Chapitre 12 : Les minutes les plus longues
Le retour du ski se fait étrangement dans le calme pour les six habituellement agités. Le soir, quand tout le monde arrive à la coloc' des quatre, les deux pièces rapportées, Issa et Amanda donc, restent dormir, épuisés de cette journée.
À vingt-deux heures, chacun est dans sa chambre, se reposant plus ou moins.
Amanda et Phtolos sont en train de regarder une série, mais ne font que parler entre chaque réplique alors ils finissent par stopper l'animation et continuent leur discussion comme si de rien n'était. Ils finissent par parler d'Amanda et son copain. Et comme à chaque fois que le type est mentionné, Phtolos sent une sacrée grosse boule de jalousie dans son ventre. Mais en même temps, il veut tout savoir, sur lui, sur Amanda, sur leur couple. C'est assez malsain mais Phtolos s'en moque, rongé par la jalousie qui le dévore chaque jour un peu plus. Alors il saisit toutes les informations qu'il peut malgré toute la douleur que ça lui provoque. Amanda et son petit couple visiblement parfait, Phtolos et sa jalousie comblant sa solitude en surface.
— Et toi, t'as personne en vue en ce moment ?
Si Phtolos sait très bien cacher son habituelle jalousie, ses sentiments, c'est plus dur, surtout avec Amanda qui est si forte pour le décrypter. Pourtant, il essaie de mentir comme il peut :
— Crois-moi tu serais au courant s'il se passait quelque chose de ce côté-là. Mais non, c'est le néant, rien, nada.
— Et t'aimerais que ce ne soit plus le néant ?
Phtolos tourne la tête, ancre ses yeux dans les beaux yeux d'Amanda, leurs bras se touchant mais ne répond pas tout de suite, pas certain de ce qu'il est censé dire.
— Peut-être, il ment à moitié.
Du côté d'Aphté et Gullveig, l'ambiance est plus détente. Gullveig est allongée sur le ventre tandis qu'Aphté dessine des choses incompréhensibles sur le dos de son amie, par-dessus le sweat de Gullveig.
— Un vrai massage, ça te dit ?
— C'est-à-dire un vrai massage ? s'interroge la brune.
— Tu vas voir.
Quelques minutes plus tard, Aphté revient avec de l'huile de massage et une enceinte qui sort de la musique calme.
— Tu peux enlever ton sweat ? demande Aphté, un peu nerveuse.
Alors Gullveig s'exécute et enlève même son tee-shirt en dessous, simplement en soutien-gorge.
— Tu veux que je t'enlève ton soutif' ?
— Hum hum, répond distraitement Gullveig, les battements de son cœur s'accélérant.
Alors doucement bien que toujours nerveuse, Aphté enlève le sous-vêtement lilas de Gullveig. Puis elle applique de l'huile de massage et commence ce justement massage. Massage qui est loin d'être un simple massage du fait des battements de cœur irréguliers des deux personnes sur le lit de Gullveig. Aphté tente de s'appliquer et profite de ce moment fragile, ce moment en théorie interdit car elle est, en théorie, toujours avec Titouan. Pour une fois, elle culpabilise un peu, ne sachant plus où donner de la tête. Parce que pour l'instant, sa tête est au-dessus du corps bien trop attirant de Gullveig. Alors, elle met de côté son copain et se concentre sur le moment présent bien moins stressant et bien trop plaisant pour être ignoré.
Aphté, envieuse de goûter la peau de Gullveig approche ses lèvres de la nuque de cette dernière et y dépose de longs baisers. Aussitôt, des frissons apparaissent sur la peau de Gullveig, surprise, tandis qu'Aphté laisse échapper un sourire en coin. Et elle continue ses baisers sur les épaules musclées de la nageuse puis le long de ses bras puis de ses mains. Elles ne parlent pas mais leurs corps le font pour elle.
Timidement, Gullveig se retourne, à moitié à nu et Aphté n'a qu'une envie : toucher ces délicieux seins qui l'appellent. Mais Gullveig se saisit de la nuque de son amie et vient rapprocher leur visage pour l'embrasser. Alors elles échangent plusieurs baisers, toujours plus envieux et leurs bassins viennent se rencontrer, cherchant toujours plus de contact. Et les deux jeunes finissent par se retrouver en simples sous-vêtements, leurs corps chauds et envieux collés. Aphté vient même passer la barrière de la culotte de Gullveig, pour la deuxième fois de sa vie et ça la met dans tous ces états de la toucher, de toucher Gullveig. Visiblement, ce n'est pas la seule car Gullveig respire bien plus fort que d'habitude, ses mains caressant le dos de son amie.
