Chapitre 8

En média Truth de Shallou

Les mots de Thomas me transpercent le cœur et je sanglote encore plus par cette révélation. Je cours. Je fuis. Je m’éloigne. Je ne peux pas faire autrement. J’ai besoin d’être seule. J’ai besoin de me retrouver.

Ce n’est pas le moment Thomas ! Je suis désolée. Tellement désolée.

Ma course me fait perdre l’haleine, me fait supprimer les bons et les mauvais sentiments.

Arrivant chez moi, je me dirige directement à la douche laissant mes affaires par terre.
J'ouvre le robinet de l’eau chaude et laisse mon cerveau se vider.

Je pense.

Je réfléchis.

Je sens un poids en moi que je n’arrive pas à libérer. Et le temps que je l’ai, je ne pourrai jamais être avec Thomas entièrement. Je ne sais pas si j’y arriverai un jour.

Est-ce que je serais capable de plonger dans une relation ?

Je crois qu’Ash sera toujours ancré en moi. Peut-être que je ne serai jamais comblée à cent pourcent. Mais la question est : est-ce que je veux souffrir tous les jours ou dois-je prendre le taureau par les cornes et me laisser envahir par une nuance de bonheur ? Mais qui me garantit que ce sera le bonheur que je trouverai ? Qui peut me garantir que Thomas ne mefera pas souffrir ? Mon esprit est confus et mes pensées se bousculent.

Assise sur mon lit, couverte d’un peignoir, je regarde par la fenêtre le soleil se coucher. La couleur orange du soleil recouvre les bâtiments et le ciel gris commence à remplir les lieux sans lumière.

Non ! Ce n'est pas le moment ! Désolée Thomas, mais hélas le moment ne pouvait être pire!

Je prends la décision la plus difficile ! Je ne suis pas prête à avancer sans faire ce que j’ai à faire d’abord. J’ai un compromis et je vais l’honorer, je vais aider Ash à s’en sortir et après, je penserai à Thomas. Je ne peux pas mélanger les deux.

Déjà que, la situation d’Ash est difficile à gérer et l'erreur avec Manel, je ne veux pas avoir un autre poids sur mes épaules. Je n’ai pas la force d’affronter encore une épreuve et condamner Thomas à mes doutes. Non, je ne peux pas le supporter. Je lui envoie un message en espérant qu’il comprendra. Je soupire, pensant à cet homme qui m’apporte de la légèreté et de la bonne humeur. Je range le téléphone et je me couche.

Demain sera un autre jour !



- Ayla !

Le sourire large de Pandora me rassure quant à ma venue à la boutique de vêtements de si bon matin. Ravena tourne la tête vers moi et c’est un regard triste qui m’accueille. J’ai tellement fui que je l’ai éloigné de moi sans m’en rendre compte.

Timide, j’avance vers elles et je pose mes affaires sur le bureau au fond.

Je reviens et je vois que la boutique est presque prête pour l'ouverture. Les murs ont été peignés de couleur saumon où on a exposé les brouillons d’Igor, notre tatoueur qui fait les dessins pour ensuite imprimer sur nos vêtements. Il est aussi biker chez Micli Riders. Il a même dessiné une tête de cadavre avec des cheveux flottants sur notre vitrine. Les étagères sont disposées contre le mur ainsi que les trois mannequins qui occupent les coins de la pièce. Au milieu se trouve des étagères plus étroites pour ne pas occuper trop d'espace. Pandora me prend dans ses bras, souriante.

J’aime cette fille !

Elle rend la situation moins difficile et me donne confiance pour y rester. Au son de la radio, on organise les vêtements par secteur. Côté droit les shorts, pantalons, jupes et robes et du côté gauche les t-shirts, pulls, chemises, vestes. Au milieu, on expose des bikinis, maillots de bain et des tongs. Il faut encore comptabiliser la marchandise qui est arrivée ce matin.

Mais pour l'heure, on s’assoit au sol à l’entrée pour se reposer et profiter du peu de soleil qui se montre aujourd’hui. Pandora ramène des verres d’eau et des viennoiseries pour combler notre petite faim.

- Comment tu te sens ? demande cette dernière en s’asseyant sur ma gauche.

- Ça peut aller.

- Tu es allé le voir ? Questionne-t-elle parlant d'Ash.

Je donne le consentement avec la tête. Ravena, qui se montrait silencieuse jusque-là, retourne le regard vers moi.

- Vous êtes allé au club, Lord me l'a dit.

Ravena et moi, on se connaît depuis le collège. Sa chevelure blonde faisait jalouser toutes les filles, et plusieurs fois, je suis allée la défendre des foudres gratuites. Je le faisais par justice, pas parce que je l'aimais bien. Moi aussi, je l'ai envié d'être une jolie fille avec des formes, une chevelure épaisse, dorée comme l'or et ses yeux chocolat brillants.

Néanmoins, au fil du temps, elle a commencé à gagner ma sympathie et m'a montré qu'elle pouvait être jolie à l'extérieur, mais très timide et discrète à l'intérieur. C'est en la connaissant vraiment que je me suis attachée à elle et on ne s'est jamais séparée.

- Je voulais savoir comment Aymeric allait s’y prendre pour défendre Ash, réponds-je, timide.

- Il est le meilleur de la région, tu n’as pas à t’inquiéter.

- Oui, c’est juste dommage qu’il soit un arrogant prétentieux, ajoute Pandora.

Ravena regarde notre copine amusée par son commentaire pendant que je rigole.

- Je ne sais pas où est la blague ? s’offusque notre tête rouge.

- J’ai raté un épisode ?

- Ravena, Pandora a fait la bise à Aymeric et lui s’est crispé.

