𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐂𝐈𝐍𝐐
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Mes yeux papillonnent. Je tente laborieusement de les garder ouverts malgré la lumière particulièrement vive qui passe par la fenêtre. J’essaie de bouger mais je finis par gémir, ma blessure me fait atrocement mal.
— Ta gueule.
Je tourne la tête et vois Katsuki, la mine irritée. Il retire ses lunettes, les pose sur la petite table basse à côté de lui, puis referme sèchement son livre. Il le pose à côté de sa paire de lunettes tandis qu'il me fixe d’un regard si sévère et mauvais que j’en frissonne. Il croise ses bras sur son torse, cette fois-ci recouvert d’un t-shirt de compression. On peut clairement voir la définition de ses muscles à travers son haut, le rendant — sans vous mentir — plutôt attirant.
— Chiyo ne t'avais pas dit de couvrir tes blessures si tu te baignais au lac ?
Au ton de sa voix, je sais d’avance que c’est une question rhétorique mais je lui réponds tout de même.
— Si. Elle m’avait dit de le faire, j'avoue timidement.
J’évite tout contact visuel avec lui et me contente de me triturer les doigts sans rien dire de plus. Si je croise son regard maintenant, je sens que je vais fondre sur place.
— Alors tu m’expliques pourquoi tu ne l'as pas fait ?
— J-j’ai oublié.
Il se relève, se rapprochant lentement vers moi dans une démarche presque féline.
— T’as oublié ?
Sa démarche est assurée et imposante, elle me fait me sentir tout petit. Je sens des sueurs froides couler le long de mon échine alors qu’il s'approche dangereusement de mon lit. Il s'arrête devant celui-ci et se penche, appuyant ses mains sur le matelas. Je sens son souffle s’écraser contre ma joue tandis qu’il me fixe. Je n’ai pas bougé, je suis resté la tête baissée vers mes mains, le regard fixé droit devant moi. Je n’ose pas me tourner vers lui.
— Écoute-moi bien.
Sa voix se fait plus profonde et grave. Il est clair qu’il ne rigole pas. Il est à deux doigts d’entrer dans une colère noire. Sa main glisse le long des draps pour venir s’appuyer contre mon abdomen, pile sur ma brûlure tout juste pansée. Son pouce se met à dessiner des cercles, appuyant légèrement sur la plaie. Je me mords la lèvre, la douleur m’électrisant. Un sentiment de honte et de peur se diffuse lentement en moi alors que son regard me scrute.
— Je ne t’ai pas toléré en tant qu’esclave pour que tu finisses par me monopoliser un lit d’hôpital.
Son pouce presse de plus en plus fort ma brûlure. Je me mords plus fort la lèvre tandis qu'il continue sa tirade.
— Si tu n'es pas capable de te rendre utile et de ne pas te blesser inutilement…
Je peine à me concentrer sur ses mots, la douleur se faisant de plus en plus vive dans mon abdomen.
—…Je me débarrasserai de toi.
Il arrête d’appuyer et de bouger son pouce un instant, avant de revenir à la charge et de cette fois-ci enfoncer brutalement son doigt dans mon ventre. Je ne peux m’empêcher de gémir de douleur un instant, le ravalant rapidement pour ne pas m’attirer les foudres du blond cendré. Des larmes perles au coin de mes yeux et je dois me forcer à les garder grand ouverts pour éviter qu'ils ne laissent couler mes larmes. Je me mords si fort la lèvre pour me taire que j’en sens le sang couler dans ma bouche. Katsuki m’attrape le visage de son autre main et me force à le regarder droit dans les yeux. Ses iris rouge sang m’aident à garder les idées claires malgré la douleur insoutenable qu’il m’inflige.
— Et ta sœur prendra ta place.
Ces derniers mots me figent sur place. Des larmes menacent de couler à l’idée de savoir ma sœur à nouveau enchaînée alors qu’elle vient à peine de s’épanouir.
— P-pas…T-tsuyu…!
Je peine à articuler, un cri de douleur menace de s’échapper de ma bouche alors que je le supplie de laisser ma sœur en dehors de ça. S’il y a bien une chose que je ne supporterai pas, c'est d'être la cause de la peine de ma sœur. Je la veux heureuse, même si cela signifie que je dois devenir esclave.
— Je te conseille de te montrer plus utile à l’avenir dans ce cas.