Cependant, Gullveig est perturbé par la soudain absence de musique alors elle demande à Aphté d'en remettre. Aphté, n'ayant absolument pas remarqué, obéit et se saisit de son téléphone. Normal que la musique se soit coupée... quelqu'un l'appel et ça ne va sûrement pas plaire aux deux jeunes femmes. Aphté, se mord la lèvre pas sûre de ce qu'elle doit faire, surtout quand elle lit le message qu'elle vient de recevoir : « J'ai besoin qu'on parle, réponds stp. ». Et Aphté, aussi égoïste qu'elle peut l'être, sait que Titouan mérite cet appel alors elle souffle un bon coup puis relève son regard vers Gullveig. Gullveig et son regard aussi triste qu'en colère en réalité.
— J'ai compris, dégage.
— Gullveig... souffle péniblement Aphté, troublée.
— Dégage, j'ai dit. Va faire ce que t'as à faire puis t'as qu'à revenir quand t'auras à nouveau besoin de moi, je connais la chanson à force.
— C'est pas comme ça.
— Ça l'est.
Aphté se triture toujours la lèvre, mal à l'aise mais se rhabille tout de même.
— Gullveig, je..., peine à trouver les bons mots Aphté, je suis désolée.
— Comme tu l'as dit, les désolées, c'est bien, les actes, c'est mieux.
Aphté baisse la tête, embêtée par ses propres mots puis quitte la chambre pour téléphoner à son, théoriquement, copain. Et Gullveig comprit bien une chose : Aphté avait déjà quelqu'un dans son cœur et ce n'était pas elle.
Aphté ne sait pas que dire lorsque son copain décroche tandis qu'il lance un petit :
« — Hey.
— Hey », répond tristement Aphté.
« — Tu faisais quoi ? »
Silence de la part d'Aphté et Titouan souffle simplement :
« — Je crois pas que j'ai envie de savoir finalement. C'était bien le ski ?
— Arrête Titouan.
— C'était pas bien ?
— Titouan...
— Qu'est-ce que tu veux que je dise, Aphté ? Je t'aime, voilà, c'est tout le problème.
— Moi aussi, je t'aime. »
Et Aphté le pense véritablement malgré ses mains qui avaient touché un autre corps que son copain à peine cinq minutes avant. Elle l'aimait, mais ce n'était de toute évidence pas assez. Est-ce que ça le serait un jour, pense tristement Aphté. Est-ce qu'un jour, elle arrivera à se poser comme le font tous ces gens ?
« — Mais, il y a un "mais", c'est ça ?
— Parce que tu ne vois pas de "mais" toi ?
— Si... Alors qu'est-ce qu'on fait ?
— D'après toi ?
— On arrête ?
— Je crois que ça serait mieux. J'ai pas envie de te faire encore plus de mal. Je suis désolée », commence à pleurer Aphté de fatigue mais surtout du fait qu'elle est en train de perdre définitivement un être qu'elle aime.
« — Moi aussi, Aphté, moi aussi Aphté je suis désolé que ça ne marche pas, que je ne sois pas assez visiblement.
— Tu l'es, vraiment, c'est juste moi qui gâche tout, je sais pas pourquoi. Je suis sûre que tu trouveras quelqu'un pour qui ça ne sera pas un problème que tu sois assez.
— Je pensais l'avoir trouvée cette personne...
— Moi aussi...
— Alors, c'est fini, comme ça, deux ans de relation qui se finissent par un appel.
— On est pas obligés de tout arrêter, je veux dire on peut continuer de se parler si tu veux.
— Peut-être, je sais pas, je sais plus, je suis un peu perdu. »
Moi aussi, pense Aphté, larmoyante.
« — Alors à une prochaine fois.
— Oui, à une prochaine fois, Aphté, bonne nuit.
— Bonne nuit à toi aussi, Titouan, prends soin de toi. »
Et chacun a prononcé le prénom de l'autre, peut-être pour la dernière fois, pense Aphté et ça lui fait mal. Si mal qu'elle explose en sanglots.
Ainsi, les deux jeunes femmes - Aphté et Gullveig -, pleurent, mais chacune de leur côté cette fois.
L'ambiance est bien différente quelques mètres plus loin : Cadkar et Issa sont en train de baiser, enfin totalement tranquilles après ces quelques jours à la montagne. Alors, putain, ils profitent maintenant du temps perdu et bordel ce que ça fait du bien aux deux jeunes hommes qui finissent par jouir tous les deux au bout d'un moment. Ils se regardent, tous sourires et Issa vient déposer un baiser sur l'épaule de Cadkar ce qui étonne ce dernier mais qu'il cache. Alors, Cadkar, perturbé, lâche :
— Tu restes dormir là ce soir ?
