la fête à la nouvelle arrivante.

Présentations chaleureuses se font puis toute la famille ainsi que Gullveig se rendent à table. Gullveig en profite pour offrir ses cadeaux, surtout culinaires, afin de remercier la famille de Gullveig de l'accueillir pendant deux semaines.

— Aphté a insisté pour cuisiner, ce qui est plutôt rare avec elle, fait remarquer la mère en apportant le plat.

— On a compris, merci, râle Aphté ce qui fait sourire Gullveig.

Et le repas se passe dans la même bonne humeur. À la fin de celui-ci, Gullveig est épuisée et tout le monde le sent alors les deux jeunes femmes s'éclipsent dans la chambre d'Aphté. Aussitôt dans celle-ci, Gullveig s'affale sur le lit d'Aphté, se reposant déjà. Toutefois, Aphté a une idée toute autre en tête : embêter sa petite amie. Alors elle vient s'allonger, sans faire mal à Gullveig, sur cette dernière et l'embrasse sur chacune de ses joues, à plusieurs reprises.

— On dirait que j'ai manqué à quelqu'un, sourit Gullveig.

— Quatre mois en même temps, tu m'étonnes...

— T'as trouvé ça dure ?

— M'en parle pas...

— Qu'est-ce que t'as trouvé le plus dur ?

Clairement, le côté sexuel, puisqu'elles continuaient à se parler en soi donc pas de souci de ce côté-là, pense Aphté. Mais elle prend en considération les sentiments de sa petite amie et mâche ses mots :

— Ta présence forcément, ça ne s'est pas à l'écran, et toi ?

— De dormir avec toi.

— C'est vrai que ça aussi, c'était chiant. Mais on va pouvoir profiter maintenant, s'enthousiasme Aphté.

Gullveig a envie de répondre à ce sourire, mais elle sait que leur temps est compté... Deux semaines et c'en ait fini de Gullveig et Aphté, ensemble, en couple. Et Gullveig a du mal à se le sortir de sa tête. Ça lui fait même peur, elle appréhende carrément. Elle est si fatiguée qu'elle ose l'avouer à Aphté :

— Maintenant, oui, dans deux semaines, c'est fini.

Et Aphté ne sait pas quoi y répondre alors elle répond ce qu'elle pense :

— Fini, c'est un bien grand mot. C'est pas comme si on allait couper les ponts définitivement. Perso', je compte bien t'emmerder même après août.

Et Aphté s'attend à ce que Gullveig sourisse mais ce n'est pas le cas et elle ne comprend pas pourquoi. En effet, Gullveig, de son côté, et à force d'en parler avec son meilleur ami pendant ces quatre mois, a tenté d'établir une stratégie de post-rupture programmée pour souffrir le moins possible, en théorie. Et la solution qu'elle a trouvée est la suivante :

— Je ne suis pas sûre que je veuille qu'on se parle toute de suite après... après tu sais.

— C'est-à-dire ? tente de comprendre Aphté.

— J'ai peur que si on se parle comme d'habitude, je n'arrive pas à passer à autre chose.

— Oh, ok, je vois. Donc tu préfères qu'on se parle plus du tout ?

Bien sûr que ça saoule autant que ça étonne Aphté. Elle, ne voyait aucun souci à continuer de communiquer avec Gullveig après août, même si elles ne se sortiront plus ensemble. Ça lui paraissait logique même. Après tout, avant d'être petites amies, elles sont aussi amies et les amies peuvent se parler entre elles.

— Peut-être ? tente, incertaine, l'Allemande.

— Ok, comme tu veux.

— Ça te gêne ?

— Ça me surprend surtout, j'avais pas vu les choses comme ça.

— En même temps, si on ne fait pas ça, ça reviendrait à continuer de sortir ensemble, non ?

— Peut-être, je sais pas, se braque un peu Aphté.