J’hoche vivement la tête, lui montrant que je suis prêt à tout pour le satisfaire. Il retire son doigt et attrape un bout de tissu mouillé. Il appuie sur mon torse, me forçant à m’allonger, et dépose le tissu sur ma plaie. La fraîcheur du vêtement me soulage. Je lâche un soupir de bien-être, et pose une main sur le textile. Une larme s’échappe de mon œil, rapidement essuyée par Katsuki. Le blond se redresse et attrape sa cape d’une main. Il met ses lunettes et ouvre la porte, s’arrêtant pour me regarder.
— Ne me déçois pas, Deku.
Il sort finalement, fermant doucement la porte derrière lui. J’entends ses pas s'éloigner faisant retomber la tension. Les mots qu’il a prononcés plus tôt, me font encore de l’effet, et je sens comme un poids m’écraser les épaules. Désormais, je me dois d'être irréprochable, pas seulement pour moi, mais surtout et avant tout pour ma sœur.
— Deku ?
***
Chiyo-san ne m’a autorisé à sortir de l'hôpital seulement au bout de cinq jours. Elle voulait me garder une semaine entière mais le général n’a pas voulu alors elle a dû se contenter de cela. Pendant ce temps-là, Katsuki vint tous les jours pour m’apprendre le Banzō.
— Quand tu parleras couramment le Banzō, tu m’aideras avec la paperasse, et tu vivras dans une réelle maison. Je te conseille de faire beaucoup d’efforts pour apprendre. Plus vite tu mémoriseras, le mieux ça sera pour toi.
Au cours de ces cinq jours, j’ai commencé à un peu discerner Katsuki. Il est quelqu'un d’assez colérique et violent mais étonnamment très patient quand il le faut. Quand je lui pose des questions, il ne s’énerve pas et essaie de répondre le plus clairement possible. Il est assez réservé et ne parle que du nécessaire avec moi. Malgré le fait qu'il soit parfois violent, il a tendance à essayer de se racheter en réparant ce qu’il a commis. C’est quelqu’un de très contradictoire et dont j’ai encore du mal à comprendre. Je ne sais jamais trop comment lui parler. Il semble irrité quand je suis obéissant, mais il l’est encore plus quand je ne le suis pas.
— Je vais y aller, il se fait tard. Ochaco et Tōru t'accompagneront chez-toi ce soir.
On entend toquer puis Tsuyu entre juste après. Elle s’incline devant Katsuki qui la regarde du coin de l'œil puis entre me rejoindre pour le dîner.
— Révise ce qu’on a appris aujourd'hui, je t’interrogerai sur ça plus tard.
— Entendu.
Il sort de la pièce et prend bien soin de fermer la porte derrière lui, me laissant seul avec ma petite sœur. Elle attend quelques instants avant de prendre la parole.
— Alors ? Toujours aussi bipolaire ?
Elle me désigne la porte du pouce. Je soupire, me passant une main fatiguée sur les yeux.
— M’en parle pas… Il a encore eu un excès de colère avant de se calmer et de redevenir distant.
— Ça me rappelle quelqu’un… Tu sais le gamin qui vivait à gauche de notre cellule ?
Elle dépose la nourriture qu’elle a apportée sur mon lit et tire une chaise pour s’asseoir face à moi. Je me redresse et commence à manger avec les doigts, suivi de Tsuyu.
— Mmh… oui je vois.
— Un jour, alors que je désherbais le jardin, avec sa mère, elle me raconta un peu ses malheurs à elle et à son fils. Elle m’avait dit que, à force de voir son père la frapper, il avait fini par devenir violent et il ne s’exprimait plus que par ça, me raconte Tsuyu, l'air mélancolique.
— Ça arrive parfois avec certains enfants qu’on recueil, nous interrompt une voix.
Nous tournons la tête vers la porte, et voyons Chiyo entrer.
— Chiyo-san !
Tsuyu part chercher une chaise qu’elle dispose à côté de la sienne. Elle tapote celle-ci avant de demander :
— Vous mangez avec nous ce soir ?
— Volontiers.
La vieille femme s’assoit et reprend ce qu’elle disait, piochant dans la nourriture.
— Ce type de comportement peut être le résultat d’un épisode traumatisant souvent survenu durant l’enfance.
— Alors tous ceux qui agissent violemment sont traumatisés ? ma sœur demande, intéressée par le sujet.
— C'est plus compliqué. Ce genre de comportement est souvent un signe d’autisme sévère. Il est plus rare que ce soit lié à un traumatisme puisqu’il faut plusieurs facteurs pour devenir violent et instable. Mais dans le cas de Katsuki, par exemple, ce comportement résulte bien d’un passage traumatique.
