Chapitre 5

Je relève la tête comme réponse. Je ne devrais pas après tout le mal qu’il m’a fait, je sais, mais c’est plus fort que moi. Il me manque. Il m’a ensorcelée d’une telle manière que même sans avoir de réponse, je lui parle dans mes pensées. C’est malsain, non ?

- Il ne te mérite pas ! Chuchote Manel.

Il touche mon menton avec les bouts de ses doigts et, sans que je sache comment, ses lèvres fines viennent s’accrocher aux miennes. La saveur de la menthe pique mon palais et j’ouvre plus ma bouche pour découvrir la sienne avec la langue.

Le baiser devient plus bestial et nos corps se rapprochent de sorte que ma poitrine est écrasée par son torse. Mes doigts se réfugient dans ses cheveux tandis que ses mains emprisonnent mon bassin contre le sien. Nos respirations se mélangent et un désir naît dans mon bas-ventre à une vitesse vertigineuse.

Je retire ma bouche à contrecœur et prends sa main, me dirigeant vers le salon. 

Je sais que c’est mal. Mon cerveau émet une alerte rouge, mais mon cœur meurtri veut se réconforter et mon corps veut combler le manque qu’Ash m’a laissé. 

Sa bouche sur ma peau me donne des frissons, ses doigts me procurent du plaisir et son corps comble mon désir. Je sens son sexe gonflé contre mon ventre et dans un mouvement, je le fais asseoir sur le canapé en me déshabillant tandis qu'il fait de même.

Je ne veux pas réfléchir ! Je veux sentir !

Je m’assois en califourchon le lui prenant en toute sa splendeur après avoir enfilé le préservatif. Un grognement de satisfaction sort de notre bouche.

Je ne pense plus à rien ! Seulement mon désir et plaisir comptent. Je veux oublier. Oublier ma douleur, ma souffrance, mes doutes, mes peurs. Tout !

Manel donne le rythme les mains sur mes fesses et je me laisse aller dans une utopie éphémère. Il se retient pour que je profite encore longtemps de son sexe en moi pour mieux jouir, mais je n’arrive pas. Et alors qu’il atteint l’orgasme, je m’assure de rester immergée dans une apparente amnésie de la réalité.

Il fait encore nuit quand je me réveille et sens la chaleur du corps maigre de Manel à mes côtés. Je tourne ma tête ouvrant les yeux. Son visage est tranquille comme s’il n’avait aucune préoccupation dans la vie. Seules ses paupières sont gonflées par manque de sommeil, montrant des signes d’inquiétude. Je le détaille, regardant sa peau blanche et ses cheveux châtain clair qui tombent sur son visage. Sa bouche, gonflée par les baisers, me tente rappelant les sensations de bonheur la veille. Sa poitrine, qui jusque-là était coordonnée, commence à se soulever irrégulièrement. Il sait que je le regarde. Ses yeux s’ouvrent et pendant un moment, on laisse le silence parler pour nous.

Doucement, il approche ses lèvres lentement vers les miennes.
Je me laisse aller dans la tendresse de sa bouche, ses mains chaudes se posent sur mon visage pendant que son corps se colle au mien délicatement. La seconde suivante, je me trouve au-dessous de lui. Ses lèvres ne me quittent pas me montrant l’harmonie de deux corps qui se désirent. Pendant qu’une main touche délicatement mes mamelons me provoquant un tourbillon des flammes qui augmentent avec ses gestes, l’autre atterrit dans mon bourgeon. Je ne réfléchis pas ! Je gémis, je soupire en sentant ses doigts me taquiner diaboliquement.

Avec douceur, il s’introduit en moi, protégé par la capote. Sa démarche lente, appréciant chaque millimètre de mon intérieur, me rend folle de désir. Son sexe me fait submerger dans un monde utopique de désir et excitation, mais pas dans le sens primaire et bestial. Il me fait l’amour ! Chaque coup de reins délicat, je sens sa retenue et je mords sa lèvre telle est la puissance de la sensation. Sa bouche continue de me dévorer, nos dents s'entrechoquent, sa langue danse avec la mienne. Il me goûte prenant son temps et son rythme et moi, je m'écoule également. Ses doigts s’entremêlent aux miens et je sens l’orgasme arriver. Manel le ressent dans la paroi qui se resserre. Je finis le baiser interminable et j’explose, hurlant son nom.

Le lendemain, je prends une douche plus longue que la veille. Mes pensées se bousculent dans ma tête. J’ai l’impression d’avoir utilisé Manel pour oublier Ash et je n'aime pas cela. Ce genre d’attitude ce n’est pas moi et pourtant, je ne ressens aucun regret.

Je finis pour couper l’eau et sortir de la douche pour me nettoyer. Le visage dans le miroir me rassure malgré mon intérieur douteux. Un visage perdu, mais déterminé. Je ressemble à une femme qui lutte contre tout et tous et qui ne baisse pas les bras. Et pourtant, je fais des erreurs évitables comme coucher avec un gars maqué et maintenant son meilleur ami.

