Chapitre 28

Dimanche matin, alors que je travaille sur un devoir particulièrement pénible, je reçois un message sur mon Numécran. Un message qui a le goût de la délivrance. C'est Noam.

Noam : Toi, moi et ces deux beaux bébés dans une heure ?

Il a joint une photo de sa belle gueule – Madame Fossette est de sortie – et de deux éclairs. Le tout est un appel au péché le plus vil.

Leigh : Où tu veux, quand tu veux.

Noam : Retrouve-moi à cette adresse.

L'adresse qu'il m'envoie se situe dans le quartier touristique de Sampton, là où tous les immeubles sont peints d'une couleur différente. J'adore cet endroit de la ville, il est tellement cocooning. On a envie de flâner pendant des heures parmi les marchés permanents et les cafés ombragés. J'écris une dernière réponse à Noam puis je file prendre une douche rapide.

Une heure plus tard, je suis arrivée en bas d'un immeuble biscornu. L'architecte avait probablement fumé la moquette lorsqu'il l'a imaginé. J'ai l'impression que les murs ne sont pas très droits, les fenêtres sont de toute taille et de toute forme, et elles ne sont mêmes pas alignées les unes avec les autres. Malgré ça, l'édifice a son charme.

Noam a le chic pour m'emmener dans des endroits atypiques. Je m'adosse en l'attendant et je ne regrette pas d'avoir mis ma robe en jean. Il fait beau et chaud aujourd'hui, le printemps pointe enfin le bout de son nez. Je lève la tête et ferme les yeux pour profiter des quelques rayons qui viennent chauffer la paroi de la résidence.

J'adorais le mois de mars avant. Aujourd'hui, sa venue a un goût amer. Dans une semaine, ce sera l'anniversaire de la mort de ma mère. Depuis quelque temps, j'ai essayé d'établir une to-do-list colossale en journée, pour éviter d'y penser et occuper mon cerveau constamment. Mais lorsque je suis dans mon lit le soir, que mon Numécran est éteint, que le silence et l'obscurité se font plus pesants, j'y songe.

Cet anniversaire va être douloureux. Je crains les réactions de mon père dans les jours qui vont suivre.

Je chasse ces pensées moroses et rouvre les yeux. Noam arrive justement de l'autre côté de la rue. Il tient un sac en papier à la main et il ne m'a pas encore vue. Sa doudoune orange et ses pattes d'ours ont été remplacés par un simple t-shirt et des baskets. Sa beauté me frappe encore une fois, et je ne suis pas la seule. Deux jeunes femmes tournent la tête dans sa direction lorsqu'elles le croisent. J'en vois une ouvrir de grands yeux à l'intention de sa copine comme pour dire « putain le canon ! ». Malheureusement pour elles, Noam ne les a pas remarquées, car il m'observe moi.

Son visage s'illumine d'un sourire glorieux à mon intention et je ne peux m'empêcher de le lui rendre. Je prends une pose nonchalante alors qu'il arrive à ma hauteur.

— Salut beau brun, fais-je d'une voix que j'espère sensuelle.

— Bonjour, me répond Noam sur le même ton.

Il pose le sac à nos pieds, puis se penche sur moi et la chaleur qui irradie de son corps réchauffe instantanément ma peau. Il est tellement prêt qu'il me dissimule le reste du monde. De l'extérieur, je suis sûre qu'on donne l'impression d'un couple qui s'embrasse. Ce qui risque de devenir tout à fait vrai d'ici quelques secondes.

— La robe en jean, dit-il en sondant mon regard de ses yeux noisette intense. Très jolie.

— C'est vrai ? Tu aimes ? minaudé-je avec une moue coquette alors que ce n'est pas du tout mon genre. Je l'ai mise exprès pour toi.

— Tu m'en vois ravi, sourit-il en s'approchant un peu plus.

Je passe les mains autour de son cou puis je lisse ses épaules comme si je voulais faire disparaitre des plis coriaces.

— Je suis contente que tu te sois enfin décidé à mettre au placard cette affreuse doudoune et tes chaussures pattes d'ours.

Noam plisse les yeux, méfiant.

— Arrête. Je sais que ça te faisait de l'effet.

— Tu n'en sais rien.

— Si.

— Non.

— Si, soutient-il résolument en approchant ses lèvres à quelques centimètres des miennes. J'en suis sûr.

J'ai perdu. Il a gagné.

— Est-ce que je peux t'embrasser maintenant ? ajoute-il. Ou tu veux lancer un autre débat ?