Elle a du mal à accepter que les choses n'aillent pas dans son sens et ne prennent pas la direction qu'elle a souhaitée alors cette sorte de décision ne l'enchante guère voire pas. Et Gullveig le sent bien et s'en veut d'avoir cassé l'ambiance dès leur première soirée toutes les deux réunies. Mais, en même temps, plus tôt les choses sont dites, mieux c'est pour tout le monde.

Laissant aux deux jeunes femmes le temps de digérer cette nouvelle, Gullveig va prendre une douche avant de venir se coucher. Aphté reste un peu sur son téléphone ce qui étonne et embête Gullveig. Aphté est-elle fâchée des mots prononcés plus tôt par l'Allemande ? Alors elle vient se glisser entre les bras de sa petite amie et pose sa tête sur l'abdomen d'Aphté, contente de retrouver ce genre de contact. Aphté, dérangée dans son activité, vient en faire une autre : des papouilles. Et les deux jeunes femmes se couchent ainsi pour leur première nuit depuis quatre mois.

Le reste de la semaine se passe extrêmement bien pour les amoureuses qui profitent très bien de la vie au bord de la mer, toutes les deux légèrement préoccupées tout de même. De son côté, Gullveig pense au fait qu'elle devra bientôt redescendre de son petit nuage notamment qu'elle partageait avec Aphté, sa petite amie. Souvent, elle en a même le cœur qui s'en serre rien que d'y penser. De l'autre, Aphté réalise qu'elle avait peut-être un petit peu sous-estimé ses sentiments envers Gullveig et que les aurevoirs vont se révéler plus durs que prévus. Parfois, même, Aphté a envie de dire ses sentiments réels à sa petite amie mais les mots restent coincés dans sa bouche.

Comme maintenant où elle observe avec plaisir sa petite amie redescendre de son orgasme qu'Aphté lui a procuré. Gullveig vient prendre Aphté dans ses bras, toute souriante. Et, là, tout de suite, Aphté veut lui dire les fameux trois mots, mais elle n'y arrive tout simplement pas, mais elle le ressent fortement.

Le lundi, c'est au tour de trois autres personnes de débarquer chez Aphté à savoir Cadkar, Issa et Phtolos. Tous sont au fond heureux de se retrouver après cet été déjà entamé bien que tous ne le manifestant pas de la même façon. Le soir, tout le monde se couche tôt car demain ils partiront pour trois jours de randonnée sur la plus grande île de Bretagne. Ainsi, Aphté et Gullveig dorment ensemble tandis que Phtolos couche dans la chambre d'amis et que les deux autres amoureux campent dans le jardin, la météo et la saison y étant propices. Amoureux qui se sont littéralement sautés dessus dès qu'ils se sont retrouvés dans la tente, heureux de se retrouver. En effet, Cadkar était parti en Grèce une semaine avec son père alors ils ne sont pas vus pendant une semaine et ça a fait bizarre au deux. Et ça se voit à la façon dont ils se retrouvent entre désir et joie.

— Je t'aime.

— Je t'aime aussi, Cadkar.

Les deux jeunes hommes se sourient niaisement tandis que Cadkar commence à montrer des photos de ses vacances tout en y ajoutant des anecdotes. Puis, il demande à son copain s'il compte toujours retourner voir sa famille dans son pays d'origine, le Mali.

— Mes parents ne veulent pas trop, non. Ils disent que la situation politique est tendue actuellement. Ça me stresse qu'ils disent ça alors qu'eux et mes frères et sœurs y sont.

Alors les deux jeunes hommes parlent jusqu'à pas d'heure, complètement crevés le lendemain lorsqu'il faut se lever. Aphté le relève et râle même :

— Vous avez vu vos têtes, on avait dit qu'on se couchait tôt hier pour être, justement, en forme !

— Genre vous vous êtes couchées à vingt-et-une heure quand vous vous êtes retrouvées avec Gullveig ?

— Presque, en plus, Gullveig avait passé des heures dans les transports.

— Ça compte pas.

— Et puis ça fait juste une semaine que vous vous êtes pas vus.

— Bla bla bla. On y va au lieu de t'écouter râler ?

