Chapitre 23

En media Kygo&OneRepublic- Lose Somebody

J’inspire profondément en pensant à ce que je vais faire de ma journée. Bon d’abord, savoir s’il y a des nouvelles. Je cherche dans mon répertoire et je lance l’appel.

-  Ayla ?

Il décroche avant la deuxième sonnerie, à croire qu’il m’attendait.

-  Bonjour Lord ! Est-ce que tu as des nouvelles des hommes qui ont kidnappé Manel ?

Droit au but c’est le mieux. Après notre altercation je n’ai pas envie de faire la conversation.

Je n’ai jamais imaginé que Lord puisse me surprendre à ce point par la négative en plus. Je sais qu’il est mystérieux et qu'il n’aime pas perdre le contrôle des choses, mais son geste a été totalement déplacé et inexcusable.
Lord et Ravena n'ont pas eu un début de relation tout rose. Lord aimait bien Ravena, mais ses mauvaises habitudes comme coucher à droite et à gauche avec des brebis, c'était son passe-temps préféré. Et Thomas a été le confident de ses malheurs et tristesses ainsi que Pandora et moi.

Un jour, Lord les a vu se promener dans les rues de San Francisco, et c'est à ce moment que la jalousie de ce premier est née, même avec des explications par la suite, il a alimenté cette haine envers Thomas jusqu'à aujourd'hui. 

C'est pour cela aussi que je ne veux pas créer encore plus de problèmes entre eux. Je ferai la part des choses et je ne mêlerai pas Ravena dans notre dispute, je me comporterais comme une adulte.

-  Non, pour l’instant on n’a rien de concret.

-  Ok !

-  Désolé.

J’aperçois de la peine dans sa voix dont je ne relève pas.

-  En fait, euh… Je ne devais pas t’en parler, mais comme tu étais avec nous quand on a parlé de cela, je tiens à t’informer que les dossiers manquants auxquels Aymeric a fait référence lors de la réunion, se sont retrouvés en bas de la porte de Black.

-  Vraiment ? demandai-je, feignant la surprise.

-  Ouais. On a pensé à un traître ou aux hommes qui ont enlevé Manel, et au final je crois qu’il y a quelqu’un qui veut nous aider.

-  Bon c’est cool ! dis-je en ayant une voix détachée.

-  Ouais ! J’espère seulement que personne ne prend trop de risques pour nous aider.

Il n’est pas dupe. Je sais qu’il me tend la perche, mais je ne veux pas la mordre et de toute façon il n’a pas de preuve.

-  Si la personne a voulu le faire alors c'est à ses risques et périls.

Lord laisse un temps de silence pour respirer profondément. Dans cette situation, nous sommes pareils. Chacun lutte pour sauver un être cher de s’effondrer et chacun ses méthodes.

-  Et toi ? Tu t’en sors ? finit-il par questionner.

-  Obligée. Bon dès que tu sais quelque chose…

-  Ayla ?

-  Oui ?

-  Heu… Thomas…

-  Si tu veux tout savoir, en ce moment on ne se parle plus et je suis partie de chez lui. Je crois que tu sais pourquoi, hein ? Satisfait ? Au revoir.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre. Je suis certaine que Ravena savait pour le deuxième emploi de Thomas. Ils sont amis depuis l’école, alors obligés. 

Deuxième emploi ? Maintenant que j’y pense, serait-il vraiment architecte ? Peut-être pas. Il faut que je parle à la blonde. Il y a des questions auxquelles j'aimerais avoir des réponses.
Je n’aurais pas dû envoyer le texto à Thomas hier !

Exaspérée, je prends l’enceinte portable posée sur le plan de travail et je la connecte à mon portable. La mélodie de One Republic Lose Somebody remplie la pièce et je me laisse transporter dans le rythme.

En buvant mon café, je regarde dehors. Le ciel est bleu avec des nuages ​​blancs qui forment une sorte d'échelle, les uns au-dessus des autres. En arrière-plan, la brume marine visible à travers une fine ligne à l'horizon et les bâtiments commencent à s'illuminer avec les premiers rayons du soleil.
 
Menée par une impulsion, j’enlève le portable de l’enceinte attrapant mon casque et mon sac et je sors. La musique continue de résonner dans mes écouteurs, après avoir appuyé sur la touche Play, jusqu’au garage où se trouve ma moto. Je souris et la monte, pressée.

J’ai besoin de m’évader, de me retrouver, de lâcher prise !



Mon Indian Scout, ma liberté ! Je conduis laissant mon esprit se libérer de la prison qui est mon cœur et mon corps. Je regarde la route sans pourtant lui porter attention, je traverse les rues et dépasse les voitures à une allure hallucinante sans pourtant ralentir. 
Je me laisse porter par les instincts primaires sans penser à la peur et je m’éclate. Je passe pour une folle et pour un danger public sur la route mais je m’en fous complètement.

