Chapitre 3 : Dear future self - 3/3

***

Asher

J'ai dû perdre trois litres d'eau. Regrette que cela ne suffise pas à mourir de déshydratation.

Ils sont deux à me haïr, à présent.

Souf et Shelby, enfin réunis, enfin d'accord sur quelque chose.

Finalement, nous ne nous sommes pas séparés. Nous suivons la fusée Williams, ou du moins nous essayons. Paul me presse doucement la main en passant à côté de moi et je résiste tant bien que mal à l'envie d'enfouir ma tête dans le creux de son cou. Je voudrais qu'elle me serre contre elle, qu'elle me berce, qu'elle m'affirme que tout se terminera bien, que je n'ai pas envoyé une gamine se faire tuer, bordel. Au lieu de ça, je me contente de lui rendre son sourire. Ou du moins j'essaie.

Et puis soudain, Dandy émerge du manoir.

Dandy et ses cheveux blonds qui se soulèvent à chacun de ses pas, Dandy et ses vêtements impeccables, Dandy et sa prestance légendaire, son élégance à toute épreuve, son regard bleu acier.

Dandy et Spencer, se tenant par la main.

Shelby s'élance vers eux à toute vitesse. Arrivée à leur niveau, elle ramène la petite contre sa poitrine et l'enlace de toutes ses forces, les yeux fermés comme pour mieux ressentir que tout est vrai. Les autres ne comprennent pas, je m'en rends bien compte. Ils se sont inquiétés, bien sûr, un peu, juste un peu, à la surface, mais au fond, ils trouvent qu'elle exagère. Bien sûr, que nous l'avons retrouvée. Il était évident, que nous allions la retrouver. Ils ne comprennent pas, bordel.

Moi, si.

Je vois toujours les gens en double. Comme dans Peter Pan, vous savez, où les ombres sont une entité vivante à part entière ? Eh bien, c'est pareil. Il suffit de prêter attention. Il y a la silhouette qui se tient face à moi, et puis il y a l'ombre qui doucement se détache, prête à se déchirer au moindre coup de vent, à s'en aller, à nous quitter.

« Tu vois, lance Dandy à l'enfant, je t'avais bien dit qu'elle devait être morte d'inquiétude. » Avant d'expliquer, en s'adressant à Shelby : « Je l'ai trouvée dans la salle commune.

— Dans la salle commune ? j'explose comme si c'était ça, le plus important. Mais tu n'as même pas le droit d'y aller.

— Et c'est précisément pour ça que je savais que tu ne m'y chercherais jamais.

— Mais... Mais tu... Comment y es-tu entrée ? »

Elle se contente de hausser les épaules, un air satisfait particulièrement sournois collé au visage, et Shelby me fusille du regard. Soulagée, certes, mais toujours folle de rage. Je sens la main de Souf sur mon omoplate, mais pour une fois, n'ai guère besoin de lui pour comprendre qu'il est grand temps de la fermer.

De toute façon, nous ne pouvons pas nous attarder là plus longtemps. Le soleil est presque couché. C'est à peine si le ciel est encore teinté de rose. Un vent frais s'est levé ; derrière nous, il fait frémir les feuilles orangées des arbres.

« Si jamais tu croises qui que ce soit dans les couloirs sur le chemin qui mène aux dortoirs, Spence, déclare Shelby alors que nous pénétrons tous dans l'enceinte du château, tu dis que tu étais –

— Aux toilettes » conclut la petite à sa place, et cela sonne comme une blague ne pouvant être comprise que d'elles deux, puisque Shelby sourit comme jamais je ne l'ai vue sourire depuis son arrivée dans notre monde.


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