Aphté fait un doigt d'honneur à Cadkar puis prend ses affaires pour aller prendre le bus pour ensuite aller prendre un car puis le bateau. Résultat, en début d'après-midi, les quatre amis sont arrivés à Belle- Île-en-mer aka Belle- Île. Ils partent d'abord au camping, pour installer et déposer leurs affaires. Pour cela, ils doivent faire du stop et se divisent un deux groupes pour être plus efficaces. Naturellement, Gullveig et Phtolos se retrouvent ensemble tandis qu'Aphté, Cadkar et Issa partent plus loin pour ne pas se gêner. Toutefois, à trois, la tâche se retrouve bien plus compliquée alors le groupe de trois se sépare en individuel et tout de suite ils arrivent tous à destination plus rapidement.

— Et bien, vous en avez mis du temps, fait remarquer Phtolos quand tout le monde est enfin là.

— On avait un inconvénient de nombre aussi au départ. Trois, c'est trop ! réplique de suite Aphté, joueuse. On verra les prochaines fois.

Et, en effet, durant les quelques jours sur l'île, les cinq jeunes se déplacent majoritairement par pied via des randonnées et le reste du temps en stop, ce qui marche très bien. Ils auraient pu louer des vélos, c'est vrai, mais tous les jeunes trouvaient ça moins fun, plus lent et surtout plus cher ! Le seul problème actuel, c'est qu'au bout du deuxième jour, Issa a terriblement mal aux pieds au niveau des tendons faute de chaussures de randonnée. Alors, Cadkar lui a proposé ses chaussures de randonnées en échange de celles de course d'Issa étant donné qu'ils font la même pointure et de lui prendre des affaires dans son sac.

Alors, la dernière journée de randonnée s'est pour le mieux passée pour les cinq pseudo-aventuriers qui ont bien profité des paysages magnifiques de l'île bretonne. Le retour n'en est que plus dur et le soir même, tout le monde s'endort de fatigue, sans même une petite soirée.

Faut dire que tous se préservent pour le premier et seul week-end qu'ils passeront au Festival Interceltique de Lorient, exceptée Aphté qui restera sur place. Ainsi, dès le premier soir du festival de dix jours, les jeunes découvrent les joies locales. Pour l'instant, ils vont tous dans une salle communale où ils apprennent des danses traditionnelles celtiques. Tous s'amusent, follement, s'étonnant de cette activité vieillotte mais très amusante et également épuisante en réalité. Puis ils vont au spectacle celtique qui regroupe des chants et des danses celtiques des différentes nations celtes. Tout ceci se finit par un feu d'artifice durant lequel Cadkar, étonné que ce soit le cas, blague :

— Me dis pas Aphté que t'es carrément aller leur demander de me faire un feu d'artifice spécialement pour mon anniversaire ?

— Evidemment mon chou, je ferai tout pour toi, Aphté souffle un baiser au birthday boy.

Les jeunes vont ensuite écouter de la musique à différentes scènes proposées et s'amusent bien. Toutefois, voulant tous faire plaisir à Cadkar, les quatre autres rentrent chez Aphté, s'équipent puis filent en vélo à la plage, à une dizaine de minutes de là. Ils finissent au final tous plus ou moins à poils dans l'eau tel un bain de minuit mais à plus de deux heures du mat'. Ici, éloignés de toute habitation, ils sont tranquilles et font la fête jusqu'au petit matin, laissant le birthday boy aux anges. Au final, lui qui était sans ami depuis longtemps, se rend compte qu'il a peut-être trouvé trois au final, plus un amoureux. Et ça lui réchauffe le cœur de penser cela lorsqu'il observe ses amis allongés sur la plage s'endormant.

Toutefois, Aphté s'active et presse les autres pour rentrer afin de ne pas mourir de froid en s'endormant ici. Cela a beau être l'été, cela reste la Bretagne avec les températures qui vont avec. Ainsi, dans des états plus ou moins convenables, les cinq amis rentrent chez Apthé et s'endorment enfin vers six heures de mat' passées.

