#PDV Anjali :
— Et nous allons maintenant laisser la parole au président de la république française. M. Pôle, c'est à vous.
— Bien. Merci Fred.
Un homme peu âgé s'avance et prend place derrière un comptoir, comme le font tous les hommes politiques. Il jette un oeil à son discours, sûrement préparé des semaines et des semaines à l'avance, puis lève ses yeux bleus vers l'assemblée. Puis, son regard se pose sur l'objectif de la caméra. Il sourit de toutes ses dents, et commence à parler. Ses lèvres bougent, mais le son n'y est pas.
J'ouvre rapidement les yeux, et tombe de mon lit, en voulant simplement me tourner sur le côté. Je me lève difficilement, et grogne. Puis, je soupire. Encore un de ces fichus cauchemars. J'en fais de plus en plus ces temps-ci.
Comme si... J'avais le pressentiment que quelque chose de mal allait arriver. Et je vous assure que ce n'est pas la première fois, bien au contraire. J'ai souvent prédit des petites choses grâce à mes rêves, mais je préfèrais mettre ça sur le compte du hasard, de la chance.
Oui, c'est ça, essaie de cacher que tu es folle... me souffle ma conscience.
— Anjali ! Viens, ma chérie ! s'exclama une voix depuis le salon.
Je sortis de ma petite chambre modeste et allai dans la seconde pièce qui faisait office de salon. Je n'eus pas à marcher énormément, seulement quelques pas.
Je vis avec mon père et ma mère dans un petit appartement plutôt primaire. Il est suffisant pour nous trois, bien qu'on s'y sente un peu à l'étroit. Mes parents n'ont pas trop les moyens de se permettre plus, chose que je comprends parfaitement, alors je n'hésite pas à économiser dès que je peux.
Après tout, pourquoi s'encombrer quand on peut vivre dans un petit logis ? Ce serait simplement jeter de l'argent par les fenêtres...
— Me voici, dis-je, arrivée dans le "salon".
Ma mère me sourit, et me montre la télévision. Mon père était assis sur une chaise en bois usée, à deux point de se briser en deux. Il portait son éternelle chemise à carreaux, et un pantalon en toile beige comportant quelques trous minimes, mais qui dévoilaient quand même sa peau par endroits.
Je n'aimais pas nous voir ainsi. Si... pauvres.
Le problème était que j'avais refusé de travaillé avec mon père afin de finir mes études et de trouver un bon travail. Lui avait insisté pour que je reprenne l'affaire familiale, mais ce n'était pas moi.
J'espère un jour trouver un boulot que j'aime, et qui pourrait aussi me rapporter assez pour subvenir à nos besoins, à tous les trois.
Je me place derrière lui, à côté de ma mère, et je reporte mon attention sur ce que dit un journaliste.
— Et nous allons maintenant laisser la parole au président de la république française. M. Pôle, c'est à vous.
— Bien. Merci Fred.
Un homme peu âgé s'avance, et prend place derrière un comptoir. Il jette un oeil à son discours, puis lève ses yeux bleus vers l'assemblée. Puis, son regard se pose sur l'objectif de la caméra. Il sourit de toutes ses dents, et commence à parler.
Déjà vu...
— Françaises, Français, je veux vous parler ce soir des jours à venir.
Je suis pétrifiée. N'ai-je donc pas rêvé de ceci ?! Mais comment est-ce possible ?! Je... Je dois sûrement être en train de rêver, encore une fois...
Je secoue la tête, me frotte les yeux, mais rien n'y fait. Je suis toujours devant cette petite télé, entourée de mes deux parents, tout en écoutant le discours du président.
— ... Je viens donc en personne vous annoncer l'utilisation du bracelet vérité, plus connu sous le nom de Truth 2.0. Ce bracelet, que j'ai à mon poignet, continua l'homme politique, tout en levant son poignet pour montrer à tous le fameux bracelet. Ce bracelet, disais-je, permettra de révéler la vérité. Les mensonges ne seront plus, pour le bonheur de tous. Plus personne ne vous entourloupera, ne profitera de vous, grâce à ce petit objet si merveilleux.
— Q... Quoi ?! lâchai-je, malgré moi.
Cela m'étonnerait fortement que la majorité des français aient voté « oui » au référendum à ce sujet. Cette mesure est complètement tirée par les cheveux, et porte atteinte à la vie privée... Je me demande comment est-ce possible qu'elle ait pu passer sans que personne ne s'y oppose.