Je grogne mais je n'ai pas le temps de rajouter quoi que ce soit car les lèvres de Noam viennent capturer les miennes fermement. Je fonds comme un esquimau abandonné au soleil par un enfant inattentif. Ses mains glissent le long de mes hanches pour se rejoindre derrière mon dos et m'approcher davantage.

Ce baiser a la saveur du bonheur.

Noam lâche mes lèvres non sans un dernier mordillement et je pose ma tête contre le mur derrière moi. Un fin sourire étire sa bouche. Je ne sais pas à quoi il pense mais son regard me fait rougir.

— Alors, lancé-je, dans quel endroit sordide et cauchemardesque comptes-tu m'emmener cette fois ?

Il lève les yeux au ciel et un éclat malicieux voit le jour.

— Ça va te plaire. Beaucoup.

— Mmh... Dis m'en plus.

— C'est un endroit caché du reste du monde.

— Où on peut donc trucider quelqu'un sans être vu.

— Il est facile de s'y perdre.

— Sans aucun moyen de s'échapper, ajouté-je comme si je dictais une liste de course.

— On sera que tous les deux.

— Et sans possibilité de crier à l'aide.

Les expressions de Noam semblent hésiter entre l'amusement et l'exaspération. Je suis un tantinet lourde. Je ne m'arrête pas là d'ailleurs, ce serait mal me connaitre. D'un geste de la main, je l'incite à me guider.

— Montre-moi ce petit bout de paradis.

— J'hésite fortement à te laisser en plan, là tout de suite.

Je porte mes mains à ma bouche d'un geste exagéré tout en en écarquillant les yeux.

— Oh mon dieu ! Serais-je sauvée ? Epargneras-tu à la police des mois et des mois de recherche ?

Noam me scrute comme si j'étais folle. Il se frotte les yeux avec son pouce et son index et je pourrais croire que je l'agace vraiment. Mais je détecte un infime sourire. Il me lâche et recule de quelques pas.

— Ouais tout compte fait, j'ai oublié que j'avais quelque chose de super important à faire. A plus Leigh, ajoute-il en faisant mine de s'éloigner.

J'éclate de rire. Il fait demi-tour et m'attrape la main sans plus de cérémonie.

— Allez tais-toi femme.

Je ris davantage encore face à son air d'homme des cavernes. Au lieu d'ajouter une réplique bien sentie, j'obéis et le suis silencieusement.

Nous pénétrons dans la résidence devant laquelle j'attendais. Cette fois-ci Noam m'entraine à l'intérieur d'un ascenseur et appuie sur le bouton du dernier étage. Je m'apprête à faire une remarque mais Noam me devance en m'adressant un regard de mise en garde.

L'ascenseur s'ouvre, Noam me guide, sûr de lui. Je n'ai aucune idée de ce qu'il mijote. Il ne peut pas m'emmener chez lui, puisqu'il m'a dit qu'il vivait dans une résidence universitaire. Il ouvre une porte qui donne sur un escalier dont les marches semblent mener vers un étage encore plus haut. Je souris en me disant que Noam aime les portes secrètes et les escaliers cachés.

Arrivés tout en haut, nous nous arrêtons devant une porte fermée. Noam tire un trousseau de clé et en glisse une dans la serrure avant d'ouvrir la porte. Il la pousse de son bras et me fait signe de passer devant lui.

Je suis un instant éblouie par une lumière si vive que j'ai l'impression que des centaines de spots m'éclairent. Je mets ma main au-dessus de mes yeux pour les protéger tout en les plissant. Ma vue s'accommode et je suis alors cernée par un camaïeu de vert, provenant des innombrables végétaux qui nous entourent de toute part.

Noam m'a emmené dans un jardin – ou est-ce une forêt ? – dissimulé en haut de cet immeuble. Un véritable petit bijou de verdure, qui donne le sentiment de se trouver à des milliers de kilomètres de la ville. Il y a de nombreux îlots végétaux dans toute la métropole, et ceux qui se trouvent sur les toits sont généralement publics, destinés au confort des habitants. Mais ici, je suis persuadée que nous nous trouvons sur une propriété privée.

C'est comme si la nature avait totalement repris ses droits, les arbres et les fleurs se mélangent dans un joyeux fouillis de couleurs.

— Tu sais, dis-je en me retournant vers Noam, je ne suis pas membre d'un jury qui devrait se charger d'élire le lieu le plus insolite de Sampton.