Le soir même, le Festival Interceltique de Lorient (FIL) n'attendant pas, les cinq amis retournent en ville au cœur des festivités, après avoir comaté toute la journée à la plage. Ce soir, ils rencontrent des amis d'Aphté. Gullveig est d'ailleurs aux anges d'être présentée comme la petite amie, officielle, d'Aphté et sourit de toutes ses dents aux amis d'Aphté. Alors les amis profitent de la soirée mais rentrent assez tôt, Aphté leur ayant préparant une randonnée pour le lendemain.

De fait, le dimanche, les cinq amis partent faire une randonnée en partant de chez Aphté pour dix kilomètres environ, tout cela le long de la côte. Le soir, les voilà repartis pour le FIL, profitant d'autant plus qu'Issa part le lendemain, le lundi, pour le travail. Alors ils dansent comme jamais, n'ayant plus de pieds lorsqu'ils rentrent s'affaler sur leurs matelas à quatre heures passées.

Le lendemain, Cadkar tente de cacher sa petite tristesse face au départ d'Issa et celui-ci lui glisse :

— On se revoit bientôt, fais attention à toi.

Les deux garçons se font une dernière étreinte avant qu'Issa ne monte dans le car pour plus de sept heures de route.

— T'as fini de chialer, on peut aller prendre notre train ? Aphté se fout de la gueule de son ami devenu bien sentimental au fur des mois avec son petit copain.

Cadkar lance un doigt d'honneur puis suit sa supposée amie pour aller prendre le train pour Vannes. Ainsi, ils visitent, maintenant à quatre, la petite ville vannetaise puis rejoignent un ami d'Aphté pour prendre un goûter.

— Simon, ravi de tous vous raconter, salue l'ami d'Aphté.

Simon et Phtolos s'entendent tout de suite bien et Phtolos est ravi de découvrir un drapeau LGBT+ lorsque les colocataires débarquent prendre l'apéro chez Simon. La fin d'après-midi a passé si vite que les jeunes se sont mis d'accord pour prendre l'apéro chez Simon, ce dernier les invitant chaleureusement. Les cinq finissent par jouer à des jeux d'alcool puis ils se mettent à danser. Et ce qui devait arriver arriva : Phtolos et Simon, tous les deux écartés du groupe, dehors à fumer, finissent par échanger de nombreux baisers alcoolisés et envieux.

Toutefois, il faut bien renter. Alors après avoir créché dans le studio de chez Simon, à même le sol pour les deux jeunes femmes ainsi que Cadkar, les quatre colocataires rentrent sur Lorient, Phtolos avec l'Instagram de Simon en poche.

— Raconte-tout, demande directement Aphté une fois assise dans le train.

— T'en loupes pas une, sourit Cadkar, bien qu'amusé que son pote est chopé en une soirée, lui si timide en général.

Voyant que Phtolos hésite à répondre, Aphté lance, sans réfléchir comme souvent :

— Il embrasse bien t'a vu ? Un vrai tombeur ce Simon !

Toutefois, Aphté pensant détendre l'atmosphère, c'est tout le contraire car Phtolos et Gullveig lancent un même temps :

— Parce que tu l'as déjà embrassé ? !

— Oh, ça va, faites pas vos têtes de choquées ! Ouais, on s'est déjà embrassée, en soirée, une fois.

Aussitôt, les deux jeunes ayant pris la parole au même moment se braquent. Gullveig parce qu'elle réalise encore une fois inévitablement qu'Aphté a un sérieux problème avec la frontière amie/amant. Phtolos parce que ça rend ces baisers, en soirée donc, moins spéciaux.

— Aphté dans toute sa splendeur, s'amuse Cadkar du comportement de son amie.

Le retour dans le train est plus silencieux, mais heureusement rapide aussi. Une fois rentrés et après s'être rapidement posés, les jeunes partent se balader dans Lorient. Au final, étonnement ou pas, Simon est de la partie en ce mardi soir. Et ce n'est pas le seul car Aphté finit par tomber sur Titouan, son ex donc. Ils ne s'étaient pas vus depuis leur dernière dispute à la coloc., il y a des mois. Alors, bien que Gullveig s'en soit pas contente, Aphté part avec Titouan, parler apparemment.

