Chapitre 20
Je me mêle les doigts et je le regarde pendant un long moment avant de commencer mon monologue.
- J’aide un gars…
- Comment il s’appelle ? Me coupe-t-il en fixant mes iris.
- Thomas…
- COMMENT ?
Son cri m'effraie et je découvre un nouveau Thomas. Un Thomas colérique, dur et froid. Tout le contraire de mon Thomas rigolo, gentil et aimant. Une conséquence de mes actes. J’ai voulu être à moitié sincère sans prévoir qu’il puisse découvrir à la fin.
- Ash, soufflé-je.
- Et c’est qui lui ? Donne les noms aux personnes Ayla. Je veux tout savoir. TOUT !
- Ash est le vice-président des Micli Riders. Il est en prison ! Et on a eu…, ma voix se bloque, une boule dans ma gorge se forme. Une liaison… intense. Je me suis…, j'inspire profondément, fermant les yeux. Je suis tombée amoureuse de lui et il était en couple avec Vera. Il a demandé mon aide pour cacher de l’argent et par conséquent j’ai dû camoufler des documents aussi, bégayais-je sans savoir si mon récit avait du sens.
- Du club ?
- Les documents oui, mais pas l’argent. L’argent est de Manel, son meilleur ami. Ash m'a demandé de l'aide et j’ai accepté de l’aider.
Je vois les traits de Thomas se durcir. Ses mains sur ses cheveux, son regard était triste et je me sentais coupable de ne pas lui avoir fait confiance.
- Manel a été kidnappé et j’ai demandé de l’aide à Lord pour le trouver, continuais-je à voix basse.
- Lord sait pour l’argent ? questionne t’il plus tranquillement.
- Non.
- Alors si je résume bien tu détruis un couple et maintenant tu caches le manque de loyauté de ce salop envers son club et tout ça parce que tu l’aimes.
- Thomas…
- Tu es en train de te mettre en danger pour un connard qui t’a utilisé pour vider ses couilles et...
Et sans réfléchir ma main s'abat avec violence sur sa joue. C’était inconcevable que je passe pour une trainée.
Thomas redresse sa tête avec un sourire mauvais en même temps que sa main touche son visage marqué.
- Je vais te raconter aussi un secret. Je travaille pour une Organisation où les personnes sont embauchées soit pour tuer d’autres soit pour récupérer des choses de valeur.
Mon visage se déforme face à son aveu pendant que mon cerveau essaie d’assimiler l’information.
- Quelqu’un nous a contacté pour récupérer l’argent que tu essaies de cacher.
Ses agates sont couvertes de rides donnant à Thomas une allure dangereuse, mais plus dangereux est le message que son regard me transmet.
Ce n’est pas possible !
Je fais un cauchemar !
Il s’éloigne toujours avec son sourire mauvais mais rempli de tristesse aussi. Je n’arrive pas à prononcer un mot tellement je suis bouleversée. Mon cerveau surchauffe. Thomas sait pour l’argent. Quelqu’un l’a contacté. C’est qui ce quelqu’un ?
- C’est qui ? arrivais-je à demander.
- Les mêmes hommes qui ont kidnappé ton cher ami.
- Et…. Toi… Pourquoi ?
- Je me suis proposé. Ces hommes sont de la Mafia, ton cher ami a volé de l’argent à un gang de la Mafia et ils veulent le récupérer. Tu savais ça ?
Ses réponses sarcastiques ne me donnent pas plus de détails que j’en ai déjà. Je dois aller droit au but si je veux en savoir plus.
- Tu savais depuis le début ?
Il remonte sa tête me fixant durement après avoir frotté son visage de ses mains.
- Non ! Tu me crois aussi hypocrite au point de t’utiliser pour obtenir mes objectifs ? Putain, j’ai pensé que tu me connaissais mieux que ça.
- Moi aussi ! avouais-je.
Il s’approche d’un pas de félin et attrape mes bras pour plaquer sa bouche douloureusement contre la mienne. Et d’un coup il me relâche me laissant choquée par son geste.
- Je te déteste Ayla ! crache-t-il.
Les larmes coulent le long de mes joues et, sans le vouloir, je me suis sentie la pire personne sur la surface de la Terre.
- Je te déteste aussi, crie-je.
- Mais moi je te déteste, parce que je Tiens à toi. Voilà la différence ! gesticule-t-il avec les bras s’éloignant à nouveau de moi.
Ses épaules normalement toujours droites s’enfoncent et sa tête s’abaisse vaincue.
