Chapitre 9
- Je serai toujours là pour toi ma copine.
Ravena prend ma main pour me réconforter et je lui souris.
- Merci de m’aider. La boutique est la roue de secours de ma vie. Tu n’imagines pas comment le fait que ma vie professionnelle soit dirigée par quelqu'un me soulage, car je n’ai pas la force de me battre en ce moment.
Elle me câline avec ses bras rassurants et je me laisse aller dans sa douceur et sa chaleur.
Merci mon Dieu pour ce cadeau !
N’ayant pas de parents et un frère de l’autre côté de l’Atlantique, mes copines sont les personnes les plus importantes dans ma vie affective. Chacune remplit mon portrait de famille.
On reste un moment à finir nos boissons et je regarde ailleurs. Mon regard s’attarde dans l’immeuble de devant que détient au rez-de-chaussée une boutique de vêtements pour bébé avec des petits mannequins et des poupées, peluches ou même des voitures miniatures de pompier s’ajoutent à la vitrine. Au-dessus des appartements en trois étages, les volets autrefois rouges sont en ce moment plus roses délavés à cause du soleil et du sel de la mer.
Une fissure s’immisce du toit jusqu’à la boutique démontrant les années avancées de construction. Je détaille le bâtiment comme si j’étais un architecte voyant ses atouts et ses
défauts.
La main de ma blonde sur mon avant-bras me tire de mes songes et je la suis en dehors du café. Je n’ai même pas fini mon soda. L’esprit tellement à l’ouest que je n’arrive pas à manger ou boire correctement.
- Et Thomas ?
Je dévisage Ravena songeant si elle sait quelque chose.
- Il m'a raconté que vous vous rencontrez.
Elle sait ce qui se passe…. Quoi dire ?
- C'est compliqué ! Souffle-je.
- Je vois... répond Ravena, marquant une pause. D'une chose, je peux t'assurer, il est une bonne personne et il n'est pas du genre à profiter des femmes par plaisir.
C'est avec un sous-entendu de bénédiction que j'ouvre la porte de la boutique. Notre tête rouge se pointe derrière le comptoir avec son regard assassin. J’échange un regard
complice à Ravena et on décide de ne rien demander de son "moment privé" avec l’avocat.
Pourtant, Pandora ne se retient pas longtemps commençant à râler et à nous insulter.
- Non, mais vous êtes sérieuses de me laisser seule avec monsieur Arrogant ?
Ravena et moi partons dans un fou rire face à son attitude de gamine.
- Non, mais vous rigolez en plus ? Ça ne me fait pas du tout rire moi. Je n’ai jamais vu un gars aussi prétentieux et hautain et…
- Beau !, ajoutons la blonde et moi en même temps.
Pandora crache quelques jurons, nous maudissant pendant que nos rires remplissent la pièce.
Pour interrompre ce moment de détente, mon portable sonne et mon cœur s’emballe d’un coup. Je regarde le viseur et le nom de Manel s’affiche.
Ça y est, le calvaire reprend !
Je m’éloigne de mes copines en allant au bureau, qui se trouve derrière la boutique pour pouvoir parler en privé.
Je ne peux pas avoir un moment de répit que la vie s’acharne pour me rappeler les conséquences de mon choix.
J’inspire profondément et je décroche en optant pour une voix monotone.
- Oui ?
- Ayla, je vérifiais le système de sécurité du salon et je sais comment faire pour avoir plus de temps. Je ferai en sorte que le courant soit coupé et on pourra entrer sans problème.
Cependant, il faut qu’on soit rapide, car elle peut arriver à tout moment.
- Salut Manel ! Tu vas bien ? Dis-je sarcastique.
- Ayla…
- Tu ne peux pas faire comme tout le monde, n’est-ce pas ?
- Désolé, s'excuse-t-il peinard. Je te remercie pour ce que tu fais. Tu le fais pour Ash, mais en même temps, tu le fais pour moi aussi.
Je souffle passant ma main libre sur mon cou tendu à l’extrême.
Définitivement ce gars n'est pas fait pour faire des remerciements ni pour saluer les gens.
- Quand ? demande-je exaspérée.
- Ce soir.
- Ok.
- Tu sais quelque chose de plus sur le procès d'Ash ?
- Non. J’ai vu Aymeric aujourd’hui et il ne m’a rien dit alors je pense qu’il n’y a pas de nouvelles.
- Ok. Je viendrais te chercher vers vingt-deux heures.
- D’accord.
- Bye.