Je me sens moi à l’état pur dans cette adrénaline apparente qui ne me ramène à rien, mais qui me soulage. Soulage le poids que je porte, le fardeau qui s’est installé en moi et je gagne des ailes pour un instant utopique sur ma moto.

Je me sens intangible comme une inconnue au milieu des tas d'habitants. Une fille et une moto parmi tant d’autres et ma personne se confond avec autrui sans histoire. Et si je pouvais choisir une autre vie ? Et si je pouvais être une Jessie ou Sarah au lieu de Ayla?

Ayla, prénom turc qui veut dire “clair de la lune”, m’a dit mes parents d’adoption. En ce moment ma vie est plutôt remplie d’obscurité.

Arrivant à Crissy Field East Beach, je me gare, inspire un gros coup pour me débarrasser du mal et de l’excitation de la route. Il faut trouver l’équilibre pour ne pas pencher trop d’un ou de l’autre côté, ce qui peut causer ma perte. Trop de mal me fera souffrir davantage et trop d’optimisme pourra m’aveugler du possible danger.

T’es intelligente Ayla ! Tu vas trouver une solution à tout ce merdier ! Tu as toujours été forte et maintenant ce ne sera pas différent.

Je souris à cette pensée peut-être un peu trop optimiste. Je regarde les vagues qui s'échouent sur le sable. J’ai toujours aimé me baigner et rester dans l’eau pendant des heures. Doucement, je descends de ma moto et bloque la roue avant avec le cadenas.

Malheureusement je n’ai pas de maillots. Tant pis !

J’avance vers le sable et mes bottes adaptées à faire de la moto s'enfoncent dans les petites graines. Mes pas se font plus pressés en arrivant au bord de la mer, mon casque tombe ainsi que mon sac et mes mains commencent à me déshabiller.

Heureusement, j’ai une lingerie lisse qui passe pour un maillot. Je souris et je cours vers la mer, plongeant dans la première vague qu’elle m’offre. L’eau salée brûle mes yeux, gratte ma peau, mais je continue de plonger, de nager. Ma tête sous l’eau me donne une sensation de bien-être !

D’abord le dessin, ensuite la balade en moto et maintenant la baignade ! Les petites choses qui m'ont rendu heureuse fleurissent à nouveau en moi. Je ne pense plus à rien et je me trouve à sourire plus.

C’est avec les lèvres violettes, le corps gelée que je me dirige vers le sable. Quelle idée de se baigner en plein automne ! Maintenant je n’ai pas de serviette pour me sécher, ce qui devait me laisser de mauvaise humeur, me donne envie de rigoler. Je lève ma tête vers le haut et je rigole fort constatant ma folie.

-  Salut !

Une voix rauque me tire de mon hilarité me faisant redresser le cou et je trouve deux billes marron clair. L’homme qui se tient devant moi vêtu d’un caleçon jaune me montre qu’il doit être sauveteur nageur. Ses cheveux blonds foncés sont humides, tombent sur son visage bronzé tandis que des gouttes d’eau glissent sur son torse. Il y a encore des nageurs à cette époque de l’année ?

-  Salut ! dis-je d’une voix distante, déviant le regard.

La dernière chose que je veux c'est avoir encore un homme pour compliquer mon existence.

-  Je crois que tu en as besoin bien plus que moi en ce moment.

Je redresse ma tête quand je vois apparaître une serviette, je ne peux m’empêcher de sourire.

-  Merci !

-  De rien !

Et il part sans plus. Il voulait être poli et moi avec ma moue antipathique. J’entoure mon corps de celle-ci, heureuse de me réchauffer un peu. Je m’assois sur le sable et décide d’appeler Ravena. Prête à l’écouter.

La blonde répond à mi-voix, ne cachant pas sa peur de se faire engueuler. Je la salue en la rassurant avec mon sourire.

-  Peux-tu m’expliquer maintenant ? demandai-je doucement.

-  Pardon, Ayla. Je savais qu’il travaillait dans cette Organisation, mais c’était à lui de te le dire. Je n’avais pas ce droit.

-  Est-il architecte ?

-  Oui et il a son cabinet à lui. Sur ça, il ne t’a pas menti.

-  Est-ce que… ses sentiments…

La question n’arrive pas à sortir de ma bouche, pourtant ce n’est pas aussi difficile.

-  Oui, Ayla. Chérie, tu lui plais vraiment ! S’il ne s’est pas approché de toi plus tôt, c’est parce que je lui ai dit de ne pas le faire. Tu étais avec Ash et je ne voulais pas qu’il souffre.

Ses mots me rassurent, confortent mon cœur et un sourire béat s’étire sur mes lèvres.

Il est sincère ! Il tient vraiment à moi !

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