Chapitre 31
Le deuxième film est sur le point de se finir et je n'ai aucune envie de rentrer chez moi. La nuit est tombée depuis peu.
Je suis à moitié allongée sur Noam, qui me caresse distraitement les cheveux en regardant le film. Je me sens bien ici, dans son petit appartement. Rien qu'à l'idée de retrouver le mien, d'affronter mon père...
Je relève la tête et appuie mon menton sur son épaule. Noam détourne les yeux du film pour les plonger dans les miens.
— Je peux dormir ici ce soir ? demandé-je d'une voix contenant un peu trop d'espoir à mon goût.
Nous savons tous les deux ce que cela signifie. Le regard de Noam se voile alors qu'il pense probablement à la même chose que moi, mais il me scrute trop longtemps sans répondre.
— Est-ce que tout va bien Leigh ? dit-il finalement.
Je soupire.
— Je veux juste que cette journée se termine. Et rester avec toi, j'ajoute en lui offrant un sourire charmeur.
— Je voulais dire : est-ce que tout va bien chez toi ?
La voilà. La question à laquelle je n'ai pas envie de répondre. Si je dis oui, il saura que je mens. Et on sait tous que je ne vais pas dire non et me mettre à déballer mon sac. C'est pourquoi je choisis l'entre-deux.
— Comme dans toute famille j'imagine : avec des hauts et des bas.
Ma réponse semble le satisfaire. Noam m'embrasse furtivement.
— D'accord.
— Super. On se prend à manger et on finit la trilogie ?
Nous commandons deux pizzas. Noam part aux toilettes et j'en profite pour prévenir mon père que je ne rentrerai pas à la maison. Je verrouille mon Numécran et le pose au loin car je n'ai pas envie de lire sa réponse, si tant est qu'il m'en envoie une.
Je me rends alors compte que je n'ai aucune affaire avec moi. Tant pis, Noam m'en prêtera.
Une légère appréhension naît au creux de mon ventre à l'idée de ce qui va probablement arriver ce soir. Mais je suis davantage excitée.
Aussitôt que les pizzas arrivent, ma morosité disparait entièrement et nous mangeons en commentant le film. Noam mord dans sa part de pizza avant de la pointer sur l'écran.
— Si tu devais vivre dans un film, tu choisirais lequel ? me demande-t-il.
— Tu veux un film en particulier ?
Il prend le temps d'étudier la question pendant quelques secondes. Je trouve ça mignon.
— Non, plutôt un genre.
— Et on incarne le héros ou on vit simplement dans le décor ?
— Partons du principe que tu es le personnage principal.
— OK, laisse-moi réfléchir.
— J'espère que tu ne vas pas tomber dans le cliché de la romance.
Je lui coule un regard en biais.
— Tu penses sincèrement que je choisirais une romance ? Mon dieu, le schéma est tellement répétitif que je finirais par devenir dingue. La fille est soit seule – le cœur plus ou moins brisé –, soit elle est en couple avec un connard. Dans tous les cas, elle n'a jamais connu le véritable amour. Et voilà qu'elle tombe sur le mec parfait qui, comme de par hasard, est célibataire. Impossible dans la vraie vie. Ils tombent amoureux, c'est le bonheur et puis là ! Tu as un ex en colère ou une copine cachée – car rappelons-le, le mec parfait est rarement célibataire – qui vient foutre la merde. Mais les possibilités sont infinies : ça peut aussi être une meilleure amie jalouse, le père, la boulangère ou le chien du voisin. Du moment que ça apporte un nouveau rebondissement. Mais heureusement, ils finissent par se rabibocher car ils sont trop amoureux pour rester loin de l'autre.
Je fais une pause, avant de déblatérer tout un tas de clichés à nouveau.
— Ah et tu as aussi la variante que je préfère : la nana et le mec se détestent au départ, mais ils ne peuvent pas résister à leur attraction mutuelle. Idem : ils sont en réalité âmes sœurs. Ce sont toujours les mêmes histoires et c'est chiant.
Noam pince les lèvres, comme s'il se retenait de rire.
— Tu es sûre que tu n'opterais pas pour une romance ? Tu en connais un rayon quand même.
Argh.
— Ouais. Bon, d'accord. Je l'avoue, c'est mon petit plaisir coupable. Mais vivre dedans ? Ah ça non. Aucun imprévu possible, je connaîtrais le scénario comme si je l'avais écrit.