— Si ça te dérange pas oui. J'ai la flemme de conduire et en plus il pleut.
— Ok.
— Ça va ?
— Pourquoi ça irait pas ?
— Je sais pas, c'est toi qui est bizarre tout d'un coup.
— Non, non, ça va. Je vais prendre l'air un peu.
Issa sait que quelque chose cloche mais ne dit rien, se contentant de s'emmitoufler dans la couette bien chaude en ce mois de février. Après s'être rapidement habillé chaudement, Cadkar va se poser sur la terrasse et y trouve Aphté en train de fumer en pleurant.
— Oula, ça a pas l'air d'aller toi.
— Non, prend une taffe Aphté.
— Me dis pas que tu veux que je te prenne dans mes bras ?
— Si, idiot.
Les deux se sourient, un peu sérieux sans trop l'être comme souvent et Aphté écrase sa cigarette avant que Cadkar ne vienne prendre la jeune femme triste dans ses bras.
— C'est fini avec Titouan.
Et le fait de le dire, pour la première fois, à quelqu'un, ça fait d'autant plus pleurer Aphté, qui réalise l'ampleur qu'a pris ses conneries. Pourtant, au fond, elle ne regrette pas tant que ça bien qu'elle s'en veuille d'avoir fait du mal à Titouan et, peut-être, un peu, à Gullveig.
Le lendemain matin, Cadkar est un train de baisser avec envie le boxer d'Issa lorsqu'il entend toquer à la porte d'entrée. Sachant que ça ne le concerne pas, il ignore ce bruit mais se redresse lorsqu'il reconnaît la voix de son père. Visite surprise ?, se demande Cadkar.
— 'Tain, y'a mon père, j'arrive.
Le brun se rhabille en vitesse et file dehors. Il tombe alors sur son père qui a l'air d'avoir un problème vu son expression faciale. Aphté, après avoir ouvert la porte, retourne poliment dans sa chambre, sentant une certaine tension.
— Ça va ?
— Faut qu'on parle.
Ça pue la merde, sent Cadkar bien qu'il ne comprenne pas ce qu'il ait fait de mal.
— Si tu veux, tu veux quelque chose à boire ?
— Non, je suis venu pour parler.
Le père s'apprête à rentrer dans la chambre de Cadkar mais celui-ci s'interpose rapidement :
— Viens dans le salon, il y a plus de place.
— Je m'en fiche de la place, je veux juste parler.
Et Cadkar ne peut rien faire de plus que de fermer les yeux un instant, attendant la bombe exploser. Mais il ne se passe rien de plus qu'Issa, tranquillement assis au bureau en train de faire semblant de travailler qui dit :
— Bonjour.
— Bonjour, répond le père un peu décontenancé.
— Je vais y aller, Cadkar, tu me tiens au courant si tu as un problème pour les cours, hein ?
Issa se casse rapidement sous le regard médusé de Cadkar, bien qu'impressionné, il faut bien le dire. Issa est si intelligent pour avoir compris la situation.
— Tu sais que je sais que vous bossiez absolument pas ? commence à se tendre le père sous la surprise de Cadkar.
— Comment ça ?
— Je vous ai vus dans la piscine l'autre jour.
Cadkar déglutit difficilement. Lui qui pensait que son père n'avait rien vu lorsqu'il a débarqué sans prévenir dans leur villa. Pour une fois, Cadkar ne sait plus où se mettre, l'inquiétude montant.
— Alors tu vas arrêter de te foutre de moi maintenant et tu vas commencer à me dire la vérité, ok ?
— Ok, serre la mâchoire Cadkar.
— Qu'est-ce que vous faisiez avant que j'arrive ?
Ça ne le regarde absolument pas, mais Cadkar, fier comme il est, réplique :
— D'après toi ?
— Réponds à ma question au lieu de faire l'insolent.
— On allait baiser.
Jeux de regards actuellement en cours entre le fils et le père. Père qui ferme les yeux un instant puis s'énerve encore un cran en plus :
— C'est lui qui te distrait des cours ? Lui ou un autre devrais-je dire ? Tu couches avec combien de garçons différents par semaines, hein ? Au lieu de travailler !
Cadkar ne comprend pas le lien entre ses coups d'un soir et le fait de travailler, il ne comprend vraiment pas et fronce d'ailleurs les sourcils.