J’ai un doigt pour les emmerdes…

Je m’habille d’un jean troué, un pull vert olive et un manteau Camel Gisèle de Promod par-dessus, aux pieds rien de mieux que mes bottes de lacets avec un talon compensé. Aujourd'hui je prends du plaisir à me valoriser avec les vêtements ! Je profite de mon aura positif de ce matin, car je sais que la journée va être longue. Mes journées n’ont plus jamais été les mêmes depuis que j'ai accepté d’aider Ash. Respirant un coup, je prends mon courage à deux mains pour affronter Manel qui m’attend dans la cuisine pour le petit-déjeuner.

-Bonjour !

-Bonjour, rétribue-t-il souriant.

Il est trop souriant non ?

- Manel ! Heu…

-Je sais Ayla, me coupe-t-il. Ce que s’est passé entre nous, ne signifie rien.

J’ouvre ma bouche pour parler, mais je suis surprise par son attitude.

-On s’est laissé aller par les émotions. Ne t’inquiète pas, ok ? Ajoute-t-il calmement.

Je hoche la tête ne croyant toujours pas qu’on soit tous les deux sur la même longueur d’onde. Ça me soulage, j’avoue.

-Bon, on se dépêche. On va au salon de tatouages pour essayer de trouver l'argent.

Je le regarde et savoir qu'on a partagé des moments intimes me montre que j'avais besoin de réconfort. C'est comme si je venais d’avoir une partie d’Ash à travers de lui. Je me sens plus sereine même si je crains la réaction du biker, parce que je sais que Manel ne va pas vouloir le cacher. Ils se disent tout !

Ok, là, je ne suis pas du tout sereine !

On finit de manger et on part en direction du salon de tatouage. Il faut qu’on essaie de trouver l’argent avant que quelqu’un d’autre le fasse.

Je vois Manel plus détendu, je crois que ce qui s’est passé la veille nous a rapprochés et nous a laissé plus à l’aise l’un vers l’autre. Un début de confiance s'est érigé depuis cette nuit. Il stationne dans la rue parallèle à celle du salon.

-Prête ?

-Tu es sûre qu’elle ne va pas venir ?

-Je l’ai entendu parler avec une certaine Julie au téléphone pour passer quelques jours chez elle dès aujourd’hui.

C’est avec le cœur battant que je sors de la camionnette de Manel et avec les mains accrochées l'une à l’autre, on traverse la route. Un dernier regard aux alentours pour vérifier si personne ne fait attention à nous et Manel ouvre la porte.

Dès qu’on rentre, mon binôme désactive l’alarme et prend son portable appuyant sur les touches avec vigueur.

-J'ai éteint les caméras de surveillance pour dix minutes. Allez !

Je cours vers l'arrière le comptoir et vérifie tout ce qui est en vue. Rien ! J’ouvre les tiroirs au-dessous, mais que des dessins ou des brouillons.

Ok ! Réfléchi !

Je me lève et me dirige vers une pièce au fond à gauche qu’Ash m’avait indiqué un jour être son bureau. Je regarde au-dessus de la table et je vois plein des dossiers. Pendant que Manel cherche l’argent, je reconnais les dossiers au nom de Micli Riders. Ce sont les dossiers dont Lord a parlé lors de notre rendez-vous. J'accumule ceux susceptibles d’avoir des preuves du blanchiment d’argent du club.

Il y en a tellement !

Moins de preuves du blanchiment, moins de preuves pour inculper Ash. Quelques papiers isolés de l'autre côté de la table m’appellent, je vérifie et c’est l’historique téléphonique d'Ash. Mon numéro est entouré à chaque texto envoyé et appel émis. Les heures tardives étaient la preuve que quelque chose se cachait. Ash m’avait dit que Vera avait accès à son historique et qu’elle soupçonnait qu’on avait une liaison. 

Il m’avait raconté aussi qu’elle lui avait interdit de me parler et que pour cette raison, il avait arrêté de me parler du jour au lendemain.

J’étais furieuse ! Il avait arrêté de dire quoi que ce soit sans me prévenir, sans rien m’expliquer et je ne comprenais pas son silence qui pouvait durer des jours. 

-Ayla ? On se dépêche. Manque une minute.

Je sors pressée essayant de laisser tout comme avant. Je cours vers la sortie où Manel m’attend déjà. Il active à nouveau l’alarme et une fois dans la voiture, il actionne les caméras.

-Qu'est-ce que c'est ça ? Questionne Manel désignant les dossiers.

-Sont des preuves du blanchiment d'argent du club qu'Ash faisait. Lord en a parlé la dernière fois. Pour réduire sa peine, je les ai pris.

-T'as bien fait, éloge-t-il distrait.

-Tu n’as pas trouvé l’argent ? demandé-je voyant les mains vides de Manel.

Il secoue la tête et démarre, frustré.

-Non. J’ai cherché dans l’endroit où il m’a dit pourtant, mais il n’y était pas.

-Merde ! Elle a dû le changer de place.

-J’ai bien peur. Il faut qu’on aille parler à Ash. Peut-être qu’il aura une idée.

Ses narines gonflées montrent les nerfs que courent dans ses veines pendant que sa main passe dans ses cheveux. Pendant qu’il conduit, je vérifie les dossiers pris, je les lis et je marque ceux qui suscitent plus d’attentions à mes yeux. Je sais où on va alors je préfère me concentrer dans les chiffres plutôt que de laisser mes angoisses gagner mon corps et mon esprit.

Quelle merde, je ne comptais pas le voir d’aussi tôt...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top