Si je ne le connaissais pas un peu mieux, je pourrais croire qu'il essaye de m'impressionner. Ce qui fonctionne assez, je dois l'avouer.

— De quoi tu parles ? réplique-t-il d'un ton taquin. Tu sais bien que j'ai emmenée ici pour te découper en petits morceaux. La densité des feuillages nous rend invisible et nous sommes assez loin pour que personne n'entende tes cris.

— Ah. Ah. Ah.

Je tourne sur moi-même et prends le temps d'observer davantage ce cocon rafraîchissant.

— L'endroit parfait pour ne penser à rien, murmuré-je pour moi-même.

Je pousse un discret soupir avant de pencher la tête vers Noam, qui ne m'a pas quittée des yeux. Un éclat soucieux voilent ses iris. Je détourne le regard.

Ses doigts chauds viennent enlacer les miens. Il me tire délicatement et nous nous enfonçons alors dans la jungle devant nous. Après quelques virages par-ci par-là, nous arrivons devant un espace plus dégagé où trônent de grands sofas débordant de coussins colorés. Un véritable appel à glander.

Une cuisine d'extérieur est nichée sous un abri, qui offre également de l'ombre à une immense table où pourraient loger une douzaine de convives.

Je me demande à qui appartient cet éden.

— Nous sommes chez Adam, m'informe Noam comme s'il avait lu dans mes pensées. Il m'a plusieurs fois invité pour des brunchs le dimanche donc je lui ai demandé si je pouvais t'y emmener.

Je ne savais pas que Noam et le gérant de ma boulangerie préférée étaient aussi proches.

— Alors comme ça, tu parles de moi à ton patron ? fais-je pour l'asticoter.

Noam m'adresse un regard de biais. Je me retiens de rire.

— En réalité, c'est lui qui m'a parlé de toi en premier, répond Noam en s'approchant du bar qui bordent les sofas.

Il sort quelques sodas du frigo derrière lui et attrapent deux verres sur une étagère design.

— Il m'a demandé si tu étais ma petite amie, poursuit-il en faisant couler les sodas dans les verres.

Noam n'ajoute rien. Il prend les verres en main, contourne le bar et vient m'en donner un. Je l'attrape alors qu'il porte le sien à ses lèvres pour boire quelques gorgées.

— Et qu'est-ce que tu lui as répondu ? demandé-je d'une voix dégagée alors que la curiosité me tord les entrailles.

Noam plonge ses iris brûlants dans les miens. Sa pomme d'Adam se soulève lentement alors qu'il déglutit.

— Que j'y travaillais.

Je mords ma lèvre pour m'empêcher de sourire.

— Et puis il y a quelques jours, je lui ai demandé si je pouvais venir ici. Avec toi.

Il désigne les végétaux et le petit espace cosy d'un geste du bras.

— Tadam.

Je souris tout en allant m'assoir sur les coussins moelleux. Je bois quelques gorgées du soda avant de dire :

— Je ne savais pas que tu étais aussi proche d'Adam.

Noam s'affale nonchalamment à mes côtés, son t-shirt remonte d'ailleurs légèrement sur son ventre et me laisse entrevoir les muscles sous sa peau cuivrée. Ma langue semble sèche, alors que je viens de boire.

Depuis quand quelques abdos te rendent toute chose Leigh ? Ton prof de boxe les exhibe dès qu'il en a l'occasion.

Mon regard croise celui de Noam. Je perçois sans l'ombre d'un doute qu'il est tout à fait conscient qu'il vient d'être l'objet d'un examen approfondi.

— Ça fait maintenant deux ans et demi que j'y travaille, me répond-il. A force, on se connaît bien.

— C'est ce que j'avais cru comprendre en t'accompagnant la dernière fois.

Noam me sourit tout en attrapant le sac en papier duquel il sort une boîte en carton. Deux éclairs me font de l'œil alors qu'il l'ouvre. L'un semble être au chocolat noir – mon préféré jusqu'à maintenant – l'autre doit être le Casse-Noisette, l'éclair que Noam a inventé et qui est désormais dans mon Top 1. J'en salive d'avance. Le glaçage brillant, le biscuit bien doré, les éclats de caramel et les noisettes caramélisées en guise de décoration... Ils attirent mon regard comme le pollen les abeilles.

A côté de moi, Noam s'étouffe sur un éclat de rire.

— Je suis maintenant certain de détenir le secret pour faire craquer une femme : lui offrir de la nourriture.