- Quand je me suis approché de toi c’était parce que tu m’as plu depuis le premier jour que je t’ai vu. Je n'arrivais pas à t'oublier et quand j'ai entendu ton nom et cette mission, j'ai voulu te protéger à tout prix. Je ne savais pas pourquoi tu étais mêlée là-dedans et je n'ai pas voulu savoir. Je voulais juste être à tes côtés quand tu aurais besoin d'aide. Mais apparemment tu préfères les connards, chuchote-il.
Je suis sans voix. Qu’est ce que dois-je lui dire ? Il se retourne et se dirige vers le couloir avec les lèvres plissées et sa main frottant son front.
- On est quitte ! Tu m’as caché des choses et moi pareil. Peut-être que tu m'apprécieras davantage maintenant.
Sa silhouette disparaît et la boule dans ma gorge réapparaît me faisant lâcher un cri de désespoir. Je crie de toutes mes forces en pleurant. Thomas avait réussi à entrer en moi et gagner une place et maintenant mon cœur se déchire en pensant qu’il ne sera plus là, que lui aussi me fait payer de la même manière que moi. Je frappe violemment le sol avec mes mains et pourtant ce n'est pas suffisant pour calmer la destruction que je ressens, ni la douleur qui palpite dans tous les pores de mon corps.
L’oxygène me manque, mes yeux s'embuent encore et mon cerveau n’arrive plus à cerner la situation.
Je sanglote et comme un automate, je me redresse avec le regard vide pour aller dans la chambre de Thomas pour rassembler mes affaires. Je n’écoute rien comme si j’étais dans une bulle isolante de sons. Apathique, mes gestes sont automatiques. Je ne vois rien, j'écoute rien, je pense à rien. Un calme dangereusement lourd à porter. Mes pas m’amènent vers la sortie et juste le sol a le privilège de ma vision.
Une partie de moi vient de s’envoler, brisée en mille morceaux sans que je ne puisse rien y faire. Mon cœur ressent de la douleur et une petite rancune pour le secret de Thomas, mais au fond de moi ce qui me blesse le plus c’est sa perte. Du jour au lendemain, notre relation a éclaté. Il ne reste plus rien et c’est ce qui me tue à l’intérieur.
Je regarde encore une fois l’appartement qui a partagé nos moments et je sors pour affronter encore une fois ma réalité.
Je n’ai jamais pensé que les bras de ma tête rouge allaient me donner le baume nécessaire à mon cœur meurtri pour la deuxième fois.
Assis par terre à l’entrée de son loft, comme est notre habitude, je raconte à Pandora tout le périple depuis le début sans cacher aucun détail. Il faut que je sois le plus sincère possible pour qu’elle puisse m’aider et me soutenir même si la situation n’est pas du tout facile à avaler. Son visage passe de surprise à colère et d’inquiétude à détermination. Un mélange de sentiments qui font que mon cœur se serre et me sentir coupable de faire de la peine à ceux qui m'aiment et de la mêler dans ce problème qui n’est pas le sien.
Au final de mon récit, elle ne dit rien avec le regard perdu dans le vide et je suis incapable de prononcer un mot de plus. Pandora m’offre encore une fois une étreinte plus serrée cette fois. Je me laisse aller sentant son cœur battre et son amitié infinie et fidèle à ma personne malgré mes erreurs.
- Je vais t’aider ! détermine mon amie.
Je la remercie avec un sourire et des yeux gonflés par les larmes déjà sèches sur mon visage.
- Et si on donnait les documents à monsieur Arrogant ?
Elle voit mon regard inquisiteur.
- L’avocat. Il saura les garder en sécurité.
- Pandora, il est loyal vers Micli Riders, s’il me voit avec les dossiers il va se demander le pourquoi du comment.
- Ce n’est pas faux. Il faut qu’on réfléchisse parce que j’ai peur que les autres essaient de rentrer dans mon appartement aussi.
- Tu as raison. Putain !
Un tunnel sans fond, voilà comme je me sens.
Qu’est-ce que je dois faire ?
Cette phrase commence à être le symbole de ma vie. A chaque fois il y a un obstacle qui m’empêche d’y voir plus clair. Je suis sous la pression constante que je ne sais même pas comment je ne me suis pas encore tirée une balle dans la tête.
- Je sais ! annonce enthousiaste Pandora me regardant droit dans les yeux.
Là j’ai peur ! Qu’est ce qu’elle va me sortir de sa tête ?
- Nettoie bien les dossiers pour qu’il n'y ait aucune empreinte. Je ne sais pas si le club a de quoi en retirer une. On va les laisser à la porte du club.
- T’es malade ?
- Ayla ! Réfléchis ! Les dossiers concernent le club, qui mieux pour les garder que le propre club lui-même ?
- Mais si on se fait prendre ?
- Il faut faire de manière qu’on ne le soit pas.
C’est la pire idée du siècle !
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