Elle prend une pause, finissant ce qu’elle a en bouche puis continu.
— Pour être instable, il faut plus qu’un traumatisme. Il est vrai que celui-ci joue un grand rôle dans le développement du comportement chez l’enfant, mais il ne peut faire grand chose tout seul. Soit le traumatisme est particulièrement violent, soit, il est récurrent. Dans le cas de l’enfant dont vous parliez, des violences conjugales.
— L'enfant dont on parlait, n’est pas seulement devenu instable parce qu'il voyait sa mère se faire frapper ? je demande, le sujet me fascinant tout aussi.
— Exactement. Ça l’a beaucoup influencé mais ça n’a pas tout fait.
— Qu’est-ce qui a aidé dans ce cas ? je continue, prenant des notes mentales.
— Il a dû être élevé dans la violence.
— C’est-à-dire ? demande ma sœur, curieuse.
— Il a dû lui-même subir des violences en guise d’éducation.
Ma sœur et moi nous taisons temporairement. Nous ne sommes cependant pas choqués. L’idée qu’un enfant se fasse frapper nous révolte, bien sûr. Mais elle ne nous étonne pas.
— Donc le général s’est fait violenter ?
— Je ne peux pas en dire beaucoup, mais disons plutôt qu’il a été élevé dans le but de devenir le nouveau chef. Par conséquent, il a assisté à des scènes très violentes dès son plus jeune âge. Chose que je ne recommande vraiment pas, ajoute-t-elle, plus bas.
— Oh et donc c’est pour ça qu’il est comme ça ?
— Oui, un enfant ne peut assister à des scènes violentes trop tôt. Ça a un impact direct sur sa santé mentale et sa façon de percevoir les choses. Si depuis qu’il est tout petit on l’habitue à voir des scènes de combat sanglantes, il est évident qu’il finira par avoir un trouble du comportement.
— Et ce trouble peut mener à un réel handicap s’il n’est pas traité ?
Chiyo-san hoche la tête.
— Si ce trouble n'est pas soigné et suivi, l'enfant finira par être très troublé et instable. Sa perception des choses sera différente de la nôtre. Prenons comme exemple un enfant dont les parents montrent leur amour en s’offrant des choses que l’un et l’autre aiment. Naturellement, l’enfant assimilera les cadeaux à l’amour. À l’inverse, un enfant qui voit ses parents se crier dessus et se battre à longueur de journée, comment pensez-vous qu’il agira face à une personne qu'il aime ?
— Hmm… Il ne saura pas comment agir ?
— Tout à fait. Il ne saura comment prouver son amour, et finira par associer violence avec amour.
— Oh donc c'est pour ça que parfois des petits garçons frappent les filles qu’ils aiment ? Et inversement ?
— Oui, c’est pour ça. Mais il y a aussi le caractère qui entre en jeu. Comme je l’ai dit, c'est bien plus complexe qu’il n'y paraît.
Chiyo-san termine son repas, mettant aussi fin à notre discussion. Elle n’a jamais réellement beaucoup mangé, se contentant seulement du strict nécessaire. Elle prend un mouchoir et s’essuie le coin des lèvres et les mains. Elle se lève finalement de sa chaise, repus.
— Bon, j'ai encore du travail à faire moi. Ces derniers temps, les patients affluent à cause d’une tension avec les explorateurs de Kyro.
— Les explorateurs de Kyro ? je lui demande, curieux de ce qu’il se passe.
— Je t’expliquerai plus tard mon garçon, j’ai vraiment beaucoup de patients qui m’attendent.
Chiyo-san sort finalement de la chambre, saluant mes deux gardes qui attendaient devant la porte depuis un petit moment. Les deux femmes entrent dans la chambre d’hôpital, saluant Tsuyu au passage.
— Ochaco, Tōru. Comment allez-vous les filles ?
— Ça va super et toi ? lui répond Ochaco.
Alors qu’elles continuent de discuter entre elles, je me relève, rangeant mes affaires et jetant les restes de nourriture. Je retire les draps du lit, les roule en boule puis les change par d’autres draps. Chiyo-san m’a déjà expliqué plusieurs fois que dès qu’un patient partait de la chambre d’hôpital, il était nécessaire de changer les draps.
— C’est pour l’hygiène ! m’avait-elle rapporté.