Et je raccroche.
Mon regard vers le sol me fait reprendre mes esprits. Une boule d’angoisse s’installe dans mon estomac et je crois qu’encore une fois, je ne vais pas réussir à avaler quoi que ce soit.
Le stress me fait cet effet.
Il faut qu’on trouve ce putain d’argent. C’est plus important que tous les dossiers.
Je retourne à l’intérieur avec un sourire jaune et je m’adosse aux tâches pour ne pas y penser et éviter les regards inquisiteurs de mes accompagnatrices qui s'aperçoivent de mon changement d’humeur.
J'arrive chez moi complètement épuisée, d'avoir organisé et porté des cartons toute l'après-midi. J'ai juste le temps de prendre une douche rapide et manger une pomme, que je me retrouve déjà en bas de chez moi à attendre Manel.
Dans la voiture, je stresse sans que je puisse me contrôler. Je me sens comme une criminelle et je suis furieuse contre Ash.
C'est toi qui a accepté de l'aider, me crie ma conscience.
Merci ! Il y a des fois où j’aurais dû être impitoyable et laisser les autres se démerder !
Je sens des lèvres froides sur mon front et je ferme les yeux pour me calmer. Heureusement que Manel est là, toute seule, je n'y arriverai jamais.
La camionnette s'arrête du côté opposé au salon, il sort un ordinateur où il tape frénétiquement. Je ne comprends rien, je ne vois que des chiffres et des codes incompréhensibles. Une fois finie, il sort et se dirige vers une boite d’électricité en métal qui se trouve à une dizaine de mètres.
Mais qu’est-ce qu’il fout ?
Et d’un coup tout devient noir ! Plus de lumières. Plus de visibilité.
Il a coupé le courant. Je sors de la voiture avec crainte, torche à la main et je rejoins Manel qui est déjà à l’entrée de la boutique. Ce dernier ouvre la porte et on se précipite à l’intérieur.
De suite, chacun s’empresse à rechercher. Je retourne de nouveau vers le bureau pour chercher des documents et analyser chaque coin pour trouver l’argent. Une demi-heure est passée et des tas de dossiers sont déjà posés à l’entrée. Manel commence à grogner et à
prononcer des mots incompréhensibles.
- Tu ne trouves pas ? je demande une fois près de lui.
- Où elle a pu planquer l’argent putain ? Rage-t-il secouant la tête.
- Manel, il faut qu’on parte.
Il grogne furieusement et acquiesce. Je prends les dossiers et il me suit. À l’extérieur, tout est silencieux. Trop même ! Mon battement cardiaque doit être à son maximum tellement
que j’ai du mal à respirer. Manel regarde à son tour pour vérifier qu’il n’y a rien de suspect et avec un hochement de tête, il m’ordonne de sortir.
Je cours vers la camionnette, je suis tellement stressée que je ne regarde pas autour. Je veux juste rentrer chez moi. La silhouette de mon partenaire se dessine au milieu de la route. On rentre dans la voiture et il démarre en vitesse.
- Qu’est-ce que t’as ? demande Manel désignant les dossiers.
- Des preuves du blanchiment encore, mais je crois qu’il y en a d’autres.
Manel presse ses lèvres contre son index. Il réfléchit, son front est plissé. Il doit se demander où Vera a bien pu cacher l’argent. Cette garce est plus maligne que ce qu’on croyait, moi qui pensais qu’on le retrouverait et que tout ça serait fini en moins de temps.
J’ai sous-estimé son intelligence !
Le trajet se fait en silence absolu et on sort de la zone pouvant voir déjà les lampadaires illuminer les rues. Je regarde les trottoirs déserts à cette heure tardive.
La tension surplombe l’habitacle et je sens mes muscles tellement comprimés que j’ai mal au cou et au fond du dos. Je passe mes mains sur mes cheveux, mon visage et je me rappelle Thomas. Ses mains chaudes sur mes joues et ses agates pénétrantes. Je lâche un soupir lourd pour me libérer de ma frustration.
Arrivant en bas de chez moi, je sors sans un mot. Notre nuit a été un échec et pas besoin de rajouter quoi que ce soit. Manel allait me recontacter pour qu’on aille essayer encore une fois de trouver le trésor perdu alors je le laisse dans son mutisme. Je passe l’entrée de mon immeuble sans allumer la lumière et j’entends des pas à l’extérieur sur le trottoir.
Méfiante, je m’arrête et je me retourne vers l’entrée discrètement.
- Salut Manel !
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