— T'inquiète pas, c'est normal qu'ils veuillent se parler après tout ce temps, tente Phtolos de rassurer son amie.

— Et puis qu'est-ce que tu veux qui se passe ? Ils sont en extérieur, se pense rassurant Cadkar mais ça démoralise profondément Gullveig, impuissante.

Du côté d'Aphté, c'est un peu gênant ses retrouvailles avec son ex.

— Alors, j'ai appris que tu t'étais mise en couple avec elle pour finir, commence Titouan, un air légèrement attristé.

— Ouais, c'est ça.

Mais c'est bientôt fini, pense immédiatement Aphté mais, pour une fois, elle ne se soit que ce n'est ni le moment ni la personne à qui en parler.

— Et toi, t'as quelqu'un ?

— Non, pas vraiment le cœur à ça.

— Je suis vraiment désolée du mal que je t'ai fait.

Titouan sourit, tristement puis répond :

— J'espère juste que t'en as tiré des leçons, pour toi, mais pour elle aussi. Gullveig, c'est ça ?

— Ouais, c'est ça, sourit Aphté.

— Il y a les gars, là-bas, ça te dit de les revoir ?

— Ouais, avec plaisir ! Je préviens les autres.

— Ils peuvent venir, on comptait se prendre un kébab.

Ainsi, les deux bandes se réunissent et mangent ensemble. Ils partent même danser ensemble devant l'une des scènes animées et finissent même en after chez Titouan qui habite à seulement vingt minutes à pied. Cadkar parle par message avec Issa, Phtolos et obnubilé par Simon et notamment sa bouche qu'il goûte assez régulièrement, Gullveig stresse de la suite de la soirée tandis qu'Aphté parle avec des amis de Titouan qu'elle connaissait aussi. Mais, Aphté, pensant à sa petite amie, retourne à ses côtés et lui fait un bisou sur la joue.

— Merci d'avoir accepté.

— Pas trop le choix, boude Gullveig.

Et Aphté sent alors que ce qu'elle s'apprête à dire à Gullveig ne va encore moins lui plaire :

— Je me disais aussi, pour que ce ne soit pas trop gênant, notamment pour Titouan, on pourrait peut-être et si ça te va bien sûr, ne pas trop être démonstrative entre nous ?

— Genre ne pas se faire des bisous ?

— Oui, par exemple.

Gullveig pense bien évidemment qu'Aphté est carrément gonflée, mais ça ne l'étonne plus autant qu'avant, commençant à être habituée au nombrilisme de sa petite amie. Ce soir, elle est sacrément fatiguée, faute d'enchaîner les soirées tardives et alcoolisées, alors elle cède à Aphté. Au moins, elle n'aura pas Aphté dans ses pattes quand elle aura envie d'aller boire. Elle a beau moins boire seule depuis qu'elle est rentrée chez ses parents, Gullveig a du mal à gérer quand elle est en soirée. Alors dès qu'elle est dans la maison du Titouan, elle commence à reboire directement.

Une fille propose un Just Dance à partir de vidéos Youtube sur la télévision et Gullveig accepte, déjà trop alcoolisée pour penser correctement. Phtolos et son nouveau « pote », Simon, sont également de la partie et les joueurs dansent de manière effrénée. Cadkar de son côté est posé dans la cuisine à faire des jeux de cartes, mais il s'est arrêté de boire, pour l'instant du moins.

Petit à petit, les gens rentrent chez eux ou partent se coucher. Aphté se retrouve dehors, seulement avec Titouan, tous deux bien alcoolisés, surtout Aphté. La conversation l'est tout autant...

— Je suis vraiment désolée, Titouan... balbutie difficilement Aphté.

— Je sais, je sais. Moi aussi, je suis désolée que ça n'ait pas marché.

— C'est à moi d'être désolée, j'ai été une grosse merde et une connasse alors que tu méritais pas ça, désolée.