— Dans ce cas, tu préférerais quoi ?
— Probablement un film fantastique ou de science-fiction. L'imagination est sans limite dans ces films. Sûrement un qui se passe dans l'espace.
Noam sourit, pas du tout impressionné par ma réponse prévisible. Je hausse une épaule.
— Je sais, je n'ai aucune originalité. Et toi ?
— Trop facile, répond Noam du tac au tac. Un film d'action. Pour avoir de gros muscles, savoir me battre contre les méchants et embrasser la jolie fille à la fin.
Il joue des sourcils. Je lève les yeux au ciel, amusée.
— Et c'est toi qui me parlais de cliché avec mes romances ? Un ado prépubère m'aurait pondu une réponse plus élaborée.
— Dans un film d'aventure alors. Pour avoir de gros muscles, trouver un trésor et embrasser la jolie fille à la fin quoi qu'il arrive.
J'éclate de rire tout en m'emparant d'une nouvelle part de pizza. Après ça, nous décidons d'énumérer tous les clichés présents dans le film que nous regardons. Nous ne sommes pas d'accord sur certains mais nous reconnaissons tous les deux qu'il y en a beaucoup trop.
Moi qui pensais que cette journée était pourrie, elle se finit agréablement bien.
Lorsque le film se termine, Noam me demande si je veux en regarder un autre. Je secoue la tête, ayant eu ma dose pour la soirée.
Noam éteint le projecteur alors que je me redresse.
— Tu aurais un t-shirt à me prêter ? Je n'ai aucune affaire avec moi.
Noam acquiesce et se dirige vers une commode, un sourire espiègle aux coins des lèvres.
— Voyons voir, dit-il en fouillant parmi le linge. Il me semble que je l'ai gardé... Ah le voilà !
Il exhibe victorieusement un t-shirt d'homme minuscule. J'essaye de le dévisager d'un air las mais au fond de moi, j'ai envie d'hurler de rire. Ce bout de tissu me couvrira à peine les seins et il le sait parfaitement.
— Je ne peux plus le porter malheureusement. Il a rétréci au lavage, mais je suis sûr qu'il t'ira très bien.
— Si tu veux que je ressemble à une paupiette de veau, oui, ça m'ira sûrement très bien.
Son rire fuse dans la pièce et il me balance le t-shirt au visage pour se moquer de moi. Je le rattrape au vol alors qu'il referme le tiroir de la commode et qu'il m'en tend un autre, digne de ce nom cette fois.
— Merci, dis-je en l'attrapant et en me dirigeant vers la salle de bain.
Mon cœur commence à battre plus vite alors que je me déshabille. Je fais un brin de toilette pour me rafraichir et me sentir plus propre puis j'enfile le t-shirt de Noam qui m'arrive à mi-cuisse. Il sent la lessive mais il dégage également cette odeur qui le caractérise si bien. Je me retiens de le renifler comme une tarée.
Je rassemble mes affaires et sort de la salle de bain.
Noam est allongé sur son lit, la couette à moitié rabattue sur lui. Il est torse nu et du peu que j'en vois, il ne porte plus que son boxer. Sexy à souhait.
Il ne semble pas m'avoir entendue car il est concentré à pianoter sur son Numécran. Je profite du spectacle quelques secondes de plus, avant de m'avancer dans la pièce.
Il finit par relever la tête. Ses yeux s'assombrissent alors qu'il me contemple lentement de la tête aux pieds. Je dépose mes vêtements sur un fauteuil, puis je retourne près du lit et me faufile sous la couette. Mon palpitant s'emballe.
Noam pose son Numécran sur sa table de chevet avant de se rapprocher de moi, pour me faire face. Il passe les doigts dans mes cheveux et me scrute intensément.
— Ça va ? demande-t-il doucement.
Je ne crois pas qu'il veuille connaître mon état d'esprit actuel, à ce moment précis. Sa question s'inscrit dans le contexte plus général de cette journée particulière. Noam a été parfait aujourd'hui.
Vraiment parfait.
Je me moquais des héros de romance tout à l'heure, mais Noam semble bien en faire partie. Et comme toute bonne héroïne qui se respecte, je suis en train d'en tomber amoureuse.
Je l'observe quelques secondes avant de répondre :
— Oui.
