Je ne sais rien
Rien. Le vide ploie, hégémonique au-dessus de mes jours, de mes nuits aussi. Je crois que j'ai cessé de me regarder de l'extérieur comme ça depuis longtemps. Et puis c'est revenu un jour, sans crier gare. Le sentiment. Tout puissant. Palpable presque. Intense sans bousculer pourtant. Présent, plus que le reste, surtout. Si ferme les yeux, je le sens qui circule en moi comme une énergie morte.. Il dévore chaque jour les souvenirs, les visages dans les images retenues, la douleur dans les souvenirs, la joie, et tout le reste. Je ne suis plus qu'un corps, un corps comme ceux qu'on expose dans les musées, un idéal à la dérive de mes désirs inaboutis. Un corps garni d'un esprit, qu'on a labouré trop souvent pour y injecter des idées, trop carrées pour être correctement assimilées, et j'ai réussi l'exploit de les vomir en blocs.
Toujours dans l'entre deux, jamais d'un côté ou de l'autre. J'allonge les mots les uns après les autres, désarticulés, désassemblés, ils pleurent de ne pas avoir de sens. Mais je les force, je les cogne s'il le faut contre le papier. Je sais qu'ils existent quelque part dans mon inconscient, je les veux fidèles à ma réalité écartelée. S'ils étaient des songes, je les aurais voulu doux comme une caresse de velours, lisses comme les promesses qui endorment l'enfant. Mais ils m'appartiennent. Alors je fais d'eux le présent d'une illusion qui dérange, les paroles sibyllines écrasées trop tard le soir avant de devenir verbiage dilatoire et fangeux.
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