— Ce n'est un secret pour personne, souris-je tout en m'emparant d'un éclair.

Nous partageons et dégustons les pâtisseries tout en parlant du job de Noam à la boulangerie. Je perçois très distinctement la joie qui émane de lui lorsqu'il me décrit ses heures passées là-bas. C'est un véritable plaisir pour lui de travailler avec Adam. Je lui demande alors pourquoi il ne s'est pas lancé dans une carrière de pâtissier plutôt que dans l'ingénierie.

— J'adore la pâtisserie, dit-il en s'adossant aux coussins. Mais je passe plus de temps à me triturer les méninges pour créer des choses innovantes que d'imaginer des desserts. Car c'est ce que j'aime le plus. Sans parler que le secteur de la mécanique ouvre toutes les portes en ingénierie. Je pourrais très bien travailler dans le ferroviaire, l'énergie, la biomécanique ou même... l'aérospatial, ajoute-t-il en me lançant un regard appuyé. Un ingénieur mécanique est au cœur de tout un secteur d'activités. Je suis dans la possibilité de faire ce que je veux.

Je comprends sans le moindre mal ce qu'il ressent. Il a ça dans le sang. Après quelques secondes de silence où chacun de nous est perdu dans ses pensées, Noam dit doucement :

— Tes parents sont des modèles.

Je me crispe par réflexe.

Ce n'est plus le cas aujourd'hui, ai-je envie de répondre. L'un de ces modèles est mort, l'autre est une coquille vide.

Je me hais immédiatement à cette pensée.

Je contemple alors mes mains sans oser croiser le regard de Noam. Je tire délicatement sur une peau morte autour de mon ongle, ce qui me fait saigner.

— Merci, réponds-je plus froidement que je ne l'aurais voulu.

Je sens Noam se déplacer à côté de moi. Bientôt son torse se colle à moi et me comble d'une chaleur dont je ne pensais pas avoir besoin. Je me pare d'un masque d'indifférence, habituée à cacher mes émotions et mes doutes, et je lève les yeux vers lui.

— Désolé, s'excuse-t-il. C'était maladroit.

Je hausse une épaule.

— J'ai toujours mes vieilles habitudes d'évitement.

Je retire une nouvelle peau avant de prendre une grande inspiration.

— Samedi prochain, c'est l'anniversaire de la mort de ma mère.

Ma voix se casse sur ce dernier mot et cela me contrarie que Noam le perçoive. Je ne veux pas voir la pitié dans son regard. Mais j'y découvre une douceur infini. Mes paroles ne l'étonnent pas.

Car il le savait déjà.

Bien sûr qu'il le sait. Les médias ont commencé à en parler depuis plusieurs jours, il faudrait être un ermite pour ne pas le savoir.

Ma gorge se noue. Je prie pour que Noam ne me pose pas de question car je serais incapable de répondre. Mais il préfère se passer de mots.

Il m'attire à lui tout se rallongeant à moitié, de manière à ce que ma tête repose sur son torse. Ses doigts se fraient un chemin à travers ma chevelure et commencent à caresser doucement la naissance de ma nuque. Un soupir de soulagement m'échappe et mon corps se détend immédiatement.

Pendant plusieurs minutes, Noam ne dit rien, mais sa présence me réconforte. J'arrive à calmer la boule d'émotions qui était prête à se déverser de ma poitrine. Il me laisse le temps de reprendre mes esprits tout en me faisant comprendre qu'il est là pour moi. Je me sens bizarre à cette idée.

En quelques semaines, j'ai laissé une personne inconnue entrer dans ma vie et prendre une place grandissante dans mon cœur. La chose semblait impossible, et pourtant.

Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, enlacés, à profiter des rayons du soleil, du panorama de verdure et des effluves sucrées des fleurs. Mais à un moment, la sensation des mains de Noam sur ma nuque prend une tout autre signification. Je sens ma peau fourmillée sous la pulpe de ses doigts, qui diffusent une chaleur électrisante au reste de mon corps. Les battements de mon cœur s'accélèrent, mon souffle se fait court.

Noam ne semble pas le percevoir, le mouvement de ses doigts est toujours aussi lent et paresseux, son torse se soulève au même rythme. Il n'a aucune idée que son contact réveille actuellement chaque cellule de mon corps.

Jusqu'à maintenant, nous avons pris notre temps, comme je le lui avais demandé. Mais plus je passe du temps en sa compagnie, plus je me sens à l'aise. Pour aller beaucoup, beaucoup, plus loin.