Aphté sent les larmes lui monter aux yeux, archi morte. Titouan, légèrement dans un meilleur état, a lui aussi les larmes aux yeux.

— Mais c'est fini maintenant, alors il faut avancer.

— T'as toujours été le plus sage de nous deux, sourit Aphté à travers ses larmes.

Les deux ex, toujours émus, continent de parler et cette conversation se termine par un dernier câlin sincère. Ce au revoir qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de partager. Gullveig, ayant toujours le bon timing, veut aller se coucher et prévenir Aphté mais elle tombe sur cette scène bien déconcertante : sa petite amie dans les bras de son ex. Aussitôt, cela réveille un minimum Gullveig qui part s'enfermer dans une salle de bain, une bouteille d'alcool dilué à la main. Elle se pose alors dans la baignoire, en colère, et boit comme un trou, essayant de se calmer.

De son côté, un peu plus tard, Cadkar veut aussi aller se coucher mais il doit d'abord pisser. Il tente les toilettes du bas, mais elles sont prises. Il tente alors en haut, mais c'est pris aussi. Il attend en conséquent devant la porte de celles du haut, mais au bout de cinq minutes, toujours rien alors Cadkar se permet d'insister.

— Occupé, crie plus fort qu'elle ne le voudrait Gullveig.

— Gullveig ? C'est Cadkar, ça va ?

— Ça va. Va pisser ailleurs juste !

— Ouvre-moi d'abord.

— Ailleurs ! s'énerve Gullveig.

Cadkar s'apprête à descendre mais se dit que ce serait un sacré connard de faire ça alors que Gullveig a l'air dans un sale état. Mais en même, ne retient-elle jamais de ses expériences ? ! Cadkar souffle puis essaye de déverrouiller la porte et il réussit, le verrou étant ancien. Et effectivement, comme il l'avait prédit, Gullveig est dans un sale état, présentement devant la cuvette des toilettes remplie de vomi.

— Putain, Gullveig, tu sais jamais t'arrêter.

— Arrête de m'engueuler, se met à pleurer Gullveig.

Cadkar ferme la porte, aère, tire la chasse d'eau et sert un gobelet d'eau à son amie sacrément mal en point.

— Désolé, Gullveig, mais tu nous fais ça à chaque fois aussi !

— Je sais je suis désolée, 'suis une merde.

— Un déchet à la rigueur, mais pas une merde, exagère pas.

Gullveig pleure d'autant plus et Cadkar ne sait pas s'il doit s'en amuser ou pas au vu de la situation. Si ce Phtolos n'était pas occupé à fourrer sa langue dans la bouche de son Simon, il devrait être celui s'occupant de Gullveig. Ce n'est pas à lui de le faire, pense Cadkar, qui le fait pourtant.

Une fois Gullveig hydratée un minimum, Cadkar finit par trouver Phtolos et Aphté et les prévient de l'état de Gullveig. Les quatre, plus Simon qui n'a pas de logement sur place, partent donc direction chez Aphté, à pied. Ils auraient bien pris un taxi, mais aucun chauffeur censé n'aurait accepté quelqu'un dans l'état de Gullveig. Alors, ils ont gagné du temps et ont marché.

Si Gullveig décuve lentement, tout aussi lentement que sa démarche, le reste du groupe – sauf Simon peut-être – est agacé de cette situation répétitive. Plusieurs fois, Gullveig manque de tomber mais à chaque fois Phtolos et Cadkar s'occupent de la relever, Gullveig refusant qu'Aphté ne la touche. Cette dernière en a d'ailleurs marre du comportement qu'elle ne comprend pas de sa petite amie et finit par craquer :

— Je peux savoir que ce que j'ai fait ou dit pour mériter ton comportement ? !

— Tu veux qu'on en parle ? se redresse Gullveig.

— Oui, j'aimerais bien savoir ce que tu me reproches oui.

Gullveig veut sortir une réplique qui claque mais tout ce qu'elle trouve à dire est :

— Et bien, je te dirais pas.