J’ouvre les fenêtres pour aérer la pièce et remarque du coin de l’œil la paire de lunettes de Katsuki. Je l’attrape, la regardant sous toutes les coutures.
— Vous voulez venir boire un coup au café de mademoiselle Kinoko ?
— Mmh… mais on doit ramener ton frère chez lui, hésite Tōru.
— Je n’ai qu’à faire la moitié du chemin avec vous.
— Oui on a qu’à faire ça !
Les deux filles semblent hésiter un moment mais finissent par accepter et par accompagner Tsuyu au café dont elle ne cesse de parler depuis un moment.
Je les abandonne à la moitié du trajet pour rentrer chez-moi. J’en profite pour passer chez Katsuki puisqu'il vit à deux pas de la forge dans laquelle je séjourne et que je dois toujours lui rendre ses lunettes. Sur le chemin je croise la route de plusieurs passants qui me dévisagent tous, visiblement écœurés de voir un étranger se balader librement chez eux. Si ça n’avait pas été pour Holda, on m'aurait déjà décapité sur la place public. Je frémis à cette idée, j’ai bien été chanceux d’avoir rencontré Holda ce jour-là.
Je marche un petit moment avant de finalement arriver devant la maison du général. Je toque mais personne ne me répond, je toque alors à nouveau avant de finalement entrer par moi-même, décidant d’aller voir ce qu'il se passe chez lui. Je suis étonné de constater que tout est propre et parfaitement rangé. Une odeur de terre est fortement présente dans l’air, mélangée à une autre odeur de sueur un peu plus faible. Il y a des plantes disposées un peu partout qui renforcent l’odeur terreuse et naturelle de la pièce. La maison contient plusieurs pièces, toutes séparées par des rideaux plus ou moins transparents. Presque toutes les pièces sont plongées dans le noir, sauf la pièce principale qui est éclairée par la lumière du jour, filtrée par l’une des seules fenêtres de la maison. Je choisis une salle au hasard que je pénètre, à la recherche de Katsuki.
— Monsieur ? je l’appelle, observant les alentours.
En pénétrant dans la pièce je remarque un bureau caché sous une montagne de papiers, je regarde autour de moi pour voir si le blond est quelque part dans les alentours mais ne le voit nulle part. Je pose alors ses lunettes sur le bureau puis allume une petite lampe à huile posée en plein milieu des tas de feuilles. J’en attrape une jaunie dont l’écriture diffère du Banzō du bout des doigts, et inspecte les lettres. Je fronce les sourcils et manque de faire tomber la feuille lorsque je reconnais l’alphabet Scorls. Un peuple dont l’unique occupation est la sorcellerie. J’entame immédiatement ma lecture, ne sachant dans quoi je m’embarque lorsque mes yeux se posent sur le premier paragraphe.
Mon seigneur, j'ai enfin pu vous écrire à propos de l’empereur de Dajis. Comme nous le suspection, il s’agit d’un homme stupide et gras, nous n’avons à nous méfier de lui. Se servir de lui afin d’atteindre nos objectifs devrait s’avérer facile. Cependant, force est de constater qu’il est en bien différent de son fils aîné, Haxis et de sa deuxième fille Gina. Ils ont l'œil particulièrement affûté et des oreilles partout à travers l’empire, et même à l’extérieur de celui-ci. Ce sont de fins manipulateurs et ils règnent probablement en secret derrière leur père. Je me pose des questions quant-à la manière dont ils ont acquis toute cette influence en si peu de temps. Je soupçonne leurs mères respectives d'être avec eux et de tirer secrètement les ficelles. Il faudra se méfier de ces deux garnements lorsque nous commencerons la mise en place du plan.
En ce qui concerne la tribu des montagnes, nous avons des nouvelles. L’un de nos espions a réussi à repérer une faille parmi leurs défenses. Il semblerait qu’ils ne vérifient pas les entrées arrière des montagnes car les chemins sont plus ardus et complexes. Lors de sa dernière lettre, il m’a expliqué que bientôt les étoiles s'aligneront et que la lune sera pleine dans quelques mois. D'après leurs coutumes, le peuple ira très bientôt entamer un pèlerinage en vue de cet événement sacré. Ce n’est qu’une question de temps avant que nous découvrions–
Une main s’enroule autour de mon cou alors que j’ouvre grand les yeux et tente de m’échapper. Un couteau vient se poser sur la peau de mon abdomen tandis que je sens un souffle chaud passer sur mon oreille.