Ma main est posée innocemment sur son ventre et je commence par dessiner des cercles sur le coton de son t-shirt. Noam ne réagit pas, toujours concentré à me toucher les cheveux. Je glisse alors doucement mes doigts sous le tissu. Ma peau rentre en contact avec la sienne.

Là, il réagit.

Les muscles de son ventre se contractent, sa main se fige dans ma chevelure. Je ne le regarde pas et poursuit mon manège. Mes doigts l'effleurent, dessinent des formes imaginaires, prennent connaissance de la ligne de ses abdos. Sous mon oreille, j'entends son cœur battre de plus en plus vite.

— Qu'est-ce que tu fais ? demande-t-il d'une voix rauque.

Enfin, j'ose plonger mes yeux dans les siens. Un voile de désir les recouvre. Ma gorge s'assèche, je ne réponds pas.

A la place, je retire ma main doucement et je prends appui sur son torse pour rapprocher ma tête de la sienne. Noam ne me quitte pas du regard. Il scrute mes lèvres entrouvertes puis ses yeux viennent à nouveau capturer les miens. Il ne bouge pas, il me laisse mener la danse.

Je ne pense pas qu'il attende spécialement une réponse à sa question, il saisit très bien la portée de mes gestes.

Nos bouches se rapprochent, nos lèvres s'effleurent. Je suis à deux doigts de fondre sur lui, mais au dernier moment, je recule. Un sourire en coin voit le jour sur ses lèvres.

— Je vois, dit-il d'un ton joueur.

Je souris et d'un mouvement, je suis à califourchon sur lui. Mes cheveux tombent comme un rideau au-dessus de son visage. Noam me rend mon sourire et vient placer ses mains sur mes cuisses. Elles remontent au niveau de mes hanches qu'il presse délicatement.

— Je vois très bien, ajoute-il en me scrutant intensément.

Je caresse ses cheveux puis je suis le contour de sa mâchoire râpeuse, tout en m'approchant. Enfin, nos lèvres se rencontrent. Doucement d'abord, puis de manière plus pressante. Nos langues s'enroulent, nos dents s'entrechoquent, nos respirations deviennent chaotiques. Noam grogne alors que je suce sa lèvre inférieure. Ses doigts s'enroulent dans mes cheveux et les emmêlent alors qu'il me rapproche un peu plus de lui.

Nous ne cessons de nous embrasser à en perdre la tête. Pourtant, j'ai l'impression de ne pas être assez proche. J'en veux plus. Et Noam aussi, si je me fie à ce que je sens sous mes fesses.

Je me recule à contre-cœur. Nous haletons tous les deux comme si nous venions de courir un marathon. Ses cheveux bruns partent dans tous les sens, ses lèvres sont rouges et humides, son regard est sombre d'un désir qui ne demande qu'à être assouvi. Je dois être dans le même état si j'en crois la lueur qui s'allume dans son regard alors qu'il me dévisage.

Je me sens d'humeur à prendre les rênes.

— Tu as bien dit qu'on ne pouvait pas nous voir ? demandé-je en enlevant les deux premiers boutons qui parcourent le devant de ma robe.

Noam ne quitte pas mes doigts des yeux. Le tissu en jean est rigide, il dévoile le haut de ma poitrine sans qu'on aperçoive pour autant mon soutien-gorge en dentelle. Je vois Noam déglutir difficilement alors que je suspends mes doigts au niveau de mon ventre.

— Tu attends quoi pour défaire les autres ?

Pendant une micro-seconde, je vois planer le doute dans ses yeux. Il doit probablement se demander si ce revirement de situation est une stratégie pour penser à autre chose.

Ça l'est, en quelque sorte. Mais ce n'est certainement pas ma motivation première.

J'aime beaucoup Noam, j'aime être avec lui, tout simplement. Et actuellement, je veux sentir ses lèvres ailleurs que sur ma bouche. Le rouge me monte aux joues quand diverses pensées pas très catholiques me traversent l'esprit.

Les expressions de mon visage doivent être assez révélatrices car le regard de Noam s'embrase un peu plus. Il m'attire à nouveau à lui pour m'embrasser tout en retirant les boutons de ma robe un à un. Lorsque ses doigts attrapent la dernière attache située au bas de ma robe, je me redresse légèrement. Noam écarte les deux pans qui me couvraient alors, et étudie mon corps avidement. Je regrette de ne pas avoir mis un joli ensemble mais tant pis, mon soutien-gorge en dentelle blanche et ma culotte noire en coton feront très bien l'affaire.