— On va avancer vite comme ça, souffle Cadkar pour lui-même mais Phtolos lui lance un regard sombre. Quoi, c'est juste la vérité.

— Et connaissant Aphté, ça va plus que l'agacer..., commente à son tour Simon.

— Je vous entends les gars, souffle à son tour Aphté. Bon, Gullveig, j'ai pas envie de me prendre la tête avec toi alors c'est simple : soit tu me dis le problème et on en parle soit tu fais ta gamine à bouder et on avance pas.

— Connasse, s'agace Gullveig d'avoir été traitée de « gamine », devant les autres en plus.

— Mais encore ? essaie Aphté.

— Tu penses qu'à toi Aphté ! qu'à toi ! répète l'Allemande, commençant à craquer. Mais est-ce que ça t'arrive de penser à moi parfois ? Notamment que ça me ferait bizarre d'être en soirée avec ton ex ? ! Et en plus t'as le culot de me dire qu'on doit pas agir comme un couple devant lui. Enfin, en plus, il y a pire : je te retrouve dans ses bras, littéralement. Mais qu'est-ce qui cloche chez toi à la fin ? !

Aphté, sur la défensive, fronce durement les sourcils, pas vraiment ravie des reproches qui lui sont faits.

— Et tu pouvais pas me le dire sur le moment au lieu de boire comme un trou et de faire chier tout le monde ? !

Aphté aussi a trop bu, bien que pas autant que sa petite copine alors ses nerfs lâchent aussi, prononçant des mots qu'elle regrettera probablement le lendemain.

— T'es vraiment une connasse, Aphté ! s'arrête de marcher Gullveig tandis qu'Aphté continue sa marche.

— Je sais tu l'as déjà dit.

Les autres ne savent pas trop quoi faire, hésitant entre continuer d'avancer avec Aphté ou attendre Gullveig. Alors, pour une fois, Cadkar intervient dans un drama et lance une idée à Aphté :

— Va lui parler, on continue de marcher.

Aphté, pas très contente de cette proposition, accepte tout de même et rejoint sa petite amie, assise sur un trottoir.

— Bon, Gullveig, je suis désolée pour ce soir, ok ?

— Ok.

— Fais un effort.

— J'en fais un : je te parle.

— Gullveig...

Après un silence, Aphté tente doucement, s'asseyant à côté de Gullveig :

— Et va vraiment falloir que tu ralentisses sur la boisson.

— Je sais, j'essaye, mais c'est pas facile...

— Comment ça ?

— Je vois un addictologue depuis quelques temps pour ce problème justement, se confie Gullveig, trop bourrée pour se soucier des conséquences.

— Un addictologue ? est déconcertée Aphté. Mais, mais, pourquoi tu me l'as pas dit ?

— Je sais pas, j'y arrivais pas et je pense que j'ai honte aussi.

— Oh Gullveig, prend Aphté sa petite amie dans les bras.

En retour, Gullveig la serre également dans ses bras tandis qu'Aphté révèle :

— Et pour le câlin avec Titouan, c'était notre au revoir, notre conclusion à notre relation qu'on avait pas eu l'occasion de faire.

— Ok, merci de me le dire.

Après un long câlin, voilà les deux jeunes femmes reparties main dans la main pour aller enfin dormir chez Aphté.

Le lendemain, le réveil est dur pour tout le monde. Notamment pour Caleb qui a dû remonter la tente à cinq heures du matin pour que Phtolos et Simon dorment ensemble, allez savoir pourquoi... Simon qui repart d'ailleurs au petit matin et laissant les quatre colocataires se recoucher, tous crevés et plus au moins en gueule de bois.

Ce soir, c'est leur dernière soirée avant que tout le monde parte de chez Aphté. Alors, ils décident de pique-niquer à la plage, tranquillement, sans trop d'alcool. Ils parlent, rient, se baignent, mangent, écoutent de la musique. Vers minuit, Phtolos annonce qu'il a une surprise pour chacun de ses colocataires. Il remet ainsi à chacun une petite peluche faite en crochet. Chacune représente un des colocataires avec leurs attributs particuliers. Les trois colocataires observent leur mini-eux avec attention et une certaine émotion puis font tous un câlin à Phtolos, chacun leur tour, ce qui remplit de bonheur le créateur.