- Comme si je l’avais dégoûté. Moi ? Une femme ? Contre-attaque notre amie.

- C’était peut-être à cause de tes cheveux, justifie Ravena.

- Ah ah ah très drôle, blonde !

Ravena et moi partons dans un fou rire laissant notre Pandora en colère. Ça me fait du bien de les retrouver et de me distraire hors du merdier d’Ash et Manel ou même de Thomas.

- Ravena, désolée de ne pas être très présente dernièrement ! J’étais incapable !

- Pas de souci, Ayla.

- Non, mais dites-moi que je rêve !

Le commentaire tranchant de Pandora nous alerte et on suit son regard. Aymeric ! Notre bouche s’élargit en le voyant pendant que notre tête rouge, dégoûtée de le voir venir dans notre direction, dévie son regard et boude. Je crois qu’on va bien s’amuser avec ces deux-là.

Dans son costume, Aymeric montre une assurance sans faille, son air sérieux lui donne du charme et son corps d'apollon fait craquer beaucoup de femmes. On se relève lorsqu'il s’approche pour le saluer.

- Mesdames !

- Salut ! je réponds.

Ravena lui fait la bise, suivie de moi. Aymeric se retourne vers notre tête rouge quand cette dernière lui tend la main avec un sourire dissimulé.

- Pour que vous ne soyez pas dégoûté de moi, lance-t-elle.

Aymeric ignore sa provocation et lui fait un bisou sur la joue la laissant sans voix.

- L’unique chose qui me dégoûte, c’est votre audace de me provoquer.

Ma copine ouvre la bouche, outrée, mais aucun son ne sort.

Bon, je crois que les salutations se sont bien passées quand même !

La blonde et moi échangeons un regard complice en ricanant. Malgré la haine imprimée sur leurs yeux, je sens comme une tension et je dois avouer qu’ils font un couple éclectique.

Elle, avec sa chevelure rouge et yeux émeraude, et lui, avec ses yeux lagon et chevelure mi-longue attachée dans un chignon.

- Veux-tu connaître notre petit bijou ? désigne la blonde dirigeant une main vers la boutique.

- Avec plaisir Ravena.

- Pandora tu lui fais visiter s’il te plaît ? Ainsi, Ayla et moi mettrons notre conversation à jour.

Notre copine vocifère et rentre abruptement dans la boutique sans attendre notre invité. Mon rire et celui de Ravena se fondent dans le bruit de la ville. C’était trop tentant de la taquiner avec ses yeux de tigresse.

Ma blonde m’amène au Café Saint Graal, un petit café chaleureux et accueillant, où on parle des détails de la boutique : son fonctionnement, l’ouverture et sa gestion. On se met d’accord pour embaucher Pandora dès que les ventes se feront plus importantes. Le business sera ainsi à nous trois ! Nous décidons qui reste à gérer le site internet et traiter les commandes en ligne. On songe aussi à faire des partenariats avec d’autres boutiques ou une participation à des événements de moto.

- Alors comment ça se passe la vie de couple ? questionne-je.

- Très bien ! Lord est tellement attentionné envers moi. Parfois, j'ai encore du mal à réaliser qu'on habite ensemble.

- Le coup de foudre, ma vieille. Ça ne se maîtrise pas.

- C’est sûr ! Mais, et toi comment tu vas ?

- Ça va, je mens essayant de sourire.

- Les choses entre Ash et toi ne se sont pas bien passées, n’est-ce pas ?

- Ouais. On va dire que je me suis fait des illusions pour rien.

- Je vais être franche avec toi. Au début, je n'ai pas fait attention, mais quand je me suis rendue compte de tes sentiments pour lui, j'ai commencé à m'inquiéter.

Je soupire.

- Il a arrêté de répondre à mes appels et messages du jour au lendemain. Vera a eu accès à son historique téléphonique.

J'ai l'impression que je lui trouve des excuses alors qu'il aurait pu faire les choses autrement.

- Dès qu’il a eu ce qu’il voulait, il t’a laissé tomber du jour au lendemain en fait, constate Ravena.

Je me tais.

Qu'est-ce que je dois répondre à cela ?

Ça semble évident et pourtant, j'ai encore du mal à accepter. Tous les signes étaient là et moi je ne voyais rien. Ash ne voulait pas quitter Vera, il me l'a dit, mais j'étais persuadée qu'un jour au l'autre les choses allaient changer.

- Ne me dis pas qu’il ne pouvait pas appeler ou envoyer un texto expliquant que Vera a vu son historique téléphonique et qu’il ne pouvait plus parler comme avant ? s’indigne-t-elle.

- Il avait aussi son boulot à gérer...,essaie-je.

- Ah pardon monsieur tatoueur n’avait pas une minute à te dépenser ? Il est un lâche voilà ce qu’il est. Tu mérites mieux, mon amie. Beaucoup mieux même !

Je mérite mieux et c'est quoi le meilleur ?

Il n'y a pas d'homme parfait et mon expérience sentimentale ne me laisse pas optimiste.

- Tu te rappelles de George ?questionne-je buvant mon soda.

- Celui qui avait les cheveux teintés de vert ?

Je hoche la tête en riant et Ravena rigole encore plus en se rappelant. C'était ma première relation amoureuse sérieuse.

- Après avoir perdu ma virginité avec lui, il a arrêté de m’appeler et de m’envoyer des textos. Pendant des mois, je lui ai couru après pour essayer de comprendre ce silence. C’est beaucoup plus tard qu’il m’a avoué qu’un pote lui a raconté qu’il avait couché avec moi alors que c’était faux. Puis, il a osé dire que j’étais une traînée.

J’inspire regardant à l’extérieur, impassible.

- Je crois que je suis condamnée au silence des mecs.

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