La chair de poule couvre mon ventre naturellement hâlé alors que Noam l'effleure lentement. Ses yeux me renvoient tellement de choses que je ne peux en discerner une seule. Je me sens tout simplement désirée.

Je suis tellement confiante que j'entreprends de lui retirer son t-shirt. Une fois ce dernier jeté au loin, je prends le temps de l'observer à mon tour. Sa peau mat est divine, ses muscles se contractent sous cette dernière. Un véritable corps d'Adonis.

Nous nous embrassons à nouveau, la tension monte un peu plus alors que mes hanches se meuvent naturellement sur les siennes. Mon bas-ventre se tend d'appréhension.

Un éclat de lucidité me fait me détacher de ses lèvres. Je vois dans ses yeux une question qu'il ne pose pas : « qu'est-ce qu'il se passe ? ».

— Je n'ai pas prévu de préservatifs, fais-je remarquer.

— Moi non plus. Tu viens de me prendre au dépourvu.

— Vraiment ? m'étonné-je.

— Je croyais que tu voulais qu'on prenne notre temps. Je n'avais pas du tout ces idées en tête quand je t'ai emmenée ici.

— Vraiment ? répété-je d'une voix dubitative cette fois-ci. A t'entendre on dirait que je te corromps.

Noam éclate de rire. Il ne va pas me faire croire que ça ne lui a pas traversé l'esprit quand même ?

— Bon d'accord, j'y pense très, très, régulièrement mais je voulais être bien sous tous rapports, ajoute-il sur le ton du gendre idéal.

Il se moque de moi.

— Mmh, mmh, l'homme parfait quoi.

— Tout à fait.

Je prends une moue charmeuse.

— Et que ferait l'homme parfait dans une telle situation ?

— Il laisserait probablement la jeune demoiselle se rhabiller, prétextant épargner sa vertu.

Je me tortille au-dessus de son entrejambe sournoisement.

— Es-tu cet homme parfait Noam ?

Nos yeux ne se quittent pas une seconde. Un sourire moqueur s'épanouit aux coins de ses lèvres.

— Non. Il y a d'autres moyens de s'amuser. J'ai quelques idées en tête.

— Super, nous sommes sur la même longueur d'onde, conclus-je en pressant mes lèvres sur les siennes.

A partir de ce moment, nous laissons notre désir de l'autre nous guider.

Je déboutonne le jean de Noam et glisse ma main dans son boxer alors que sa propre main se fraie un chemin sous le tissu fin de ma culotte. Nous gémissons de concert. Nous nous découvrons l'un l'autre sous la forme la plus intime qui soit.

Je vais à l'encontre de ses doigts, tout en le caressant sur toute sa longueur. La main libre de Noam vient me guider et m'intime de serrer plus fort. Il me surprend ensuite en me demandant ce que j'aime.

Ça ne m'était encore jamais arrivé avec mes autres copains et j'étais bien trop gênée parfois pour leur dire que ce qu'ils me faisaient ne me plaisait pas. Je pourrais me sentir gênée, mais Noam sait me mettre en confiance. J'ai assez d'assurance pour l'orienter. Ses doigts s'ajustent, mes soupirs et mes gémissements lui servant d'indices.

Lorsque nous avons enfin réussi à trouver un équilibre, le plaisir semble monter d'un cran. Nous nous observons mutuellement, ce qui a le don d'attiser la pression qui s'est accumulé dans mon bas-ventre. La tension augmente et bientôt, je ferme les paupières, des ondes de plaisir intense se déversant dans chaque recoin de mon être.

Je sens la main de Noam entourer la mienne et accélérer une dernière fois les mouvements, avant qu'il ne tremble lui aussi de tout son corps.

Mes spasmes cessent, je reviens tout doucement à moi.

Putain de bordel de merde.

Nos regards se croisent, l'alchimie passe très nettement entre nous. Noam remet ma culotte en place, remonte son boxer avant de m'attirer à lui.

Il dépose un baiser sur ma tempe alors que j'enfouis mon nez dans son cou, un sourire de satisfaction plaqué sur les lèvres.

***

Voilà un chapitre un peu plus olé olé ! 

Comme d'habitude, je serais ravie d'avoir vos retours ! 

Très bon dimanche ! 

Eiouam  

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