Puis, comme souvent lorsqu'ils sont ensemble, les cinq font un action/vérité mais se retrouvent vite à répondre qu'à des vérités et collectivement. Première vérité : dire une qualité et un défaut de son voisin de gauche. Aphté commence envers Gullveig, sa voisine de gauche :

— Défaut : susceptible et qualité : dévouée.

En même temps de dire cela, Aphté sourit à la concernée puis passe un bras autour des épaules de l'Allemande, un peu vexée. C'est au tour de Cadkar envers Aphté :

— Solaire comme qualité et rentre dedans comme défaut.

Aphté, sourit, touchée des mots de Cadkar au fond. Phtolos parle maintenant concernant Cadkar :

— Fouteur de merde mais étonnement on peut compter sur toi.

Tout le monde explose de rire, sauf Cadkar qui lance un regard noir envers Phtolos ce qui amuse davantage le reste du groupe.

Enfin Gullveig ferme la boucle, en parlant de Phtolos :

— Extrêmement gentil et parfois trop secret.

Phtolos et Gullveig se lancent alors un regard plein d'amour et se sourient tandis que la prochaine question tombe : meilleur et pire souvenir de l'année de la coloc'. Aphté commence :

— Meilleur : notre première soirée ensemble et pire : le soir où Gullveig nous a tous balancé des vérités notamment notre relation devant Titouan.

— Meilleur : nos action/vérité en général je dirais : et pire : quand j'ai dû emmener Gullveig à l'hôpital, continue Cadkar.

— Pire : ouais cette soirée des quatre vérités de Gullveig et meilleur : la randonnée sur l'île, enchaine Phtolos.

— Et pour moi, le pire aussi cette soirée et le meilleur : ce soir, termine Gullveig.

Prochaine question : quelque chose que tu as fait que tu n'aurais jamais pensé en début d'année.

Aphté, toujours commence, suivi par Cadkar et Phtolos :

— Quitter Titouan.

— Me mettre en couple.

— Coucher avec quelqu'un.

C'est au tour de Gullveig, mais elle hésite à dire qu'elle pense réellement. Puis, pensant que c'est leur dernière soirée, elle se lance :

— Allez voir un addictologue.

Aphté et Phtolos s'étonnent que Gullveig est avoué cette dure vérité tandis que Cadkar s'étonne qu'à moitié.

— Et bien bravo Gullveig, se contente de sourire Cadkar, lisant déjà la prochaine question, pour ne pas embarrasser sa colocataire : une chose que tu as apprise sur toi cette année.

Pour une fois, Gullveig, commence, suivie d'Aphté, Cadkar et Phtolos.

— Qu'on peut avoir des problèmes d'alcool même jeune.

— Que peut-être que l'amour en monogamie, ce n'est pas totalement mon truc.

— Que je pouvais aimer à nouveau, confie avec peu d'assurance Cadkar, clairement gêné contrairement à son habitude.

— Que je ne suis pas tant que ça une mauvaise personne.

Les jeunes, fatiguant, votent pour que la prochaine question soit la dernière : qu'est-ce que tu souhaites pour ton voisin de droite dans le futur.

— Je te souhaite d'avoir une meilleure relation avec toi-même, sourit Phtolos envers Gullveig.

— Et moi je souhaite à Phtolos de prendre confiance en lui, lance Cadkar.

— Moi que tu acceptes l'amour qu'on te donne et que tu mérites, Cadkar, sourit Aphté.

— Enfin, moi que tu te trouves toi-même, sourit Gullveig à Aphté.

Sur ces belles dernières paroles, Aphté, Cadkar, Gullveig et Phtolos se font l'un de leur dernier câlin, heureux d'être tous ensemble même si tout est maintenant fini de leur colocation à quatre et de cette année forte en émotions.

Leur colocation étant terminée, c'est également Viceland qui se termine.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top