Je suis heureuse d'avoir passé le cap de cet anniversaire morbide avec lui. La journée a eu un goût doux-amer mais je ne pouvais pas espérer mieux. Noam a su apporter une touche de joie, de bonne humeur et de tendresse.
Il n'ajoute rien, mais je vois bien qu'il ne me croit qu'à moitié. Je souris.
— Vraiment Noam. Je vais bien. Je suis bien, ici.
Être avec lui, c'est comme pénétrer dans une bulle hermétique et ne plus en sortir. On se sent apaisé et en sécurité. C'est très crétin comme image mais c'est celle qui me vient à l'esprit.
Je me penche et dépose mes lèvres contre les siennes.
Il ne réagit pas alors je me recule pour l'observer. Ses yeux noisette me fixent, animés d'une lueur plus vive. Celle que j'espérais trouver.
Il fond sur ma bouche. Ses lèvres capturent les miennes passionnément et une de ses mains vient agripper ma hanche fermement. Nos corps se rapprochent et bientôt, Noam se trouve au-dessus de moi.
Sa langue s'enroule sensuellement autour de la mienne et cette sensation va directement se percuter beaucoup plus bas. Nos bouches ne semblent pas pouvoir se décoller l'une de l'autre et je me demande sincèrement comme nous arrivons à respirer.
Finalement, Noam se détache de moi et je gémis pratiquement de frustration. Un voile de désir recouvre ses yeux alors qu'il les plonge dans les miens. Mon cœur me semble beaucoup trop gros pour ma poitrine lorsqu'il me dévisage comme ça.
Il recommence à m'embrasser puis sa bouche dévie vers ma mâchoire où il dépose plusieurs baisers. Noam laisse un chemin humide qui descend dans mon cou, où je suis particulièrement sensible. Je laisse tomber ma tête en arrière pour lui laisser plus d'espace alors que mes mains se perdent dans la masse brune de ses cheveux. La sensation de ses lèvres sur ma peau est euphorisante.
Noam pousse un gémissement sourd qui attire mon attention. Il relève la tête pour me regarder et tire sur le col de mon t-shirt.
— Ce truc monte beaucoup trop haut, grogne-t-il.
Je ris. En effet, le t-shirt qu'il m'a gentiment prêté l'empêche de descendre plus bas, où les choses seraient tout de même plus intéressantes.
— Enlève-le, proposé-je tout simplement.
Il sourit jusqu'aux oreilles.
— Mais j'y comptais bien.
Il saisit le bord du t-shirt des deux mains et le fait remonter sur ma peau. Le vêtement atterrit rapidement sur le sol. Les yeux de Noam deviennent deux billes incandescentes lorsqu'il découvre que je ne porte plus qu'une culotte.
— Nous voilà enfin à égalité, commente-t-il en effleurant ma poitrine.
Je frissonne alors que je l'attire à nouveau à moi. Nos peaux brûlantes entrent en contact de la manière la plus délicieuse qui soit. Mes mains parcourent ses épaules, son torse puis son ventre, qui se contracte lorsque je l'érafle doucement de mes ongles. Noam émet alors un bruit de gorge particulièrement excitant.
Ses doigts dansent avec le rebord de ma culotte, qu'il fait glisser sur mes jambes. Il se débarrasse de son boxer et balance nos sous-vêtements à travers la pièce. Son empressement me fait rire. Il me sourit fièrement avant de m'embrasser à nouveau. Nos baisers s'enhardissent, ma peau devient brûlante, mes hanches cherchent le contact de celles de Noam.
Noam quitte mes lèvres pour recouvrir mon corps de baisers. Il commence par la peau fine de mon cou, il s'arrête un instant sur ma clavicule qu'il embrasse tendrement, puis sa bouche se dirige lentement vers ma poitrine.
Je gémis, dès lors que ces lèvres m'effleurent. Sa langue entre dans la danse et à partir de là, je perds toute capacité à réfléchir de manière cohérente. J'empoigne ses épaules musclés, le sommant implicitement de ne pas s'arrêter.
Mais Noam n'en fait qu'à sa tête, il quitte ma poitrine et poursuit plus bas. Mon ventre se pare de frissons exquis lorsque ses doigts frôlent ma peau nue. Il dépose un baiser au niveau de mon nombril, puis je le sens descendre encore plus bas.