— Je sais, Cadkar, je sais tout.
— Comment tu pourrais savoir tout, hein, t'es jamais là ?
— C'est tes conneries qu'on règle pour l'instant, pas les miennes.
— Dis-les moins mes conneries vu que t'as l'air de tout savoir.
— Tu sèches les cours, tu enchaînes les soirées, tu as ton année dernière aux rattrapages alors que tu m'avais dit l'avoir avec mention. Et en plus, j'apprends que t'es un vrai gouga qui la fourre partout sauf là où il faudrait.
Cadkar serre les poings, lui aussi la colère montant.
— Qu'est-ce que ça peut te faire de ce que je fais de ma vie ?
— Qu'est-ce que ça peut me faire ? s'étrangle presque l'homme le plus âgé de la pièce. Ce que ça me fait, c'est que je te finance et c'est pas pour que tu te la coules douces avec des garçons. Moi je veux que tu travailles, que tu aies de bonnes notes et une réputation respectable, pas celle d'une pute.
Le cœur de Cadkar loupe un battement tandis qu'il se demande s'il a bien entendu. Le père de Cadkar semble aussi mal, visiblement perdu et étonné de ses propres paroles.
— Et tu ferais mieux d'avoir des fréquentations plus fréquentables justement histoire que mon cabinet ne reçoive plus des images pornographiques de toi et d'un de tes garçons.
Deuxième battement qui se perd et Cadkar se sent envahir d'une chaleur qu'il n'apprécie absolument pas. Toute sa confiance et insolence redescendent tandis qu'il balbutie :
— Quoi ? !
— T'as très bien compris. Sur la boîte mail du cabinet, on a reçu des clichés de toi et d'un garçon, nus et tout ce qui va avec.
Mais quelles putains de photos ? se demande Cadkar. Personne n'a jamais pris de photos de lui en sa connaissance, ma-
Et ça pète à la gueule de Cadkar. Il se sent défaillir, ses jambes tremblant légèrement. Ce soir-là, le soir où il n'avait aucun souvenir, ça ne peut être que ça. Ça doit être ça.
— Cadkar ?
Le jeune a envie de vomir, mais se retient, se sentant sale.
— Je comprends pas Cadkar, je comprends pas pourquoi tu te gâches la vie comme ça. Et je pense que c'est important que, pour une fois, tu comprennes la portée de tes actes.
Cadkar, à deux doigts de vomir, lève son regard vers son père qui lui tend la main.
— Les clés de la voiture.
Présentement, Cadkar n'en a rien à faire de la voiture alors, tel un robot, il part chercher puis donner les clés de l'Audi.
— Et maintenant tu te démerdes avec l'argent que t'as de côté pour vivre. Je me fais pas de soucis pour toi et peut-être que t'apprendras la vraie valeur de l'argent comme ça.
Cadkar a très mal au cœur et s'apprête à craquer, mais il se retient.
— Papa ?
Pendant un instant, il veut lui dire la vérité. Cette vérité qui le ronge mais dont il est incapable de parler, ni de dire le fameux mot. Alors il baisse la tête tandis que son père dit avant de partir :
— J'espère que tu comprends que je fais ça pour ton bien, j'ai pas envie que tu finisses plus mal que tu ne l'es déjà. Alors, réveille-toi Cadkar, s'il-te-plaît et préviens-moi quand tu le seras. Prends soin de toi et fais attention désormais.
Cadkar reste quelques instants à fixer la porte maintenant fermée. Puis il ferme les yeux et les ouvre plusieurs fois, frénétiquement. Puis, ça y est, ses nerfs lâchent : il balance tout ce qu'il y a de son bureau au sol. Et il fait pareil pour toute sa chambre qu'il fout dans un bordel son nom pourtant habituellement nickel, cassant des choses au passage.
Une idée lui vient en tête : buter ce putain de Nathan. Alors il se saisit de son téléphone et s'apprête à lui envoyer un SMS mais il se met à trembler et sa vue se trouble alors il lâche son téléphone.
Il ne sait plus quoi faire alors il tente de respirer doucement mais plus il essaye plus il a mal physiquement, vraiment mal comme il n'avait jamais eu mal. Si bien qu'il a l'impression de mourir. Il ne sait plus trop quoi faire, trop paniqué pour raisonner correctement.
Il veut alors l'appeler, appeler Issa, mais quelque chose le retient cette fois. Il ne peut pas faire ça. Alors il reste là à suffoquer pendant de trop longues minutes, les minutes les plus longues de son existence.
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