— Nos agents passeront chez tous dans la journée de demain afin de vous déposer le fameux bracelet, à raison d'un par personne. Les plus petits seront exemptés, mais Truth sera obligatoire à partir de 7 ans.
Ma mère soupire. Son visage à la peau mate est plus fatigué que jamais, ses longs cheveux noirs de jais ne sont pas peignés. Ses rides se sont dupliquées depuis la semaine dernière, elle tousse souvent, et s'essouffle vite. J'espère juste qu'elle ne couve pas une maladie grave... Je n'ai pas envie de la voir souffrir de notre pauvreté, encore une fois.
Une violente quinte de toux obligea ma mère à se plier en deux.
— Maman ! Ça va ?! m'écriai-je presque, terriblement inquète.
Elle acquiesça difficilement, et je l'aidai à s'asseoir sur la chaise juste à côté. Durant l'incident, mon père était resté de marbre. Il avait observé la télévision, impassible, comme s'il n'en avait rien à faire. De tout façon, ce ne sera qu'une bouche de moins à nourrir pour lui, si maman mourrait...
Mes deux parents ne s'aiment plus, et cela dure depuis plus d'un an. Ils ne s'embrassent plus, ne s'enlacent plus. Ils croient que je ne suis au courant de rien, mais je le sais. Un jour, ils se disputaient, et mon fichu don de prémonition m'a mené jusqu'à leur chambre.
J'ai écouté.
J'ai su.
Je n'ai pas parlé pendant plus d'une semaine, choquée par ce que je venais d'apprendre. Nous étions une famille unie, certes pauvre, mais unie. Tout s'écroulait autour de moi. J'avais l'impression que mon monde était détruit. Ceux qui m'avaient donné la vie ne s'aimaient plus ? Alors pourquoi existais-je encore ? N'étais-je pas justement le symbole de cet amour ? La preuve ?
— Le référendum a parlé, que voulez-vous ? dit le président, me sortant de ma transe.
Il sourit cet hypocrite. Il est à coup sûr comme tous les autres, servant son propre intérêt. Je lui écraserais bien son petit sourire narquois sur la table devant lui... OH, ON SE CALME ANJALI ! me raisonnai-je intérieurement.
— Je... J'en ai assez entendu je crois... Je sors prendre l'air, dis-je, en me massant le front.
J'allai dans ma chambre et pris ma robe habituelle, une robe toute simple, couleur crème, et m'arrivant à mes genoux. Elle était un peu sale, couverte à quelques endroits de suie, et un peu déformée, mais elle fera l'affaire.
Je l'enfilai quand même, je n'avais que ça de toute façon. Je me passai un peu d'eau sur le visage, et peignai ma longue chevelure noire. Cela ne me prit pas beaucoup de temps, par chance, mes cheveux sont droits et lisses. Il parait que nous, les indiennes, sommes réputées pour avoir des cheveux faciles. Et je dois dire que cela m'arrange bien.
Je m'observe une dernière fois dans le miroir, enfin dans la glace brisée qui nous sert comme telle, et je sors de la petite pièce d'eau.
— Au revoir Papa, dis-je en l'embrassant sur la joue. Au revoir Maman, dis-je en réitérant mon geste à l'intention de ma mère.
— À tout à l'heure Anjali. Ne tarde pas trop, me rappela ma mère.
J'acquiesçai et me dirigeai vers la petite porte en bois de l'entrée.
Avant de partir, le président dit une phrase qui retint mon attention.
— Profitez de votre dernier jour de liberté, demain, les secrets de tous seront dévoilés, souffla-t-il, comme un cheveu sur la soupe.
Un frisson me parcourut le dos, et je sortis rapidement afin de ne pas montrer ma peur à mes parents. La dernière chose dont ils ont besoin, c'est de consoler leur chère petite fille plutôt que de s'occuper de leurs factures.
Toute cette histoire de bracelet va me monter à la tête. Nous avons une vie privée non ? Ttout cela me paraissait irréel. Certes, ce produit pourrait nous aider lors d'interrogatoire de criminels, et autres choses qui relèvent du judiciaire... Mais dans la vie quotidienne ? Je n'en vois pas trop les avantages.