Cependant, je le retiens. Il relève la tête et ses yeux brûlants de désir croisent les miens. Je secoue la tête, gênée, pour lui faire comprendre que je ne me sens pas encore suffisamment à l'aise pour qu'il pose sa bouche à cet endroit.
Il m'offre un sourire et hoche imperceptiblement la tête, parfaitement compréhensif.
Il remonte le long de mon corps, et prend à nouveau possession de ma bouche. Mes mains parcourent son corps. De ses cheveux soyeux à ses bras puissants, de ses épaules larges à son torse, sans oublier ses charmants abdominaux.
Mes doigts glissent plus bas. Noam grogne alors que je me saisis de lui. Il happe mes lèvres encore plus fougueusement. Lui aussi, il trouve le chemin avec une merveilleuse précision. Comme dans le petit jardin où nous étions allés, nous nous attisons mutuellement jusqu'à ce que nous ne puissions attendre plus longtemps. Des ondes de désir font mouvoir mes hanches instinctivement contre celles de Noam qui jure dans un nouveau grognement.
Il s'écarte de moi, le temps d'attraper un préservatif. Lorsqu'il revient se coller contre mon corps, Noam enfouit ses doigts dans mes cheveux et reste immobile au-dessus de moi. Un courant passe entre nous alors que nous nous dévisageons. Un flot d'émotions déferlent en moi face à ses iris clairs dans lesquelles je pourrais me noyer.
Mes pensées s'éclaircissent d'un coup.
Je suis amoureuse de lui. Je n'ai plus aucun doute là-dessus.
Je me sens extrêmement vulnérable à cet instant précis, c'est pourquoi j'empoigne sa nuque pour l'amener contre moi. Nos bouches entrent en contact alors que je m'ouvre à lui, enroulant mes jambes autour de ses hanches.
— Vas-y doucement s'il te plaît, murmuré-je contre ses lèvres. Ça fait longtemps.
Noam me regarde avec tendresse, et avec une infinie douceur, il prend possession de moi.
Nous gémissons de concert. Il reste immobile quelques secondes, le temps pour moi de m'adapter, sans jamais me quitter du regard. Je n'ai jamais autant désiré quelqu'un qu'à cet instant. Personne ne m'a fait éprouver autant de plaisir que lui.
Lentement, nos mouvements s'accordent jusqu'à ce que notre désir fiévreux de l'autre les fasse accélérer. Le plaisir monte crescendo avec chaque caresse, chaque gémissement, chaque halètement qui résonnent dans l'appartement.
Mon corps n'est plus qu'un amas de cellules électrisées par le contact de Noam. Je m'émerveille de ces sensations délicieuses, mon cœur tambourinant à une vitesse folle. Une chaleur diffuse monte en moi, je suis sur le point de basculer. Noam doit le sentir car il glisse une main là où nos corps ne font qu'un et il me touche au bon endroit.
Je pars.
Noam me suit quelques secondes plus tard.
Mon cœur et mon âme semblent sur le point d'exploser.
Nos respirations saccadées se calment, nos esprits réintègrent progressivement nos corps. Noam relève la tête et ses yeux croisent les miens. Un immense sourire traverse son visage et je crois qu'il est le reflet du mien.
C'était incroyable.
Noam m'embrasse avec douceur, je me sens... sereine.
Il finit par se détacher de moi et se lever pour rejoindre la salle de bain. Je reste allongée sur le lit, totalement groggy, en me demandant si ce qui vient de se passer était vraiment réel.
Quelques minutes plus tard, le lit s'affaisse à côté de moi : je n'ai pas rêvé.
Je quitte le lit à mon tour, sans être gênée de me balader totalement nue. Je jette un coup d'œil à Noam qui admire mon postérieur sans aucune honte. Il sourit glorieusement quand il capte mon regard.
Je ferme la porte de la salle de bain et croise mon reflet dans le miroir.
Mes cheveux partent dans tous les sens, mes joues sont roses et mes yeux sont encore brillants d'un plaisir qui commence à se dissiper. Mais ce qui attire mon regard, c'est mon sourire. Il éclaire mon visage et je me rends compte que je suis tout simplement heureuse.
Quand je ressors de la salle de bain, Noam est adossé contre le lit et tape plusieurs fois la place à côté de lui en me regardant malicieusement. Je souris tout en m'emparant de son t-shirt, jeté comme un malpropre trente minutes auparavant. Ses sourcils se froncent de désapprobation.