— Lâche ça.
Je m'exécute sans sourciller, bien conscient que je suis celui en tort. Je commence à regretter ma visite ici et me demande de quelle manière je pourrais me sortir de cette situation désespérante que j'ai moi-même engendrée. Entre ça et les poissons, Katsuki va vraiment finir par me trouver suspect.
— Qu’est-ce que tu fous dans ma putain de baraque, dans mon putain de bureau ?
Le général parle si froidement que ça me fait frissonner. Sa colère est telle qu’il n’arrive pas à la montrer. Je glisse ma main sur la sienne toujours enroulée autour de mon cou.
— J-je viens vous apporter vos lunettes, j’articule difficilement, presque sûr que je ne me sortirai pas de cette situation facilement.
— Penses-tu que je suis stupide ?
— Non… non absolument pas ! Je sais bien que c’est difficile à croire mais je vous assure que je n'étais là que pour vous ramener vos lunettes.
Il attend patiemment que je m'explique sur mes attentions, l'oreille avertie de toutes incohérences.
— J’ai toqué plusieurs fois et vu que vous ne me répondiez pas je me suis inquiété et j’ai décidé d'entrer pour vérifier que tout allait bien. J’ai cherché dans cette pièce en première et j’ai été étonné de voir une lettre avec un autre alphabet que l’alphabet Banzō.
Alors que je termine ma tirade, sa poignée autour de ma gorge ne perd pas en force.
— J'ai été trop curieux, veuillez pardonner mon impertinence !
Ses yeux rubis qui savent toujours me faire frissonner de peur me scrutent durement, pénétrant mon âme. Je tente de me montrer le plus convaincant possible et ça a l’air de marcher puisqu’il finit par me relâcher lentement, ne posant son regard sur rien d’autre que moi.
— La prochaine fois, je t’ouvre le ventre sans demander aucune explication.
Il avance son visage, son nez caressant le mien tandis qu’il me regarde de ses jolis yeux écarlates constamment colériques.
— Est-ce que c’est clair ?
— O-oui.
Il se recule doucement, attrapant ses lunettes pour les poser sur son nez.
— Comment va ta blessure ? me demande-t-il froidement.
Au ton qu’il prend, j'ai l’impression qu’il n’en a rien à faire et qu’il demande mon état seulement par politesse. Mais ça ne lui ressemble pas vraiment alors je chasse rapidement cette idée pour lui répondre.
— Elle guérit comme elle peut.
Il hoche la tête, me fixant toujours de son regard perçant.
— Je vais y aller maintenant que je vous ai rendu vos lunettes.
— Je te raccompagne.
— Oh euh d’accord, je bégaye, étonné.
Il m’accompagne donc jusqu'à la forge qui me sert maintenant de nouvelle maison. Durant le trajet, il ne m'a pas lâché du regard une seule fois, plongé dans une réflexion quelconque. Il ouvre la porte, inspectant l’intérieur de celle-ci.
— Demain après-midi on ira récupérer des meubles.
— Des meubles !? Vraiment ? Merci beaucoup ! je m’exclame joyeusement, heureux de bientôt pouvoir enfin découvrir la sensation de dormir sur un matelas.
— C’est Chiyo qui me l’a demandé pour que tes blessures ne s'infectent pas plus, ne pense pas que je le fais de bonté de cœur.
J’hoche la tête silencieusement et entre dans la forge. Avant que Katsuki ne ferme la porte derrière moi, il retire sa cape et me la lance.
— Il fait froid la nuit.
Il referme la porte et s’éloigne rapidement, me laissant seul et confus dans l’obscurité de la forge. Je souris fébrilement et m’allonge au sol, posant la cape sur moi. Je soupire de bonheur, enfin capable de dormir correctement sans souffrir du froid. Je le remercie à voix basse tandis que mes yeux se ferment, me plongeant dans le sommeil.
———————
Argh il est quand-même vraiment con l'autre blondinet ! Non mais qui l'a blessé cette fois encore !? Il va être trop difficile à domestiquer celui-là putain... Et puis l'autre brocolis qui le remercie pour une simple cape alors qu'il l'a brûlé !? Non mais j'y crois pas.
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𝐒𝐚𝐩𝐡𝐢𝐫 • 𝟑𝟓𝟎𝟎 𝐦𝐨𝐭𝐬 • 𝟎𝟏/𝟏𝟏/𝟐𝟎𝟐𝟒 • 𝟏𝟑:𝟑𝟓
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