Finies les surprises, finis les mensonges pour protéger son interlocuteur.
Je sortis de notre immeuble, et observai la tour de pierre dans laquelle je logeais. Elle était incroyablement vieille, une chance qu'elle soit toujours debout... Les briques d'origine étaient apparentes et les fissures parcourant le long de la façade terrifiaient tous ceux qui posaient leur yeux sur le bâtiment.
Ces grands hommes politiques, qui sont blindés jusqu'aux bords, ne peuvent-ils pas améliorer la vie des plus modestes de cette société, au lieu de mettre en place des mesures douteuses et inutiles ? Les gens sont parfois bien égoïstes.
Je reviens à moi, et respire profondément. La brise fraiche me fouette le visage tout en soulevant ma légère robe.
Je regarde autour de moi. Je suis entourée d'écrans de tout genre, de couleurs, de monde. Cela diffère bien de mon appartement. Lui est fade, sombre, et poussiéreux. À ma droite, un énorme écran sur la façade d'un bâtiment fait la promotion des nouveaux écouteurs à la pointe de la technologie. Devant moi, une autre pancarte électronique présente le nouvel Iphone. Celui-ci n'est plus qu'un simple bracelet hyper fin, qui se plie à volonté pour prendre la forme d'un téléphone, ou celui d'un bracelet.
Mais cela ne m'intéresse guère.
L'air est pur, comme s'il n'y avait aucune pollution. Or, ce n'est pas le cas. Des purificateurs d'air ont été installés dans tout le pays afin de dé-polluer l'air. Une des seules mesures que je trouve nécessaire parmi les dizaines mises en place ces dernières années d'ailleurs...
Soudain, une poussée d'adrénaline submergea mon être et je compris.
Mauvais pressentiment.
Soudain, je sens qu'on me bouscule. Je tombe par terre, et un attroupement se forme autour de moi. J'entends les "clics" de téléphones, et je sais alors que je viens de me faire humilier.
— Regarde où tu vas clocharde ! s'exclame l'homme debout devant moi.
Son expression m'interpelle. Clocharde ? Il avait osé ? Je me relevai difficilement, et époussetai ma fine robe, essayant de ne perdre mon sang-froid face à l'ordure qui se tenait fièrement en face de moi.
— Clocharde ?! Sérieusement, vous n'avez pas trouvé mieux ? m'emportai-je, furieuse.
Un rictus se dessina sur le visage de l'homme. J'avais l'étrange impression de l'avoir déjà vu quelque part...
— C'est bien ce que tu es, non ? demanda-t-il, ironique.
Connard.
La colère monta dans mes veines, et je sentis mon coeur m'ordonner de faire des choses que je ne devrais pas.
— Tu sais ce qu'elle te dit la clocharde ? demandai-je.
Ceci est bien évidemment une question de réthorique...
Il entrouvrit les lèvres, prêt à répondre, mais je ne lui en laissai pas le temps. Ma main s'abattit sur sa joue, lui assénant une gifle monumentale.
Il gémit, et plaça sa main rouge sur sa joue, en rage. De l'autre main, il me prit le poignet, et le serra fort. Ses yeux transpiraient la rage.
J'avais piqué son petit égo de male blanc ?
— Aïe ! Mais vous me faites mal ! m'écriai-je, suppliant l'assistance du regard.
Je me dégageai bien rapidement, et courus le plus loin possible de lui. Je me retournai, et vis qu'il me souriait. Un sourire machivélique... Bizarre, ce type.
Je me réfugiai dans un café, appelé "Chez Momo". Il était en quelque sorte réservé aux pauvres comme moi, car aucun grand homme, ou personne "riche" n'osait s'aventurer ici. C'était bien trop sale, et rempli d'individus partageant ma classe sociale. Il faut savoir que les riches n'aiment pas se mélanger aux "pauvres", ils trouvent ça... Ragoûtant.
Je me demande comment on en est arrivés là...
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Nouvelle histoire, nouveau genre, nouvel univers.
Un roman plus profond, plus "sérieux", avec plus de sens.
J'espère de tout coeur qu'elle vous plaira, et j'annonce qu'elle ne sera pas une romance ! (j'ai décidé de m'aventurer dans d'autres genres pour voir ce que je vaux :))
Vos avis sur ce premier chapitre/prologue ?
Merci de me lire <3
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