— Ce t-shirt risque de subir le même sort une nouvelle fois, tu t'en rends compte ? me dit-il.
J'éclate de rire.
— Je sais. Mais je ne veux pas avoir froid.
— Je suis là, moi. Je peux te réchauffer.
Je lève les yeux au ciel et enfile le t-shirt malgré tout, en l'ignorant. Un sourire narquois a vu le jour sur ses lèvres. Il ne rajoute rien alors que je me glisse sous la couette. Peut-être a-t-il remarqué que je n'ai remis que son t-shirt.
Noam m'attire contre lui. Je ferme les yeux, savourant son contact. Je sens que je vais m'endormir en peu de temps. Après cette journée, et cette soirée...
— Alors... commence Noam. Est-ce que nous pouvons dire que nous sortons officiellement ensemble ? J'ai épuisé tout mon stock d'endroits insolites. Et maintenant que je t'ai eue dans mon lit, à quoi bon continuer les efforts ?
Je le frappe au bras assez fort pour qu'il ait mal.
— Petit con, dis-je en même temps.
Il sourit de toutes ses dents, fier de lui, puis son regard devient un peu plus sérieux.
— Je suis sincère. Qu'est-ce que tu en dis ?
Lorsque nous nous sommes embrassés à la Géode et que Noam m'a proposé de sortir avec lui, je ne savais pas trop où j'allais. Je préférais prendre mon temps sans nous coller une étiquette dès le départ.
Mais aujourd'hui, il est évident que nous avons tout d'un couple. Il est inutile de faire comme si l'alchimie ne passait pas entre nous. Je souris et dépose un baiser sur son torse, la tête de plus en plus lourde. Je suis crevée.
— D'accord, je réponds simplement.
— Je m'attendais à un peu plus d'entrain, se moque Noam en voyant mes paupières papillonner de sommeil.
— Que veux-tu, tu as aspiré toute mon énergie.
Je le sens s'enorgueillir à ma remarque. Il va probablement me répondre quelque chose de fin et de poétique. Quelque chose qui n'aura absolument rien à voir avec ses prouesses sexuelles.
— T'emballe pas, ajouté-je pour calmer ses ardeurs.
Son torse se soulève doucement alors qu'il rit silencieusement. Il tend le bras pour éteindre la lumière puis il me serre dans ses bras. Nous nous endormons en un rien de temps, son bras posé sur ma taille et nos jambes entremêlées.
Le lendemain, je suis réveillée par des baisers déposés dans le creux de mon cou. Un sourire se dessine automatiquement sur mes lèvres.
— Bonjour, murmure Noam contre ma peau.
— Bonjour, je réponds en m'étirant.
Noam relève la tête pour me regarder. Ses yeux me sourient.
— Bien dormi ?
— Comme un bébé. Toi ?
— Pas trop mal non plus, dit-il en se penchant pour m'embrasser.
Il s'arrête au dernier moment.
— Pour ou contre les baisers dès le réveil ? Je sais que ça en dérange certaines.
— Pour. A quelques exceptions près.
Noam sourit avant de m'embrasser. Sa peau est chaude sous mes doigts. Sa langue se fraie un chemin entre mes lèvres et nous échangeons un baiser chaud comme la braise.
Les iris de Noam sont brillants de désir lorsqu'il se recule.
— Pour ou contre les câlins dès le réveil ?
— Carrément pour.
Il éclate de rire et entreprend de me retirer mon – son – t-shirt.
C'est parti pour un nouveau round.
Plusieurs longues minutes plus tard, nous sommes dans les bras l'un de l'autre, encore embrumés par nos ébats. Une chose est sûre : Noam sait y faire. Il a de l'expérience. Ce qui me fait penser à une chose.
— Dis, fais-je pour attirer son attention. Je ne t'ai jamais demandé à quand remontait ta dernière relation.
— Pourquoi tu penses à ça d'un coup ? demande-t-il.
— Ne t'inquiète pas, je n'ai pas l'intention de jouer à la copine jalouse. Je suis simplement curieuse.
Je fais une pause avant de le regarder dans les yeux.
— On ne naît pas dieu du sexe comme ça.
Il éclate de rire, avant de jouer des sourcils, fier comme un paon.
— Tu sais que je vais te la ressortir à chaque fois maintenant ?
— Ouais, je regrette déjà, soupiré-je.
— Si tu veux tout savoir – puisque apparemment c'est l'instant vérité – j'ai eu quelques copines au lycée, mais rien de sérieux. Puis je suis sorti avec une fille pendant quelques mois au cours de ma deuxième année, mais ça ne collait plus trop niveau caractère sur la fin. Après ça, j'ai décidé d'explorer un peu... Et puis il y a eu toi.
— Et ton batifolage a donc cessé, le taquiné-je.
Son rire emplit à nouveau la pièce.
— Il me semble que nous avons plutôt bien batifolé tous les deux, non ? Trois fois. Dimanche dernier, hier soir et il y a quelques minutes à peine.
— Je te l'accorde, souris-je.
— D'autres questions madame ?
— Non.
— Tu as faim ?
— Oui.
— Alors lève-toi et prépare le petit-déj' femme.
Non mais quel crétin. Un crétin terriblement adorable.
Il est midi passé lorsque je passe la porte de mon appartement. J'aurais préféré rester avec Noam, mais il était temps de prendre mon courage à deux mains et d'affronter mon père.
Je ne m'attendais pas à le trouver dans le salon, assis sur le canapé. Il lève la tête lorsqu'il me voit. Un éclat de culpabilité apparait dans ses yeux. Je suis contente de constater qu'il s'en veut.
— Bonjour, me salue-t-il.
Je lui réponds poliment mais n'ajoute rien. J'accroche mon manteau à la patère sur le mur, puis je me déchausse avant de filer dans la cuisine pour me servir un verre d'eau. Malheureusement, elle est ouverte sur le reste de la pièce donc je sens très nettement mon père me suivre des yeux. Je l'entends se lever alors que je fais toujours mine de l'ignorer.
— Alors, tu as dormi chez Lacy ? me demande-t-il doucement.
J'aurais bien aimé lui rétorquer que ça ne le regarde pas mais son ton soucieux me fait relever la tête. Se serait-il inquiété ? Il faut dire que mon message était succinct, je l'ai juste prévenu que je ne rentrerais pas. Je ne lui ai pas dit où j'étais ni avec qui. Et puis merde, je n'ai pas honte d'avouer que j'étais avec Noam.
— Non. Chez mon petit-ami.
Mon père écarquille les yeux, visiblement étonné par la nouvelle.
Eh oui, papa, ta fille a une vie amoureuse. Tu le saurais si tu t'intéressais un minimum à elle.
Suis-je caustique ? Oh que oui. Je lui en veux toujours terriblement même si ma volonté de maintenir cette colère en place faiblit à mesure que je le regarde. Une profonde peine émane de mon père. Je suis tiraillée entre l'envie de lui crier dessus et de lui faire un énorme câlin.
Il finit par hocher la tête.
— Je suis content que tu aies quelqu'un.
Je note qu'il ne me demande pas son nom ni qu'il propose de le rencontrer. Heureusement, mon père est au moins lucide sur ça. J'aurais refusé.
— Je suis vraiment désolé pour hier, reprend-il alors que je ne réponds pas. J'aurais aimé venir. Mais c'était trop dur.
Ma colère reprend le dessus sur mes autres émotions. A l'entendre, il n'y a que pour lui que c'est dur.
— Ne t'inquiète pas papa, le coupé-je sèchement. Je n'attends plus rien de ta part désormais.
Ma réaction est probablement disproportionnée, mais à cet instant elle me semble juste. Je contourne l'ilot central, et me dirige vers ma chambre en ignorant mon père. Je décide de passer sous silence l'intervention des journalistes.
Je m'enferme ensuite dans ma chambre en essayant de faire fi de ma culpabilité. Je travaille tout l'après-midi sur notre projet d'éboueur.
Nous voyons enfin le bout du tunnel. Un sentiment d'accomplissement naît dans ma poitrine. Notre projet tient la route, je pense que nous avons toutes nos chances de nous qualifier.
Il ne nous reste maintenant plus qu'à assembler tout ça, l'envoyer par courrier au jury du concours et attendre patiemment le verdict.
Les trois prochaines semaines vont être longues.
***
Encore un chapitre looooong !
Mais il marquait un grand cap dans la relation Leigh/Noam et j'espère qu'il vous aura plu !
Et je me suis aussi permise de faire un peu d'autodérision au moment où Leigh parle des clichés sur les romances. Clairement, je me suis foutue de moi-même et c'est cool.
Sur ce, très bon dimanche !
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